Moins d’un an après le lancement de l’A6300 (lire notre test), Sony commercialise son successeur, le A6500. Un cran au-dessus dans la gamme, cet A6500 est une mise à jour technologique de son jeune aïeul, qui apporte deux choses : un capteur stabilisé et un processeur aux performances impressionnantes. Suffisant pour faire de cet hybride un champion ? Pas si sûr.
La vitesse avec laquelle l’A6500 est arrivé sur le marché sonne presque comme un désaveu de l’A6300, un boîtier qui avait fait l’objet de nombreuses critiques, notamment quant à sa surchauffe lors de tournage en vidéo 4K. Sony a d’ailleurs reconnu de manière assez explicite ce problème lors de la conférence de présentation de l’A6500 en octobre dernier, en précisant que ce dernier “chauffe beaucoup moins que l’A6300”. Ce qui est vrai.
L’Alpha A6500 reprend quasiment trait pour trait le look et la prise en main très « NEX 7 » de l’A6300. Le vrai changement est intérieur puisque les ingénieurs de Sony ont grandement simplifié ses entrailles afin d’intégrer un système de stabilisation mécanique du capteur. Un dispositif qui requiert de la place (il faut déplacer physiquement le capteur) et qui a forcé les équipes de développement à réaliser un tour de force technologique. De ce point de vue-là, le travail est impressionnant.
L’ergonomie ne change pas d’un iota par rapport à l’A6300 et on se retrouve toujours avec un boîtier qui tient bien en main avec les optiques légères mais se révèle insuffisamment confortable et lourd pour les modèles les plus volumineux.
Le positionnement et l’ergonomie des commandes ne sont toujours pas optimaux, avec des boutons et molettes toujours un peu petits et plastiques. Et toujours pas de molette sous l’index droit. S’il est un cran au-dessus des NEX pour ce qui concerne la perception de la solidité, on reste loin de ce que peut proposer la compétition en matière de résistance – on pense ici au Fujifilm X-T2, concurrent direct – puisqu’il n’est absolument pas tropicalisé. Oui, il coûte 1800 € et s’il est bien conçu en alliage de magnésium, Sony ne le certifie ni contre l’humidité, ni contre la poussière. Grrr.
Electronique d’un autre monde
Sony est un électronicien hors pair. Outre son portfolio de produits finis que l’on trouve en magasins – appareils photo, téléviseurs, consoles, etc. – la marque nippone est aussi un géant des semi-conducteurs et s’avère même être le roi des capteurs dédiés à l’industrie de l’image. Avec ces cartes en main, il était logique que Sony se réserve un modèle aux petits oignons. Outre une circuiterie ultra optimisée, Sony a intégré de la RAM directement au dos de capteur APS-C de 24 Mpix. Une conception unique qui permet à l’A6500 d’ingérer des rafales sans commune mesure avec ce qui se faisait jusqu’à présent.
Pour gérer ce flot de données, Sony a conçu le Bionz X, un processeur gonflé aux hormones, une brute de calcul capable de traiter et d’enregistrer les images, en même temps que de gérer l’autofocus en continu sur une rafale à 11 images par secondes. Un monstre de puissance au service de la photo, comme de la vidéo.
Photo : capteur performant, manque d’optiques
Les photos produites par cet A6500 sont de très bonne qualité. Les hautes sensibilités se tiennent bien jusqu’à 3200 ISO et à 6400 ISO restent acceptables moyennant un peu de travail en RAW. Le rendu des couleurs est toujours un peu froid dans certaines conditions – fin du jour notamment – et on retrouve le côté très vidéo de l’interprétation des tons (Sony est quand même le leader de ce segment).
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Des fichiers très riches en détails qu’on sera bien inspiré d’utiliser pour les shoots en basses lumières, les images ayant tendance à afficher un taux élevé de pourpre – facilement corrigeable dans Lightroom.
L’A6500 est donc un champion de la photo ? Pas tout à fait : comme tout NEX/Alpha APS-C, l’A6500 souffre d’un manque d’optiques natives de qualité. L’argument de la disponibilité d’optiques E plein format est pour nous invalide car ces optiques sont grosses et lourdes par rapport au petit gabarit de l’A6300 – en plus de voir leur focale modifiée. Quant aux bagues d’adaptation, tous les systèmes peuvent en recevoir. Ce qui compte à nos yeux, ce sont les optiques natives. Et il n’y en a que 16 en monture E APS-C, une gamme qui ne comprend qu’une seule focale fixe de qualité pro (Sonnar 24 mm F 1,8 ZA SEL24F18Z équivalent à un 35 mm) et aucun zoom f/2.8 capable de tirer pleinement parti de ce capteur d’exception.
Ce manque d’optiques APS-C de qualité n’est pas une nouveauté : en 2011, le titre de notre test NEX-7, l’hybride qui inaugurait la définition de 24 Mpix, était le suivant “NEX-7 : le roi des appareils photo hybrides attend ses optiques“. Depuis, pas grand chose n’a changé… Quel dommage !
4K sauce 6K
En vidéo, l’A6500 jouit de quatre forces. Primo sa stabilisation mécanique fraîchement acquise lui permet de produire des séquences dépourvues des traditionnels heurts lorsque l’on tourne à bout de bras. Deuxio, les options sont très riches, que ce soient les ratios disponibles, les zébras, l’encodage, etc. Tertio, la qualité d’image est tout simplement l’une des meilleures du marché avec une acquisition en 6K sous-échantillonnées en 4K qui permet d’obtenir un niveau de détails jamais atteint dans cette gamme de prix. Et finalement, Sony n’a pas recours au recadrage de nombreux compétiteurs puisque l’entreprise japonaise, leader mondial de la vidéo, a le savoir-faire pour capter et exploiter toute l’information à la surface du capteur.
Cette qualité de traitement de l’image est entachée par un manque de connectique et une ergonomie médiocre – le bouton de déclenchement vidéo est à la fois trop petit et mal placé, l’appareil tient mal en main une fois bardé d’équipements, etc. Une bonne qualité caméra représente une alchimie entre qualité, ergonomie et fonctionnalités. Pas sûr qu’en ce cas que l’A6500 puisse faire de l’ombre au futur GH5 de Panasonic.
AF moins rapide que prévu
L’AF de l’A6500 est à double tranchant : son suivi est effectivement très bon, mais le premier déclenchement rafale prend plus de temps que ce que Sony promet. Est-ce à dire que l’AF de l’A6500 est lent ? Certainement pas mais les résultats de “la vraie vie” sont loin de l’instantanéité promise. Une instantanéité que seul l’Olympus OM-D E-M1 Mark II, au capteur plus petit, est à même de réellement offrir.
Face au Fujifilm X-T2
Le Fujifilm X-T2 est le concurrent naturel de l’A6500 : il dispose lui aussi d’un capteur APS-C de 24 Mpix et s’affiche au même prix. Si Fujifilm a comblé une partie de son retard en matière de vidéo avec l’arrivée d’un mode 4K cinéma et UHD de qualité, l’A6500 domine clairement le sujet avec une compression de meilleure qualité, un downsampling qui renforce le piqué de l’image et des options de tournage bien plus riches.
Mais on parle ici d’appareils photo, non de caméscopes. Et dans ce domaine, Fujifilm donne une belle leçon à Sony : la prise en main du X-T2 est meilleure, l’ergonomie (double slot de cartes mémoires dédié, prises, etc.) itou, le rendu des couleurs (Velvia, Astia, Acros) incomparablement supérieur aux couleurs Sony, la rafale est peut-être moins percutante mais elle dure plus dans le temps, l’AF est au moins aussi précis, l’autonomie largement supérieure notamment avec le grip, etc.
Et quand il est difficile de trouver de bonnes optiques dans le parc Sony, il s’avère compliqué d’en trouver de mauvaises dans le parc Fujifilm tant celui-ci est bon ! Quand on achète un appareil photo à optique interchangeable on ne choisit pas un produit, mais un système. Et celui de Fujifilm est bien meilleur que celui de Sony en APS-C (le parc plein format commence à être intéressant).
L’électronique ne fait pas tout
« Sans maîtrise, la puissance n’est rien » : cet adage de philosophie pneumatique (merci monsieur Pirelli) résume bien ce qu’est l’A6500. A savoir une électronique de rêve intégrée dans un boîtier approximatif qui coûte 1800 €. Quand on voit le soin apporté par la marque à ses Alpha A7, les innovations folles qu’ont représenté les RX10 et RX100, l’A6500 et son écosystème d’optiques APS-C déçoivent. Cruellement.
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