Faire « shifter » les automobilistes vers le vélo à assistance électrique. C’est bien cette mission que cache le nom de cette société française fondée par François Jacquet. Pour y parvenir, sa philosophie est simple : proposer des vélos de ville parfaitement équipés, prêts à l’emploi, assemblés en France et avec un SAV efficace pour 2 000 euros. Un créneau il est vrai où les bonnes affaires se font rares, coincées entre les marques de distributeurs et les spécialistes plus haut de gamme.
Pour ce Shift 2, la promesse du prix est tenue le temps de la précommande jusqu’en mars. Une fois commercialisé, son tarif passera à 2 290 euros. Il restera toutefois très honnête vu l’équipement du vélo : porte-bagages à la norme MIK, garde-boue, éclairage avant et arrière, antivol AXA, freins à disque hydraulique et transmission par courroie Gates Carbon. Autant dire qu’il n’y aucun besoin d’ajouter d’accessoires pour l’utiliser en configuration « vélotaf » ; si ce n’est une sacoche ou deux pour les plus chargés.
Une rigidité compensée par ses gros pneus
Alors que le Shift 1 et son cadre ouvert devenaient légèrement petits lorsque’on mesurait plus de 1 m 80, ce seconde modèle est adapté aux pilotes entre 1 m 70 et 1 m 95. On notera également que le constructeur a fait cette fois-ci le choix d’un cadre fermé. De quoi obtenir plus de dynamique, mais aussi proposer une profondeur de gamme, puisque le Shift 1 reste commercialisé (1 890 euros). Une fois derrière son guidon, on remarque que le cintre à la hollandaise permet de réduire le « reach » et de ne pas se retrouver ainsi complètement penché sur la machine. Attention toutefois, la position finale n’est pas celle d’une vélo typiquement hollandais — complètement droite —, mais légèrement vers l’avant. La selle installée (Selle Royale) est d’ailleurs parfaitement profilée pour cette attitude et tout à fait confortable lors du pédalage.
Question confort, Shiftbikes a fait ici le choix d’un cadre complètement rigide. Aucune suspension à l’avant ni sous la selle. Sûrement un moyen de contenir le prix de l’ensemble. Pour pallier cette absence, le constructeur mise donc sur cette selle efficace donc, mais aussi sur des pneus Chaoyang Trekking à large section de 50 mm. Gonflés autour de 3,5 bars, ils se sont montrés tout à fait efficaces dans leur mission d’amortissement, mais aussi d’adhérence (du moins sur route sèche). Malgré tout, le Shift 2 reste logiquement moins confortables que certains concurrents suspendus. On sera donc prudent sur les dos d’âne ou en voulant franchir un trottoir.
Le bon compromis
Ce que l’on perd en confort, on le gagne toutefois en dynamisme. Rigide, le cadre est réactif et la direction s’avère même plutôt précise malgré ces gros pneus et le cintre courbe. C’est même avec un certain plaisir que nous avons effectué nos trajets de test. Les mauvaises langues diront que le Shift 2 ménage la chèvre et le choux, mais force est de constater qu’il propose surtout un excellent compromis pour son usage urbain. Même les grosses pédales façon VTT procurent une accroche performante évitant ainsi que les pieds glissent.
Un point sur la finition puisque notre modèle de test était un exemplaire de présérie. Les soudures de la version définitive seront plus fines. Le logo quant à lui sera peint et non plus un simple autocollant comme ici. Enfin, le Shift 2 ne sera disponible qu’en couleur noire. Le tout est assemblé dans les ateliers de la Manufacture française du cycle située en Loire-Atlantique.
Transmission par courroie, sans vitesses
Avant de prendre la route, on est surpris par deux choses concernant la transmission. La première provient de l’usage d’une courroie plutôt qu’une chaîne, un choix rare dans cette gamme-là. Son principal avantage est de dispenser de tout entretien puisqu’aucune lubrification n’est requise ici ; un très bon point pour tenir la promesse du VAE fiable et facile à utiliser. L’autre est l’absence totale de vitesse. Les transmissions par courroie sont, en effet, généralement associées à un système de vitesses intégré dans le moyeu arrière, souvent Nexus de Shimano ou celui plus haut de gamme d’Enviolo. Ici, rien de tel, le Shift 2 est conçu comme un modèle « single speed », muni d’un large plateau à l’avant. Pour assurer le rôle des vitesses, Shiftbikes mise plutôt sur les différentes modes d’assistance du moteur sur moyeu arrière Ananda développant 43 Nm. Le pari est osé.
Pour jongler entre les quatre différents modes (éco, sport, turbo, boost ; chacun identifié par une couleur différente), on utilise une commande classique Ananda, déjà vue sur bon nombre de VAE, située près de la poignée gauche. Son écran couleur est certes petit, mais très lisible et ses deux gros boutons facilement opérables même avec des gants. Les informations que l’on peut afficher en roulant sont très complètes : kilométrage total ou journalier, la durée de déplacement, la puissance du moteur et musculaire instantanée, les consommations moyenne et en temps réel et bien sûr l’autonomie restante. Pour cela, il faudra en revanche passer par un tout petit bouton situé sur la tranche, quant à lui presque uniquement manipulable à mains nues. Enfin, un menu très complet permet d’accéder à une multitude de paramètres et d’informations, dont le très précieux nombre de cycles de charge, bonne estimation de la santé de la batterie. Dommage en revanche que la configuration choisie à l’extinction du vélo ne soit pas celle par défaut à l’allumage, obligeant ainsi à rallumer les feux à chaque fois et à repasser dans le mode d’assistance choisi auparavant.
De l’art de jongler entre les modes d’assistance
Car le mode éco par défaut n’est pas vraiment un foudre de guerre. On lui préférera pour le quotidien le second niveau du mode sport, tout à fait pertinent pour un usage urbain sur le plat ou faux plat. Le capteur de couple fait bien son office et permet de démarrer sans trop forcer malgré le développement imposé par la transmission fixe. On regrette en revanche le décalage d’une grosse seconde entre le moment où l’on met la pédale en branle et celui où l’assistance s’active. On s’habitue toutefois rapidement à ce manque de réactivité.
C’est d’ailleurs l’un des cas où intervient le jonglage entre les différents modes d’assistance. On peut par exemple choisir de démarrer en mode boost et repasser en sport une fois lancé. Cela sera même indispensable dès que les côtes se font plus raides, les modes turbo et boost sont ici clairement nos alliés sous peine de rester en rade en bas de la pente. Sur les montées les plus raides que nous ayons empruntées lors de notre test, le Shift 2 n’a jamais été pris en défaut en assistance maximale. Cependant, il plafonnait autour des 20 km/h quand d’autres plus haut de gamme arrivent à maintenir les 25 km/h maximum autorisés par l’assistance électrique.
Avec cette utilisation mixte indispensable au bon fonctionnement de ce VAE, nous avons pu parcourir une petite cinquantaine de kilomètres. Une partie a été effectuée par temps très froid proche de 0°, ennemi on le sait des performances des batteries. L’autonomie de la batterie de 460 W/h du Shift 2 se situe donc tout à fait dans la moyenne de la concurrence. Bon point en revanche par rapport à cette dernière, il est livré avec un chargeur de 4 ampères permettant une recharge complète en 2 h 30 environ (d’autres dépassent les 5 voire les 7 h).
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