Après la NES, la Super Nintendo, et en attendant les prochaines itérations miniaturisées et nostalgiques des grandes Anciennes, c’est au tour de Sony de se lancer, avec sa PlayStation Classic.
L’objet du culte
Souvent quand on retrouve quelques années plus tard un objet de son enfance ou de sa jeunesse, on est surpris de le voir plus petit qu’il ne l’était. Avec la PlayStation Classic, l’effet est là. Mais ses dimensions réelles, revues à la baisse par rapport à l’original, y sont sans doute pour quelque chose. A environ 14,1×9,6×2,6cm et seulement 140g, la PS Classic est ultra compacte et peu gourmande en énergie puisqu’elle consomme 3 W maximum selon nos mesures. Cela implique toutefois qu’elle aura besoin d’être branchée à un adaptateur et au secteur. A l’inverse des consoles Nintendo rétro, elle ne pourra pas se contenter du port USB de votre téléviseur.
Petite, mignonne, joliment finie, même si le plastique paraît bien léger, elle est un concentré de nostalgie et de l’esprit de son aînée. Un bel objet de collection pour ceux qui auraient vendu leur première PlayStation pour financer une nouvelle console, à l’époque.
Sony a poussé le souci du détail jusqu’à dissimuler l’embout USB du câble des manettes de sorte qu’on peut croire de loin que les manettes utilisent la connectique propriétaire de l’époque.
Bien que légèrement plus petites qu’à l’époque, elles offrent le même confort d’utilisation, les mêmes boutons un peu raides au départ. En revanche, il nous semblait que les gâchettes étaient plus réactives. Et, bon Dieu, vous aussi vous aviez oublié que jouer sans stick est un calvaire ?
En définitive, seul regret esthétique, la trappe du lecteur de CD ne s’ouvre pas !
Ergonomie, fidélité ou dépassée
Pour autant, tout n’est pas perdu car Sony a eu la bonne idée d’utiliser le bouton Open pour simuler le changement de CD dans Final Fantasy VII, par exemple.
Ce petit clin d’oeil est la partie émergée de l’iceberg. Sony affiche une fidélité confondante à l’ergonomie de l’époque. Vous voulez changer de jeu ? Passez par le bouton Reset. Vous voulez vous déplacer dans les menus, la touche Select est votre meilleure amie.
Passés le logo remis à neuf et la musique de boot – où on prétextera avoir une poussière dans l’oeil pour faire semblant de ne pas pleurer – l’interface est d’époque tout en étant d’aujourd’hui. Laide mais fidèle à l’esprit de 1994, simple d’accès, elle donne l’impression de ne pas être vraiment fluide sans être lente.
En définitive, elle se décompose en un carrousel sur lequel on trouve la vingtaine de jeux et la cartouche virtuelle, pour retrouver les sauvegardes de vos jeux, qu’elles soient manuelles ou automatiques. Sony a eu la bonne idée de créer des instances de sauvegardes distinctes, à l’instant exact où vous quittez un jeu via le bouton Reset. Pour pouvoir y revenir plus tard.
Tout cela est évidemment possible grâce au grand miracle de l’émulation.
Les yeux qui piquent… et ce n’est pas la nostalgie
Contrairement aux NES Mini Classic et Super Nintendo Mini Classic, la PlayStation Classic n’offre pas différents modes de rendus. Ses réglages sont anémiques et ne cherchez pas à pouvoir étirer l’affichage, ce n’est pas possible – aucune console rétro officielle ne le permet d’ailleurs.
Question affichage, justement, si on creuse un peu, on constate rapidement que la PlayStation Classic sort un flux en 1280x720p. Du HD Ready, donc, à l’heure de la 4K triomphante. C’est la limite de ce que sa configuration peut sortir ? Le SoC MediaTek (un MT8167A à quatre coeurs) équipé d’une GPU PowerVR GE8300 et assorti d’un gigaoctet de RAM est bien plus musclé que ce qu’on a rencontré dans les consoles mini de Nintendo, et pourrait sans doute faire mieux. Mais le miracle de la nostalgie n’est pas celui de Noël. Vous n’aurez droit qu’aux graphismes de l’époque et rien de mieux.
Votre téléviseur Full HD ou 4K aura donc à charge d’upscaler le flux vidéo, et ne pourra pas masquer l’écart impressionnant qui sépare la qualité graphique des jeux de 2018 de ceux sortis au milieu des année 90. Il faudra faire avec des gros pixels baveux, des polygones gros comme le poing. Ils sont d’autant plus visibles que le câble d’à peu près 135 cm paraît un peu court et oblige à rester proche de l’écran.
Notons toutefois que grâce à la puissance du stockage de l’époque, le son des jeux et surtout les musiques sont plutôt très audibles et encore plaisantes…
Parlons jeux, mais parlons bien
Parmi les 20 jeux proposés, tous ne sont pas égaux à nos yeux. Plus les titres sont 2D, mieux ils auront vieilli visuellement, avec une mention spéciale pour Abe’s Oddyssee, Rayman et GTA. Les titres en 3D piquent davantage les yeux. Même la toute puissance de la nostalgie n’y peut rien. Il semblerait que certains vieux jeux 3D ne supportent pas d’être confrontés aux souvenirs enamourés.
Pour ce qui est des titres proposés, il y a plusieurs choses à dire. Tout d’abord, qu’on s’étonne de ne pas retrouver certains titres phares, étroitement associés à l’histoire de la PlayStation.
On pense évidemment à Tomb Raider. Lara a connu un tel succès qu’elle a peut-être snobé ce retour aux sources peu flatteur pour son image. Mais Grand Turismo aurait tout autant mérité d’y figurer, à l’époque nous l’avions parcouru en japonais, import oblige – durée de vie imbattable assurée. On pense même à Crash Bandicoot, que nous avions eu l’occasion de reprendre en main grâce à Uncharted A Thief’s End.
Il y a donc des trous dans la raquette. Mais difficile de ne pas saluer les présents. Final Fantasy VII est là, et il aurait été impossible que ce ne soit pas le cas. Pourtant, ce titre génial est tellement présent partout, porté sur iOS ou présent sur PC que l’effet nostalgique est défloré.
On prend évidemment du plaisir à rejouer à Destruction Derby ou à se frotter à Tekken 3. Mais ces deux titres souffrent parfois de certaines lenteurs et d’un manque de réactivité. Il nous a paru, à l’oeil nu, donc pas de manière objective et mesurée, que le frame rate fléchissait souvent en début de partie ou pendant les phases de jeu un peu plus intenses. Ce n’est donc pas toujours une expérience optimale. Ces petits déboires pourraient être liés au fait que Sony a retenu les versions PAL et non NTSC des jeux. Un choix bizarre…
Pour les nostalgiques qui auraient oublié cette période, ou ceux qui n’y étaient pas, la plupart des jeux de l’époque étaient développés pour l’affichage NTSC, soit 480 lignes de pur bonheur rafraîchies à 60 Hz. Pourquoi ? Parce que les marchés américains et japonais utilisaient ce standard. Les jeux étaient ensuite adaptés pour l’affichage PAL, ses 576 lignes et son refresh à 50 Hz. Logiquement, les titres étaient généralement un peu moins fluides, donc, tressautant ou pas très à l’aise dans leur second costume pas trop sur mesure.
Sur les 20 jeux retenus par Sony, neuf sont en version PAL : Battle Arena Toshinden, Cool Boarders 2, Destruction Derby, Grand Theft Auto, Jumping Flash !, Oddworld : Abe’s Oddysee, Resident Evil Director’s Cut, Tekken 3 et Tom Clancy’s Rainbow Six.
Ne soyez pas étonnés si ces titres manquent de fluidité… Et puisqu’on en est à des listings de jeux, parlons de ceux qui permettent de jouer à deux. Sony a eu la bonne idée de glisser deux manettes dans l’emballage, autant en profiter. On en compte sept : Battle Arena Toshinden, Cool Boarder 2, Intelligent Qube, Ridge Racer Type 4, Super Puzzle Fighter II Turbo, Tekken 3 et Twister Metal. De la baston, du sport excentrique, des courses et du puzzle. De quoi retrouver le stress et les sensations de l’époque.
Mais attention, un dernier défi attend les plus réticents à la langue de Benny Hill. D’après nos relevés, deux titres seulement sont disponibles en français… GTA et Rainbow Six… Au temps pour Michel Ancel et son Rayman… Ceux qui ont la nostalgie des jeux en import seront ravis, les autres, au pire, survivront comme à l’époque avec un dictionnaire à côté d’eux…
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