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Test : Leica SL, l’hybride plein format qui vient bousculer les reflex pros

Pour la première fois depuis des décennies Leica lance un nouvel appareil photo plein format. Du bon, du gros et… du lourd !

L'avis de 01net.com

Leica SL (Typ 601)

Qualité photo

4 / 5

Qualité vidéo

4.5 / 5

Réactivité

4.5 / 5

Ergonomie et finition

4.5 / 5

Appréciation générale

4 / 5

Autres critères et mesures

4.5 / 5

Note de la rédaction

Note publiée le 17/11/2015

Voir le verdict

Fiche technique

Leica SL (Typ 601)

Monture (baïonnette) Leica TL
Format de capteur Plein format 24 x 36
Définition du capteur 24 Mpx
Type de capteur CMOS
Sensibilité ISO min 50
Voir la fiche complète

Leica SL (Typ 601) : la promesse

Marque conservatrice s’il en est, Leica a connu un tournant en cette année 2015 et s’est largement mise à la page. Initiée par l’excellent Leica Q – le meilleur boîtier expert de l’année – cette évolution technologique de l’opticien allemand se poursuit avec son nouveau Leica SL, un hybride à capteur plein format qui compte, ni plus ni moins, affronter les reflex pros de Canon et Nikon.

Jadis en retrait sur le plan technique, Leica signe avec ces boîtiers de nouvelle génération un retour dans la course à la performance. Jugez plutôt : rafale à 11 i/s, 4K UHD et Cinéma, obturateur mécanique au 1/8000e, double emplacement pour carte mémoire, le viseur électronique le plus défini du monde, etc. Leica y est allé franchement et semble nourrir de sérieuses ambitions avec son nouveau boîtier – que dis-je ! – avec son nouveau système.

Leica SL (Typ 601) : la réalité

Tout comme le Leica T, ce SL est en métal usiné. La comparaison s’arrête là tant les deux boîtiers ne jouent pas dans la même catégorie – et la finition du T était pourtant haut de gamme. On est dans le domaine de l’orfèvrerie tant l’assemblage du SL dégage une impression de pureté et de perfection.

Du choix des matériaux en passant par l’impression de solidité ou encore le toucher des boutons et molettes, Leica place la barre haut. Très haut. Revers de la médaille : l’appareil est lourd (847 g nu), et joue plus dans la cour des reflex que des hybrides.

Un excellent viseur électronique

Il est un autre domaine dans lequel le Leica SL ne joue pas dans la même classe que la concurrence : celui du viseur. La marque allemande est la première à intégrer une dalle de 4,4 Mpix, une définition 85% supérieure aux 2,36 Mpix que l’on retrouve chez Sony, Fuji ou Olympus.

Le niveau de détail est saisissant et permet d’approcher d’encore plus près le confort d’un viseur optique en plein jour – en basses lumières les viseurs électroniques sont déjà avantagés de par leur capacité à amplifier le signal. Ce viseur est un plaisir à utiliser et le correcteur dioptrique, que les photographes à lunette apprécient tant, est à la fois élégant et pratique.

Enfin des performances au niveau !

On l’avait senti avec le Leica Q : la marque est désormais à la page côté électronique. Que cela soit dans l’approfondissement des liens avec Panasonic ou avec d’autres partenaires électroniciens, le résultat est là.

Le Leica SL répond au doigt et à l’œil, son autofocus est un cran au-dessus des hybrides de Sony (un argument de plus en faveur du partenariat avec Panasonic) et la rafale de 11 i/s n’a plus rien à voir avec ce qu’a pu proposer la marque : oubliée la mémoire tampon du M9 qui patine après 7 images !

Le SL répond aussi vite qu’un reflex et non seulement c’est une performance en soi, mais il est extrêmement surprenant que ce soit Leica qui en soit à l’origine tant la marque avait du retard à rattraper dans le domaine de la réactivité.

Un autofocus à double tranchant

En matière d’AF le Leica SL s’est montré très efficace, à la manière du Leica Q : on pointe, on presse et l’image est dans la boîte. Entre les boîtiers à AF manuels type Leica M et les anciens compacts à capteur APS-C mou du genou type Leica X, le constructeur avait d’immenses progrès à faire. Force est de constater qu’elle a su combler son retard en un temps record !

Si son AF simple, c’est-à-dire la mise au point ponctuelle sur un sujet en mode « je vois, je shoote » est efficace, le SL ne saurait pourtant faire de l’ombre à un D4s ou un 1Dx côté précision de l’AF sur les sujets mobiles. Les deux reflex pros de Nikon et Canon ont pour eux des décennies d’expérience dans la photo de sport et de nature.

Le Leica SL à côté du Canon EOS 5D Mark II

Sur de « sauvages » pigeons parisiens, le SL débite bien les 11 images par seconde promises, mais le taux de déchet est trop grand pour un vrai usage sport. Heureusement pour Leica, des mises à jour logicielles peuvent encore faire évoluer les performances de son rejeton – Olympus l’a encore prouvé récemment. Et puisque les ingénieurs de Leica nous ont affirmé être en train de préparer une mise à jour du firmware pour le SL, il y a de bonnes chances que les performances de son AF évoluent positivement. Mais de là à taquiner les boîtiers pros de Canon et Nikon dans ce domaine, il y a de la marge.

Ergonomie déroutante

Ne comptez pas sur les inscriptions du boîtier pour vous guider, il n’y en a pas. Autant pour la classe que pour le dépouillement zen, Leica a choisi de livrer un boîtier des plus spartiates ! Il faut lire le guide ou découvrir à tâtons : nous avons découvert qu’il fallait appuyer de manière continue sur certains boutons pour faire apparaître certains menus comme l’accès rapide aux ISO, à la correction d’exposition, etc.

L’interface logicielle répartie en onglets (supérieur gauche et droite, inférieur gauche et droite) se pilote avec les quatre boutons rectangulaires à l’arrière et demande, elle aussi, un certain temps d’adaptation… et quelques errements. Si on finit par trouver la fonction recherchée, il y a quelques doublons et le photographe aura intérêt à s’investir dans les menus des favoris afin d’accéder rapidement aux fonctions dont il a le plus besoin.

Bonne qualité d’image, propre à 6400 ISO

Toutes les images JPEG qui sortent de ce boîtier sont bonnes. Le zoom n’est clairement pas assez piqué à notre goût (lire plus loin) mais il n’a quasiment pas de défauts optiques et les couleurs sont techniquement très justes.

Vous pouvez visionner ET télécharger les images de test en haute définition sur notre album Flickr.

Equipé d’un capteur CMOS plein format 24×36 de 24 Mpix, le Leica SL ne fait pas la course aux mégapixels, mais offre une définition suffisante pour nombre de domaines.

Cette définition sage permet à Leica de bien gérer la montée en hautes sensibilités : le bruit numérique est ainsi parfaitement géré jusqu’à 6400 ISO voire 12 500 ISO.

On peut même pousser le vice à 25 000 ISO, en reportage par exemple, tant la granularité du bruit est fine (mais les détails et les couleurs s’envolent). Sans égaler les montées en ISO de Sony, Leica a réellement développé un savoir-faire dans la maîtrise des hautes ISO et ce SL en profite un maximum.

La monture T devient TL (ou presque)

Comme Sony, Leica propose deux types d’hybrides – plein format et APS-C – mais à la monture mécaniquement identique. Jadis nommée T, la monture se nomme désormais TL et toute optique du T se monte nativement sur le SL et vice versa. Montée sur un boîtier T, une optique plein format implique un recadrage de x1,5. A contrario, une optique APS-C n’utilise que la partie centrale du capteur d’un boîtier plein format, produisant ainsi des clichés non pas de 24 mais de 10 Mpix.

Vidéo : de la vraie 4K cinéma

Le boîtier tourne non seulement en 4K UHD, mais aussi en 4K cinéma : tout comme la vitesse d’AF ou l’excellente qualité du viseur, il est extrêmement surprenant de voir la progression de Leica dans le domaine de la vidéo tant la marque partait de loin. La qualité d’image est très bonne, mais on préfèrera un usage sur trépied tant le boîtier est lourd – on est loin de l’efficacité de la stabilisation vidéo de l’Olympus OM-D E-M5 Mark II. Notez tout de même que les entrées/sorties micro et casque ne sont utilisables que via un adaptateur, la prise étant propriétaire. Un adaptateur optionnel – et payant – of course…

Un 24-90 mm en demi-teinte

Avec le 24-90 mm 2.8-4, le SL pèse plus de 2 kg. Si cette optique est aussi massive, c’est que le système de mise au point par détection de contraste a contraint Leica à développer une formulation optique qui minimise le nombre de lentilles à déplacer lors de la mise au point. Et que la qualité des lentilles est « sans compromis ».

Ok pour la première explication technique, même s’il nous semble que les constructeurs japonais sont généralement plus doués que l’Allemand en ce qui concerne la miniaturisation et les optiques AF. Mais niveau qualité optique, nous sommes cependant un peu sur notre faim. Oui, les arrière-plans flous sont veloutés, les aberrations chromatiques absentes et le vignetage parfaitement maîtrisé ; logique, Leica aime la perfection optique.

Mais le mieux est l’ennemi du bien : nous aurions préféré une optique plus piquée, capable de mieux rendre les reliefs et textures quitte à profiter de corrections logicielles. Ce piqué est cependant très modéré, et il faut clairement shooter en RAW et pousser la clarté ou la netteté pour obtenir des images saisissantes. Leica a certes fait de la douceur du rendu sa marque de fabrique, mais là c’est un peu trop.

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