Dans un monde où tous les smartphones se ressemblent, Motorola essaye de faire quelque chose de différent. Avec son One Vision, la marque (propriété de Lenovo) tente ainsi de réunir les dernières tendances du marché au sein d’un même produit. Écran 21:9, caméra frontale logée dans un poinçon, dos en verre très coloré et appareil photo de 48 Mpix… Le Motorola One Vision est un smartphone expérimental, destiné à aider Motorola à analyser les nouvelles tendances du marché. Pour autant, à notre grande surprise, c’est aussi un appareil très intéressant.
Un smartphone tout en longueur
Avec ses Xperia 1 et Xperia 10, Sony avait créé la surprise au Mobile World Congress de Barcelone. Les mobiles arboraient des écrans au format 21:9 « panoramique » pour améliorer « l’expérience cinéma ». Ce concept nous paraissait tellement étrange que nous étions convaincus que personne ne le reprendrait. Nous avions tort.
Le design du Motorola One Vision est très particulier. Étroit (à peine plus de 7 cm dans sa largeur) et long de 16 cm, ce mobile adopte donc, lui aussi, le format 21:9, tout en restant extrêmement agréable en main. Petite particularité, son écran est poinçonné en haut à gauche, comme le Honor View 20 ou le Galaxy S10. Ce poinçon est malheureusement très grand (7 mm de diamètre), soit deux fois plus que celui présent dans la dalle du Samsung. C’est raté pour la discrétion.
Que vaut l’écran du One Vision ? Motorola a choisi une dalle LCD de 6,3 pouces d’assez bonne qualité. Nous avons mesuré une luminosité maximale de 584 cd/m2, très satisfaisante pour un smartphone milieu de gamme. En revanche, le taux de contraste de 1386:1, plus qu’honorable, nous déçoit quelque peu, tant la concurrence nous a habitué à mieux. En mode Always on display qui permet d’afficher l’heure et les notifications même lorsque le smartphone est en veille, on voit clairement que le noir n’est pas noir.
Bien que passable, la fidélité des couleurs (delta E = 5,7) est une autre déception. D’autres smartphones font bien mieux ou proposent de changer de mode d’affichage dans les réglages pour obtenir plus de justesse.
Le 21:9 est-il véritablement une bonne idée ? Cela dépend des cas. Pour regarder des films sur Netflix ou des bande-annonces, ce format est idéal. Même chose pour lire un article ou consulter ses réseaux sociaux, le format long est vraiment très pratique. En revanche, dès que vous souhaitez regarder une vidéo lambda sur YouTube (généralement au format 16:9), de belles bandes noires apparaissent sur les côtés. C’est dommage, la promesse du 21:9 est justement d’éliminer les bandes.
Enfin, le dos du Motorola One Vision est tout aussi séduisant que son écran. En verre légèrement incurvé sur les côtés pour améliorer la prise en main, il arbore un capteur d’empreintes capacitif et un double module caméra. En haut et au bas de l’appareil, on trouve un port USB-C, une prise jack et un haut-parleur mono. Ce dernier offre d’ailleurs une qualité assez moyenne.
Une navigation très fluide
C’est là encore une surprise, le Motorola One Vision utilise le processeur Exynos 9608 de Samsung plutôt qu’un Snapdragon de Qualcomm. Un choix étonnant… qui porte ses fruits. En effet, nos tests de benchmarks révèlent des résultats légèrement au-dessus d’un Snapdragon 660, le processeur milieu de gamme référence de l’année dernière. En revanche, c’est un peu moins bien que le plus récent Snapdragon 710. Pour autant, voit-on réellement les différences à l’utilisation ?
Nous n’avons pas été déçus par le Motorola One Vision. Le smartphone fait tourner toutes les applications sans problème. Il n’y a aucun lag, aucune lenteur particulière, sauf à vouloir pousser l’appareil dans ses retranchements avec des jeux 3D sophistiqués et un haut niveau de détails… Bref, le pari est réussi. Le processeur Exynos 9608 s’accompagne de 4 Go de RAM et de 128 Go de stockage, extensible par Micro SD.
Notons que, comme son nom l’indique, le Motorola One Vision tourne sous Android One. Qu’est-ce que cela change à l’utilisation ? Pas grand-chose, si ce n’est la marque promet deux mises à jour majeures d’Android. On a toujours les quelques fonctions exclusives de la surcouche Motorola comme un widget informatif (qui indique le temps de pluie restant, vos prochains rendez-vous) ou le pilotage de certaines fonctions au geste.
Autonomie : c’est là que le bât blesse
Comment gâcher un produit qui partait pour être presque parfait ? En se ratant complètement sur l’autonomie bien entendu ! C’est notre grande déception sur ce Motorola One Vision. Sa batterie de 3500 mAh est franchement en dessous des attentes. Notre laboratoire a mesuré une autonomie polyvalente de 9h54, une autonomie en streaming de 8h28 et une autonomie en communication de 18h53. Si ce n’est pas catastrophique à l’utilisation, ce clairement bien trop juste pour tenir deux jours d’affilée. C’est vraiment regrettable.
Quid de la recharge ? Là aussi, c’est un peu décevant. Malgré la présence d’un port USB-C et d’une fonction de recharge rapide, il faut 2h04 pour récupérer l’intégralité de la batterie. 39 minutes suffisent à récupérer la moitié de son autonomie.
Photo : un pari plutôt réussi
Enfin, parlons de la photo, l’argument principal de Motorola pour vous convaincre d’acquérir son One Vision. Au dos du smartphone, on trouve un double module caméra composé d’un appareil photo grand angle ouvrant à f/1.7 associé à un capteur de 48 Mpix et d’un capteur de profondeur de 5 Mpix. Petite précision importante, il ne s’agit pas du IMX586 de Sony mais d’un capteur développé par Samsung. Les photos sont d’ailleurs enregistrées en 12 Mpix, conformément au principe du pixel-binning. Pour résumer, il s’agit là d’améliorer la qualité des photos, pas de capturer des clichés en 48 Mpix.
De jour, on vous laisse le constater par vous-même, le Motorola One Vision s’en sort très bien. Il lui arrive tout de même de rater occasionnellement la mise au point par souci d’efficacité… en allant trop vite. Mais la plupart du temps, on ne déplore aucun problème. On regrette juste des couleurs un peu trop vives, qui manquent de naturel.
Très fier de son mode « vision de nuit », Motorola vante son One Vision comme une alternative moins chère au Pixel 3. Si nous nous avouons positivement surpris par le résultat (le smartphone reconstitue très bien les couleurs) nous restons globalement déçus par la qualité des clichés. On observe des halos lumineux et l’appareil a du mal à distinguer les éléments les plus foncés du décor. On le voit par exemple ci-dessous où la tour Montparnasse, de nuit, n’est plus qu’une succession de fenêtres. Les murs ont disparu, se fondant dans le ciel. C’est quand même nettement supérieur à bon nombre de mobiles vendus à prix similaire.
Bref, le Motorola One Vision n’est ni le meilleur ni le pire photophone du marché. Il s’en sort bien la plupart du temps et devrait convenir à la plupart des besoins des utilisateurs. Ce n’est déjà pas si mal.
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