Panasonic Lumix G7 : la promesse
L’anguleux capot du Lumix G7, dont le design oscille entre rigorisme germanique et subtilité soviétique renferme une machine de guerre, une petite bombe technologique aussi capable en photo qu’en vidéo. S’appuyant sur plusieurs générations de G, le G7 profite aussi de la baisse du prix de certains composants notamment le viseur électronique, de grande qualité, et qui lui permet de faire la différence. Et de définitivement enterrer les reflex familiaux.
Panasonic Lumix G7 : la réalité
Si nous sommes un peu durs avec son apparence – on avait dit pas le physique pourtant ! – son look taillé à la serpe dissimule une excellente préhension. Cette prise en main « reflex » due à un gabarit plus étoffé que les moutures précédentes s’avère d’autant plus agréable que le G7 est loin d’être aussi lourd que ses cousins : 520 g avec l’optique et la batterie, contre 665 g pour le Nikon D3300 par exemple, l’un des plus petits reflex du genre.
L’ensemble des boutons et molettes du G7 tombent parfaitement sous la main, exception faite du déclencheur vidéo, placé sur le dessus de l’appareil, un peu excentré et pas assez saillant à notre goût. Certains regretteront le caractère pléthorique des commandes, nous y reviendrons.
Capteur éprouvé, traitement d’image amélioré
Depuis trois ans environ, les boîtiers du monde Micro 4/3 (Panasonic, Olympus, Kodak) s’équipent exclusivement en capteurs 16 Mpix. Si cette stagnation peut rebuter certains professionnels, elle n’a aucun impact néfaste sur le grand public.
Au contraire : cela a permis aux constructeurs de peaufiner leur gestion du bruit numérique. Ce G7 s’avère excellent jusqu’à 1600 ISO, très bon à 3200 ISO et toujours exploitable à 6400 ISO – selon la nature et la luminosité des scènes. Au-delà, le lissage et les artéfacts colorés sont bien trop présents. Les valeurs de 12.800 et 25.600 ISO sont à réserver pour des situations d’urgence. Du côté des couleurs, Panasonic a bien amélioré le rendu des tons chair et des verts, plus naturels que par le passé – même si la marque a encore du chemin à faire pour titiller Sigma ou Fujifilm dans ce domaine. Vous pouvez regarder et télécharger les images originales en pleine définition sur notre album Flickr.
Techniquement, la copie est quasiment parfaite. Quasiment ? Oui, car nous regrettons l’impasse faite sur la stabilisation du capteur, pourtant présente sur le GX7, laquelle aurait permis de tirer parti des optiques Olympus, non stabilisées.
Viseur & écran tactile : duo de choc
Décidemment, 2015 est un très bon cru pour les viseurs électroniques ! Couplée à la progression de la qualité des composants, la baisse continue de leur prix a conduit à un âge de maturité pour cet équipement.
Un appareil à moins de 800 euros (avec optique) comme ce G7 profite d’un viseur à la fois large, lumineux et riche en détails, et remplace donc avantageusement celui d’un reflex traditionnel.
Même son de cloche concernant écran : tactile, précis et bien défini, la dalle est aussi pratique en photo qu’en vidéo. La rotule articulée permet d’orienter l’écran de nombreuses manières, en position autoportrait, en visée à bout de bras voire, dans les situations dangereuses pour son intégrité, mode protection, retourné contre le boîtier.
Mieux encore : l’écran tactile peut fonctionner de pair avec le viseur. Pour ce faire il faut ouvrir l’écran sur le côté, face tactile vers le photographe. On place l’appareil à l’œil et, tandis que l’on cadre avec le viseur, on place le pouce gauche sur l’écran certes éteint mais toujours sensible au doigt. Le pouce devient alors l’arme fatale qui permet de déplacer le collimateur de mise au point en temps réel. C’est sans aucun doute l’un des appareils les plus efficaces pour changer de sujet en mode action.
AF de tueur
Les constructeurs ont le chic pour nous bassiner avec des acronymes imbuvables et affirmer disposer de l’autofocus « le plus rapide du monde ». Si le nom de la technique de Panasonic est bel et bien abscond, l’affirmation de rapidité est loin d’être fallacieuse : la mise au point est instantanée en plein jour et plutôt rapide en basses lumières. L’ADN d’électronicien du géant nippon et le petit capteur Micro 4/3 font ainsi la différence avec les hybrides concurrents dotés de capteurs plus grands.
Vidéo 4K mon amour
La vidéo 4K est à la vidéo ce que la chantilly vanillée est à une coupe de boules glacées : un petit plus qui change tout. Les écrans 4K sont peut-être encore l’exception, mais cette compatibilité vers la future norme permet à Panasonic d’offrir des boîtiers « future proof », c’est-à-dire équipés pour l’avenir. La marque est clairement leader dans ce domaine : en un peu plus d’un an, elle a lancé 6 boîtiers compatibles quand Sony, pourtant second dans la course, annonce à peine ses boîtiers compatibles.
Pas de mauvaise surprise pour ce Lumix G7, la qualité d’encodage vidéo est excellente. Une excellence qui découle du couple capteur/processeur hérité du GH4, maître incontesté de la vidéo. Effet de gamme oblige, le G7 ne profite pas de tous les raffinements de son grand frère, mais cela reste excellent. Outre la puissance des composants, la richesse des images en 4K provient aussi de la qualité de la compression et du débit de trame impressionnant : 100 Mbit par seconde. Un tel torrent de données oblige cependant à être bien attentif à la qualité des cartes mémoire !
Le mode Full HD est logiquement très bien maîtrisé et profite d’un débit de trame à 50p, plus fluide que la 4K limitée à 25p maximum. Gardez cela à l’esprit au moment de shooter : les paysages et interviews (posée) rendent mieux en 4K, même lorsqu’elles sont ensuite converties en Full HD – images plus piquées -, mais les 50 i/s du mode Full HD sont mieux adaptées aux scènes d’action. Notez aussi que le mode vidéo Full HD permet la capture de photo pendant le tournage alors que c’est impossible en 4K, deux fois plus gourmande en débit de trame.
Photo 4K, l’art de ne rien rater
Le G7 est le premier appareil de Panasonic à intégrer le nouveau mode photo 4K. Subdivisé en 3 types – normal, start/stop et pré-enregistrement – ce mode utilise la puissance de calcul du processeur pour capturer 30 images par seconde en 4K soit 8 mégapixels. Enregistrée sous forme de vidéo sur la carte mémoire, la séquence est éditable depuis l’appareil et permet d’extraire un ou plusieurs clichés. Notre regret étant l’impossibilité de réaliser cette opération de manière simple depuis un PC. Il serait de bon ton que Panasonic propose un logiciel PC/Mac. Déjà efficace en mode automatique, cette fonctionnalité profitera de vos connaissances en théorie photographique : en mode T, en choisissant la bonne vitesse d’exposition, on obtient des résultats encore plus probants.
Machine à tout faire
Si, comme nous, vous avez aimé Shaun le mouton, vous apprécierez le mode « Intervalle/animation » (se trouve dans Menu/Photo, écran 3/8) qui facilite la création d’animation de type stop motion comme les fameux films en pâte à modeler des célèbres studios Ardman. Vous aimez la photographie à exposition multiple ? Pas besoin de Photoshop, le mode existe dans l’écran 4/8 du mode Photo. Il y a bien sûr le panorama par balayage (directement disponible depuis la molette des modes), la photo 4K pour les ralentis au poil, les modes créatifs, le contrôle par Wi-Fi, la vidéo 4K, des outils vidéo avancés comme le zébras, etc. Le G7 est un véritable couteau suisse de la création visuelle : sa seule limite est votre imagination puisqu’il peut presque tout faire. Mais pour tout faire, il vaut mieux bien lire les menus. Ou ingérer le mode d’emploi.
Couteau-suisse
Le tire-bouchon est sans nul doute le seul outil rapidement identifiable sur un couteau-suisse : les différents outils et lames doivent souvent être trouvés à tâtons. C’est un peu la même chose chez le Lumix G7 : il faut parfois fouiller un peu pour accéder à la fonction recherchée. De même, la grande quantité de boutons peut rebuter le néophyte (et l’homme pressé). S’il s’utilise très bien en Auto, le G7 a besoin d’un peu de temps pour être dompté et donner pleine mesure de son potentiel. C’est le revers de la médaille du nombre impressionnant de ses fonctionnalités.
Prix modéré dans marché mouvementé
Le marché de la photo se resserre et les volumes d’hier ont disparu : les constructeurs sont à la recherche de valeur, ce qui a mené à une montée des prix chez de nombreux constructeurs, Sony notamment. A contrario, le prix de ce G7 est vraiment modéré au regard de son équipement et de ses performances. Loin d’être isolé, le cas du G7 est représentatif du contrat « familial » de Panasonic : les boîtiers récents sont à des prix que nous qualifions de justes, et la marque continue de développer des optiques grand public en parallèle des modèles pros. Face à la dérive « passionnée » ou « élitiste » de la photo (selon le prisme), nous ne pouvons que dire « merci » à une marque qui croit encore que ce loisir peur rester accessible.
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