Si Suunto n’est pas le fabricant le plus connu du grand public, la marque finlandaise est presque centenaire. Initialement spécialisée dans les boussoles, elle s’est ensuite imposée comme leader mondial dans la fabrication des ordinateurs de plongée. Depuis quelques mois, elle tente un nouveau virage pour conquérir un public beaucoup plus large. Comme son – bien trop long – nom l’indique, la Suunto Spartan Sport Wrist HR embarque tout ce qu’on peut attendre d’une montre multisport : un capteur cardio, un GPS, un écran couleur et des fonctions connectées. Avec un tarif de 500 euros, il n’en fallait pas moins.
A ce niveau de prix, la montre Suunto vient concurrencer les meilleurs produits de chez Garmin, à savoir les Fenix 3 HR et la plus récente Fenix 5 HR. Deux modèles vendus à partir de 600 euros. Le design de la Spartan Sport Wrist HR est davantage celui d’une montre connectée que celui d’un bracelet plus spécialisé, comme le Garmin Forerunner 235. Ceux qui sont prêts à mettre une ou plusieurs centaines d’euros supplémentaires peuvent opter pour des déclinaisons plus luxueuses, avec la lunette en acier remplacée par des finitions en plaqué or.
La version que nous avons testée est la plus «basique», entièrement noire et livrée avec un bracelet en silicone. Bien que très épaisse (1,68 cm), la montre n’en reste pas moins d’un port confortable. Comme on pouvait s’y attendre avec un fabricant de la trempe de Suunto, les finitions sont exemplaires. Une fois au poignet, ce modèle donne l’impression d’être de ceux qui nous accompagneront pendant quelques années. Le confort n’est pas non plus étranger à la finition du capteur cardio, très peu protubérant. Toutefois, la Wrist HR reste une montre de sport et n’a pas l’élégance d’une montre de ville. Elle reste donc une belle réussite… dans sa catégorie.
Synchronisation : le temps de prendre un café, ou deux
Une fois allumée, la montre se configure simplement. Vient ensuite l’étape de l’association avec un smartphone – un iPhone 7 dans notre cas. Et cette étape est loin d’être la plus agréable. Pour faire simple, nous avons passé près d’une heure à tenter de synchroniser la montre et l’appareil. Le résultat n’a pas été meilleur sur Android, avec un Huawei P10. Nous sommes finalement parvenus à nos fins… après une bonne vingtaine de tentatives.
Bien que très irritant, le problème aurait pu être anecdotique s’il s’était limité à des difficultés lors de l’installation. Ce n’est malheureusement pas le cas. Après chaque exercice, l’échec de la synchronisation est systématique. L’opération a toujours nécessité deux à trois essais au minimum. Avec à la clef, un transfert des données particulièrement lent.
De manière générale, la partie logicielle de Suunto a quelques airs de chantier, dont le gros œuvre serait déjà bien avancé. Depuis la montre, on retrouve une navigation verticale très classique. En effleurant l’écran principal de haut en bas, on découvre les paramètres, le chronomètre, le journal, la navigation GPS, le choix d’un exercice. En allant se balader sous l’écran d’accueil, on accède à son historique d’activité – nombre de pas effectués, données cardio, puis d’entraînement. Ce dernier volet permet de consulter la totalité des exercices de la semaine.
L’écran principal est personnalisable. On peut par exemple afficher l’heure, la date, ainsi que le nombre de pas effectués dans la journée. Malheureusement, c’est à peu près tout. Malgré une option de suivi cardio en continu, il est impossible de voir la donnée affichée en premier plan. Dépourvue de micro/haut-parleur, la Wrist HR ne permet pas de passer ou de recevoir des appels. Elle se contentera donc d’afficher les notifications venant de votre smartphone.
L’épineuse question du tactile
Comme sur une montre Android Wear, la navigation peut se faire à la fois grâce à l’écran tactile ou grâce aux trois boutons latéraux. Là encore, on regrette quelques défauts ergonomiques qui viennent altérer l’expérience utilisateur. La partie tactile manque notamment de précision et de répondant. Le choix d’un élément parmi une liste de possibilités – par exemple dans le menu des paramètres – nécessite souvent de s’y reprendre à deux fois.
Pour passer d’un écran à l’autre, l’appareil mouline pendant plusieurs dixièmes de secondes. Les saccades sont encore plus importantes lorsqu’il s’agit de revenir en arrière. La montre demande parfois plus d’une seconde pour retourner vers l’écran principal. La gestion des boutons physiques est également discutable. Malgré l’intégration de trois poussoirs, Suunto n’a pas jugé utile d’allouer une fonction retour à l’un d’entre eux. Le seul choix reste d’utiliser l’écran tactile, avec les limites évoquées plus haut.
Pour ce type de produits, le choix du tactile mérite d’être discuté. Une montre multisport est faite pour être portée en extérieur et ne devrait pas souffrir de la transpiration. C’est malheureusement le cas de la Spartan Sport Wrist HR, qui devient difficilement utilisable à mesure que nos mains s’humidifient. On comprend mieux le parti pris de Garmin – notamment dans sa gamme Forerunner – de ne miser que sur des boutons physiques. Suunto aurait peut-être été mieux inspiré de s’en tenir à cette stratégie.
Un capteur cardio à la hauteur?
N’ayant pas de montagne à portée de main, nous avons essentiellement utilisé l’appareil pour de la course à pied. Mais il n’est pas inutile de rappeler l’ampleur de son offre multisport : en plus de la course en extérieur ou en salle, la Wrist HR peut suivre les séances de cyclisme, de natation – la montre est étanche jusqu’à 100m ou de musculation. Elle gère aussi un trail, une randonnée, ou une descente à ski. Sur le site de Suunto, vous pourrez activer le suivi de plusieurs dizaines d’autres sports. Autant de fonctions qui vous permettront de tirer parti d’une fonction GPS précise et réactive. En extérieur, la localisation se fait en quelques secondes.
Nous nous sommes aussi intéressés de près au capteur cardio. Le composant est fourni par Valencell, l’un des meilleurs spécialistes du domaine – il équipe notamment des produits comme le Bose SoundSport Pulse ou le Scosche Rhythm +. Les résultats sont plutôt à la hauteur, malgré quelques petites lacunes. Nous avons couru à deux reprises avec une ceinture cardio Decathlon Geonaute et la montre Suunto au poignet. Dans les deux cas, la course s’est étalée sur une cinquantaine de minutes. Comme on peut le voir sur les graphiques ci-dessous, les courbes sont extrêmement proches.
Pour autant, la Wrist HR a commis les mêmes erreurs à quelques jours d’intervalle. Au moment du démarrage, la fréquence mesurée s’envole autour des 180 battements par minute, sans aucune explication. Cette tendance légèrement à la hausse s’est retrouvée par la suite, avec des pics supérieurs à ceux mesurés par la ceinture. La performance est proche ce que peut proposer la Garmin Forerunner 235, qui souffre moins de ces «à-coups» au moment d’une montée en intensité de l’effort. Comme sa rivale de chez Garmin, la Suunto souffre d’un retard lorsqu’il s’agit d’effort fractionné. On touche ici une limite des capteurs cardio optiques par rapport aux ceintures. Dans l’ensemble, la fonction cardio de la Wrist HR est convaincante, mais ne nous a pas semblé supérieure à celle de la montre Garmin.
Beaucoup de données, mais pas partout
Après l’effort, on se précipite vers l’application Suunto Movescount. Une fois la longue et périlleuse étape de la synchronisation surmontée, on s’attend à retrouver les données GPS et cardio correspondant à notre course. Mais elles sont plutôt spartiates. A l’opposé de la très fouillée application Garmin, le logiciel mobile de Suunto n’affiche que l’essentiel. Pour en savoir plus, il faudra allumer son ordinateur.
Sur son site, Suunto est bien plus généreux. Les courbes de rythme cardiaque, de vitesse, d’altitude, de cadence, de VO2 ou encore de consommation calorique sont bien là. On retrouve également les détails de chaque kilomètre parcouru. Mais l’excellente idée de Suunto concerne la cartographie.
En plus du tracé superposé à une carte Google, il est possible de faire apparaître une «carte de chaleur». Le concept est simple : en se basant sur l’activité de la communauté Suunto, les chemins les plus empruntés apparaissent en jaune vif. Une façon d’en découvrir de nouveaux, ou au contraire d’éviter les axes les plus encombrés par les coureurs.
Nous avons couru trois fois avec la montre, dont deux fois en extérieur en plein soleil. Les données sont bien lisibles, quelle que soit la situation. A l’opposé de l’écran d’accueil trop limité, la liberté de personnalisation des données qui s’affichent pendant l’activité est totale. Une fois de plus, il faudra se rendre sur le site de Suunto pour en profiter. Vous constaterez alors la richesse optionnelle de l’appareil, en choisissant de privilégier l’affichage de la fréquence cardiaque, l’allure, la distance parcourue en course, ou l’ascension pour une activité en montagne.
Il est difficile de juger de l’autonomie d’une montre connectée tant les usages peuvent varier – notamment concernant le capteur cardio et les fonctions GPS. Avec une course en intérieur et deux sorties de 50 minutes en extérieur, nous avons pu patienter cinq à six jours avant de mettre la montre en charge. Vous aurez d’ailleurs tout le loisir de la brancher durant la nuit dans la mesure où aucune fonction de suivi du sommeil n’est proposée. Comme ses amis Apple, Fitbit ou Garmin, Suunto nous offre un merveilleux câble propriétaire qui ne vous sera utile pour aucun autre appareil et qu’il faudra racheter en cas de perte.
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