La Watch est un paradoxe. Lors de sa keynote du 7 septembre dernier, Tim Cook s’enthousiasmait. Selon de nombreuses études, disait-il, dont la dernière produite par JD Power, sa montre connectée caracole en tête des classements de satisfaction d’utilisateurs.
L’étude publiée en juillet dernier par Wristly, société spécialisée dans l’analyse des usages des wearables et de la Watch en particulier, ne dit d’ailleurs rien d’autre. 94% des utilisateurs de la Watch 1 en sont satisfaits. Impressionnant ! Néanmoins, seulement 43% des personnes sondées la recommanderaient à un ami ou un collègue… Une satisfaction insatisfaite en quelque sorte, qui s’expliquerait par au moins trois facteurs : la volonté de voir la Watch prendre ses distances par rapport à l’iPhone, d’être plus utile et d’être plus performante, y compris en termes d’autonomie…
Inchangée, mais plus lumineuse et à l’écoute
Avec sa Watch Series 2, Apple semble vouloir répondre au mieux à ces lacunes et défauts, tout en jouant la carte prudente d’un design extérieur inchangé. Le boîtier rectangulaire aux bords arrondis n’est donc pas affiné, comme on pouvait l’espérer, mais sa conception et sa finition sont toujours aussi irréprochables.
D’autant que la nouvelle dalle – de même taille – est bien plus lumineuse, ce qui facilite sa lecture en plein soleil. Autre amélioration, qui renforcera le confort, Apple a pratiqué une deuxième micro perforation sur le côté gauche de la montre pour assurer une meilleure captation du son quand on passe un appel ou quand on interpelle Siri, ce qui sera bien pratique pour tous ceux qui lui dictent des messages en voiture, par exemple.
S2 et watchOS 3, un couple qui peut beaucoup
Depuis son annonce et sa mise à disposition en bêta (fermée) au mois de juin dernier, nous avions pu constater que watchOS 3 affinait l’interface de la montre, qui était pourtant déjà un modèle du genre. Invoqué par une pression du bouton latéral, son « dock », qui donne un accès rapide aux applications qu’on souhaite consulter souvent et qui les maintient à jour, est une excellente idée. On gagne ainsi du temps et du confort d’utilisation.
Mais watchOS 3 améliore également la fluidité d’exécution et de chargement des programmes en général. Les applications natives de la Watch ne prennent plus que quelques secondes à s’ouvrir, même si les applis tierces restent, elles, parfois encore assez lentes.
Malgré cela, dès sa bêta, watchOS 3 laissait entrapercevoir un espoir de progrès. Avec un processeur plus puissant, les quelques secondes d’attente s’évaporeraient certainement, espérait-on.
Et Apple a introduit le S2, sa nouvelle puce, son nouveau Système dans un Package. Il est donné pour être 50% plus performant que le S1, présent dans la Watch sortie en avril 2015. Et de fait, ce gain de puissance significatif – mais très difficile à mesurer sur ce genre de périphérique – fait que les applications natives de watchOS 3 s’ouvrent instantanément, sans la moindre attente.
Si les programmes d’autres développeurs prennent parfois encore un peu de temps à se lancer, ils sont beaucoup plus rapides. Dans les faits, les lenteurs observées sont en général à mettre sur le compte de la liaison nécessaire entre la Watch et l’iPhone.
La montre connectée d’Apple s’applique à faire oublier son lien avec nos smartphones, mais ce dernier lui est encore nécessaire pour charger et afficher une carte ou tout simplement se connecter à Internet pour récupérer des données.
Néanmoins, même s’il faut encore parfois attendre, il est indéniable que la Watch est sur la bonne voie et qu’il est plus agréable, en règle générale, d’utiliser des applications. Ce qui signifie que profiter de plus d’usages devient possible et l’intérêt à utiliser la montre croît donc en proportion.
Batterie, pas de miracle, mais pas de catastrophe
Et l’autonomie dans tout cela ? Apple n’a pas réalisé de miracle, mais à franchement parler, aucun fabricant de « wearable » n’a réussi pour l’instant. Même si des montres comme la S2, de Samsung, semble mieux s’en tirer.
Autrement dit, en cas d’usage très intensif – GPS + notifications nombreuses + appels téléphoniques + mails, etc., mieux vaudra vous déplacer avec un chargeur.
Dans un contexte plus « classique », qui consiste à utiliser la montre essentiellement comme un terminal de consultation ou via des interactions courtes et ponctuelles par message, la Watch Series 2 tient hardiment le cap de la journée, sans encombre, même si une petite session de course vient tenir éveillé son GPS.
Par curiosité, nous avons essayé de voir jusqu’où elle pouvait tenir en en faisant un usage vraiment modéré : consultation de notifications, de quelques applications et évidemment affichage de l’heure. Dans ce contexte un peu pauvret, nous avons frôlé une petite trentaine d’heure, à condition de passer en mode avion pendant la nuit. Si cette façon d’utiliser la Watch n’est pas très en prise avec la réalité, vous savez en tout cas qu’elle peut passer le cap de la journée en cas de besoin absolu.
Dans les faits, la Watch Series 2 marche donc dans les pas de son aînée – bien qu’elle en fasse plus – et il sera plus prudent de la recharger tous les soirs au moment du coucher. On est loin de la semaine d’autonomie que proposent certaines Pebble. Certes mais les usages sont bien plus nombreux.
Quoi qu’il en soit, nous avons remarqué que le modèle testé (Series 2 boîtier 42 mm en aluminium vendu 449 euros) semble faire le plein d’énergie plus vite que la Watch première du nom. Nous avons ainsi atteint les 80% en un peu moins de 1h30. Il faut compter 2h pour atteindre une recharge complète, contre 2h30 environ pour le modèle précédent. Tout cela est plus rapide, mais pas encore assez pour pouvoir se contenter de la recharger pendant qu’on se douche le matin et petit-déjeune…
Le sport prend des muscles
Riche de nombreuses applications de fitness et running, la Watch prend clairement un virage en direction du sport. L’édition Nike+, attendu pour le mois d’octobre, ne laisse aucun doute sur le sujet. La Watch Series 2 veut être une montre de sport. Ou plutôt, veut aussi être une montre de sport.
Côté logiciel, on retrouve les deux piliers déjà présents dans la version précédente. Le premier est l’application Activités. Cette dernière permet de suivre les calories brûlées, le nombre de pas effectués, et désormais de partager ses performances avec ses amis… s’ils ont aussi une Watch. Le second pilier est l’application Exercice. Elle continue de mesurer vos différentes pratiques sportives (vélo, course à pied, etc.) mais s’est enrichie d’une fonction de natation.
Car, la Watch Series 2 est désormais « certifiée » WR 50m. Elle est donc capable de vous accompagner sous la douche, lors de vos séances de crawl ou brasse mais pas lors de la plongée en eau profonde.
Toutefois, ce cap la rend plus apte à vous accompagner dans toutes vos activités extérieures. Plus d’inquiétude en cas de course terminée sous une pluie battante, pas besoin de l’abandonner quand vous allez faire quelques longueurs l’été au saut du lit, inutile de s’inquiéter pour elle quand vous courez dans la nature et traversez des torrents un peu véhéments. En devenant très « résistante à l’eau » et grâce à son mode eau bien pensé, la Watch Series 2 gagne ses galons de montre – urbaine avant tout, certes – mais capable de vous suivre du matin au soir.
L’arrivée d’un GPS embarqué, qui vous permet d’abandonner votre iPhone à la maison quand vous allez courir ou faire une petite sortie à vélo, muscle encore davantage sa présence sportive.
Avec son capteur cardiaque – assez précis pour peu que le bracelet soit bien serré, ses accéléromètre et gyroscope, et son GPS, la Watch Series 2 réduit l’écart matériel avec la concurrence spécialisée. Certes, une Fenix 3 HR de Garmin a encore l’avantage côté sport, avec ses options d’analyses de la foulée, ses entraînements personnalisés, ses marquages de circuit, etc. Mais doit-on rappeler ce que la Watch offre en tant que montre avant tout connectée – notamment grâce à son App Store ?
Reste donc à Apple à améliorer le logiciel et à trouver comment faire avec deux boutons et un écran tactile (ce que les autres font avec quatre boutons au moins) pour ne pas se contenter d’enregistrer les activités mais aussi offrir des mesures pour accompagner les sportifs dans leur progression.
A qui la conseiller ?
La route est encore longue pour réellement défier une montre de sport. Mais les joggeurs, nageurs ou cyclistes occasionnels, tous ceux qui ne veulent pas jongler entre plusieurs montres, pourraient bien commencer à considérer la Series 2 avec intérêt.
Et ceux qui possèdent la Watch première du nom et se tâtent ? Ils peuvent sauter le pas sans regret s’ils en ont les moyens. Ils se débarrasseront en bonne partie de la frustration des temps d’attente et verront les montres connectées sous un nouveau jour. S’ils préfèrent attendre, ils pourront se consoler, en mettant à jour leur Watch sous watchOS 3, disponible depuis le 13 septembre 2016.
Enfin, ceux qui cherchent une montre connectée avec un peu de ressources et ce qui ressemble à du potentiel de progression peuvent aussi s’y intéresser. Encouragée par le processeur S2, la richesse de l’App Store va fatalement finir par envahir le petit boîtier de la Watch.
Avec la Series 2, Apple semble nous proposer la Watch qu’on aurait aimé découvrir l’année dernière. Les manques et défauts principaux sont corrigés, ou suffisamment estompés. La configuration embarquée paraît être assez solide pour permettre à des usages d’éclore peu à peu autour de la Watch. Tout dépendra des développeurs… Quoi qu’il en soit, Apple dessine d’ores et déjà les contours larges de ce monde Watch centrique. Au-delà du sport, la Watch est déjà un terminal de paiement sans contact et aussi un moyen d’interagir avec sa maison connectée. Pas mal donc.
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