Il n’y a pas que GoPro dans la vie ! Dans le segment des action-cams, si la concurrence est large, seul Sony propose, en France, des modèles à même de faire techniquement la nique au géant californien. Sony propose ainsi, depuis ses débuts sur le secteur, des caméras au format allongé pour rivaliser avec celui, carré, de GoPro. Et fait jouer sa maîtrise de l’électronique et de l’optique pour se démarquer.
Supériorité optique : déformations et stabilisation
Comme Olympus ou Ricoh dont nous avons récemment testé les derniers modèles d’action-cams, Sony est à la fois un constructeur d’appareil photo et un opticien – en plus d’être, par essence, un grand électronicien. Ce savoir-faire se ressent quand on vérifie les deux promesses phare côté optique : la stabilisation et la correction des déformations.
Dans ce dernier domaine, Sony parvient à offrir un champ de vision tout aussi large mais moins déformé que chez GoPro, preuve que le processeur embarqué est très puissant – il est en effet plus facile et moins cher de corriger les défauts optiques inhérents au fisheye que de développer une optique de meilleure qualité.
Pour la stabilisation, Sony a fait un excellent travail et permet d’amortir les tremblements même en 4K, contrairement à GoPro qui préfère se limiter à la 2,7K. Est-ce pour autant parfait ? Pas encore : si l’absorbeur de chocs pour vélo fonctionne correctement, on sent tout de même les secousses en 4K lors des sorties à vélo. Quoi qu’il en soit, la X3000 est un petit cran au-dessus de GoPro en termes de stabilisation, et largement au-dessus en termes de correction optique. En matière d’énergie par contre, la stabilisation optique semble tirer sur la batterie : la X3000 tient au mieux 1h en 4K, soit entre 20 et 30 min de moins que la GoPro. On ne peut pas tout avoir !
Bonne maîtrise électronique
Pas de mauvaise surprise : la qualité d’encodage et la fluidité des séquences sont très bonnes. Avec un débit de données allant jusqu’à 100 mbit/s et une compression dans le codec semi-pro XAVC S, les vidéos sont de top niveau. Les couleurs de base nous ont paru un peu plus fades que chez la concurrence, ce qui n’est pas insurmontable pour qui retouche les couleurs – on appelle cela le color grading. Ce fichier vidéo original, certes un peu terne, a comme avantage d’offrir une meilleure plage dynamique en mode « normal » que la concurrence. Heureusement pour Sony, car la X3000, ne propose pas de mode « plat » à la ProTune pour les pros. (lire plus loin).
La seule « déception » en termes de qualité d’image est que Sony ne domine absolument pas GoPro, les deux marques se talonnant de près. Avec un tout nouveau codec et un tel débit de données (GoPro plafonne à 60 mbit/s) on s’attendait à une déculottée et ce n’est pas le cas.
Pas de mode ProTune, pas de RAW
Outre la richesse du parc d’accessoires et l’effet d’habitude, si le monde de la création vidéo affectionne les GoPro c’est pour deux raisons : les paramétrages fins et le mode ProTune. En ce qui concerne les paramétrages, la FDR-X3000R offre moins de choix de définitions qu’une GoPro, avec l’absence de mode 4/3 à étirer par la suite et l’absence de mode 2,7K, une définition intermédiaire entre la Full HD et la 4K qui rend bien des services.
Quant au mode ProTune, il s’agit d’un rendu « plat » qui permet de récupérer, à postériori, ombres et hautes lumières tout en facilitant le travail des couleurs. Par oubli ou par choix, Sony fait encore l’impasse sur un tel rendu. Si son encodage reste supérieur par défaut notamment pour les arrêts sur image, les gens qui montent vraiment des clips vidéo resteront sur GoPro quand le grand public sera tout à fait satisfait de la qualité d’image, excellente, de la FDR-X3000R.
Second manque : le mode photo RAW, ce négatif numérique si pratique pour ceux qui veulent tirer le maximum de leurs clichés. Si les action-cams ne sont pas de vrais appareils photo, elles sont cependant pratiques pour réaliser des timelapses. Or, le format RAW permet de développer les photos pour récupérer des informations, renforcer les détails, etc. et il est assez incompréhensible qu’il soit absent d’une caméra Sony.
Caisson et montre de contrôle
Si la FDR-X3000R est plus chère de 150 € par rapport à la GoPro c’est qu’elle est livrée avec deux accessoires : un module de contrôle distant, petit écran que l’on peut greffer sur plusieurs accessoires dont un bracelet de montre (lire plus loin) et un vrai caisson de plongée. GoPro a fait le choix de rendre sa caméra étanche à 10 m et de faire du caisson un accessoire optionnel payant (60 €) quand Sony préfère maintenir le prix élevé mais offrir plus de possibilités au déballage du produit.
La montre connectée de contrôle vidéo est emblématique des caméras d’action de Sony et ce nouveau modèle offre une plus grande modularité puisqu’il se détache de la montre et peut être monté, par exemple, sur une perche ou sur un drôle de support plastique pour un usage à bout de bras.
Si nous avons apprécié cette montre – ou ce module pour être plus précis – nous lui reprochons deux choses. L’absence d’un écran tactile dans un premier temps, car si les boutons physiques ont parfois l’avantage sur la technologie tactile, leur petitesse les rend finalement assez difficiles à presser avec des gants.
Ensuite – et surtout – nous reprochons à Sony d’avoir (encore !) développé un accessoire propriétaire pour la recharge en énergie. Reprenant l’un de ses vieux travers, Sony fait l’impasse sur une simple prise Micro USB, bien plus pratique et universelle. Le nippon oblige l’utilisateur à se déplacer avec le socle de recharge. Une faute du Sony des années 2000, incompréhensible en 2016.
Catalogue d’accessoires qui s’étoffe
L’avantage qu’ont les leaders, c’est qu’ils sont rapidement copiés. Ce pompage peut se révéler être un avantage décisif pour imposer un écosystème. C’est ce qui s’est passé avec GoPro dont les fixations et autres accessoires sont devenus les standards de facto. Mais ces accessoires s’avèrent incompatibles avec les caméras Sony, la marque nippone ayant développé son propre standard à cause, notamment, de la forme différente de ses caméras.
Cette fragilité de l’écosystème Sony a partiellement été corrigée par le développement d’un parc d’accessoires. Mais outre l’antériorité et la plus grande exhaustivité du parc GoPro (fixation pour instruments de musique, fusils, caissons de camouflage, etc.), Sony souffre aussi de la comparaison dans le domaine des accessoires compatibles pas cher que l’on trouve sur le net à des prix bien moindres.
Nous notons bien les efforts de Sony en célébrant le nouvel absorbeur de chocs pour vélo (testé) ou encore le harnais pour chien (non testé, mais prêtez-nous un chien et on se fera un plaisir de regarder ça !), mais il est clair que dans ce marché dominé par une marque et un standard, la tâche est rude.
Carte mémoire : le détrompeur, ce grand absent
Nous avons rencontré, par le passé, quelques soucis de carte mémoire avec des appareils Sony – le dernier en date étant le RX1R Mark II qui ne prend pas en charge les cartes mémoire UHS-II, un comble quand on sait que ce compact plein format envoie des fichiers de 42 Mpix !
Nous avons donc, dans un premier temps, mis sur le dos du contrôleur mémoire de la caméra les quelques soucis de cartes mémoire Micro SDXC que nous avons rencontré. Une première erreur de jugement que nous avons fini par dépasser : non, la FDR-X3000R n’a pas de souci de compatibilité avec les cartes mémoires avec lesquelles nous l’avons testée. Non, la vérité est plus simple et plus stupide : nous mettions la carte à l’envers.
S’il est vrai que l’information relative à la bonne introduction de la dite carte est gravée dans la trappe plastique, non seulement cette information est peu lisible, mais de plus ce problème ne devrait même pas se poser. On ne devrait pas pouvoir mettre la carte à l’envers. Les ingénieurs de Sony seraient bien inspirés de développer, comme GoPro, un système de détrompeur interne qui empêche l’insertion à l’envers de la carte. Et n’allez pas me dire que les ingénieurs du célèbre électronicien nippon n’en sont pas capables. Oui, nous sommes très mécontents sur ce coup-là, ce défaut nous ayant fait perdre du temps et quelques séquences de test.
Action Cam Movie Creator
Le tracé GPS et la mesure de vitesse peuvent être exploités par un logiciel gratuit appelé Sony Action Cam Movie Creator. Disponible pour Windows et Mac OS, ce programme permet, outre un montage rudimentaire des vidéos, de mettre à jour le firmware de la caméra et autres opérations de maintenance. Si le logiciel est stable, les fonctionnalités vidéo sont limitées, de même que l’aspect créatif.
Très bon point cependant pour le filtre d’analyse du tracé GPS qui offre plusieurs représentations en surimpression de la vidéo (voir photo ci-dessus) et permet de rendre un effet « cockpit » à toute action un peu rapide (vélo, voiture, etc.). Une façon très astucieuse de tirer parti d’informations GPS dont on ne sait en général quoi faire.
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