Valve a ouvert la boîte de Pandore en lançant le Steam Deck en 2022. Dans son sillage, certains constructeurs historiques de PC lui ont emboîté le pas en lançant à leur tour une console portable fonctionnant comme un PC.
La Legion Go que nous testons là est un léger twist dans la formule de Valve, puisqu’elle s’inspire également de la Nintendo Switch, en ceci qu’elle comporte des manettes détachables. Celle de droite peut même, théoriquement, servir de souris !
Prix et modèles de la Lenovo Legion Go
La Lenovo Legion est disponible au prix de 800 euros en version 512 Go et 900 euros en 1 To. La console est fournie avec son câble de charge de 65 W et l’étui de protection.
Design : massive mais très polyvalente
La Legion Go est, il faut bien le dire, assez intimidante de prime abord. La console est assez mastoc. Épaisse (4.07 cm), lourde (854 g), il faut un petit temps pour s’y habituer.
Il en va de même de la qualité de fabrication, qui de prime abord, peut donner un aspect un peu cheap. Le côté tout plastique, avec des revêtements assez lisses, fleure bon le choix d’économie. Mais ces deux aspects, le gigantisme et un sens esthétique un peu discutable, ne sont pas là pas par hasard. Bien vite, nous comprenons que tout cela est là pour une raison précise : servir l’expérience de jeu que veut délivrer l’appareil.
La Legion Go est immense pour deux raisons : avoir un écran gigantesque de 8,8 pouces (sur lequel nous reviendrons plus loin) et faire de la place pour offrir un bon niveau de performances et, qui va nécessairement de pair avec une bonne gestion de la chauffe.
Quant aux matériaux et au niveau de finition, on saisit bien vite qu’il ne s’agit que d’une première impression. Car la Legion Go, malgré son gigantisme, est une console très agréable à manier. Contrairement à certaines consoles du même genre, nous n’avons jamais ressenti la moindre fatigue dans les doigts.
Nous ne pouvons pas en dire autant des bras. En effet, sur quelques sessions en position allongée, nous avons tout de même ressenti son poids. En revanche, lorsque la console est posée sur les genoux par exemple, aucun souci. En position semi-allongé, avec un coussin sur la tête, le problème est vite réglé en posant la console sur le ventre. La taille de l’écran permet de largement compenser pour la distance relative de la console et donc de profiter à plein.
Avant d’enchaîner sur les manettes, arrêtons-nous un instant sur l’une des meilleures idées de design de cet appareil : la présence non pas d’un, mais de deux ports USB-C. Cela permet par exemple de charger l’appareil tout en branchant un dongle de casque sans fil par exemple, sans avoir besoin de réaliser des branchements impies à base de hub USB pendouillant mollement d’un port USB-C qui n’avait rien demandé.
Manettes détachables
Si la Lenovo Legion Go est aussi différente de ses petites camarades, cela tient à ses manettes détachables inspirées de la Switch. La console ajoute à cela une originalité qui lui est propre : la manette droite peut se transformer en souris.
La partie manette en elle-même est assez classique. Elle imite la configuration d’une manette Xbox classique en ajoutant quelques boutons et un pad tactile qui peut servir de souris. Ce dernier n’est vraiment pas extraordinaire, il est beaucoup trop lisse et peu satisfaisant à manier. L’un des points qui le rendent peu plaisant est le manque de subtilité du moteur de vibration. Il donne le sentiment de passer de 0 à 100 % à chaque interaction.
Transformer la manette de droite en souris n’est pas inintéressant. Sur les jeux de stratégie, nous avons même trouvé qu’il était possible de mener une véritable partie, pour peu que l’on s’habitue à l’aspect très vertical de la souris. En revanche, ne rêvez pas : pour tous les jeux qui nécessitent un peu de réflexe et d’adresse comme les FPS, vous préférerez toujours brancher une véritable souris.
Pour ce qui est des boutons plus classiques, nous n’avons aucun grief à leur encontre, si ce n’est que l’emplacement des boutons ajoutés par Lenovo pour accéder à sa surcouche est un peu discutable. Fallait-il placer en haut à gauche tel que cela a été choisi, et ainsi amener les joueurs pris de panique à appuyer dessus comme un bouton start ou select ? Ces derniers ont été étrangement placés en bas à gauche de l’écran, de sorte qu’ils ne sont pas vraiment accessibles facilement sans ôter sa main du stick gauche.
Mis à part cela, les boutons réalisent leur office, tout comme les gâchettes arrière et l’ensemble se montre plutôt agréable à manipuler. Mention spéciale à la présence d’une béquille au dos de l’appareil qui permet de poser la console sur une surface plane.
Écran : il n’y a pas que la taille qui compte
Si vous avez déjà manipulé une Switch ou un Steam Deck, l’écran de la Legion Go risque de vous sauter aux yeux avec ses 8,8 pouces. D’autant que s’il ne s’agit pas d’une dalle OLED, mais bien IPS, Lenovo a tout de même pris soin d’intégrer une définition QHD en 16/10 et rafraichi en 144 Hz.
Cela peut sembler discutable à première vue, car un tel écran peut impacter négativement l’autonomie. Lenovo a intégré quelques bonnes idées pour rendre cela plus acceptable : il est possible de modifier à l’envi la définition affichée (800p, 1200p ou 1600p) et le rafraichissement (60 Hz ou 144 Hz).
Ceci étant dit, selon les mesures réalisées par le 01lab, cet écran possède un certain nombre de soucis. À commencer par son taux de contraste qui 1080:1, un taux pas excellent. La luminosité ne monte qu’à 432 cd/m², ce qui interdit de jouer dehors au soleil dans de bonnes conditions, mais c’est suffisant pour en prendre plein les yeux en intérieur. En revanche, la luminosité tend à ne pas baisser suffisamment : à minima, nous avons atteint 22 cd/m². Autant vous le dire, pour jouer le soir dans le lit dans le noir, c’est beaucoup trop !
Mais nous n’avons pas abordé le plus gros problème de cet écran : la justesse des couleurs est loin d’être au rendez-vous. Avec un delta E moyen de 5,28 en sRGB, on pourrait penser que ça suffirait, mais certaines valeurs dans les blancs et les gris atteignent un delta de 10 ou 11. À ce niveau de dérive, on constate à l’œil nu que certaines scènes sont complètement dénaturées en jeu.
À l’arrivée, nous avons donc un écran puissant sur le papier, mais qui ne tient pas ses promesses. Certes, vous pourrez profiter d’une grande dalle, d’une bonne définition et d’un rafraichissement élevé, mais avec un taux de contraste mauvais et une dérive des couleurs trop importante.
Performances : l’aspect le plus jouissif du produit, à condition de ne pas être trop gourmand
Sous le capot, vous retrouverez la désormais fameuse Z1 Extreme d’AMD, la même puce que l’Asus ROG Ally pour vous donner une idée, plus puissante que le SoC d’un Steam Deck. Elle est accompagnée de 16 Go de RAM LPDDR5X 7500 MHz.
Voici les résultats que nous avons obtenus en jeu :
- Helldivers 2 tourne à une quarantaine de FPS en réglages bas ;
- En Garde ! fonctionne avec les réglages les plus élevés en QHD 144 Hz sans aucun souci ;
- Cyberpunk pour sa part tourne en 45 FPS en 800p ou 30 FPS en Full HD+ avec de grosses baisses ;
- Elden Ring : fonctionne avec les réglages graphiques sur haut en 54 FPS.
Si vous hésitez entre les deux configurations de stockage M.2 2242 PCIe Gen4 TLC, sachez que nous nous sommes trouvés un peu à l’étroit avec notre modèle de 512 Go. Si vous le pouvez, privilégiez sans doute le modèle 1 To qui vous offrira un plus grand confort.
Si jamais vous deviez vous tourner tout de même vers le modèle 512 Go, sachez que les débits en téléchargement que nous avons obtenus sur cette machine, entre autres grâce au WiFi 6E, nous ont beaucoup impressionnés. Nous avons pu compenser largement le manque de place par la possibilité d’installer un jeu gourmand en stockage sans trop attendre, avec des débits atteignant les 800 Mo/s sur Steam.
Interfaces : Windows, mais pas que
La Lenovo Legion Go est livrée avec Windows. En ceci, elle est plus proche d’un PC gamer que d’une console. Les premiers instants de navigation tendent à renforcer cette impression. On se retrouve plongé dans une navigation PC en tactile, à devoir utiliser son doigt comme une souris.
Pas nécessairement la meilleure expérience à première vue et cela se confirme à l’usage. Tout nous crie que le système de Microsoft n’est pas adapté. Du manque de feedback lorsqu’on appuie deux fois pour sélectionner quelque chose, en passant par l’absence de clic droit facile à déclencher, sans oublier les copier-coller perdus dans la nature, le clavier virtuel qui ne veut pas s’ouvrir… Passons. L’expérience la plus fluide que l’on peut obtenir sur cette console en dehors des jeux apparait lorsqu’on la branche à un hub USB-C doté d’un clavier et d’un souris.
En parlant de la souris, il faut reconnaître que la Legion Go tente de vous offrir quelques outils qui permettent de pallier son absence et de vous aider à naviguer, comme le pad tactile sur la manette de droite ou même la possibilité de détacher cette dernière pour la transformer en souris. Mais au quotidien, cela ne remplacera jamais un OS conçu pour une utilisation à la manette et Windows montre trop souvent ses limites.
Pour aider quelque peu, Lenovo fournit une surcouche logicielle baptisée Legion Space. Certains éléments sont bien pensés, comme la possibilité d’invoquer certains paramètres de performances (vitesse de ventilateur, définition, rafraichissement, etc.) et de les modifier à la volée. C’est très pratique sur une machine aussi polyvalente, dotée de surcroit d’un écran en QHD.
En revanche, la surcouche ne peut pas tout et sent clairement l’élément mis là pour dépanner ce que ferait un vrai OS. Il est par exemple possible d’y lancer des jeux déjà installés par vos soins via une interface console, mais dès que vous aurez appuyé dessus, vous vous retrouvez face au bon vieux bureau Windows en train d’essayer de lancer votre jeu automatiquement. Des bouts de ficelles.
Tout n’est pas horrible pour autant. Windows a cet avantage d’offrir une console très modulable et compatible avec à peu près tous les jeux disponibles sur PC, mais aussi les logiciels de votre choix qu’un PC pourrait lancer. Cela pour une simple et bonne raison : c’est un PC. Si vous voulez passer le week-end avec votre Legion Go branchée à un dock pour jouer sur un grand écran, vous pouvez ! Et si vous voulez y installer vos applications favorites sur PC, bosser dessus, c’est possible aussi.
Et même si nous nous attardons plus haut sur les nombreux bugs, l’essentiel est là : une fois en jeu, on oublie l’infernal Windows et l’on profite du jeu. Et sur la trentaine de titre que nous avons lancés, à travers divers services (Steam, Epic Games Store, Xbox Game Store, GOG), aucun n’a rencontré de problèmes de compatibilités particuliers.
À vous de décider si vous êtes prêt à vivre avec le lot de petits bugs inhérents à ce type de machine. Sachez qu’en un bon mois d’utilisation, aucun de ces bugs n’a résisté à un bon vieux redémarrage.
Autonomie : 1 % par minute
Pas de miracle sur l’autonomie, qui reste le point faible principal de ces nouvelles consoles handheld. La batterie de 49,2 Wh fond comme neige au soleil dès que l’on débranche le chargeur (fourni) de 65 W.
En moyenne, notre expérience est la suivante : comptez 1 % de moins par minute jouée. Par exemple, sur En Garde !, un jeu certes récent, mais nécessairement le plus gourmand, sur les réglages graphiques les plus élevés en Full HD et avec une luminosité de 70 %, nous sommes passés de 87% à 70% d’autonomie affichée en 15 minutes de jeu. Un ratio qui ne s’est jamais démenti à chaque fois que nous avons soumis la console à un test similaire.
Audio : que vos proches se préparent ou achetez un casque
Pour la partie audio, Lenovo a décidé de placer ses deux haut-parleurs sur la tranche au-dessus de l’écran. Un positionnement qui amène à arroser toute la salle autour de vous si vous souhaitez entendre correctement. Nous en avons fait l’expérience avec des proches, en essayant d’utiliser la console devant un téléviseur allumé, plus personne n’entendait correctement son programme, tant l’utilisateur de la Legion Go que du téléviseur.
En dehors de ce problème, le son est relativement porté vers les aigus et la console parvient à produire un bon volume sonore. Nous avons relevé une spatialisation correcte grâce à la stéréo, mais n’espérez pas obtenir la précision d’un casque gaming par exemple.
La présence d’un port jack permet de régler le souci évoqué plus haut d’orientation des haut-parleurs. Son positionnement vers le haut permet de brancher un casque tout en posant la console sur son ventre, un bon choix de design.
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