Olympus OM-D E-M5 Mark II : la promesse
Le retour d’Olympus dans la course aux appareils sérieux est arrivé en 2012 lors de la sortie du premier OM-D E-M5. Depuis, la marque a transformé l’essai avec son OM-D E-M1, encore plus haut de gamme. Avec le reboot de sa gamme OM, Olympus même séduit les professionnels les plus prestigieux, comme certains photographes de la célèbre agence Magnum Photos – le français Jérôme Sessini a d’ailleurs réalisé son reportage en Ukraine primé par le World Press 2015 avec un OM-D E-M1 et son 12-40 mm f/2.8 que nous avons testé (et récompensé).
Succédant à l’E-M5, l’E-M5 Mark II est donc un appareil milieu de gamme, l’E-M1 continuant sa vie chez les pros avec son autofocus plus agressif, une rafale plus endurante et un corps de boîtier plus large et encore plus robuste. Mais à la lecture des innovations apportées par l’E-M5 Mark II – et après une longue semaine de test – c’est presque à se demander si ce nouveau boîtier ne va pas tuer son grand frère.
Olympus OM-D E-M5 Mark II : la réalité
L’OM-D E-M5 Mark II conserve les proportions de son aïeul l’E-M5: il est plus petit que son grand frère l’E-M1. Un avantage pour certain, un handicap pour les grandes mains. Si vous avez des « pognes » de bûcheron, prévoyez d’acquérir le grip car les OM-D sont plus petits que les plus petits des reflex. Avantage : cela en fait des armes de choix pour les reporters qui ont besoin de discrétion. Petite taille ne veut cependant pas dire fragile et l’E-M5 Mark II s’avère très résistant et, comme tous ses frères, totalement tropicalisé. L’eau, la neige, le froid ne lui font pas peur, c’est un petit baroudeur.
Mode haute résolution : la claque !
Nous vous avions déjà présenté ce mode haute résolution en février dernier à la suite de la première prise en main du boîtier. Aucune déception de ce côté-là : la qualité d’image est toujours au rendez-vous. Certes la profondeur de champ et le piqué ne sauraient égaler celui d’un moyen format, mais les définitions disponibles – 40 Mpix en Jpeg issu du boîtier et 63 Mpix en RAW – permettront à de nombreux photographes, qui pensaient les petits capteurs Micro 4/3 impropres au shoot de studio, à revoir leur avis. La qualité des images est vraiment bonne et tutoie voire dépasse ce que peut sortir un Nikon D810 en termes non seulement de définition mais aussi de piqué d’image. Vraiment bluffant !
Attention cependant ce mode qui, rappelons-le, combine huit prises de vues à 16 Mpix pour obtenir une image haute définition, a deux grosses limites. La première est la stabilité parfaite de l’appareil requise au moment de la prise de vue, la seconde étant qu’il faut se limiter aux sujets statiques. Sur la photo ci-dessus, vous voyez ce qu’il en coûte de bouger ne serait-ce que d’un iota l’appareil au moment de déclencher.
Le mode très haute définition c’est donc sur les natures mortes ou paysages statiques, uniquement sur trépied et c’est l’achat obligatoire de la télécommande pour déclencher sans faire bouger le tout.
Mode haute résolution : éditer les RAW de 63 Mpix
Aucun logiciel de développement RAW actuel – Lightroom, DxO Optics Pro 10, Capture One, etc. – n’est à même d’éditer les monstrueux fichiers RAW de 63 Mpix produits par le mode haute résolution. Pour l’heure, votre seul salut est de disposer d’une version 64 bit de Photoshop (à partir de la CS5) et d’installer le plug-in disponible sur cette page.
Une fois ce plug-in installé, il suffit d’aller dans « Fichier/Importation/High Res Shot Raw File Plug-in/ » et de choisir le fichier RAW à ouvrir. Attention, ce plug-in n’est pas très optimisé, il faut compter trente secondes pour ouvrir une image, en fonction de votre machine. Il faudra attendre de voir la prise en charge native de ces fichiers hors norme par les éditeurs logiciels avant d’avoir droit à des procédures d’importation automatiques et… plus performantes.
Une stabilisation ultra-efficace
Toujours sur cinq axes, la stabilisation du capteur de cet E-M5 Mark II est encore plus efficace que celle de ses deux grands frères. Selon Olympus, le gain serait de 5 vitesses. Ainsi, quand il est nécessaire d’être au 1/250e de seconde pour obtenir une image nette sans stabilisation, la stabilisation du capteur permet à ce boîtier de livrer des clichés nets au 1/8e de seconde. Dans les faits, s’il est difficile de mesurer le gain puisque la prise de vue à main levée dépend du photographe – un nerveux/un mou, caféine/ou pas, etc. – nous avons obtenu des résultats bien nets même au quart de seconde en grand angle de nuit. Olympus dispose sans aucun doute du procédé de stabilisation le plus performant, ce qui est un vrai plus en photo. Et en vidéo, c’est encore plus impressionnant…
Vidéo : la révolution de la stabilisation du capteur
Pour vous convaincre, il vous suffit de taper les mots clés « OMD E-M5 Mark II » et « stabilization » dans YouTube pour tomber sur une flopée de vidéos amateurs ou pro qui comparent l’E-M5 Mark II à de nombreux appareils – voir ici ou là. Et le constat est généralement sans appel : pour des scènes en mouvement, l’O-MD E-M5 Mark II est d’une efficacité impressionnante, donnant l’effet que les scènes tournées à bout de bras l’ont été une steadycam, ou presque.
Est-ce à dire que les experts et pros de la vidéo vont abandonner leur GH4 pour un OM-D E-M5 Mark II ? La réponse est non, ou pas encore. Même si Olympus a considérablement amélioré sa compression vidéo (jusqu’à 77 Mbits/s) le savoir-faire de Panasonic dans ce domaine et les nombreuses options de son GH4 – 4K cinéma à 100 Mbits/s, Full HD All-i à 200 Mbits/s – en font toujours LA référence du domaine. Mais Panasonic a intérêt de tenir Olympus à l’œil.
La qualité d’image en vidéo fait un réel bond par rapport à l’E-M1, avec des choix de débits de trame à 24/25/30/50/60 images par seconde en mode progressif, un débit jusqu’à 77 mbits/s et une sortie HDMI non compressée qui permettra aux pros de shooter en RAW vidéo. Un détail nous agace cependant : l’absence de prise casque.
AF et qualité d’image : un bon maintien
Sur le plan de la qualité d’image pure en définition native, rien n’a trop changé depuis l’E-M5 Mark II, le Pen E-P5 ou l’E-M1 : le capteur 16 Mpix fait du bon travail jusqu’à 3200 ISO et reste utilisable à 6400 ISO au prix de sacrifices dans les niveaux de détails. Au-delà, c’est plus du sauvetage de paparazzi qu’autre chose. Les capteurs Micro 4/3 restent logiquement toujours inférieurs aux capteurs APS-C de la concurrence dans les basses lumières ; mais le niveau de détail est très bon. En Jpeg il faut préférer le mode neutre, les modes « normal » et « vivid » étant bien trop flashy (les verts sont complètement faux) mais le mode RAW permet de développer les couleurs à sa sauce.
L’AF de cet E-M5 Mark II est au top du top – Olympus est peu le champion de la catégorie – même si le tracking de sujet nous a paru moins alerte que celui de l’E-M1. La rafale est très bonne en performance théorique – 10,4 i/s – mais très limitée dans le temps. A cette cadence, l’appareil ralentit au bout de 11 images en RAW, même avec une bonne carte mémoire.
Ergonomie : beaucoup de choses à revoir
Menus à rallonge et pas très clairs, fonctions cachées, orgie de boutons et molettes sur une petite surface, etc. : l’ergonomie logicielle (comme matérielle) des boîtiers Olympus est loin d’être parfaite. Si la part de subjectivité est importante dans la prise en main d’un boîtier, l’enfouissement des fonctions nous a agacés plus d’une fois.
Si la miniaturisation a du bon, elle a aussi ses côtés pervers et outre la petitesse du boîtier pour les grandes mains (que nous avons déjà évoqué), la grande densité des commandes donne parfois presque envie de faire « le vide ». En cela les boîtiers Fujifilm vont plus à l’essentiel photographique, mais Olympus joue justement la carte des fonctionnalités… l’érgonomie en moins.
Pléthore de possibilités
Entre la fonction « Live composite » qui permet de réaliser du light painting sans jamais cramer son image, les réductions de vibrations de l’obturateur, l’intervallomètre hyper paramétrable qui assemble lui-même vos timelapse et tout le tintouin, l’E-M5 Mark II est un couteau-suisse photographique et vidéo vraiment impressionnant. A condition d’accepter de se pencher sur le manuel d’utilisation.
Un écran enfin articulé sur rotule et un très bon viseur
Olympus a longtemps persisté à ne permettre que l’orientation verticale de ses écrans. L’OM-D E-M5 Mark II est l’occasion pour la marque de se mettre au diapason des besoins de ses utilisateurs, que cela soit pour les autoportraits ou la vidéo, en offrant un écran orientable articulé qui tourne comme celui d’un GH4. Il est toujours tactile et permet toujours de pointer un sujet et déclencher instantanément. Le viseur est hérité de ses prédécesseurs et s’avère, avec celui du Fujifilm X-T1, comme le meilleur de l’industrie.
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