Yamaha a récemment dévoilé le catalogue de vélos électriques avec lequel il souhaitait revenir en Europe. En effet, le constructeur japonais, en plus de son savoir-faire sur les moteurs électriques, proposait dans certaines régions du globe des vélos frappés de son blason. Ailleurs, mais pas en France. Cette anomalie est désormais corrigée puisque Yamaha a lancé non pas un mais trois nouveaux vélos électriques. Un VAE urbain, un gravel électrique et un VTTAE. Nous avons eu la chance de prendre en main chacun de ces modèles, mais c’est sur le dernier, le Moro 07 que nous avons jeté notre dévolu. En effet, le VTT électrique du fabricant est également son vélo le plus abouti, celui qui en dit aussi le plus long sur la stratégie électrique de Yamaha. C’est au pied des Pyrénées espagnoles, près de Gérona que nous avons eu le loisir de prendre en main le VTT doté du dernier moteur électrique de la marque. Voilà ce que nous en avons pensé.
Une qualité de fabrication digne d’une moto
Marque incontournable de l’industrie moto, Yamaha ne pouvait débarquer sur le marché du vélo sans emprunter quelques-uns de ses secrets à ses motos de compétition. L’aspect le plus évident de cet héritage, c’est le cadre. En effet, le bien nommé « Dual Twin » propose des tubes supérieurs et inférieurs dédoublés. Le procédé issu de la moto a un objectif simple : offrir davantage de rigidité pour permettre au châssis d’être plus maniable et plus précis.
De manière générale, la qualité de fabrication est excellente. Il se dégage du Moro, une impression de robustesse et une qualité de finition particulièrement agréables. Yamaha a fait le pari de ne pas suivre certaines tendances actuelles en matière de géométrie ou de taille de roue. On ne lui en tiendra pas rigueur, bien au contraire. Ainsi, son VTTAE est équipé de roues de 27,5 pouces (alors que le marché s’oriente vers du 29 pouces) et propose une taille très compacte. Avec cet empattement réduit et une très bonne garde au sol, le Moro 07 promet une expérience de conduite très dynamique.
Un excellent niveau d’équipement
Yamaha n’a pas fait non plus dans la demi-mesure en ce qui concerne les accessoires et la partie mécanique de son VTT. Fidèle à son image de fiabilité et sérieux, le Japonais s’en est remis à des références du marché. Nous en voulons pour preuve la fourche RockShox Lyrik Select Charger à l’avant (160 mm de débattement) ou encore l’amortisseur arrière, toujours chez RockShox, avec le modèle Super Deluxe Select+ (150 mm de débattement) à la souplesse exemplaire.
Mention spéciale également pour le système de freinage Magura MT5, particulièrement mordant grâce à son système à quatre pistons, et qui contribue à donner davantage lorsqu’on est au guidon du Moro.
Moteur : le PW-X3 à l’épreuve des sentiers espagnols
Le modèle le plus haut de gamme de Yamaha, celui qui est censé incarner le retour de la marque au premier plan, ne pouvait décemment se permettre d’embarquer un moteur déjà daté. Si le Wabash (le gravel électrique) et le Crosscore RC (le VAE urbain) se laissent aller côté moteur avec le PW-ST, le Moro 07 intègre bien ce que Yamaha fait de mieux, à savoir le PW-X3. Il s’agit d’un bloc de 250 W (la limite légale) qui propose un couple de 85 Nm, soit le standard actuel pour le VTTAE. Néanmoins, malgré l’efficacité globale de son moteur, Yamaha a fait quelques choix curieux le concernant. Le premier, c’est de ne pas l’avoir associé à un afficheur. En effet, traditionnellement, c’est un petit display placé sur le cintre qui permet de disposer des informations essentielles telles que le niveau d’assistance, la vitesse, mais aussi la fréquence de pédalage ou l’autonomie restante. Yamaha ne fait pas ce choix et préfère passer par un sélecteur basique doté de LEDs. Une partie est censée indiquer le niveau d’assistance, l’autre celui de la batterie. En dehors du fait que le Moro 07 souffre de la comparaison visuelle avec un vélo équipé d’un Bosch Smart System ou d’un équivalent chez Shimano, c’est également moins pratique pour l’utilisateur qui doit sans cesse s’en remettre à sa montre ou son smartphone pour disposer de ces informations.
L’autre conséquence d’un tel choix, c’est de rendre encore plus complexe la prise en main et la compréhension de l’assistance électrique. Là où certains de ses concurrents se contentent de trois niveaux d’assistance (éco, normal, turbo), Yamaha en propose pas moins de sept. Certes, cela témoigne d’une grande liberté donnée au pilote qui dispose de fait d’un plus grand choix, mais, c’est là que l’absence d’un afficheur n’aide pas. L’adepte du VTT devra en passer par une période d’adaptation et quelques manipulations parfois inutiles.
Cet essai du Moro 07 est aussi l’occasion de voir où en est Yamaha en matière de « philosophie d’assistance ». En effet, ces derniers mois, les principaux motoristes ont engagé un mouvement vers une recherche d’assistance dite naturelle. Concrètement, il ne suffit plus de poser son pied sur la pédale pour que le vélo décolle, l’assistance doit se faire progressive et presque disparaître au fur et à mesure que l’effort du cycliste grandit. La plupart des acteurs du secteur ont développé un mode « auto » ou « intelligent » pour traduire ce type d’assistance. Yamaha n’est pas en reste avec un mode « auto » qui propose peu ou proue la même chose. Mais que vaut-il concrètement ? De manière générale, il est bien dosé et c’est dans ce mode auto que nous avons pris le plus de plaisir de conduite. Le moteur est capable de passer d’un mode éco sur du plat à un mode eMTB lorsque le cycliste s’attaque à une montée, simplement en observant la fréquence de pédalage. Plus besoin de jouer avec le sélecteur, l’assistance s’adapte aux efforts du pilote. Mais ce qui sépare les performances du mode auto de Yamaha d’une référence telle que Bosch, c’est cette petite latence dans chaque changement de mode qui ne perturbe pas tant le cycliste, mais qui reste perceptible. En définitive, le PW-X3 est performant, mais il n’a pas la finesse de fonctionnement ni le feeling de pédalage des meilleurs moteurs actuels chez Bosch ou Shimano.
Autonomie : peut mieux faire
La batterie est sans doute la petite faiblesse la plus évidente de ce Moro 07. Le bloc de 500 Wh est en deçà des standards actuels du marché. La plupart des concurrents directs du VTT de Yamaha dépassent les 700 Wh ce qui signifie certes un poids souvent supérieur, mais surtout quelques heures de plaisir en plus sur les sentiers.
Concrètement, Yamaha annonce 40 km d’autonomie pour son VTTAE, des chiffres qui nous semblent tout à fait en accord avec ce que nous avons pu constater lors de notre essai. Bien évidemment, comme pour tout type de véhicule, cette valeur est susceptible de varier selon le gabarit du pilote, le type de terrain, la température extérieure ou encore la pression des pneus. Fort heureusement, le bloc se recharge rapidement, puisqu’en 1h30 de branchement, il est possible de récupérer 80% de sa capacité.
Le Moro 07 en conduite, ça donne quoi ?
Typé trail/all mountain, le Moro 07 s’avère particulièrement agréable à conduire. Sa compacité et son poids relativement contenus (24,3 kg) lui permettent de se faufiler dans les singles sans perdre en dynamisme. Sa suspension efficace à l’avant comme à l’arrière fonctionne à plein et facilite les relances. Enfin, son moteur puissant et bien dosé permet de corriger un nombre incalculable d’erreurs de conduite. En effet, en montée tout particulièrement, l’assistance compense quasi instantanément chaque approximation du pilote, faisant du Moro 07 un VTT très permissif et finalement un modèle aussi bien adapté aux férus de VTT qu’aux néophytes. C’est sans doute là la principale qualité du VTTAE de Yamaha et ce qui le distingue d’une partie de ses concurrents.
1 000 euros trop cher
Que vaut le Moro 07 face à la concurrence ? Yamaha, qui devrait garder une production mesurée sur ce modèle, ne s’est pas facilité la tâche en affichant son VTTAE à 5 490 euros. Certes, nous sommes loin des 15 000 euros demandés par la plus haute finition du Specialized Turbo Levo, mais le Moro manque cruellement de références pour prétendre à un tel niveau de prix. À n’en point douter, Yamaha fait valoir le haut niveau d’équipement de son vélo, le choix d’une fourche adaptée ou encore d’un système de freinage onéreux. Néanmoins, à fiche technique égale, il est possible de trouver des VTT qui ne font pas l’impasse sur un afficheur et qui intègrent de plus grosses batteries ou des moteurs plus performants. Ainsi, même si on ne peut que saluer le travail de Yamaha sur la conception de ce Moro 07, il est difficile de ne pas lui préférer un Canyon Spectral:ON ou un Moustache Trail aux tarifs sensiblement équivalents. Face à eux, le VTT électrique de Yamaha paraît 1 000 euros trop cher.
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