Canon EOS 5D Mark II : la promesse
L’EOS 5D, malgré ses petits défauts, a su combler nombre de photographes adeptes de Canon: il était en effet le premier reflex «abordable» doté d’un capteur plein format (full frame en anglais). Les photographes avaient pu retrouver leurs focales d’origine et donc le plein pouvoir de grand-angle au mieux multiplié -à l’époque- par 1,3 (1D Mark I et II), au pire par 1,6 (350 et 400D et 30 et 40D).
Après l’arrivée très remarquée de l’Alpha 900 de Sony et celle du D700 de Nikon -petit frère du D3-, Canon se devait de sortir un appareil qui tienne la route. L’EOS 5D Mark II est donc attendu au tournant à l’heure où Canon n’a plus l’exclusivité du plein format.
Canon EOS 5D Mark II : la réalité
Canon nous a fait du classique avec ce nouveau boîtier : sa filiation avec le 5D est immanquable. Les aficionados de la marque se sentiront chez eux, l’ensemble des commandes étant relativement standardisé chez le constructeur nippon. Car être fidèle à une marque n’est pas seulement acheter des optiques compatibles ou rester dans une lignée de qualité, mais aussi suivre une philosophie d’ergonomie.
Plus gracieux que l’Alpha 900 aux arêtes dures, le 5D Mark II offre un toucher plus doux et des lignes plus arrondies. Difficile de dire s’il est beau. Cela dit, il rayonne d’un aspect «pro». A 2800 euros le boîtier (au 15 janvier), on lui en sait gré…
Fabrication sérieuse…
On est loin du 1000D, du Pentax K-m et des boîtiers à 400-500 euros. Le squelette du 5D Mark II est en magnésium, un matériau à la fois léger et résistant. La prise en main est agréable, le côté massif de l’appareil rassure et lui permet d’être mieux équilibré que les petits (1000D, 450D, 50D) une fois monté un objectif un peu lourd et long comme le très bon 70-200 mm f=4 IS USM de la série L.
… mais un peu deçà de la concurrence
Si les caoutchoucs sont de bonne qualité, si la protection antiruissellement est convenable, il ne se dégage pas de ce 5D Mark II la même impression de solidité que de l’Alpha 900 de Sony ou, mieux, du D700 de Nikon, référence en la matière.
Les boutons font un peu plus «plastique» (ce qui ne signifie pas qu’ils sont fragiles mais «font» plus fragiles), l’écran n’est pas protégé comme chez Nikon et il est moins massif que celui de ses deux concurrents. Détail de pro: la baïonnette n’est pas vissée au châssis mais au compartiment des miroirs. Mais pas d’alarmisme: il reste un boîtier pro et encaisse bien les chocs.
Un capteur issu du monde professionnel
21,1 mégapixels. C’est très impressionnant dit comme ça, mais cela impressionne encore plus une fois vu en vrai. Le capteur n’est pas une nouvelle version tombée comme ça de nulle part mais découle du 1D Mark III Ds. Si cela ne vous dit rien, sachez que les appareils dédiés aux photographes pro (presse et studio) sont de la gamme dite 1D.
Chez Canon, plus le chiffre est petit, plus l’appareil est haut de gamme. Ainsi, la hiérarchie est donc 1000D < 450D < 50 D < 5D Mark II < 1D Mark III < 1D Mark III Ds. Les deux derniers 1D sont destinés à deux marchés différents: le 1D Mark III «normal» plutôt à la presse et le 1Ds Mark III au studio (comme l’indique le «s»). Le premier n’a pas un capteur plein format (coefficient multiplicateur de x1,3) mais a une cadence très rapide (8 i/s), idéale pour les photographes sportifs. L’autre va moins vite mais est plein format et doté d’une meilleure résolution, ce qui convient mieux aux photographes de publicité qui doivent servir des images adaptées à l’impression des 4×3 m.
Pourquoi ces précisions? Tout simplement parce que le capteur du 5D Mark II est celui du 1Ds Mark III, un appareil qui coûte toujours … plus de 7000 euros.
Une définition d’image incroyable
Maintenant que vous savez ce qu’il a dans le ventre, vous nous croirez sans doute quand nous vous dirons que la qualité des clichés est plus qu’excellente. La quantité de détails enregistrés par un capteur aussi grand (24×36 mm) et à la résolution aussi élevée (21,1 Mpix) est tout bonnement impressionnante. A quoi sert une telle débauche de pixels? D’une part à faire des tirages géants, type A2. Ensuite profiter d’une marge de recadrage exploitable luxueuse. Même taillé à la serpe, l’image recadrée sera toujours très définie et propre.
A l’écran (constaté sur un 24 pouces) les images sont très, très riches, bien contrastées mais manquent un peu de pêche: on préfèrera régler l’appareil avec de l’accentuation afin de faire ressortir plus de détails. Les photographes en rajouteront une couche par post-traitement, avec Adobe Lightroom, DxO, Bibble, Capture One ou tout autre logiciel de développement RAW.
Une montée en ISO superbement maîtrisée
Les reflex actuels sont à même de monter dans des sensibilités qui étaient il y a cinq ou six ans inimaginables. Ici la limite est de 6400 ISO en mode normal, avec deux modes high ISO, 12800 et 25600 ISO. Disons-le clairement, ces deux sensibilités sont à réserver à des cas extrêmes -photo d’aliens de nuit afin d’apporter la preuve à Mulder et Scully- mais ne seront pas proprement exploitables.
A 6400 ISO, le bruit est présent, mais ce n’est pas une catastrophe. Le 5D Mark II ne fait pas aussi bien que le D700 mais la raison est évidente: pour une même taille de capteur, le D700 dispose de deux fois moins de pixels (12 Mpix) ce qui fait donc deux fois plus de lumière pour chacun. La valeur limite de qualité pour ce 5D Mark II est 3200 ISO, sensibilité pour laquelle le bruit et le grain sont encore acceptable et professionnellement exploitable.
Viseur large et clair
La référence en termes de viseur est détenue par Sony qui a développé un vrai bijou avec son Alpha 900 et ses 100% de couverture. Le 5D Mark II s’en sort cependant superbement, avec une couverture annoncée de 98%, ce qui est déjà pas mal. Sans être aussi lumineux, il est très agréable à l’emploi même si on se demande quel est le confort d’utilisation en cas de port de lunettes.
Bon autofocus mais manque de collimateurs
L’EOS 5D avait neuf collimateurs et on lui reprochait déjà un petit manque. Rebelote: le 5D Mark II n’a toujours que neuf collimateurs et nous allons réitérer notre regret, d’autant que la concurrence ne se charge pas que d’en ajouter plus, elle fait mieux: le D700 a 51 collimateurs hyperréactifs. Cela ne signifie pas que l’autofocus est mauvais, loin de là. Mais il est moins performant pour les sujets mobiles que son rival.
Mode Video Full HD
Si ce n’est pas un caméscope, il fait cependant de très bonnes vidéos d’appoint, exploitables par exemple pour des journalistes voire pour des réalisateurs qui voudraient profiter du panel d’optiques large de Canon afin de réaliser des plans à moindre coût -en vidéo, 40 mm est considéré comme du grand-angle! En revanche, pas d’autofocus au menu, il faudra donc faire le point à la main, comme les pros. Ça tombe bien, l’appareil leur est plutôt destiné.
Quant aux photo-journalistes, le mode vidéo pourrait aussi les intéresser: pouvoir fournir des images vidéo d’un événement peut, dans certains cas, représenter une source de revenus intéressante.
Parlons qualité d’image: si elle fourmille en basse lumière, elle est très agréable et bien contrastée en plein jour. La qualité des optiques aide énormément l’appareil qui rend des images piquées, contrastées et superbement définies. Le mode vidéo du 5D Mark II est d’autant plus intéressant qu’on profite d’une prise pour micro externe. Son potentiel dans le domaine de l’image animée est clairement énorme.
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