Xiaomi renouvelle sa gamme de trottinettes en ce début d’année 2025. Cette cinquième génération comprend quatre modèles, dont une Elite, une version de base, une Pro et une Max, dans l’ordre crescendo. Nous avons reçu la Xiaomi Electric Scooter 5 Pro qui diffère du modèle le plus haut de gamme simplement au niveau de sa suspension qui, ici, n’est pas réglable. Après quelques tours de roue en ville, en forêt et même dans des sentiers moins praticables, voici notre avis sur cette remplaçante de l’Electric Scooter 4 Pro 2nd Gen, que nous avions testé ici.
Prix et disponibilité
Xiaomi a mis les petits plats dans les grands. Trottinette élargie, suspensions avant et arrière, moteur surgonflé, clignotant et feux automatiques. Bref, c’est un programme très alléchant. Mais la cerise sur le gâteau, c’est certainement son prix : 503,99 euros.
Il est à mettre en miroir avec celui de la précédente, la Xiaomi Electric Scooter 4 Pro sortie en septembre 2022 à 799 euros. Elle montait à 700 Watts max, n’avait pas de clignotants ni de feux automatiques ni même de suspension.
Le saut serait donc énorme, mais il ne faut pas oublier le modèle de mi-génération, la Xiaomi Electric Scooter 4 Pro 2nd Gen lancée en avril 2024 à 549 euros. Celle-ci bénéficiait de toutes les améliorations citées ici, excepté la suspension avant et arrière. Aujourd’hui, pour 50 euros de moins, on a donc plus. Pas mal, non ?
Et face à la concurrence ? Et bien elle semble bien positionnée sur le papier. Le plus connu, Ninebot-Segway, propose la F3 E, un modèle un peu plus boosté en puissance nominal, mais avec une seule suspension hydraulique à l’avant et un bras oscillant à l’arrière et un poids moindre (18,6 kg).
Dans le paysage des trottinettes électriques, on sent que Xiaomi veut donc frapper fort avec ce modèle Pro relifté. Place au test pour valider cette nouvelle recette.
Ergonomie : presque importable
Impossible de passer outre, la Xiaomi Electric Scooter 5 Pro est bien plus imposante que ses ancêtres. À ne lire que son poids sur la fiche technique, on a déjà mal aux bras : 22,4 kg… C’est plus de cinq kilos supplémentaires par rapport à l’Electric Scooter 4 Pro (17 kg) et 3,4 kg supplémentaires par rapport à sa deuxième version. Clairement, on passe ici sur des parcours 100 % trottinette, oubliant toute possibilité multimodale.
Les dimensions ont un peu évoluées. Xiaomi les avait réduites entre les deux 4 Pro, mais elles remontent aujourd’hui. La 5 Pro gagne 6 cm en hauteur et 4 cm en longueur. Avec des cotes de 1192 x 586 x 1271 mm une fois dépliée, cette trottinette est très imposante.
Grande et lourde, elle n’est pas aisée à manipuler une fois repliée. Surtout, son guidon n’est pas rétractable. Droit comme la justice, il n’épouse pas la forme naturelle du corps contrairement à une moto, par exemple, ou la toute nouvelle Ninebot Segway Max G3 E et surtout, il mesure un peu plus de 59 cm de long. En France, la largeur standard des portes étant de 60 cm, l’Electric Scooter 5 Pro passe tout juste, quand elle ne demande pas de guidonner un peu pour s’extraire. Assez peu pratique.
©Néanmoins, une fois sur la route, cette grande longueur de guidon donne de l’assurance, atout pour ne pas s’étaler à la première bosse venue, mais on y perd en finesse de contrôle et le comportement est moins joueur.
Le deck est large et confortable. Il est toujours recouvert d’un caoutchouc antidérapant qui remplit son office même lorsqu’il est mouillé. Autre avantage de la conception de cette trottinette, ses garde-boue avant et arrière protègent à 100% l’utilisateur des éclaboussures et la trottinette est elle-même certifié IPX5. Pour être passé à travers des flaques d’eau de quelques centimètres de haut ou même des sentiers boueux, je n’en suis jamais ressorti mouillé ou crotté.
La garde au sol est généreuse, le deck étant à 20 cm de haut. Ça participe aussi à cette sécurité des vêtements, mais on peut aussi s’autoriser plus aisément à s’aventurer sur des routes cabossées ou des terrains non asphaltés. Attention, les roues de 10 pouces, bien que tubeless, n’ont pas le design nécessaire au tout-terrain, contrairement à la Segway eKickScooter ZT3 Pro E.
TCS et suspensions : un antidérapage chaloupant
Cela permet d’enchaîner avec le contrôle en conduite. Xiaomi installe une double suspension. Deux ressorts à l’avant et un à l’arrière. Une véritable nouveauté sur cette gamme. Jusqu’alors seule la Xiaomi Electric Scooter 4 Pro Max, plus haut de gamme, possédait une suspension avant.
Xiaomi était clairement en retard sur la concurrence sur le côté confort. Ces quelques ressorts font la différence. Leur action permet de passer plus sereinement les trottoirs, notamment, ou d’absorber les nids de poule et autres anfractuosités de la route.
Xiaomi combine cette suspension avec son système TCS, un antidérapage activé par défaut. Celui-ci vient jouer sur le contrôle de propulsion (moteur sur roue arrière). Rien de tel qu’une balade en forêt après une bonne pluie pour mettre ce TCS à l’épreuve.
Son activation peut surprendre. En effet, ce TCS coupe l’accélération dès qu’il détecte un manque d’accroche au sol. Cela se produit lorsque l’on passe dans la boue, du gras ou même lorsque l’on passe une petite bosse. Bref, en fonction de la chaussée pratiquée, il peut se déclencher souvent. Et la sensation produite n’est pas très agréable. Sur route dégradée, on a un effet chaloupé comme si quelqu’un jouait avec l’accélérateur en voiture. Pas de quoi avoir mal au coeur, mais l’effet n’est pas terrible. Ajoutons aussi que ce TCS peut parfois aussi s’activer un peu tard.
Cette fonction est désactivable dans les paramètres de l’application compagnon. Sans, on retrouve une conduite plus souple.
Pneus : le confort du tubeless
La Xiaomi Electric Scooter 5 Pro est chaussée en 10 pouces. Il s’agit de pneus tubeless. Pas de crevaisons à craindre, donc. On a aussi un certain confort, doublé par les suspensions installées.
Ils sont plus larges que les pneus habituellement installés, mais cela n’en fait pas pour autant des franchisseurs. Le dessin de la bande de roulement reste plutôt urbain et pas très adapté au tout-terrain.
La trottinette s’en sort sans problème lorsqu’elle est sur un sentier pas trop gras. Dans l’herbe ou en sous-bois, c’est plus compliqué, on sent le moteur forcer sans gagner suffisamment de prise au sol.
Enfin, notons une option dans l’application permettant de programmer un rappel de vérification de pression des pneus. Ce n’est qu’un rappel. Aucun capteur dans les roues.
Equipement : on prend les mêmes et on recommence
Xiaomi avait fait un bond en avant en termes d’équipement sur la V2 de l’Electric Scooter 4 Pro. Clignotants et feux automatiques étaient apparus. Des nouveautés bienvenues qui lui permettaient d’être plus au niveau de la concurrence.
L’Electric Scooter 5 Pro reprend ces options à l’identique. Une précision qui a son importance puisque l’on peut toujours critiquer leurs défauts. Les clignotants ne sont installés que de part et d’autre du guidon. Ils sont visibles et même si le guidon est large, on aurait apprécié avoir des répéteurs à l’arrière, comme c’est le cas par exemple sur la Flex Advance de Pure Electric. Aussi, ils émettent un son absolument strident et désagréable que l’on ne peut pas du tout désactiver ! Pire, il ressemble à s’y méprendre au bruit produit par une trottinette Xiaomi lorsqu’elle affiche un code erreur. On en ferait des cauchemars.
Concernant les feux automatiques, ils ont tendance à avoir besoin de trop d’obscurité pour se déclencher. Je me suis fait avoir en fin de journée, avec une luminosité basse, suffisante pour allumer les phares de toutes les voitures, mais pas ceux de la trottinette.
Il est possible de désactiver l’option dans les paramètres ou de forcer l’allumage avec une pression sur le bouton unique de l’Electric Scooter 5 Pro. À noter que l’on peut aussi choisir de laisser allumer le feu arrière de manière permanente, ce qui est très bien pour la sécurité.
Enfin, au centre du guidon on retrouve le sempiternel boîtier de commande de Xiaomi : un bouton unique surmonté d’un affichage en quelques couleurs. Vitesse, autonomie, mode de conduite, phare, TCS, voici les indications disponibles. Une modernisation de ce tableau de bord serait la bienvenue, d’autant qu’il est toujours illisible en plein soleil.
Performances : elle voudrait aller plus vite
On touche au nerf de la guerre. L’Electric Scooter 5 Pro est bien plus puissante si on la compare à l’Electric Scooter 4 Pro… de première génération. Oui, il faut suivre. Dans la durée de vie de cette dernière, il y a eu une seconde version améliorée sur bien des points, notamment la motorisation. On passait de 350 Watts en nominale à 400 Watts. Idem en crête : de 700 à 1000 Watts.
L’Electric Scooter 5 Pro reprend ces données point par point avec aussi une même capacité de franchissement de côtes à 22%.
L’accélération se fait côté droit du guidon via la gâchette désormais iconique de Xiaomi. Elle est souple au démarrage, mais les reprises sont plus réactives. Passer de 0 à 25 km/h en mode Sport demande 6 secondes. On est dans la moyenne haute des trottinettes grand public.
Une fois à vitesse max, on sent qu’elle en a encore sous le coude, mais qu’elle ne le délivre pas. Par moment, on peut avoir un petit mouvement de ralentissement, comme si le moteur cessait de s’emballer pour ne pas dépasser les 25 km/h légaux. Pas toujours agréable.
Pour les côtes, Xiaomi précise que les pentes de 22% annoncés sont valables avec une vitesse maintenue à 15 km/h. En conditions réelles, on constate bien un plafond infranchissable entre 15 et 20 km/h. À noter que si l’on part de zéro, la vitesse grimpe bien moins vite que sur du plat.
Tout cela, c’est en mode Sport, le plus vif des trois disponibles. Il y a aussi un mode piéton et un mode normal. On navigue entre eux en pressant deux fois sur le bouton de la trottinette. Les deux autres modes limitent la vitesse maximale (respectivement 6 km/h et 20 km/h) et aussi le couple associé. Un habitué des trottinettes électriques n’y aura que peu recours si ce n’est pour prolonger l’autonomie.
Autonomie : pas aussi bonne qu’annoncé
Comme ses concurrents, Xiaomi a sa propre méthode pour mesurer l’autonomie de ses trottinettes. Et c’est peu de dire qu’elle ne représente pas du tout des conditions réelles d’utilisation. L’Electric Scooter 5 Pro est ainsi donnée pour 60 km d’autonomie avec sa batterie de 477,4 Wh.
On observe une augmentation de la capacité de la batterie par rapport à la génération précédente qui proposait pourtant une même autonomie officielle, sans doute grâce à son poids inférieur.
Notre test d’autonomie a consisté à parcourir deux fois la même trace. Celle-ci est diversifiée avec du bitume, du chemin blanc et quelques zones un peu plus boueuses, mais praticables. De quoi représenter toutes les situations que l’on peut croiser au quotidien avec cette trottinette.
Après 11,2 km parcourus, il reste 61% d’autonomie. Le calcul extrapolé donne une valeur de 29 km et non pas de 60 km, comme annoncé par Xiaomi. Le constructeur ne fraude pas pour autant. Son protocole est très optimisé : « Mesurée à 25 °C lorsqu’il n’y a pas de vent, la trottinette entièrement chargée et roulant à une vitesse régulière de 15 km/h sur une surface plane avec une charge de 75 kg couvre une distance de 60km. »
De notre côté, le poids de l’utilisateur est le même, la température avoisinant les 5°C, mais pas de vitesse limitée ou de tracé complètement plat, deux éléments qui ne correspondent pas du tout à un usage réel. Ajoutons que la récupération d’énergie est fixée sur faible sur notre modèle.
En passant en mode Normal et avec une forte récupération d’énergie, on doit pouvoir taquiner les 40 km d’autonomie au total.
30 ou 40 km c’est utilisable dans les deux cas pour des trajets urbains quotidiens, mais c’est plus faible que la première génération de l’Electric Scooter 4 Pro. Sur la même trace et dans les mêmes conditions (mode Sport, récupération faible), celle-ci tient 49 km. Moins puissante, elle est aussi plus légère pour une batterie à peine moins imposante.
Concernant la recharge, comptez un peu plus de cinq heures pour passer de 0 à 100%. Xiaomi est revenu à un embout à enfoncer et non plus magnétique.
Freinage : puissance sans freinage, le mauvais combo
L’Electric Scooter 5 Pro est équipée d’un double frein mécanique et électronique. En réalité, il ne faut compter que sur le tambour avant, le frein électronique correspondant au frein régénératif couplé au moteur.
Les organes du frein tambour sont protégés par un carénage ce qui évite leur contamination par les éléments extérieurs. Un gage de fiabilité.
Pour les performances de ce système, comptez 6 mètres pour passer de 25 km/h à un arrêt complet. C’est légèrement plus que la moyenne qui se situe sous les 5 mètres. Même la 4 Pro de deuxième génération s’arrêtait en 4,3 mètres, ce que nous considérions déjà comme étant trop. Xiaomi a encore du travail sur ce point. Gaver une trottinette de 1000 Watts en crête sans adapter son freinage, c’est une grossière erreur.
Application : obligatoire, mais décevante en l’état
L’Electric Scooter 5 Pro nécessite l’application Xiaomi Home. Celle-ci permet de verrouiller l’engin et d’accéder à quelques paramètres. Autonomie restante, enregistrement de parcours, activation des feux automatiques et de l’antidérapage, intensité de la récupération d’énergie, rappel de pression des pneus et recherche de la trottinette par l’émission d’un son, voilà toutes les fonctions adressables.
Pas de GPS sur cette application et c’est dommage. Pas non plus de régulateur de vitesse, pourtant bien pratique pour se dégourdir le pouce. Aussi, l’autonomie annoncée ne prend pas en compte les habitudes de conduite, mais respecte les données constructeurs. Une information assez inutile du coup.
+
Suspenssions bienvenues
Les 1000 Watts disponibles
Des pneus larges et des pare-boues très efficaces
Une autonomie correcte
L’antidérapage TCS malgré son effet chaloupé
–
Un freinage encore pire qu’avant
Le bruit des clignotants
L’écran illisible en plein soleil
Le poids bien trop important
L’encombrement qui lui fait perdre de vue la cible originelle
Conclusion : notre avis sur la Xiaomi Electric Scooter 5 Pro
On a aimé :
- Suspenssions bienvenues
- Les 1000 Watts disponibles
- Des pneus larges et des pare-boues très efficaces
- Une autonomie correcte
- L’antidérapage TCS malgré son effet chaloupé
On a été déçu :
- Un freinage encore pire qu’avant
- Le bruit des clignotants
- L’écran illisible en plein soleil
- Le poids bien trop important
- L’encombrement qui lui fait perdre de vue la cible originelle
Xiaomi avait largement amélioré sa formule avec la seconde version de l’Electric Scooter 4 Pro qui gagnait en puissance et en équipements pour moins cher. Aujourd’hui, on ajoute à la recette une suspenssion avant et arrière. Elle apporte beaucoup de souplesse dans la conduite et un gain de sécurité, notamment pour les passages de trottoirs. Mais ce que l’on gagne en confort, on le perd en praticité.
Avec l’Electric Scooter 5 Pro, Xiaomi a définitivement tiré un trait sur la multimodalité. Large, longue, lourde, cette trottinette se destine aux trajets 100% à son bord. C’est un choix. Mais le moteur reste le même que sur la seconde 4 Pro. Avec 1000 Watts en crête, il en a sous le pied. Problème, le poids est là et le freinage n’a pas été adapté. La distance requise pour s’arrêter était déjà trop longue l’an dernier, elle l’est encore plus sur la 5 Pro. L’anticipation n’a jamais été autant maître-mot.
Concernant l’autonomie, on est dans les clous, sans faire d’étincelles. Comptez 30 km à 25 km/h ce qui suffit pour bon nombre de trajets du quotidien. L’équipement est complet, mais mériterait quelques ajouts comme un réglateur de vitesse qui manque cruellement ici. En perfectionnant sa formule de trottinette Pro, Xiaomi a laissé glisser son produit vers les trottinettes qui ne s’utilisent plus avec un autre moyen de transport. C’est un autre marché où la concurrence peut avoir de meilleurs arguments, notamment sur la qualité du freinage, l’autonomie ou les équipements associés.
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