Il est censé assurer la relève des smartphones Sony. Après plusieurs années de modèles performants, mais toujours un cran en dessous de la concurrence, Sony avait frappé fort au Mobile World Congress de Barcelone en février 2019. Le Xperia 1 marquait le renouveau de la marque japonaise dans le domaine grâce à un écran OLED au format pour le moins original 21:9, un triple module caméra et le puissant processeur Snapdragon 855 de Qualcomm. Sur le papier, le Xperia 1 – commercialisé au prix de 1 000 euros – avait donc tout d’une bête de course. Restait à le passer à l’épreuve de nos tests. C’est désormais chose faite.
Première impression une fois l’appareil sorti de sa boîte et configuré : son « form factor » est étonnant. Les proportions de la dalle la rendent, de façon logique, très allongée en main. Le design est peu courant, mais ne manque pas d’élégance. D’autant plus que les finitions, comme toujours chez Sony, sont tout simplement superbes.
Capteur d’empreintes sur la tranche : le retour
Bonne nouvelle pour tous ceux qui appréciait tant cette fonction, le capteur d’empreintes fait son retour sur la tranche droite du mobile. En revanche, il n’est pas intégré au bouton de déverrouillage comme c’était le cas jusqu’au Xperia XZ1. Désormais, l’espace dédié au capteur est situé juste au-dessus de ce bouton et il suffit de poser son doigt dessus pour déverrouiller l’appareil. Cela fonctionne même écran éteint. Malheureusement, sa réactivité n’est pas à la hauteur : il faut attendre une bonne seconde avant que le smartphone affiche l’écran d’accueil.
Juste au-dessus du capteur est situé le bouton de volume, tandis que tout en bas de la tranche droite se trouve le déclencheur de l’appareil photo. Toujours aussi pratique, il permet non seulement de faire la mise au point en l’enfonçant à mi-course lors d’une prise de vue, mais aussi de lancer l’application photo en le maintenant appuyé, même écran verrouillé.
Excellent format d’écran
Si elle reste perfectible (notamment à cause de la faible réactivité de son capteur d’empreintes), l’ergonomie est donc plutôt réussie. Cette impression est même accentuée par cet écran, 21:9. Ce format permet en effet de regarder des films sans aucune bande noire en haut et en bas de l’image. Logique puisque ce ratio correspond tout simplement à celui du CinemaScope, utilisé dans la grande majorité des productions cinématographiques. En revanche, vous l’aurez compris, on n’obtient pas le même résultat avec des séries de télévision, tournées en 16:9. Avec elles, des bandes noires apparaîtront sur les côtés de l’image.
Mais le Xperia 1 tire aussi un tout autre avantage de ce ratio d’écran, cette fois-ci lorsqu’on utilise ce smartphone à la verticale. Il rend ainsi la navigation web, ainsi que l’affichage de n’importe quelle « timeline » très agréable. Un peu comme lorsqu’on incline un moniteur de bureau au format portrait, la dalle de ce smartphone permet alors d’afficher bien plus de texte ou d’image que n’importe lequel de ses concurrents, évitant ainsi de faire constamment défiler du bout du doigt le contenu affiché.
Autre avantage : on a plus d’espace pour partager l’écran entre deux applications différentes. Elles s’affichent alors simultanément en se partageant l’espace. Pratique pour faire une recherche sur Google Maps ou lire ses e-mails en même temps qu’on écoute de la musique sur YouTube.
Notons enfin que Sony a aussi poussé l’expérience avec quelques éditeurs de jeux pour adapter leurs titres à ce format. C’est le cas avec Fortnite, Asphalt 9 et Arena of Valor, tous trois préinstallés sur le Xperia 1.
Le résultat est très convaincant puisqu’on obtient ainsi un champ de vision très élargi par rapport aux formats d’écran plus courants. De quoi mieux repérer les assaillants ou les options moins visibles habituellement. Reste que pour l’instant, très peu de jeux sont compatibles avec ce 21:9.
On peut d’ailleurs remarquer que les jeux tournent plutôt bien sur cet appareil. Sur aucun d’entre eux, nous avons remarqué une quelconque saccade ou ralentissement. En revanche, le benchmark AnTuTu 7 que nous avons réalisé traduit un score général de 320 764 points, bien en deçà d’une bonne partie des smartphones haut de gamme équipés eux aussi d’un Snapdragon 855, sortis ces derniers mois ( Ainsi, le Xiaomi Mi 9 remporte par exemple la palme avec un score de 371 956 points).
Une 4K bien trop gourmande
Étonnant pour un modèle pourtant lui aussi équipé du Snapdragon 855, soit le SoC de Qualcomm le plus à la pointe du moment. La définition 4K de l’écran qui affiche 3840 x 1644 pixels pourraient avoir un impact sur le score GPU (difficile pour le chipset graphique de gérer une si haute définition !) et donc par ricochet sur le score général mais ce n’est pas le cas. Ce score plus bas reste assez inexplicable. Comme nous le précisions plus haut, nous n’avons rencontré aucune difficulté particulière lors de nos séances de jeu et c’est tout ce qui compte. Malheureusement, cet écran 4K à une autre incidence sur le fonctionnement du mobile. Car c’est le vrai point noir de ce Xperia 1, c’est son autonomie. Parmi les tests effectués par notre labo, l’un d’entre eux parle pour tous les autres : un temps de seulement 6 h 44 réalisé en streaming vidéo. À titre de comparaison, le Xiaomi Mi 9, équipé d’une batterie équivalente de 3 300 mAh, avait réalisé à ce test une performance de… 11 h 20.
Les choses ne sont pas meilleures à notre épreuve d’autonomie polyvalente qui mélange une multitude d’usages plus ou moins gourmands en ressources. Le Xperia 1 réalise ainsi une performance de 10 h 15 contre 13 h 36 pour son comparse chinois équipé du même SoC et de la même batterie, mais d’un écran seulement Full HD+ (2340 x 1080 pixels).
En revanche, l’écran OLED remplit tout à fait sa mission en termes de qualité d’affichage en offrant un contraste infini, comme le veut la nature de sa technologie ainsi qu’une haute luminosité de 624 cd/m2. C’est largement suffisant pour être lisible en plein soleil, mais on est presque déçu que Sony n’ait pas amélioré cette luminosité par rapport au Xperia XZ3 (627 cd/m2). Le Samsung Galaxy S10 reste donc bel et bien le champion de l’Amoled avec sa luminosité mesurée à 749 cd/m2.
Sony reprend-il la main sur la photo ?
Dernière grande interrogation : quid de la qualité photo et vidéo de l’appareil ? Le sujet est d’autant plus important qu’il s’agit de Sony, une marque experte dans ces deux disciplines (sur les appareils photo et caméras), qui ne parvient pourtant pas à exceller quand elle doit les intégrer dans un smartphone. Les attentes sont même considérables avec ce Xperia 1, puisqu’il est le premier modèle de Sony a intégrer enfin un triple module caméra.
Sur la vidéo tout d’abord, Sony réussit à fournir des images de très bonne qualité et surtout d’une excellente stabilité. On peut donc être rassuré sur ce point. Le constructeur propose de plus une application baptisée Camera Pro. Elle tire parti de l’expérience du constructeur dans le monde du cinéma professionnel en proposant des réglages manuels comme le choix de l’objectif, les ISO, la balance des blancs ou l’ouverture de l’obturateur.
Une petite dizaine de filtres sont également proposés pour personnaliser les images tournées. Ils sont directement inspirés de profils d’étalonnage utilisés sur les caméras Sony dans les studios de cinéma. Si l’intention est bonne, de proposer une application aussi complète, on se rend compte toutefois à l’usage qu’on lance finalement assez peu cette application au quotidien. Pas très intuitive à l’utilisation, elle demande qu’on s’attarde quelques minutes sur ses réglages avant de pouvoir tourner quoi que ce soit.
En photo, Sony a donc fait l’effort d’intégrer à son Xperia 1 le premier triple module caméra de son histoire. Trois objectifs sont proposés : un 16 mm ouvrant f/2.4, un 26 mm à f/1.6 et un 52 mm à f/2.4. C’est avec eux la combinaison parfaite pour réaliser des clichés en très grand-angle (paysage), grand-angle (photo de groupe) ou portrait. Bon point pour Sony sur ce choix. On est moins convaincu par le temps de basculement entre les trois modes qui prend une bonne petite seconde. C’est bien trop long comparé à la concurrence.
Sony continue de progresser au fur et à mesure des générations de smartphones, c’est indéniable. Le problème est que la concurrence avance clairement plus vite que la marque japonaise. Si cela ne se voit pas forcément quand les images sont visionnées depuis l’écran du Xperia 1, cela devient flagrant lorsqu’on regarde les photos en taille réelle sur un écran d’ordinateur.
Quel que soit l’objectif choisi pour ses prises de vue, on se rend compte que le résultat n’est pas à la hauteur d’un smartphone commercialisé près de 1 000 euros. Les clichés manquent cruellement de détails. Mieux vaut continuer à les regarder seulement sur l’écran de l’appareil.
On adore en revanche l’objectif ultra grand-angle, vraiment très utile pour les paysages ou même pour photographier un intérieur. Une fonctionnalité permet même de limiter les déformations inhérentes à un tel objectif. L’option corrige l’effet « fish-eye » pour faire en sorte que les perspectives soient mieux respectées.
Terminons enfin par le mode portrait qu’on espérait très au point, grâce à l’arrivée de ces multiples objectifs. Il n’en est finalement rien. Sur une personne les contours sont mal appréhendés, l’effet bokeh ne survient donc pas au bon endroit.
En témoigne l’exemple ci-dessus où l’on peut voir que le dossier de la chaise est mal géré et plus encore la casquette sur laquelle apparaît un flou alors qu’il n’y a aucune raison d’en trouver un à cet endroit.
Nous avons aussi voulu pousser le mode portrait dans ses retranchements en photographiant une plante, pas facile à détourer il est vrai… mais c’était tout le but de la manœuvre ! En résulte une photo pas du tout convaincante, pleine d’aberrations.
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