Une tâche immense. C’est ce qui attend la compétition de Sony pour contrer l’irrésistible domination des RX100, cette famille de compacts experts qui a balayé les champions du passé qu’étaient Canon et Panasonic. Panasonic avait réussi à s’imposer, avant la sortie du capteur 1 pouce de Sony comme un champion du genre grâce à la qualité de ses optiques. C’est toujours sur cette maîtrise optique, couplée aux performances du capteur 1 pouce de Sony, que la marque d’Osaka compte pour se remettre en course, avec son LX15.
Son LX100 est un très bon compact expert. Son capteur Micro 4/3 et sa très bonne optique lui offrent une très belle qualité d’image. Seulement voilà, le marché a donné raison à Sony qui propose des appareils de poche, bien moins encombrants.
Du coup, Panasonic a repris à son compte le format pocket des RX100 (lire notre test du tout nouveau RX100 Mark V) avec le LX15, un compact qui dit adieu au viseur mais qui propose deux armes de choix : l’écran orientable en mode portrait – Ô narcissisme ennemi ! – et surtout une optique unique.
L’anti bling-bling
Côté design, s’il cultive gentiment sa différence, le boîtier de poche de Pana ne réinvente pas la roue et ressemble de loin à un RX100. Contrairement aux « vieux » LX, on ne retrouve plus la bague de changement de ration d’image mais on a toujours droit à une bague de contrôle de l’ouverture griffée avec la police de caractères de Leica, reconnaissable entre mille.
Le boîtier est épuré, un peu à l’excès sur le devant – le grip n’est pas assez prononcé et dépourvu de matériau antidérapant –, les lignes sont sobres, claires et simples. Un discret coup de pinceau rouge sur le déclencheur vidéo apporte la seule touche de couleur (avec la mention 24-72) d’un boîtier d’une discrétion à faire pâlir d’envie un fiscaliste des Îles Caïmans. Le toucher métallique et dense est très agréable et classe ce petit compact expert dans la gamme « premium pas bling bling ».
Comparable en couverture optique à celle des RX100 Mark III, IV et V, cet équivalent 24-72 qui ouvre toujours à f/2.8 en bout de course propose une ouverture record en grand angle de f/1.4. « Ce n’est pas si différent que l’ouverture à f/1.8 de Sony » s’exclameront certains. Si, ça l’est : entre les deux valeurs « entières » que sont f/1.4 et f/2, il y a f/1.6 et f1.8. Ce qui donne 2/3 de luminosité en plus, 2/3 diaphragme qui permet à l’appareil de limiter la montée en ISO afin de réduire le bruit numérique. De plus, ce f/1.4 permet d’amplifier un peu plus l’impact des arrière-plans flous, ce qui n’est pas désagréable compte tenu que le capteur reste tout de même bien plus petit que celui d’un reflex.
Contrairement à quelques optiques f/1.7 – on pense au Leica Q ou au Huawei P10 Plus – l’optique de ce LX15 mérite vraiment sa mention de « Summilux » qui correspond à la valeur de f/1.4 sur les Leica M.
Capteur maîtrisé
Oui, le capteur du RX100 Mark V offre de meilleures performances en rafale – structure à mémoire intégrée oblige – mais en ce qui concerne les performances dans les basses lumières Panasonic comme Sony connaissent bien ce capteur 1 pouce de 20 Mpix, la même définition depuis plusieurs années.
[Visionnez et téléchargez nos photos de test sur notre album Flickr]
Le rendu des couleurs par défaut du LX15 est un peu plus subtil et chaud que chez Sony, plus rigoriste de ce côté, ce qui montre que Panasonic évolue dans la bonne direction en interprétant un peu plus les couleurs. Ce n’est pas encore Fujifilm, mais c’est déjà très bien. On attend désormais une refonte des noms de profil de couleurs, pas très évocateurs : quelle est la différence entre Standard et Naturel ? Un rendu standard n’est pas naturel ? Et la différence entre Standard et Paysage ? Un paysage aussi c’est naturel, non ?
Les hautes sensibilités sont bien gérées par ce LX15 qui se comporte très bien jusqu’à 1600 ISO, avec une perte très limitée des détails et une chromie toujours naturelle. On peut pousser la chansonnette jusqu’à 3200 ISO, mais en RAW de préférence. Un mode RAW utile pour développer au mieux les clichés et interpréter les détails au plus près, même si la plage dynamique du capteur 1 pouce ne peut rivaliser avec celle des capteurs plus grands – entre -1 et +1 diaphragme (ou EV).
Excellentes performances optiques
Le logo Summilux, c’est joli, les performances c’est mieux. Bonne nouvelle : le LX15 n’a pas déçu. Comme vous pouvez le découvrir sur les images et leurs détails reproduits ici à 100%, le piqué d’image est excellent. Le niveau de détails sur le plumage de notre ami le canard est assez impressionnant, ce d’autant plus quand on réalise que l’image provient d’un compact.
Sachez qu’un reflex grand public avec l’optique kit ne peut tout simplement pas reproduire ce piqué d’image car les zooms d’entrée de gamme sont à des années-lumière de ce zoom Panasonic-Leica – et de ses excellents algorithmes de correction optique.
Même son de cloche sur M. Iguane : photographié dans la grande verrière de la biozone « Amazonie-Guyane » du zoo de Vincennes, un endroit où la lumière est plutôt tamisée, notre auguste reptile est superbement mis en valeur, notamment les variations complexes de sa peau.
AF performant, même en vidéo
L’image et son détail ci-dessus représentent un Pleurodèle de Waltl, le plus gros triton d’Europe. Un triton qui n’est pas fainéant et qui nage très bien et en eaux troubles. Cela a son importance : l’animal a été photographié nageant dans son aquarium du vivarium du zoo de Vincennes, une zone très sombre. Photographier un petit sujet mobile en basses lumières est généralement une plaie voire s’avère souvent impossible avec nombre de boîtiers. Le LX15 s’est ici comporté de manière exemplaire avec un taux de déchet très faibles : sur les 10 images capturées, seules 2 étaient un peu floues. Un ratio rare pour un appareil qui accroche très bien ses sujets.
Cet AF rend aussi de très grands services en vidéo puisqu’il nous a permis de filmer de manière propre des poissons plats en train de nager dans leur bassin, là encore une tâche complexe puisqu’il faut maintenir le point au travers de l’eau.
Belles vidéos 4K mais trop resserrées
Et puisqu’on parle de vidéo, sachez que sous son air austère ce LX15 est, avec les RX100 Mark IV et V de Sony, le meilleur compact dans ce domaine : autant par la qualité d’encodage du flux 4K – Pana est une référence au même titre que Sony – que par la netteté de l’optique ou la stabilité des séquences. Le petit zoom x3 ne permet pas toutes les folies d’un Lumix FZ2000, par exemple, équipé du même capteur mais d’un zoom plus performant, mais le LX15 n’en reste pas moins un excellent caméscope d’appoint, même pour des tournages sérieux. Les vidéastes regretteront évidemment l’absence de prise casque, analogique comme numérique, mais il faut rappeler l’ADN grand public de ce compact de poche… capable de filmer en 4K 100 Mbits/s !
Si les flux vidéo sont d’excellente qualité, le LX15 a cependant un défaut à notre goût : le recadrage en vidéo. D’un 24-72 mm, on passe à un 36-108 mm. On gagne ainsi un peu en téléobjectif mais cela ne compense pas la perte en grand-angle. Pourtant capable de maintenir les focales photo dans tous les ratios d’image en utilisant des capteurs plus grands – LX7, et plus récemment dans le LX100 – Panasonic aurait pu essayer d’étendre ce respect des focales à la vidéo. Dommage.
Couteau suisse
Entre le mode vidéo 4K 24/25p et Full HD à 120 images secondes taillé pour les beaux ralentis, la rafale 4K qui permet de shooter à 30 images (Jpeg) par seconde, le panorama par balayage ou les 22 modes créatifs et la mise au point macro à 3 cm, le LX15 est, comme tous les appareils photo de Panasonic, un pot-pourri de fonctionnalités. Offrant ainsi un grand potentiel créatif dans un boîtier qui tient dans la poche d’un jean. Notre seul grief, assez subjectif, est l’absence de viseur électronique. Selon Panasonic France interrogé à ce sujet, les panels consommateurs se fichent du viseur. Très bien. Mais nous regrettons quand même cette absence : c’est si pratique en plein jour un bon viseur…
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