La génération « Mark III » des Alpha commence à prendre le relais des « Mark II » : après un A7R Mark III avec un capteur très haute définition qui profite enfin d’un autofocus au niveau, voici l’entrée de gamme de la famille qui passe en version « III ». L’Alpha A7 Mark III (A7M3) conserve la même définition des itérations précédentes (24 Mpix) mais profite d’une nouvelle carlingue et d’une nouvelle électronique. Les bienfaits de cette troisième génération d’équipement ? Une ergonomie bien améliorée et des performances qui explosent les compteurs. Son objectif ? Tuer la compétition dans la gamme de prix des appareils aux alentours de 2000 euros. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’effectivement, la concurrence a du souci à se faire…
Côté ergonomie, l’A7 Mark III est la copie de son grand frère l’A7R Mark III (notez bien le « R ») : même boîtier, même qualité de construction, même positions des boutons, etc. Tout est identique à l’exception du capteur : quand celui de la version R est un monstre de 42 Mpix dépourvu de filtre passe-bas (pour des images extra définies et nettes), le capteur de notre A7M3 est un « simple » 24 Mpix équipé d’un filtre passe-bas. La définition et la précision de l’image son moindres, mais si la présence du filtre fait perdre un peu de détails, elle évite aussi les problèmes de moiré. Et le niveau de traitement d’image est tellement bon qu’il convient à 95% des utilisateurs. Idem pour la définition de 24 Mpix, largement suffisante pour de beaux tirages.
Sans vous refaire tout le laïus sur l’ergonomie de l’A7R Mark III auquel notre A7M3 emprunte la carlingue, il faut souligner que par rapports aux génération Mark I et Mark II, les molettes sont plus larges, le joystick est enfin de la partie et le grip est bien plus prononcé. Mais si Sony a fait de gros progrès pour cette génération « Mark III », elle est encore en deçà des reflex en termes de prise en main, des reflex toujours prisés pour ce que Nikon appelle la « cameraness ».
La génération Mark III a aussi des choses à apprendre auprès de certains concurrents hybrides, puisqu’un Panasonic Lumix G9 ou Fujifilm X-H1 sont plus robustes, mieux équilibrés et mieux pensés en termes de positionnement et de nature (écran supérieur, etc.) des commandes. Sony est triomphant sur la technique comme nous allons le voir, mais l’entreprise doit encore faire des progrès en matière d’ergonomie.
Prince de la rafale
Même sans se comparer à l’Alpha A9, qui est le champion toutes catégories, les performances tant en rafale qu’en couverture AF qu’en suivi du sujet de l’Alpha A7 Mark III sont épatantes : 93% de taux de couverture du champ pour l’AF, 10 images par seconde et une mémoire tampon de plus de 170 images. Oui, vous pouvez envoyer une rafale de 10 images par seconde pendant 17 secondes avant de voir l’appareil ralentir.
Si l’A9 est bien le roi de la rafale, l’A7M3 mérite bien le titre de prince : son système de tracking de l’œil hérité de l’A7RM3 est diablement efficace et permet d’avoir les visages bien nets même au cœur de l’action. Certains reflex haut de gamme ont toujours l’avantage dans les situations de sport – AF prédictif – mais la puissance du processeur Bionz X de Sony a permis la réduction de cet avantage à trois fois rien. Pendant ce temps, l’A7M3 est plus efficace sur les sujets proches et il peut envoyer 10 i/s sans faire le moindre bruit grâce à son obturateur électronique.
Il n’en reste pas moins que Sony a encore du travail à faire pour améliorer le temps de démarrage de son appareil – comptez une bonne seconde et demie avant qu’il ne daigne sortir de sa torpeur – ainsi que dans l’activation de la première image, un domaine où les reflex pros sont encore champions. Mais dès qu’il se met en joue et accroche sa cible, l’A7M3 explose la concurrence des reflex plein format (hors D5 et autres EOS 1DX Mark II).
Il n’a pas peur du noir
Du Mark I au Mark III, tous les Alpha A7 sont équipés de capteur 24 Mpix. Mais si la définition d’image ne bouge pas, les technologies si. Dans le cas de notre A7 Mark III, Sony a fait appel au procédé de fabrication dit « Back Side Illuminated » (BSI) qui place l’essentiels des circuits électroniques au dos du capteur.
Le bénéfice dans les tests : il monte haut en ISO. Bien plus haut : jusqu’à 204.000 ISO ! Un niveau où le bruit numérique est, bien évidemment, trop élevé pour être acceptable, mais cela permet des images propres à 25.600 ISO – de quoi faire le bonheur des amateurs de photo de nuit et/ou en basses lumières, on pense notamment aux reporters qui profitent en plus d’une option d’obturateur électronique 100% silencieux.
Les tests de mire montrent que le couple électronique (capteur + processeur) offre une stabilité de l’interprétation des couleurs exceptionnelle dans la montée en hautes sensibilités en évitant les artéfacts et autres dérives colorimétriques.
Cet état de fait se vérifie dans la « vraie » vie : le bruit numérique est incroyablement bien contenu, les couleurs restent justes très haut dans les ISOs, le niveau de détail – évidemment influencé par la qualité de l’optique – est excellent jusqu’à 25.600 ISO et les noirs sont particulièrement bien gérés. On attend de pied ferme de voir ce que l’A7S Mark III (nom supposé du successeur de l’A7S Mark II) va donner dans les basses lumières.
Enfin une batterie qui encaisse
Les reflex professionnels sont toujours les champions de l’endurance… mais leur suprématie n’est plus aussi franche. Quand on tenait à peine trois ou quatre cents images avec la première génération d’Alpha A7, l’A7 Mark III tient tranquillement le double voire plus si on travaille en rafales. Annoncé pour 710 images selon les tests de la norme CIPA, la batterie utilisée par l’A7M3 est la même que celle de l’A9. Répondant au doux nom de NP-FZ100, cette coûteuse batterie (75 euros) est bien plus grosse et endurante que les NP-FW50 des deux précédentes générations d’Alpha. Et ça change tout : une ou deux batteries de rechange sont suffisantes pour une journée de reportage quand certains photographes partaient avec six/huit NP-FW50 !
Pour les utilisations les plus intenses, il existe bien évidemment un grip qui permet d’embarquer une seconde batterie et profiter d’une prise en main plus adaptée à la manipulation des téléobjectifs plus encombrants. On n’est pas encore au niveau de confort d’un Nikon D5 ou d’un Canon EOS 1DX Mark II, mais cela commence à être sérieux.
Viseur efficace, pas magistral
Comment Sony peut-il vendre son puissant Alpha A9 quand les performances de cet A7M3 couvrent déjà l’essentiel – voire plus ! – des besoins de la majeure partie des photographes ? Puisqu’ils partagent une partie de la même fiche technique (processeur, boîtier), une seule solution : discriminer l‘A7M3. Certes privé de la rafale à 20 i/s (mais 10 i/s c’est déjà pas mal !) c’est donc au niveau du viseur que Sony a taillé : quand celui de l’A9 offre une excellente définition d’image (3,6 Mpix) et ne souffre d’aucun passage au noir lors de la prise de vue, la dalle qui équipe l’A7M3 est beaucoup moins flamboyante. Il s’agit du même composant qui équipait la génération Mark II, une dalle OLED de 2,36 Mpix. Un viseur donc « classique » qui, sans être mauvais, s’avère inférieur à celui d’un Panasonic G9, d’un A7R Mark III, d’un Fujifilm X-T1 et, bien évidemment, à celui du fameux Leica SL. Et s’affiche comme la petite faiblesse technique de l’A7M3.
Video 4K UHD sans recadrage
Pour le commun des mortels, le niveau de qualité des vidéo 4K tournées avec tous les appareils photo modernes est suffisante. Mais non content de se distinguer par une qualité au-dessus du lot, Sony (et son compatriote Panasonic) et cet A7M3 offrent une arme une de choix : des vidéos non recadrées. Car quand Canon et Nikon n’utilisent que le milieu du capteur pour tourner en 4K – et resserrant ainsi la focale –Sony tire pleinement parti des optiques grand-angle. Pour les amateurs de vidéo, cela fait déjà toute la différence.
Mais l’A7M3 promet bien plus que ça, puisqu’avec son mode 4K UHD à 25 i/s en 100 mbit/s, les cinéastes en herbe ont de la matière pour la postproduction… s’ils arrivent à domestiquer le capteur plein format, dont la profondeur de champ faible est très délicate à gérer !
Superbe 24-105 mm f/4
Vendu nu, l’A7M3 est aussi disponible en kit avec un Sony 28-70 FE f/3.5-5.6, une optique d’entrée de gamme qui ne rend pas hommage à la qualité du capteur. Plus haut dans la gamme, il y a le 24-70 mm f/4 Zeiss qui a pour lui l’attrait de la compacité, mais est malheureusement encore trop mou et imparfait à pleine ouverture. On trouve aussi le Sony 24-70 mm f/2.8 G Master, une optique de bonne qualité mais lourde et chère (aux alentours de 2200 euros). En clair, jusqu’à la fin de l’année dernière il était difficile de faire son choix en matière de zoom « standard ».
Heureusement, depuis fin 2017, on peut compter sur le Sony FE 24-105 mm f/4 G OSS, une optique plus légère et moins chère (1350 euros) que le 24-70 mm f/2.8 G Master mais aux qualités – optique et de fabrication – exemplaires. Le piqué de l’optique est excellent à pleine ouverture, le rapport qualité/prix est très bon et s’il est encore un peu lourd comparé au boîtier, il fait vraiment bien la paire avec l’A7Mark III. Si ce zoom n’est pas estampillé G Master, c’est qu’il n’ouvre pas à f/2.8 et que sa conception n’est peut-être pas aussi renforcée que cette gamme. Mais c’est pour nous l’optique à tout faire idéale.
Si nous avons apprécié la compacité du 24-70 mm f/4 de Zeiss, l’impact des images et la richesse en détails des clichés servis par le 24-105 est réellement d’une autre classe. A moins d’avoir un impératif de prix très fort ou d’être à la chasse aux grammes, le 24-105 mm mérite plus votre investissement que son petit frère.
La monture FE est désormais riche en options en matière de zoom standards et si on ajoute l’arrivée du Tamron 28-75mm F/2.8 Di III RXD a prix canon (900 euros !), on réalise à quel point il est loin le temps où on se désolait du manque de choix références optiques chez les hybrides de Sony. Mais il reste encore des efforts à faire en matière de super téléobjectifs !
Enfin de beaux JPEG !
[Téléchargez une partie de nos fichiers de test en haute définition sur notre album Flickr]
Les images JPEG qui sortent de cet A7 Mark III sont belles. Cela sonne normal ? Peut-être pour Canon et Fujifilm, mais jusqu’à la génération II, les Alpha A7 de Sony avaient une interprétation des couleurs un peu clinique, limite froide. Un trait de caractère issu de l’ADN très « vidéo » de la marque japonaise.
Si dans le domaine de l’image animée, la neutralité est un atout pour faciliter l’étalonnage des couleurs a posteriori ou pour coller aux différents standards de diffusion (plus l’image est plate, plus on a de latitude pour « interpréter » cette image), le monde de la photo est plus sensible à la belle couleur, au punch, aux filtres, à l’interprétation colorée. Un domaine dans lequel les constructeurs se battent au corps à corps. Car de nombreux photographes ont mieux à faire que de passer des heures devant leur PC à développer des fichiers RAW !
Profitant de la richesse du capteur 24 Mpix, le moteur de développement interne produit des clichés aux rendus flatteurs, au couleurs chatoyantes en plein soleil (rendu par défaut) et avec une bonne tenue de leur nature dans les basses lumières. Sony a sacrément progressé dans ce domaine. On attend désormais des rendus personnalisés avec encore plus de chien.
En parlant de caractère, il est bon de rappeler que la faible distance de tirage optique des boîtiers Alpha de Sony les rend particulièrement adaptés pour le recyclage d’optiques argentiques, qu’elles soient issues de reflex ou de télémétriques. Des culs de bouteille russes en passant par des bijoux de chez Leica, il existe un océan de références que l’on peut monter via des bagues d’adaptation.
Ci-dessus, vous pouvez visionner des photos prises avec un Voigtländer Nokton 40 mm f/1.4, une optique 100% manuelle en monture Leica M qui offre un rendu très vintage à pleine ouverture. Ce qui permet de rappeler que, outre le traitement logiciel, les optiques ont aussi leur mot à dire dans le rendu des couleurs.
De la concurrence
Dans la fourchette des appareils « aux alentours de 2000 euros » qui va de 1700 (-300) à 2300 euros (+300), l’A7M3 se situe dans la tranche haute, mais il reste « psychologiquement » accessible. Ce d’autant plus qu’il devrait descendre à 2000 euros aux alentours de Noël. Ce rappel fait, à quels appareils se compare-t-il ? Au haut de gamme des hybrides Micro 4/3 et APS-C et aux appareils entrée de gamme des reflex plein format.
Avec une moyenne de prix de 1600-1700 euros, soit entre 600 et 700 euros moins cher, les Panasonic Lumix G9, Olympus OM-D EM-1 Mark II et autre Fujifilm X-H1 sont à la fois bien moins onéreux, dotés de performances équivalentes hors finesse d’image et montée en ISO… et leurs petits capteurs leur offrent l’avantage de la compacité du système.
Les appareils qui ont vraiment du souci à se faire sont donc les Canon EOS 6D Mark II et Nikon D750. Des reflex qui représentent la porte d’entrée du plein format chez Canon et Nikon et qui n’ont, mis à part le viseur optique (question de goût) et la robustesse/ergonomie reflex (question de besoins), aucun argument technique qui ne plaide en leur faveur.
Si Sony va faire un peu de mal aux hybrides susmentionnés grâce à l’aura dont est paré le capteur plein format – c’est assez souvent surfait, mais c’est ainsi – c’est donc surtout Canon et Nikon qui sont menacés par le nouveau champion de Sony.
Les atouts et les petits manques
Au rang des détails qui font la différence par rapport à certains appareils concurrents, on note le double emplacement pour carte mémoire, la charge par prise USB-C, le joystick compact ou encore l’obturateur électronique. Ce dernier point est très important pour les pros : les photographes en charge de couvrir la Maison Blanche auraient massivement troqués leurs reflex pour des boîtiers hybrides 100% silencieux.
L’A7M3 a bien sûr des faiblesses. Le viseur et l’ergonomie (matérielle et logicielle) comme on l’a déjà dit. Mais aussi quelques petites broutilles au rang desquelles on note le second emplacement pour carte mémoire, qui n’est pas compatible avec la norme ultra rapide UHS-II (tout ça pour garantir la compatibilité avec les… Memory Stick. Ne riez pas). Ou encore l’absence de chargeur externe livré dans la boîte : si la caméra se charge directement en USB, il aurait été judicieux, à 2300 euros, de livrer un chargeur externe, quand même !
Autre petit manque : la refonte des menus – qui n’a toujours pas eu lieu – et l’impossibilité de s’y balader de manière tactile (copiez Panasonic bon sang !), l’absence de format de fichier RAW compressés sans perte, pas de mode vidéo 4K à 60p ou encore un obturateur électronique limité au 1/8000e quand la majeure partie de ces systèmes vont, chez la concurrence, facilement jusqu’à 1/16.000e.
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