Présenté lors du CES 2023, le Sony A80L s’est vu confier une mission des plus complexes : incarner l’entrée de gamme OLED de Sony et tenter d’exister en attendant l’arrivée du haut de gamme de cette année, le A95L, dont la commercialisation est prévue à la fin de l’été. En effet, comme l’an dernier, le constructeur japonais a fait un choix fort : entre Samsung et LG, c’est la technologie du premier qu’il a choisi pour incarner le fleuron de ses TV. Conséquence immédiate : le White OLED de LG a été relégué au second rang, celui de ticket d’entrée vers l’OLED dans le catalogue.
Ainsi, le A80L n’est pas doté de la dernière génération de dalles OLED de LG Display, la fameuse Meta. Il embarque une « banale » OLED EX Ultra, déjà vue l’an dernier. Pour autant, doit-il être déconsidéré ? Et si l’alliance d’une technologie d’écran aboutie et d’un processeur de première qualité suffisait à faire de ce mal aimé la bonne surprise de l’année ? C’est ce que nous avons voulu savoir en passant le A80L sur notre banc d’essai.
L’école classique a encore frappé
Nous ne nous attarderons pas sur le design de ce nouvel OLED de Sony. Son aspect monolithique, assez élégant, met en avant la finesse de ses bordures. Surtout, il est dans la droite lignée de ce que fait le Japonais sur ses modèles OLED depuis deux ans maintenant en reprenant ce qui est pour nous un atout majeur : les pieds ajustables sur trois positions. Toutes les configurations de pied ne se valent pas en matière de style, mais elles ont le mérite de convenir à un grand nombre de meubles TV… et de laisser le choix au consommateur. Pour le reste, Sony reste dans ce qu’il y a de plus classique.
Des progrès légers sur la qualité d’image
Par rapport à la gamme de l’an dernier, cet A80L remplace le fameux A83K en utilisant une version plus récente de la dalle OLED de LG Display. La promesse de cette évolution, elle tient en un mot : luminosité. En effet, le passage à la dalle EX Ultra doit permettre d’améliorer le pic lumineux et ainsi d’offrir de meilleures performances lors du décodage de contenus en HDR. Malheureusement, comme nous l’avons constaté sur les tests de TV embarquant cette génération de dalle, les gains de luminosité promis ne sont pas au rendez-vous. Les téléviseurs sont certes plus lumineux, mais pas dans les proportions promises par LG. Sur cet A80L, c’est exactement la même chose. Conséquence : la qualité d’image est en progrès, mais trop légèrement pour que ces améliorations soient significatives.
Si l’on rentre dans le détail de l’analyse d’image, il convient de commencer par un constat simple : la calibration d’usine est quasi-parfaite. L’OLED de Sony offre des couleurs fidèles (Delta E de 2,02 en DCI-P3). Quant à la température des couleurs, elle est équilibrée et légèrement au-dessus des 6 500 K de référence. Les seuls points faibles de ce A80L sont ses angles de vision sur lesquels nous avons constaté une perte de luminosité et… son pic lumineux. Celui-ci est certes en progrès par rapport à l’an dernier, mais il est aussi fort logiquement en retrait en comparaison des dalles LG Display de dernière génération, mais aussi de la concurrence en QD-OLED. Malgré tout, le rendu est très plaisant, y compris sur des contenus HDR complexes. Aussi, il est possible de se demander comment le fabricant est parvenu à un tel résultat malgré des arguments plus limités que certains TV hauts de gamme.
Bien entendu, Sony ne s’est pas contenté de reprendre la dalle White OLED de LG Display dans un châssis maison. Il a rempli le A80L de ses technologies d’image maison et a choisi de le propulser avec ce qu’il fait de mieux en matière de puce : le XR Cognitive Processor 2023. Ainsi, le téléviseur japonais bénéficie de la nouvelle fonction XR Clear Image (qui permet d’ajuster l’image en fonction de la luminance et de la saturation). Enfin, comme à son habitude, Sony bénéficie d’un moteur de compensation de mouvements tout simplement bluffant. Dans l’ensemble, par rapport au modèle de l’an dernier, les détails et les textures au premier plan de l’image sont un peu plus travaillés, ce qui ajoute un peu de profondeur à l’image. Le gain est discret et pourrait passer inaperçu pour le commun des utilisateurs, mais il mérite d’être souligné.
Enfin, en matière de mise à l’échelle des contenus, Sony est un excellent élève, comme chaque année, grâce à un traitement en douceur des contenus de plus faible qualité. La fonction XR Clarity parvient à soigner les images en basse définition jusqu’en Full HD et le rendu 4K est relativement propre, sans excès d’artefact.
En définitive, les progrès affichés par ce A80L sont assez minces en comparaison des ce dont est capable son prédécesseur. Néanmoins, il convient de nuancer ce propos dans la mesure où le niveau atteint par Sony depuis plusieurs années est particulièrement élevé. Si le dernier-né des OLED ne progresse pas tant, c’est aussi parce que son prédécesseur était particulièrement performant.
Google fidèle au poste
Côté interface, c’est du classique pour Sony. Le Japonais a opté comme à son habitude pour Google TV, l’évolution d’Android TV. Depuis deux ans, cette nouvelle mouture de l’OS privilégie le contenu au détriment des applications et même s’il faut quelques heures pour s’y habituer, le résultat est plutôt pertinent. Mais que l’on adhère ou pas à l’organisation et à l’affichage de Google TV, force est de constater que là n’est pas sa principale qualité.
Sur le A80L, le système du géant de Mountain View est fluide et facile à utiliser. Si le premier chargement après l’allumage du téléviseur peut paraître long, c’est bien le seul moment où le téléviseur de Sony tournera au ralenti. Que ce soit sur les sorties de veille, ou le passage d’un menu à l’autre, la transition est quasi immédiate. Bien entendu, le mérite n’est pas à mettre uniquement au crédit de Google, l’OS ne serait pas aussi performant sans un processeur armé pour le propulser.
Au rayon des fonctionnalités utiles de Google TV, on note bien entendu la présence d’une fonction Chromecast intégrée et de Google Assistant qui fonctionne grâce au micro logé dans la télécommande. Enfin, côté certifications, l’OLED de Sony est également compatible AirPlay 2, Alexa et Homekit.
Le dernier avantage du système d’exploitation de Google pour les TV, c’est la capacité du système à se mettre à jour rapidement et à proposer des applications pour chaque service. Ainsi contrairement à certains OS concurrents, Google TV dispose des versions les plus récentes de Molotov, Disney+ Netflix ou encore Canal+. Quant à son catalogue de plus de 6 500 applications, il est là aussi sans équivalent sur le marché TV.
Audio : un petit plus pour les amateurs de Sony
Le système audio de l’OLED de Sony repose sur une recette maison désormais bien connue, l’Acoustic Surface Audio+. Ce procédé que le fabricant propose depuis des années consiste à faire reposer la partie acoustique sur la vibration de la dalle. Elle fonctionne grâce à trois « excitateurs », nommés « actuators », placés derrière la dalle et dotés d’une puissance de 10 W chacun. C’est leur vibration et leur entente avec les deux caissons de basses intégrés de 10 W qui permettent au téléviseur de produire un son toujours aussi bluffant. Même s’il n’a rien de comparable avec un système audio digne de ce nom ou une bonne barre de son, l’Acoustic Surface Audio+ est l’une des rares technologies qui soient satisfaisantes en matière d’audio intégré au téléviseur.
Sony a pourtant décidé de le faire légèrement évoluer. Aucune modification notable pour le commun des utilisateurs, mais une option supplémentaire pour ceux qui souhaiteraient s’équiper uniquement chez le fabricant japonais. En effet, la nouvelle fonction Acoustic Sync permet de profiter de la puissance de la puce XR Cognitive Processor 2023 pour élargir encore davantage la scène sonore. Cette option ne fonctionne qu’avec une barre de son Sony ou un pack d’enceintes compatibles de la marque. Ne disposant ni de l’un, ni de l’autre au moment de notre test, nous n’avons pas pu juger de la pertinence de cette nouvelle fonctionnalité.
La Bravia touch : un argument de plus
Comme sur l’ensemble de ses téléviseurs haut de gamme depuis maintenant trois ans, Sony propose un accès aux services Bravia. Dans le cas de cet OLED, il s’agit de deux fonctionnalités en particulier : le Bravia Core et la Bravia Cam.
Le premier est un service de streaming premium. Exclusif aux téléviseurs compatibles de la marque, il donne accès aux films de Sony Pictures dans une qualité rare puisqu’une partie d’entre eux est accessible en Imax Enhanced, soit avec un débit pouvant atteindre 80 Mbps, si votre connexion Internet parvient à suivre. Afin de découvrir ce service et éventuellement d’y souscrire, Sony offre des coupons (5 ou 10 selon le prix du téléviseur) permettant de visionner ses œuvres dans les meilleures conditions. Dans ce test, nous ne reviendrons pas en détail sur l’offre ou la qualité de cet énième service de VOD, dans la mesure où nous avions étudié le service en détail lors de notre test du A95K l’an dernier. L’offre est sensiblement identique en matière de qualité par rapport à ce que nous avions pu noter l’an dernier, mais le catalogue s’est enrichi entre temps de quelques incontournables du studio tels que Spiderman No Way Home ou encore Uncharted.
Quant à la caméra, il s’agit d’une option qui est apparue avec la collection 2022. Intégrée avec les modèles les plus hauts de gamme du catalogue, elle est disponible en option sur le A80L. Malheureusement, nous n’avons pas pu la tester sur ce modèle, mais ses fonctionnalités n’ont pas évolué depuis sa présentation l’an dernier. Cette webcam qui vient s’incruster sur le haut du téléviseur active le contrôle gestuel du téléviseur et permet de profiter d’une qualité accrue sur des applications de Visio telles que Google Meet. Enfin, elle apporte également des fonctionnalités pour le téléviseur en devenant un capteur de présence ou de proximité. Concrètement, lorsqu’un spectateur, un enfant par exemple, se rapproche trop près de la dalle, elle affiche un message d’alerte. De même, lorsque la caméra détecte que personne ne regarde la télé, elle baisse la luminosité de l’écran pour réduire la consommation. Bien entendu, Sony indique qu’aucune donnée captée par son accessoire n’est stockée sur le téléviseur et qu’il est possible de désactiver la caméra via une commande manuelle.
Enfin un mode jeu
Sa révolution en matière de jeu vidéo, Sony l’a faite l’an dernier en prenant (enfin) au sérieux les gamers et leurs exigences. Là encore, pour avoir un aperçu des capacités des TV Sony en matière de jeu, nous vous invitons à relire notre test du A95K de l’an dernier. Vous y trouverez de nombreux points communs avec ce que le A80L propose cette année. Mais il y a tout de même une nouveauté significative. L’ensemble des fonctionnalités apparaît désormais dans un Game Menu (un mode jeu).
Celui-ci permet d’accéder rapidement aux différents paramètres, tels que le VRR, le Motion Blur (pour réduire le flou de mouvement) ou encore le Black Equalizer pour adoucir les zones sombres de l’image et ainsi débusquer les snipers qui auraient pour intention de vous faire la peau. Enfin, au rang des fonctions disponibles, mais inutiles, saluons l’arrivée de l’option Screen Size qui permet, comme son nom l’indique, de réduire la taille de l’image. Votre 65 pouces peut alors prendre des allures de 15 pouces. C’est génial… ou pas.
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