On pourrait résumer ainsi le premier Leica T : un appareil aux finitions hors normes mais dépassé technologiquement. Reprenant le même boîtier monobloc aluminium poli à la main (si, c’est vrai !), son successeur le TL2 profite d’une électronique entièrement renouvelée : exit le capteur de 16 Mpix (déjà daté à sa sortie) et bonjour le 24 Mpix avec son processeur enfin costaud.
Le Leica TL2 se rêve en hybride financièrement (presque) accessible de la célèbre marque allemande, plus habituée aux boîtiers à plus de 6000 euros comme les SL ou les M. Trois ans après la première itération, l’hybride APS-C de Leica fait-il mouche ?
Finitions uniques
Le Leica TL2 est issu d’un bloc d’aluminium brut. Ça ne transforme pas le photographe incompétent en Elliott Erwitt, mais ça change tout dans le ressenti de la prise en main : oui, le TL2 est cher pour un boîtier APS-C, mais la qualité des matériaux et l’exclusivité du procédé ainsi que du toucher (métal froid, dense) en font un vrai appareil premium. Développé (Allemagne) et assemblé (Portugal) en majorité en Europe, ce qui ne gâche rien. Face aux boîtiers en polycarbonates ou en alliage de magnésium, le TL2 marque sa différence. Ce qui est important dans le segment luxe/premium : si les vieux de la vieilles achètent le Leica M10 pour sa visée télémétrique, une partie de la cible de ce TL2 est une population branchée et/ou un peu fortunée pour qui les appareils de Fujifilm, Canon et consorts sont de simples produits de masse.
Le TL2 est autant un appareil photo qu’un objet design, ce qui peut agacer certains mais ne manquera pas d’en séduire d’autres. Et par rapport au premier Leica T, les pièces affleurantes sont mieux intégrées – on pense ici à la griffe flash, désormais parfaitement agencée alors qu’elle n’était pas parfaitement droite sur le Leica T. C’est un détail, mais à ce niveau de qualité, on scrute le moindre écart. Et cette fois, Leica n’en a pas fait.
L’ergonomie matérielle est réduite à sa plus simple expression : si la marque est prisonnière des habitudes et de l’histoire avec ses M, Leica a eu à cœur ici de faire ce qu’elle veut sans faire grincer les dents de ses utilisateurs de la première heure. Un déclencheur équipé d’une bague d’allumage, un bouton de fonction paramétrable et deux molettes : les quatre commandes physiques sont regroupées sur le dessus de l’appareil, laissant le dos au profit unique de l’écran LCD tactile.
Esthétiquement, le Leica TL2 est une franche réussite si on aime son côté minimaliste et si on ne songe pas à monter de gros téléobjectifs dessus. La gamme Leica TL n’en comporte pas à l’heure actuelle de toute façon : le plus puissant zoom téléobjectif disponible (Leica APO-VARIO-ELMAR-TL 55–135 mm f/3.5–4.5 ASPH.) ne pesant que 547g (avec le pare-soleil).
Côté fonctionnalité unique, le TL2 est l’un des rares – le seul ? – appareil photo moderne récemment testé qui intègre de la mémoire : 32 Go intégrés à l’intérieur de l’appareil auxquels on peut ajouter une carte SDXC. C’est peut-être un détail pour certains, mais c’est un vrai plus pour les têtes en l’air qui oublient fréquemment leurs cartes mémoires.
Un capteur enfin plus efficace
Le Leica T avait déçu à cause de la vieillesse de son capteur : même à son lancement, ce dernier avait déjà deux bonnes générations technologiques de retard. Pour son TL2, Leica a été bien inspiré de ne pas répéter la même erreur et offre un bon CMOS 24 Mpix au format APS-C.
Un capteur dont nous ne connaissons pas la provenance mais qui offre de bien meilleures performances en AF par rapport à son prédécesseur et, aussi en basses lumières. Quand son aïeul souffrait à 1600 ISO, le TL2 offre des clichés toujours propres à 3200 ISO et granuleux mais encore plein de détails à 6400 ISO. Par rapport à la première génération, c’est le jour et la nuit !
Si la qualité des images et de l’autofocus sont en très net progrès, on regrette cependant que Leica ne se soit pas procuré un capteur à la fois équipé en pixels à détection de phase (AF plus rapide) et stabilisé mécaniquement – ce qui entraîne plus de clichés nets avec les optiques non stabilisées. Sur ce plan, la concurrence a toujours une à deux générations d’avance.
Balance des blancs bien froide
Nous avons deux reproches à faire au rendu par défaut : le TL2 tend à surexposer les clichés et les couleurs de base sont froides, bien trop froides. Un manque de chaleur qui ne colle pas vraiment à l’identité photographique de Leica, par bien des côtés plus « humaine » que certaines marques japonaises (pour le meilleur comme pour le pire, il ne s’agit pas d’un jugement mais d’une constatation). Et qui tranche bizarrement avec un autre boîtier 100% numérique comme le Leica Q, plus chaud, plus riche. Certes le capteur est différent (plein format sur le Q), mais il s’agit surtout ici de la nature du traitement d’image – processeur d’image et programme interne.
Sans réglage un peu manuel – mesure de la lumière et bon choix de la balance des blancs – les clichés de base offrent, en basses lumières comme en très fortes lumières, un rendu pas très naturel. Il faut bouger quelques curseurs sous Lightroom ou tout autre logiciel de développement RAW pour retrouver des couleurs naturelles et agréables.
Ce n’est pas rédhibitoire compte tenu que ce comportement se corrige de manière logicielle, à l’intérieur même du boîtier via une mise à jour du firmware (micro programme) ou a posteriori par le biais du développement numérique des fichiers RAW dans un logiciel adapté. Mais on aurait préféré que le mode par défaut soit un peu moins froid et bête. Et on attend de pied ferme une mise à jour du programme interne.
Interface confuse
Contrairement à ses boîtiers M, à l’ergonomie indéboulonnable depuis les années 50, il faut reconnaître à Leica une envie de changer la façon de concevoir les interfaces sur ses récents modèles numériques, le premier T étant celui le plus en rupture avec les canons actuels. Alors que la plupart des appareils de la marque font la part belle aux commandes physiques, le Leica TL2 se veut un appareil que l’on pilote via des menus logiciels tactiles.
Au début nous avons été un peu perdus… un état qui a malheureusement perduré : aussi intéressante soit-elle, l’interface logicielle est à la fois trop différente, pas assez constante dans le comportement (les menus évoluent selon votre utilisation) et il n’y a aucun fil d’Ariane pour savoir dans quel niveau/sous-niveau on se trouve.
Impossible à manipuler ? Que nenni, certains y trouveront peut-être leur compte, mais votre serviteur n’a pu s’y faire.
Qualité vidéo enfin sérieuse
Depuis le Leica SL, on sait que la marque profite à fond du partenariat avec Panasonic pour profiter des modes vidéo de bon niveau. Le TL2 poursuit l’œuvre de son grand frère à capteur plein format et propose un mode vidéo 4K de bonne qualité, à faire pâlir d’envie ce pauvre Canon qui semble bloqué en Full HD. Sans atteindre le niveau de paramétrage des appareils Sony et Panasonic, le Leica TL2 propose différentes options vidéo et un encodage 4K H264 enfin digne du niveau de prix du boîtier. L’AF est très convenable, la fluidité des trames itou. Ce n’est pas une caméra pro, mais cela ne fait pas tâche dans la fiche technique.
Il ne peut prétendre à remplacer un appareil de Sony ou de Panasonic, embarquant non seulement de meilleurs algorithmes vidéo mais surtout bien plus de fonctions avancées, mais telle n’est pas sa mission. Le TL2 veut juste proposer une bonne qualité d’image en Full HD comme en 4K à un utilisateur sans doute pas expert/pro. Et en cela, il nous semble que le contrat est rempli.
Parc optique congru
Seules 6 optiques natives sont disponibles sur la monture TL : c’est vraiment peu. Trop peu pour attirer les photographes sérieux dans un système. Si quelques optiques ont du chien – le Summicron-TL 23 mm f/2 ASPH est vraiment super compact et le Summilux-TL 35 mm f/1.4 ASPH que nous avons pu tester offre un très beau rendu – malheureusement le zoom de base, le Vario-Elmar-TL 18–56 mm f/3.5–5.6 ASPH n’est clairement au niveau du prix du boîtier ni de l’image de marque de Leica.
Certes nous n’avons plus le même doute quant à la pérennité de la monture par rapport au lancement du premier T, mais le fait est que ça manque encore cruellement de références et notamment de petites optiques légères au format pancake. Il faut espérer que Leica appuie un peu sur l’accélérateur de ce côté-là. Et qu’elle songe à lancer un nouveau zoom standard enfin stabilisé et plus piqué que le premier modèle.
Pas de viseur, ce n’est pas vraiment Leica
Le problème c’est que le viseur, c’est une part de l’âme de Leica : des M avec leur visée télémétrique en passant par les reflex argentique (série R) ou numérique (série S) jusqu’à l’hybride plein format, le SL et sa dalle OLED toujours inégalée, le fait de porter un Leica à l’œil semble naturel. Si la marque propose un viseur électronique en option, celui-ci rend l’appareil disgracieux et moins pratique à manipuler. Dans le meilleur des mondes, le TL2 aurait embarqué une interface logicielle moins confuse et un beau viseur électronique. Espérons que Leica entende nos prières…
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.