Le monde des compacts experts à capteur 1 pouce est désormais scindé en deux. D’un côté il y a les « classiques », ces héritiers du premier Sony RX100 Mark I sorti en 2012 qui embarquent un zoom lumineux, mais modeste en puissance de grandissement (x3, x4). De l’autre il y a les « voyageurs », une famille « inventée » par Panasonic et son TZ100 qui font toujours appel à un capteur 1 pouce, mais sacrifient un peu de lumière au bénéfice de la puissance de zoom. Rompant avec les cinq prédécesseurs de la gamme RX100, le Sony RX100 Mark VI appartient à cette famille de compacts experts de voyage. Un appareil qui profite de l’électronique de compétition du RX100 Mark V et qui l’applique avec une puissance de zoom x2,5 supérieure. Le compact de voyage parfait ?
24-200 mm et capteur 1 pouce dans la poche
Des compacts à petit capteur et zoom puissant, on en a vu des pelletées – Sony continue même d’en développer avec le tout nouveau HX99 qui profite d’un zoom x30. La différence avec le RX100 Mark VI et son « modeste » zoom x8 tient dans la taille du capteur qui est de format 1 pouce, plus grand que les capteurs de compacts traditionnels. Bien plus grand : avec une surface x4,4 supérieure à un capteur classique 1/2,3 pouce, le capteur 1 pouce offre un niveau de qualité d’image (couleurs, détails, bruit numérique) plus proche du reflex que celui du compact.
Comme Panasonic avec ses TZ100 et TZ200, Sony a décidé de faire évoluer le concept du compact expert et a sacrifié la luminosité de son optique pour pousser le zoom plus loin. Quand les RX100 Mark III/Mark IV/Mark V étaient tous équipés de l’équivalent 24-70 mm f/1.8-2.8, ce Mark VI propose un équivalent 24-200 mm f/2.8-4.5.
Moins puissant que les appareils de Panasonic – x10 et x15 – mais plus lumineux. Une décision que nous ne pouvons que saluer : si le zoom x15 du Panasonic TZ200 a montré ses limites en termes de piqué en bout de focale, le zoom du RX100 Mark VI est plus performant. Bien plus performant…
Bijou d’optique, monstre d’électronique
L’équivalent 24-200 mm f/2.8-4.5 embarqué est un zoom aux dimensions remarquables. S’il est plus long en bout de zoom que ceux des générations RX100 précédentes, l’appareil n’occupe pas plus de place que ses prédécesseurs une fois qu’il est replié. Non seulement il est plus lumineux que les blocs optiques des Panasonic TZ100 et TZ200 – f/2.8-5.9 pour le TZ100, f/3.3-6.4 pour le TZ200 – mais il est aussi plus piqué en bout de zoom.
Sony a fait ici le choix courageux de « perdre » la guerre marketing de la puissance de zoom au profit de la luminosité et de la qualité d’image, ce que nous saluons bien bas : il est plus facile pour un vendeur de dire « regardez celui-ci zoome plus, il est mieux », que d’expliquer avec des mots qu’à 200 mm, le RX100 Mark VI délivre des images de bien meilleure qualité.
Joie du web, nous pouvons vous montrer ci-dessous des clichés réalisés en situations réelles et vous laisser apprécier la quantité de détails que l’appareil délivre. Des images impressionnantes de détails en plein jour comme en basses lumières : la chouette que vous voyez a été prise dans le noir dans une des tours de la Volerie du Forez et même à 5.000 ISO, le piqué de l’image en bout de zoom est tel que l’œil du rapace « accroche » le regard. Non seulement l’électronique fait un excellent travail, mais l’optique n’est pas en reste. Un (tout) petit grief côté couleurs : en mode par défaut, la tonalité est toujours un peu froide.
Il coche toutes les cases
Tester les appareils photo est logiquement un exercice qui contient une part de subjectivité. Aussi il est important que, outre la qualité d’image, il nous faille chercher plusieurs grilles de lecture objectives pour comparer les appareils entre eux. La plus simple étant de chercher les équipements manquants, de chercher la petite bête. Le problème pour nous avec ce RX100 Mark VI, c’est que le bestiau coche toutes les cases ! De l’écran orientable (un peu) tactile en passant par le viseur électronique escamotable jusqu’aux modes vidéo 4K sans recadrage, il ne manque rien. La rafale de compétition ? Check. Le mode RAW pour développer les photos. Présent. Un AF capable de suivre un oiseau en vol ? Oui, oui !
Pour la forme, on note cependant que la partie tactile est très limitée et très inférieure à ce que propose Panasonic, roi de l’interface tactile dans la photo.
Machine de guerre technologique
En ce qui concerne les performances pures de l’appareil (autofocus, rafale, encodage vidéo, etc.), le RX100 Mark VI est un copier/coller du RX100 Mark V sorti l’an dernier qui n’était rien de moins qu’un monstre. Un monstre car il profite de deux composants de pointe : le processeur d’image Bionz X capable de digérer un demi-milliard de pixels par seconde et un capteur CMOS à architecture empilée. Un capteur à la lecture d’image ultra rapide qui profite de mémoire vive RAM directement greffée en son dos.
On a déjà vu ces deux composants à l’œuvre non seulement dans les RX100 Mark V et RX10 Mark IV à capteur 1 pouce comme dans notre RX100 Mark VI, mais aussi dans l’hybride à capteur plein format Alpha A9. Un combo gagnant qui offre une vitesse AF imbattable et un suivi des sujets en rafales incroyablement précis. Une rafale qui atteint des sommets puisque comme le Mark V, notre RX100 Mark VI envoie 24 images par seconde avec suivi autofocus comme qui rigole. Qui aurait imaginé il y a à peine trois ans qu’un compact puisse être aussi puissant ?
Cette puissance hors du commun a cependant un revers qui tient dans le format de l’appareil.
Format trop étriqué
Le RX100 Mark VI est une bête, mais qui semble un peu à l’étroit dans ce petit boîtier. La rafale démoniaque se heurte, par exemple, à la mémoire tampon. Selon la vitesse de votre carte mémoire, il faut parfois plus de 10 secondes pour que cette dernière « digère » tous les clichés, ce qui peut entraîner une frustration. Une frustration qui surgit aussi quand on manipule l’appareil de manière intensive : les boutons sont vraiment petits, idem pour la roue codeuse. Les menus sont, quant eux, toujours à rallonge (et pas toujours très clairs) et le zoom électrique logiquement plus lent qu’un zoom mécanique. La compacité à tout prix n’a pas que des avantages.
1300 euros dans un boîtier compact non renforcé
Sony a toujours été une entreprise à la recherche de la performance technique absolue et pour laquelle la miniaturisation est un Graal. Mais s’il est – réellement ! – formidable de pouvoir glisser dans sa poche de pantalon un appareil photo équipé d’un capteur 1 pouce et d’un zoom x8 aussi lumineux, le RX100 Mark VI a quand même deux problèmes. Le premier est son prix de 1300 euros. À ce prix-là on peut s’offrir un hybride/un reflex avec une optique de qualité : un Fujifilm X-T20 et son optique 18-55 mm f/2.8-4 coûtent même 200 euros de moins. On peut imaginer une horde de scénarios pour dépenser différemment ces 1300 euros, mais il est certain que ce RX100 Mark VI n’est pas un appareil haut de gamme : c’est clairement un modèle de luxe.
Là où le bât blesse, c’est que ce bijou de technologie peut faire un peu peur quand on réalise qu’une bonne chute sur le macadam a de fortes chances de l’envoyer ad patres. Notre conseil : si vous craquez pour cet appareil hors du commun, équipez-le d’un grip optionnel et d’un demi-étui de protection qui s’appelle « half-case » en anglais. Sony n’en propose pas, mais une marque coréenne appelée Gariz en produit pour de nombreux appareils (votre serviteur en a acheté pour de nombreux appareils différents). Ces petits étuis sabotent un peu la compacité « absolue » de l’appareil (il est alors proscrit de le glisser dans la poche de jean), mais ils améliorent la préhension et protègent surtout l’appareil en dessous, sur la face avant et les côtés.
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