Présenté à l’IFA, la Yoga Book se distingue par son clavier sensitif Halo, qui n’apparaît que lorsqu’on en a besoin. Une fois éteint, il laisse place à une zone de dessin qui fait office de tablette graphique. Dans sa version Android (celle que nous avons pu tester, vendue 499 euros) comme dans sa version Windows 10 (599 euros), il est équipé d’un processeur Atom x5 – que l’on retrouve par exemple chez Asus sur l’un de ses Transformer Book – et de 4 Go de mémoire vive.
Sobre et bling bling à la fois
Certains smartphones dépassent les 10 millimètres d’épaisseur. Chez Lenovo, on parvient à proposer un tablette 2-en-1 qui passe sous cette barre symbolique. Un parti pris qui en dit long sur l’ambition du fabricant chinois: séduire par le design. Très compacte, la Yoga Book est surtout très bien finie. La coque en métal est sobre et élégante, au même titre que la surface dédiée au clavier. En revanche, la charnière accuse un style bling bling avec un assemblage de trois tubes argentés et brillants. Un élément qui casse la simplicité de l’ensemble.
Ce facteur de forme a plusieurs conséquences fâcheuses sur la prise en main du produit. Il n’y a par exemple aucune encoche permettant d’ouvrir la Yoga Book. Si celle-ci est posée sur votre bureau, vous devrez la prendre en main, la placer à la verticale – avec tous les risques de casse que ses finitions glissantes impliquent, l’ouvrir, puis la reposer. Dans un autre domaine, sa surface lisse, matifiée et tactile est un gouffre à traces de doigts.
Une connectique limitée
Il y a quelques semaines, le nouveau MacBook Pro était critiqué pour son manque de ports. La 2-en-1 de Lenovo n’en regorge pas non plus. Pour communiquer avec les autres appareils ou accessoires, on ne pourra miser que sur un port micro-USB, une entrée HDMI, un emplacement microSD et une prise jack. On est plus proche de la connectique d’une tablette que de celle d’un ordinateur portable.
Si la Yoga Book est compacte, son écran n’est pas suffisamment mis en valeur. Avec une diagonale de 10,1 pouces, la dalle est, en effet, loin de remplir toute la façade avant. Elle est encadrée par de larges bandes noires horizontales et verticales qui auraient mérité une optimisation. Côté affichage, avec une définition Full HD, on aboutit à une résolution de 224 ppp. C’est légèrement moins qu’un iPad Pro 9,7 pouces (264 ppp), vendu à un tarif, il est vrai, bien supérieur.
Au quotidien, l’affichage est agréable en intérieur comme en extérieur. La luminosité mesurée est de 423 cd/m2 et le taux de contraste monte à 1263:1. Des chiffres très honorables et conformes à ce qu’on peut attendre d’une tablette de ce niveau de prix. Les angles de vision sont également confortables.
Phoenix OS pas toujours optimal
Pour faire tourner son appareil hybride, Lenovo mise sur une version repensée d’Android 6 Marshmallow, baptisée Phoenix OS. La présentation est inspirée du monde des smartphones avec les boutons retour, home et multitâche dans le coin inférieur gauche, à la place du menu démarrer de Windows 10. Au bas de l’écran, on retrouve une barre des tâches qui vient s’étoffer à mesure que des applications sont ouvertes.
Le principal atout de Phoenix OS est la gestion multi-fenêtres qui permet de jongler entre deux ou trois applications affichées côte à côte. C’est pratique, mais toutes les applications ne sont pas prises en charge. Une restriction trop fréquente, qui enlève une partie de l’intérêt de la chose. L’ergonomie est également problématique. Pour agrandir ou réduire une fenêtre, il faut tapoter sur le haut de l’écran. Ce ne serait pas forcément un problème si la Yoga Book, en position déployée, n’avait pas beaucoup de mal à se stabiliser sur une table . L’écran a donc tendance à bouger sous la pression du doigt et à rendre la manipulation assez complexe.
Lenovo peine parfois à choisir entre l’intégration de raccourcis provenant du monde de la tablette ou de celui des ordinateurs. Lors de la mise en veille de l’appareil, il est impossible de rallumer l’écran en appuyant sur le clavier sensitif ou sur l’écran. Il faut aller chercher le minuscule bouton d’alimentation, placé sur la tranche droite. Notre premier choix fut de retarder le déclenchement de la veille à son maximum (30 minutes), quitte à perdre de l’autonomie.
Le strict nécessaire de puissance
Pour 500 euros, l’appareil compose avec une fiche technique peu flamboyante. Il se contente ainsi d’un Intel Atom x5, épaulé par 4 Go de mémoire vive. Une limite pour les gros joueurs qui ne pourront pas profiter pleinement des titres les plus gourmands en ressources sans ralentissements. L’interface assure le minimum en termes de fluidité, tant que l’on se contente de naviguer entre les menus. Même déjà ouvertes, les applications peuvent nécessiter 2 à 3 secondes pour s’afficher lorsqu’on les sollicite depuis la barre des tâches.
Ces ralentissements sont symptomatiques du positionnement de l’appareil. Relativement abordable, il se veut polyvalent. Sauf qu’il n’a pas forcément les moyens de l’être. Techniquement, la machine est tout simplement incapable de multiplier les usages dans de bonnes conditions.
Heureusement, la Yoga Book n’est pas sous-équipée à tous les niveaux. Sans atteindre des sommets, les 8500 mAh de la batterie permettent d’assurer quelques heures de travail sans prise secteur à proximité. Il a ainsi assuré 6h29 à notre test d’autonomie polyvalente. ou 11h12 en lecture vidéo. Une belle performance pour vous sauver la mise lors d’un vol long-courrier.
Pour s’imposer, Lenovo mise sur sa principale innovation, son clavier sensitif Halo. Dépourvu de touche physique, il s’allume dès que l’on sollicite une application de saisie de texte ou que l’on appuie dessus. Selon le fabricant chinois, la saisie est aussi simple et intuitive que sur un clavier classique. Dans les faits, on est loin du compte.
Un ciavier difficike à prdnre en main
Si vous voulez donner une chance à ce clavier, vous n’aurez pas le droit de le quitter des yeux. Dans le cas contraire, vous devrez faire avec le correcteur d’orthographe et ses nombreux travers (ajouts intempestifs de majuscules, d’espaces, corrections non désirées etc.) ou le désactiver – en passant sur le clavier Google – et vous imposer une vitesse d’écriture proche de celle d’un néophyte. Voici par exemple ce qu’a donné ce paragraphe sans regarder le clavier, avec une vitesse de frappe habituelle:
Si vuss voulez don,ner une ckance q ce clzvier esg sue voud n’aurez pas le droit de le suitgef des yeux. Dans le cas contrzire, vous devrez faire zvev le vorfevgeuf d’orthogfzohe eg ses nombfeuc tfavefs!; (ajouts intempestifs de majusculed, d’edpzcex, correvgiond non desirees etc.) ou le désactivef – en pzssant sur le ckavier Google) et vous imposdr une vitessse d’écritufe ofoche de celle d’un neophyte. Voici par exemple ce qu’a donné ce paragfaphe sans regzfdef le clzvidf, avec une vitedssd d ffappe habituelle:
Forcément, il est possible de se familiariser à cet outil pour aboutir à quelque chose de plus lisible. Mais à vitesse égale, il nous paraît tout simplement impossible d’écrire du texte sur la Yoga Book avec autant de précision que sur un clavier physique. Un peu caricatural, cet exemple a le mérite de vous montrer le travail qu’il vous restera à accomplir. Ironiquement, une seule touche du clavier sensitif est de très grande taille: la touche retour. On a peut-être compris pourquoi.
L’autre conséquence de cette surface plane est l’absence de pavé tactile. Ou du moins sa présence presque virtuelle. Seuls quatre points permettent de délimiter sa surface. Un marquage bien trop discret et trop rapproché de la barre espace pour ne pas nous faire enchaîner les fausses manipulations. Par ailleurs, il n’est pas multipoints et ne permet donc pas – entre autres – de zoomer sur une photo en déployant le pouce et l’index.
Enfin, et c’est peut-être son plus gros point faible, il ne permet pas de faire défiler le contenu d’une page. Pour cela, il faut aller effleurer l’écran, comme sur un smartphone. Là encore, la Yoga Book se comporte comme une tablette plus que comme un ordinateur, dont les va-et-vient entre l’écran et le clavier finissent surtout par être irritants.
Une tablette graphique correcte mais sommaire
Si Lenovo fait tous ces sacrifices, c’est pour nous proposer un appareil hybride dont la partie inférieure peut servir de tablette graphique. L’une des fonctions les plus intéressantes est la possibilité de dessiner sur un carnet – fourni avec l’appareil – et de voir les lignes numérisées en temps réel. Malgré l’épaisseur des multiples couches de papier, la pression du stylet est bien gérée et le rendu est fidèle. A cela s’ajoute la sensation inégalable de dessiner sur du vrai papier.
Mais tout n’est pas parfait pour autant. Jamais vraiment stabilisé, le carnet a tendance à bouger de quelques millimètres. De quoi créer quelques décalages entre le rendu papier et la version numérique. La mine de stylo fournie – à bille – n’est pas non plus idéale pour ce type d’activités.
Les limites sont aussi logicielles. La qualité d’exportation de l’application Notes de Lenovo laisse à désirer, avec des rendus qui ont une fâcheuse tendance à être pixelisés. Nous nous sommes alors tournés vers des concurrents – vers Adobe notamment – qui ont fait du meilleur boulot. Malheureusement, ils accusent une latence plus importante, diminuant le confort d’utilisation.
Sans le carnet – en dessinant directement sur la surface tactile, la gestion du mouvement et de la pression est bonne. Mais avec son format compact, la tablette ne permet pas une grande amplitude de mouvement. En tant que tablette graphique, cette Yoga Book est plus adaptée à la prise de note et au croquis rapide qu’au graphisme poussé.
Test écrit avec la collaboration de Pierre Thieulin
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