Sony Alpha A7S : la promesse
Les Alpha a7 et a7R étaient déjà passés entre nos mains, il était logique que le nouvel a7S annoncé cet été finisse par passer à la casserole. Au menu un boîtier complètement calqué sur ses deux prédécesseurs : même prise en main, même design, même taille de capteur à savoir un CMOS plein format. Mais contrairement à ses aïeuls son capteur n’affiche pas 36 Mpix (a7R) ni même 24 Mpix (a7) mais une définition anachronique de 12 Mpix. Suffisante pour 2014 ?
Sony Alpha A7S : la réalité
Petit rappel : les a7, a7R et cet a7S sont équipés du même écran 1,23 Mpix et du même viseur électronique 2,36 Mpix. La prise en main de l’appareil est assez agréable quoi que vite déséquilibrée par les optiques les plus grosses, on pense notamment au nouveau 70-200 mm f/4 que nous avons pu avoir en main quelques temps. Avec les optiques les plus lourdes, ces petits boîtiers préfèrent l’usage d’un grip optionnel. Lequel grip vient corriger un autre défaut, à savoir la faible autonomie de ces hybrides à grand capteur : 350-400 images par charge, 700-800 avec la batterie supplémentaire du grip.
Comme ses jumeaux, l’a7S ne filme pas directement en 4K, il faut lui adjoindre un enregistreur externe type Atomos Ninja que l’on branche sur la prise HDMI qui, elle, sort l’information vidéo en 4K. Cette faiblesse notamment par rapport au Panasonic GH4 qui enregistre directement la 4K sur carte mémoire, Sony la justifie par la surchauffe du capteur, certes vraiment très grand (36×24 mm contre seulement 17,3 x 13 mm pour le GH4). Mais voyons comment cet A7s se distingue de ses frères.
Ô mon ISO
Dans l’atmosphère intime du restaurant japonais à côté de la rédaction (qui voit passer un grand nombre d’appareils photo), il n’est pas rare de devoir shooter à 1600-3200 ISO pour obtenir une image nette et piquée. L’a7S nous a été vanté pour ses performances dans les hautes ISO, qu’à cela ne tienne, nous l’avons poussé à 12.800 ISO pour voir. Et on a vu : l’image est nette, très piquée avec le 35 mm f/2.8 et quasiment dépourvue de bruit numérique. L’a7S permet de reproduire avec fidélité les lumières les plus douces sans saturer l’image de bruit numérique. A part les D4 et D4s de Nikon, aucun autre appareil n’est capable de faire cela et le petit gabarit de l’a7S en fait une arme de choix pour les reporters nocturnes.
51.200 ISO les doigts dans le nez, 100.000 pour rigoler
Quand on monte un peu dans les ISO, on note l’apparition d’un bruit granuleux à l’observation à 100% mais qui conserve une grande partie du piqué de l’optique, ce qui est assez exemplaire. Généralement, le bruit numérique est soit diffus et fait perdre son mordant à l’image, soit il est lissé de manière agressive, ce qui nuit au naturel de l’image. Avec son nombre de pixels réduits et surtout grâce à leur hypersensibilité à la lumière, l’a7S monte sans soucis jusqu’à 51.200 sans dénaturer les couleurs ou le sujet. 100.000 ISO peut être efficacement retraité mais l’image est bien plus granuleuse, 200.000 et 400.000 ISO étant à réserver pour les cas les plus désespérés. Mais, chose impressionnante, on peut sauver les clichés avec un bon logiciel de développement RAW comme DxO 10 dont les algorithmes de traitement du bruit numérique sont très réputés. La faible définition de 12 Mpix sauve d’ailleurs un peu les meubles.
Vidéo : faire du Kubrick à la maison
Le réalisateur Stanley Kubrick était un grand geek qui accumulait les optiques d’exception et se faisait modifier les caméras à la demande pour satisfaire ses besoins. Il est notamment célèbre pour son film Barry Lindon où, hérésie à l’optique, la grande majorité des lumières sont naturelles, même celle du dîner tourné à la chandelle avec une optique Zeiss construite en seulement 3 exemplaires. Cette digression cinématographique nous sert à vous parler de la sensibilité en vidéo de cet a7S, là encore bluffante. Une sensibilité qui permet littéralement de tourner le même genre de scène à la bougie que Mr Kubrick mais avec des optiques «normales» disponibles.
Outre la quasi absence de bruit à 51.200 ISO, l’a7S permet aussi de voir en pleine nuit et donc tourner des plans jadis impossibles à tourner ! Dans la tranche maximale, il faut s’accommoder du bruit numérique mais à notre surprise ce bruit est encore mieux traité en mode vidéo, l’accumulation de trames successives permettant sans doute à l’appareil de diminuer les artéfacts.
12 Mpix : tout dépend des besoins
Avec une optique de haut vol comme le 55 mm f/1.8 qui pique les yeux, l’Alpha a7R et ses 36 Mpix offre une définition d’image telle que les images offrent un «extrait de réel». Ce sentiment de profondeur d’image certes fonction de l’optique ne peut pas être rendu avec la même intensité à cause de sa plus faible définition. Peu gênante pour les reporters, les 12 Mpix de l’Alpha a7S peuvent s’avérer insuffisants pour les amateurs de grands tirages, pour ceux qui recadrent fortement, pour les amateurs d’images qui débordent de pixels, etc. Les forces de ce capteur sont nombreuses, mais elles ont leur revers et il conviendra de bien peser le pour et le contre avant de choisir son modèle – a7, a7R ou a7S.
Un AF à améliorer
Tout comme l’a7 et l’a7R, l’a7S est équipé d’un autofocus un peu mou du genou. C’est un peu moins gênant sur ce modèle dans le sens où la plus faible définition du capteur diminue l’importance de la netteté absolue : on peut vite débrayer en manuel et paraître à peu près net – notamment dans le cadre du reportage – là où les 36 Mpix d’un a7R ne laissent pas de place pour l’à peu près. Mais quoi qu’il en soit, l’autofocus de l’a7S n’est pas au niveau des meilleurs hybrides actuels et paraît carrément mou du genou à côté d’un OM-D E-M1 d’Olympus et même d’un petit Panasonic GM1.
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