Garmin-Asus NüviFone G60 : la promesse
Il se sera fait attendre, ce NüviFone G60. Initialement annoncé en 2007, cet appareil développé en collaboration par Garmin et Asus est enfin disponible. Son objectif : regrouper les fonctions d’un téléphone et celles d’un GPS haut de gamme dans un seul et même produit. Une promesse assez basique qui laisse dubitatif quant à l’intérêt de l’appareil. Voyons cela de plus près.
Garmin-Asus NüviFone G60 : la réalité
Certainement pas un iPhone killer
Quelques secondes d’utilisation suffisent pour constater que le G60 n’a rien d’un concurrent de l’iPhone, loin de là. Pas la moindre application ludique ni pratique installée (Facebook, YouTube, client mail évolué, etc.) ; on ne peut même pas en ajouter via un portail du type App Store. Le système d’exploitation, conçu sur une base Linux, ne peut pas accueillir d’application supplémentaire.
Interrogé à ce sujet, c’est sans complexe que le porte-parole de Garmin nous répond que le NüviFone G60 n’a pas pour vocation d’être un smartphone capable de tout. Il s’agit juste d’un téléphone-GPS ou, selon ses termes, d’un « navigation phone » associé à des services connectés, un point c’est tout. Cette arrivée sur le marché de la téléphonie mobile s’accompagne donc d’un pari bien audacieux. C’est sous cet angle que nous avons procédé au test du produit, qui s’est rapidement montré pauvre en fonctions.
Juste un téléphone ? Pour qui ?
Il est intrépide de la part du constructeur de parier sur l’intérêt d’un banal téléphone pour attirer les foules. Surtout quand celui-ci affiche le look et surtout le prix de très bons smartphones (599 euros).
La « banalité » du G60 apparaît d’abord dans des menus et des options plutôt dépouillés. Ici, il n’est pas question de parcourir des menus de paramétrages à ne plus savoir qu’en faire. Les options système sont réduites, à peu de chose près, à l’activation du Bluetooth et du Wi-Fi, au réglage de la date, de l’heure et de l’intensité de l’éclairage de l’écran, au choix d’une sonnerie (MP3 ou polyphonique) ou encore à la configuration du navigateur Internet (page d’accueil, acceptation des cookies, etc.) et d’un compte e-mail. Le répertoire peut être enrichi d’une multitude de critères comme les adresses postale et électronique ainsi que la photo du contact.
Guère plus convaincant, le capteur photo de 3,2 Mpix prend des clichés tout juste corrects en extérieur et souvent flous ou bruités en intérieur. Quand bien même la prise de vue serait à but purement ludique, il est très frustrant de constater que le NüviFone G60 n’est pas en mesure de les envoyer par MMS. Garmin et Asus ne conçoivent pas l’intérêt de ces petits messages multimédias très pratiques. Quelque chose d’aussi anodin que prendre une photo et l’envoyer dans la foulée à un autre téléphone en quelques clics est donc impossible. En une quinzaine de jours de test, nous sommes ainsi passés à côté d’une dizaine de MMS. C’est toujours avec autant d’assurance que notre interlocuteur nous répond qu’il y a les e-mails pour cela…
Les e-mails, qu’ils disent…
Si l’on passe sur les MMS, encore faudrait-il que les e-mails fonctionnent. Si, en théorie, le G60 est compatible avec les comptes POP 3 et Imap, en pratique, aucun de nos comptes Hotmail, Free, Yahoo! ou Gmail n’a fonctionné. Qu’il s’agisse de configurer manuellement un compte Free ou, automatiquement, un compte Gmail, le résultat est le même, un message d’erreur apparaît nous indiquant un problème de configuration et de sécurité. Compte tenu du petit nombre d’options de configuration, nous n’avons pas pu déceler la raison du dysfonctionnement. Chez Garmin, on s’étonne. Normalement, c’est automatique. Sur notre modèle de test, ce sera donc du SMS sinon rien. Très intéressant, non ?
L’Internet n’est guère meilleur
Avec l’accès aux réseaux 3G+ (HSDPA) et une connexion Wi-Fi, on pourrait s’attendre à ce que le navigateur Internet procure un certain confort. Bien que le constructeur prétende qu’il s’agit du même type de navigateur que sur un iPhone ou un HTC Magic, ce n’est pas du tout le cas. Non seulement la précision et la qualité d’affichage de l’écran n’ont rien à voir, mais le moteur lui-même est bien moins performant. Les pages s’ouvrent beaucoup plus lentement et surtout ne sont pas adaptées à l’écran du G60. Avec Android, il faut 26 s à notre Magic pour afficher une page Internet, mais 1 min 26 s pour le G60.
Le plus pénalisant reste la mise en page. Sur l’iPhone comme sur le Magic, le retour à la ligne dans un article (sur notre site, par exemple) se fait automatiquement, le texte s’adaptant ainsi à la taille de l’écran. Sur le G60, il faut zoomer fortement pour lire le même article et, en plus, déplacer la fenêtre de gauche à droite. Ce n’est pas la rotation automatique de l’écran en mode paysage qui facilitera la lecture. C’est rapidement pénible car il n’est pas rare de cliquer sur un lien qui traîne sur une page. On finit par abandonner. Pour couronner le tout, si le basculement du mode portrait au mode paysage se fait rapidement, le G60 répond plus difficilement à l’opération inverse. On est continuellement tenté de secouer son téléphone pour faire revenir l’image plus rapidement.
Un GPS à part entière
Une simple pression sur la large icône Rechercher du menu d’accueil du téléphone lance le logiciel de navigation CityNavigator NT de Garmin. La première bonne impression vient du petit – et néanmoins solide – support actif livré avec l’appareil. Une fois le G60 enfiché dans son support, l’écran bascule automatiquement en mode paysage, et le haut-parleur s’active. Une petite astuce pratique qui profite à la téléphonie. Lorsque l’on entre dans son véhicule alors que l’on est en pleine conversation téléphonique, le simple fait de déposer le téléphone sur son support suffit à activer le haut-parleur afin de libérer les mains. Un haut-parleur, soit dit en passant, d’une qualité tout juste correcte.
Après avoir confortablement saisi l’adresse sur un clavier virtuel (convenable), la navigation démarre rapidement : l’acquisition du signal GPS est assez rapide. S’il est impossible de dire si la cartographie est bien à jour, nous n’avons cependant pas constaté de problème en région parisienne. De plus, on s’aperçoit en naviguant dans les options du GPS que la version de la cartographie est la NT2010.10 Europe. Cela laisse présager de bonnes choses.
Bien que le constructeur nous parle d’un GPS « haut de gamme », le G60 se montre plutôt minimaliste, y compris face aux appareils haut de gamme et spécialisés de Garmin. Si la navigation est fluide, les informations sur la carte sont réduites au strict minimum (nom de la route à suivre, vitesse et distance avant la prochaine manœuvre), et des fonctions comme l’assistance sur voie ou l’affichage 3D des sorties manquent à l’appel.
Nous avons également identifié ce que nous qualifierons de « gros bug ». Par exemple lorsque vous arrivez à destination mais que vous ne trouvez pas de place pour vous garer. Vous êtes alors obligé de tourner en rond pour trouver une place, généralement à côté de l’endroit où vous vous rendez. Eh bien aussitôt que le GPS considère que vous êtes arrivé à destination, il efface le tracé, et, au bout de quelques secondes, l’écran s’éteint et se verrouille automatiquement. C’est étonnant car il vous faudra alors péniblement déverrouiller l’écran et relancer le calcul de l’itinéraire vers la dernière adresse.
Les services connectés
Garmin et Asus nous parlent également de « services connectés ». Rien d’innovant, le premier consiste en la recherche locale de Google, qui donne accès à une base de points d’intérêts ultracomplète. Plus original, le NüviFone G60 intègre un service d’annuaire inversé. Si quelqu’un vous appelle avec sa ligne fixe, vous pourrez vous rendre à son adresse grâce à son numéro de téléphone. Lors de nos tests, cela n’a fonctionné qu’avec les numéros répertoriés dans les Pages blanches. Pas d’adresse correspondante pour nos numéros professionnels.
Un téléphone endurant
Finissons sur une note plutôt positive : le NüviFone G60 affiche une autonomie en communication d’environ 7 h 30 min. En 3G, l’appareil aura tenu le choc pendant près de 3 h. Du côté du module Bluetooth, signalons que le G60 n’a pas été capable de se connecter à notre kit mains-libres automobile, le Parrot MKi9200. En revanche, pas de problème avec l’oreillette Bluetooth Plantronics Voyager Pro.
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