Pebble Time : la promesse
La Pebble Time est une montre atypique sur le marché. Elle est plus ou moins la seule à fonctionner avec un écran ePaper semblable à celui des liseuses (à quelques rares initiatives confidentielles près). Et son fabricant a choisi la voie de l’indépendance vis-à-vis d’Apple (forcément) et de google, qui pourtant propose son OS Android Wear à des conditions plus qu’avantageuses. Cette indépendance est une force, puisque la montre est à la fois compatible avec les smartphones Android, et les iPhone. Un atout qui a, très tôt, provoqué un engouement exceptionnel pour les produits de la marque. L’indépendance n’est toutefois pas sans contrainte, puisqu’elle oblige les développeurs à créer des applications spécifiques à son système. Ce qui prend du temps, et réduit forcément aussi le nombre d’applications disponibles. Dans ce contexte où les applications font la loi, la Pebble Time a-t-elle ses chances ?
Pebble Time : la réalité
Clairement, le design de la Pebble Time n’est pas son point fort. Et la plupart des personnes à qui nous l’avons confrontée étaient du même avis. Les rebords de l’écran sont très larges, les boutons auraient mérité d’être plus discrets, et le boîtier est constitué essentiellement de plastique. Seul le contour de l’écran est en métal. Globalement, côté look, elle est plus proche des montres à cristaux liquides de notre jeunesse que des élégantes montres lancées ces derniers mois par Motorola, LG ou Huawei.
La Pebble Time a toutefois le mérite d’être légère (42,5 g) et plutôt discrète dans ses dimensions. Contrairement à beaucoup de ses concurrentes, elle pourra ainsi être portée sur un poignet féminin en passant plus ou moins inaperçue. On pourra aussi troquer le simple bracelet en caoutchouc par n’importe quel autre modèle plus chic au format 22 mm.
La montre s’est également montrée robuste lors de nos différents tests, et aucune rayure n’est apparue sur le cadran. Sans doute grâce au traitement Gorilla Glass 3, qui la prémunit contre les chocs. Détail qui a son importance enfin, la montre peut résister à une immersion dans l’eau jusqu’à 30 mètres. Nous n’avons pas pu vérifier (la Seine n’est pas si profonde), mais nous l’avons plongée de longues minutes dans l’eau et emportée sous la douche plusieurs fois sans que cela nuise à son bon fonctionnement.
Un écran ePaper surprenant
La principale attraction de la Pebble Time est son écran ePaper qui fonctionne sur le même principe que celui des liseuses à encre électronique. Il se différencie surtout des écrans LCD classiques par une consommation électrique bien inférieure (nous y reviendrons). C’est donc en pleine lumière (naturelle ou artificielle) que l’écran de la Pebble Time est donc le plus lisible. Pour autant, il ne devient pas totalement illisible lorsque la luminosité diminue puisqu’un rétro-éclairage d’appoint prend le relais. Ce dernier s’active automatiquement grâce au capteur de luminosité intégré à la montre. Ou bien lorsqu’un mouvement spécifique du poignet est détecté via l’accéléromètre. Dans les deux cas, l’utilisateur peut choisir de le désactiver.
L’écran ePaper de la Pebble Time se distingue du premier modèle par l’arrivée de la couleur. Alors certes, avec 64 couleurs gérées par la petite dalle de 1,25 pouce (3,2 cm) de diagonale, nous sommes loin des Apple Watch et des modèles Android Wear… mais cette lacune technique n’est finalement pas si rédhibitoire au quotidien puisque la montre n’est pas censée afficher des photos ou des vidéos. Et ce compromis joue forcément sur la réactivité de l’écran et la fluidité des animations affichées, que nous avons trouvées excellentes pour un écran de ce type.
Dernier point enfin concernant la définition d’écran, de 168 par 144 pixels. Sur une telle surface, la résolution chute à 182 points par pouce, et les pixels sont donc visibles à l’oeil nu. Mais plutôt que d’essayer de les dissimuler à tout prix, ce qui aurait été impossible, Pebble a fait le (bon) choix de faire de ces pixels une partie intégrante de l’univers graphique du système. Les icônes, les animations et les polices nous rappellent au bon vieux temps des petites consoles de poche pas chères des années 90. Et c’est plutôt réussi.
Elle fait tout comme les grandes
La montre tourne avec un système maison baptisé Pebble OS, lui-même dérivé d’un système Open Source, FreeRTOS. Le système se contrôle intégralement avec les 4 boutons situés de part et d’autre du boîtier, l’écran n’étant pas tactile. Et le principe de fonctionnement est très simple, notamment parce qu’il est en phase avec l’objet qui l’héberge, une montre. Le bouton supérieur droit permet de « remonter dans le temps » et de consulter les évènements passés (données d’agenda, éphémérides, etc.) et le bouton inférieur, sur le même côté, affiche les évènements à venir. Un principe chronologique… logique. Le bouton central sert à valider une action, et le bouton sur le flanc gauche, à revenir sur l’écran principal.
Si le système ne présente pas de difficultés techniques particulières, il constitue un énième écosystème pour les développeurs. Mais les chiffres de vente de la première Pebble ainsi que les préventes de la Pebble Time ont su convaincre nombre d’entre eux. Résultat, on trouve sur le Pebble Appstore des centaines d’applications dans tous les domaines : des watchfaces (cadrans), des applications pour le sport (lire plus loin), des utilitaires, des flux d’info et même quelques jeux plutôt amusants.
Au-delà des applications, la Pebble Time intègre en standard les fonctions essentielles : un réveil, le contrôle de la musique lue sur le smartphone (y compris avec Spotify ou Deezer), et les notifications. Toutes les notifications qui apparaissent sur le smartphone s’affichent ainsi sur le cadran de la montre : celles des applications tierces, mais aussi les mails ou les SMS. Ces derniers peuvent être consultés directement sur la montre, en intégralité, et il est même possible d’y répondre par reconnaissance vocale si l’on dispose d’un smartphone Android. Pour l’heure, ce n’est pas encore possible avec un iPhone, on peut tout juste supprimer le message. De manière générale, les utilisateurs d’iPhone n’auront pas accès à toutes les fonctions prévues pour les utilisateurs d’Android. Et ce à cause des limitations du SDK d’Apple qui réserve certaines fonctionnalités à son Apple Watch…
Une bonne montre pour le sport ?
Pebble met en avant la santé et le sport comme composantes essentielles de sa montre Time, mais rien en natif n’est prévu à cet effet. Pour devenir un outil de suivi de l’activité sportive, la montre devra obligatoirement s’appuyer sur des applis tierces. Heureusement, les grands noms du secteur sont tous présents dans le Pebble Appstore : Runtastic, Runkeeper, Endomondo… qu’il faudra également installer sur le smartphone. La montre étant dépourvue de GPS, il faudra nécessairement emporter son smartphone avec soi pour un suivi optimal. L’excellente application Misfit permet de se passer de son smartphone, puisqu’elle s’appuie sur les capteurs intégrés, mais la précision des données relevées n’est pas garantie.
De 4 à 6 jours de liberté
L’autonomie, voici l’autre point fort de la Pebble Time. Loin de la prise, la montre tient entre 4 et 6 jours selon les usages plus ou moins soutenus. Certes, c’est inférieur aux 6 mois d’autonomie des montres Withings Activité et Névo Watch, certes dénuées d’écran numérique. Mais c’est deux à trois fois plus que les montres Android Wear et l’Apple Watch. En clair, la Pebble constitue le compromis parfait entre ces deux extrêmes, et cette qualité fait passer ses quelques lacunes au second plan. Le seul regret, finalement, réside dans son chargeur aimanté propriétaire.
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