Avec son petit capteur Micro 4/3, Olympus semblait s’être tiré une balle dans le pied face aux grands capteurs de la concurrence, plus performants en qualité d’image pure comme en montée en hautes sensibilités. Mais quelques années plus tard, les progrès techniques et la maîtrise d’Olympus ont permis à la marque – et au standard Micro 4/3 en général – de tirer son épingle du jeu en transformant cette faiblesse en force. Comment ? En tirant partie du fait que plus un capteur est petit, plus il est rapide.
La vitesse est ainsi l’argument phare de l’OM-D E-M1 Mark II, dernier fleuron d’Olympus. Avec lui, la marque veut prouver que la taille du capteur ou les mégapixels ne font pas tout en s’attaquant frontalement à l’un des dernier pré carré des reflex : la photo d’action.
Comparé à l’OM-D E-M1 Mark premier du nom, la version Mark II a pris un peu d’embonpoint : plus large, un peu plus lourde, cette nouvelle mouture est aussi plus confortable. Elle devient le mini reflex qu’on attendait tant – l’OM-D E-M1 sorti en 2013 était, de son côté, un peu petit et l’ajout du grip améliorait notablement sa préhension pour nos mains occidentales.
Cette augmentation du volume est bienvenue : les optiques pros ne déséquilibrent plus autant le boîtier, la batterie intégrée est plus grosse (et donc plus endurante) et Olympus a profité du gain de place pour renforcer la résistance de l’animal en blindant carlingue et joints d’étanchéité.
Côté écran, la dalle qui s’inclinait verticalement cède la place à un écran articulé sur le côté. Appréciable, cette évolution a deux revers : elle ajoute une manipulation à qui veut rapidement cadrer au ras du sol ou à bout de bras (écarter l’écran du corps de boîtier, puis le retourner) et limite l’accès aux prises casque et microphone, ce qui est étrange pour un appareil aussi compétent en vidéo. Car oui, inscrivez le dans vos petites tablettes : Olympus a enfin sorti un appareil crédible en vidéo (lire plus loin).
Petit capteur : faire de sa faiblesse une force
A quoi sert un appareil photo qui débite de 18 à 60 images par seconde et fait la mise au point à la vitesse de l’éclair ? A la photo de sport et d’action. C’est là que la « faiblesse » du capteur Micro 4/3 entre en jeu : si la petite surface des capteur Micro 4/3 les handicape dans la montée en densité de photosites (qualité d’image, montée en ISO, etc.), cette particularité offre de sérieux avantages en termes de rapidité. Car plus un capteur est physiquement grand (et riche en pixels), plus la lecture des informations qu’il produit prend du temps. Et à la capture d’image, s’ajoute celle du « vidage » des informations, de la remise à zéro des informations de chacun des photosites, etc.
De petites dimensions (18 mm x 13,5 mm) et limité à « seulement » 20 Mpix, le capteur de l’OM-D E-M1 Mark II s’avère être une brute de vitesse. Aussi bien en vitesse d’AF, tellement rapide qu’il nous est quasiment impossible de la mesurer, qu’en termes de lecture des données. Il est ainsi capable de débiter 18 i/s en RAW en mode rafale haute avec AF continu, voire 60 i/s dans un mode à haute cadence. Dans le domaine de la vitesse, il faut autant rendre hommage au capteur, certes rapide, qu’au processeur d’image, capable de digérer un flux de données aussi conséquent.
Même à 18 images par seconde, l’OM-D E-M1 Mark II surpasse déjà les Nikon D5 et autres Canon EOS 1DX Mk II, des reflex plein format professionnels à 7.000 euros boîtier nu. Si ces appareils répondent aussi à d’autres besoins (précision de l’AF, compatibilités optiques, résistances, etc.), les performances générales du nouveau fleuron d’Olympus montre que la marque a su habilement transformer une faiblesse en un sérieux avantage.
AF et tracking de haut niveau
Olympus était déjà la marque la plus performante du monde des hybrides en matière d’AF avec suivi du sujet. Avec l’OM-D E-M1 Mark II, Olympus non seulement rattrape, mais se permet aussi de dépasser les reflex experts ! Le déclenchement est tout bonnement instantané, que ce soit en AF simple ou en AF continu, dépassant de loin les promesses d’un Sony A6500 par exemple (test à venir). Non que ce dernier soit mou, c’est juste que l’E-M1 Mark II est sous stéroïdes.
Côté suivi du sujet, les progrès d’Olympus sont impressionnants : sur des cibles aussi mobiles que les rapaces, le taux de déchet est faible dès lors que vous avez choisi les bons modes de shoot.
Car ce boîtier n’est pas une baguette magique : il faut savoir maîtriser les arcanes des modes AF afin d’en tirer leur quintessence. Mais une fois la bonne fonction et le bon mode sélectionné, les résultats sont là : les performances de mise au point et de suivi de sujet sont d’ores et déjà dans le top de ce que propose le monde de la photo, hybrides et reflex haut de gamme confondus. Une fois encore, Olympus retourne la faiblesse en une force : le petit capteur offre une zone de netteté plus large que les grands capteurs plein format ce qui facilite le travail du processeur de mise au point pour caler la netteté.
Olympus a certes encore du chemin à faire pour garantir le même niveau de précision d’AF « sport » que Canon et Nikon, les champions de la catégorie avec leurs 1Dx Mark II et D5. Mais outre la différence de prix, l’histoire récente des hybrides d’Olympus a prouvé que la marque avait à cœur de faire vivre et évoluer ses boîtiers par le biais de mises à jours de firmware. Mises à jour qui devraient, dans les mois et années qui viennent, réduire encore plus l’écart entre ce « petit » boîtier à 2000 € et ses compétiteurs à 7000 €.
Vidéo : saut réussi dans le monde de la 4K
Le premier EM-1 n’était pas un cador de l’image animé puisqu’il se limitait à de la vidéo Full HD encodée de manière tout juste potable, le tout sans trop d’options. Si Olympus ne peut pas encore prétendre faire la nique à Sony ou Panasonic pour ce premier coup, cet E-M1 Mark II offre désormais un mode vidéo capable de faire de l’œil aux vidéastes. A savoir un mode 4K offrant un débit de données jusqu’à 237 Mbit/s qui confère une bonne latitude de travail en post-production. L’encodage de la partie 4K est incommensurablement supérieur à tout ce qu’Olympus a proposé jusqu’ici, même si le mode Full HD n’est pas inoubliable.
A ce nouveau mode 4K de très bonne qualité, Olympus ajoute un second avantage : une stabilisation du capteur impressionnante. Très performante en photo, la stabilisation 5 axes du capteur est tout bonnement incontournable en vidéo puisqu’elle permet de filmer en marchant tout en donnant l’impression que l’appareil est stabilisé par une (petite) steadycam
Stabilisation exemplaire
Cette vidéo a été tournée par nos soins lors du voyage de presse organisé par Olympus en Espagne en décembre 2016 dernier pour la présentation officielle à la presse. Nous étions pour l’occasion en mouvement dans un petit train qui suivait l’allure des chevaux. Le tournage a été réalisé à bout de bras, sans dispositif de stabilisation additionnel et nous avons zoomé/dézoomé pour tenter de prendre en défaut l’appareil. Le fichier publié ici sur YouTube est un segment de 15s issu d’un fichier 4K mais redimensionné et recompressé en Full HD.
Si Olympus commence à stabiliser certaines optiques, notamment les longues focales (on pense au 300 mm f/4 IS Pro), la marque préfère historiquement stabiliser le capteur. Une technique qu’elle a élevé au rang d’art puisque couplée au toutes dernières optiques stabilisées, comme le 12-100 mm f/4, cette stabilisation du capteur permet de gagner jusqu’à 6,5 vitesses.
En vidéo, le clip inséré ci-dessus prouve qu’un vidéaste peut tout à fait se passer de steadycam pour des shoots depuis une voiture, puisque l’OM-D E-M1 Mark II produit des séquences hyper propres, même à main levée
Belles couleurs et hautes ISO maîtrisées
Le traitement des couleurs d’Olympus est toujours aussi plaisant, notamment en plein jour où l’interprétation des couleurs offre un bon équilibre entre justesse et punch, à l’opposé du rigorisme plat d’un Sony par exemple. Le niveau de détails est très bon et les optiques PRO, qui ne s’étaient frottées qu’aux anciens capteurs de 16 Mpix, sont toujours aussi bonnes sur ce nouveau capteur 20 Mpix – Canon, Nikon et Sony ont connu bien des problèmes de qualité optique avec leurs reflex à capteurs ultra riches en pixels (50 Mpix, 36 Mpix et 42 Mpix respectivement).
En basses lumières, l’OM-D E-M1 Mark II profite des améliorations des algorithmes de traitement du bruit (et de la puissance du processeur) et offre des performances un petit cran au-dessus de l’OM-D E-M1 premier du nom alors que sa définition est 25% supérieure. Les images sont parfaites jusqu’à 800 ISO, un grain très subtil arrive à 1600 ISO, 3200 ISO voit un lissage arriver et 6400 ISO devient la limite maximale pour tout ce qui ne relève pas du « sauvetage » – au-delà, le bruit numérique mais aussi les déviations de couleurs et les pertes de détails sont très fortes.
Si ni Olympus ou Panasonic ne peuvent espérer monter un jour dans les hautes sphères des ISO avec leur capteur Micro 4/3 actuel (d’où les rumeurs persistantes des deux côtés concernant une nouvelle gamme plein format), leurs excellentes stabilisations respectives, la compacité qui entraîne moins de flous de bouger et la bonne qualité des optiques leur permettent d’offrir un très bon niveau de qualité d’image.
Qualité absolue contre qualité suffisante
En qualité d’image pure, le petit capteur Micro 4/3 d’Olympus et Panasonic ne peut rivaliser avec les grands capteurs APS-C ou plein format 24 x 36. Qu’il s’agisse de la finesse des images en basses lumières, de la quantité de détails ou de l’intensité du flou d’arrière-plan, les petits capteurs Micro 4/3 sont inférieurs à leurs grands frères… quand on étudie les images à la loupe
Le biais est là : nous autres journalistes techniques décortiquons les images des appareils en les affichant à 100% sur de grands écrans d’ordinateurs. Or, les photographies s’apprécient sur nombre de supports, que ce soit un magazine, un écran de téléphone, un tirage 20×30, un PC portable, etc. Mais jamais ou très rarement sous une loupe ou un microscope. Une fois que l’on accepte de prendre un peu de recul, on réalise que la qualité des clichés délivrés par cette nouvelle mouture 20 Mpix du capteur Micro 4/3 de l’Olympus OM-D E-M1 Mark II est très bonne et s’avère, usages spéciaux mis à part, largement suffisante pour une majorité de photographes, professionnels inclus
Labyrinthe logiciel et petits manques
Le sujet qui fâche : l’ergonomie logicielle. A l’image de Nikon, Olympus a toujours été un champion des menus à rallonge. On espérait une mise à plat de l’interface pour ce nouveau modèle et le moins que l’on puisse dire c’est que nous sommes déçus. Le fond noir fait certes plus pro, mais pour le reste la lisibilité des menus est mauvaise et l’enfouissement de certaines fonctions parfaitement agaçante. Olympus maîtrise parfaitement l’optique, brille dans l’électronique et le traitement du signal, etc. mais s’avère incompétente en matière d’ergonomie logicielle. On s’en sort par l’habitude, mais on rêve de la lisibilité d’un menu Canon ou Sigma.
Au rang des regrets et manques on note l’absence de rétro-éclairage des commandes, l’impossibilité de recharger l’appareil par l’USB-C (mais c’est déjà bien qu’Olympus ait laissé tombé sa prise propriétaire) et un viseur électronique certes bon, mais qui ne sort pas du lot comme celui de l’E-M1 premier du nom, meilleur viseur de son époque.
Parc optique pro en pleine expansion
Les contraintes et tourments sont parfois des chances : si l’ère numérique a permis aux constructeurs d’appareils photo de livrer des millions de compacts et de bridges pendant des années, cette époque chérie est finie et les volumes s’effondrent au profit de boîtiers plus experts. L’ère du boîtier numérique grand public a vécu, nous voici revenu à l’ère de l’expert
De ce fait, les boîtiers et optiques récemment lancés sont de plus en plus chers car de plus en plus pros. Le parc optique Micro 4/3 s’était d’abord construit autour d’une offre grand public, l’offre pour Mr et Mme Michu est donc déjà présent. Quant à l’offre “pro”, elle s’étoffe de mois en mois avec, chez Olympus, le nouveau 25 mm f/1.2 (éq. 50 mm) ou le très impressionnant 12-100 f/4 stabilisé qui offre dans un format compact rien de moins qu’un 24-200 mm.
Seules faiblesses : l’offre en ultra grand angles et super téléobjectifs est encore un peu limitée par rapport à ce que l’on peut trouver dans le monde du reflex. Et on note l’absence de quelques focales fixes pros, comme un vrai équivalent 35 mm f/1.4. Heureusement qu’Olympus peut compter sur son partenaire et concurrent Panasonic, lui aussi promoteur du Micro 4/3, pour lancer des optiques manquantes compatibles – on pense au tout récent 12 mm f/1.4 équivalent 24 mm
Face au Nikon D500
Dans la catégorie des appareils coûtant environ 2.000 euros et taillés pour la photo d’action, le Nikon D500 entre en compétition frontale avec l’Olympus OM-D E-M1 Mark II. Le Nikon D500 a pour lui une technologie reflex plus éprouvée, le suivi AF du Nikon D5, un viseur optique, un plus large choix de zoom téléobjectifs, une meilleure autonomie (sans technologies sans-fil activées) et de meilleures performances dans les hautes sensibilités.
L’OM-D E-M1 Mark II offre un format bien plus léger et bien moins encombrant, des rafales bien plus brutales, un mode vidéo largement supérieur, un suivi de sujet déjà très performant, beaucoup plus de fonctionnalités intégrées et la promesse de continuer à s’améliorer sans cesse via des mises à jours de firmware (Olympus est l’un des champion du genre, Nikon au contraire est la marque qui fait le moins évoluer ses produits par mises à jour logicielles).
Que retenir de cet affrontement ? Simplement que là où jadis le reflex aurait laminé l’hybride, ce dernier dispose aujourd’hui d’arguments plus que sérieux pour convaincre. Il se permet même de dominer son grand frère dans de nombreux domaines.
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