Sigma DP2 : la promesse
Surprenant boîtier que le DP1 de Sigma ! Le premier compact au monde à être équipé d’un capteur de reflex, l’un des seuls du genre à intégrer une optique à focale fixe, un appareil à un prix très élevé, etc. Il était hors norme. Nombre de photographes avertis et professionnels furent intrigués, voire excités, avant sa sortie. Las, les résultats furent plus que mitigés. L’ovni ne fut pas le Leica de poche que l’on attendait. Lent, mou de l’autofocus et bruitant beaucoup trop, le DP1 ne parvint pas à convaincre, ses ventes furent confidentielles. Aujourd’hui, Sigma remet le couvert avec le DP2. La marque nippone a-t-elle enfin accouché du compact de rêve ?
Sigma DP2 : la réalité
Avant de voir plus avant la partie technique, parlons argent. Au moins Sigma aura su être plus commode côté prix. L’appareil est proposé à 600 euros, quand le DP1 se négociait, aux premières heures, à 850 euros. C’est somme toute normal, puisque ce DP2 est très semblable à son aïeul, et que le marché de la photo perd de la valeur, on trouve de bons reflex à 550 euros. Autant dire que, même à 650 euros le boîtier sans zoom, nous avons été exigeants.
Même processeur, mêmes erreurs ?
Le processeur qui anime ce DP2 est le même que celui de son prédécesseur. Ce n’était pas, selon nous, un argument vendeur, puisque le DP1 était mou et peinait en basse lumière – le contrôle électronique incombant au processeur central. C’est malheureux à dire, mais Sigma nous a bien fait une « rebelote » : l’appareil et toujours lent et, quoique quelques progrès se fassent sentir, bruite toujours beaucoup trop dans les basses lumières. Coup dur pour le DP2.
La mise au point qui patine
Gros point faible de l’appareil : sa lenteur, particulièrement à la mise au point. Si les menus –tarabiscotés – répondent assez bien, l’enregistrement en RAW prend du temps, quasiment autant que l’intervalle de prise de vue. Une chose est sûre, il faut oublier le reportage de rue, le DP2 est un appareil pour les contemplatifs.
Mais le pire défaut est sans aucun doute la mise au point, lente, désespérément lente. Certes un peu plus rapide que le DP1 (difficile de faire plus apathique), le DP2 reste un appareil lambin. Les plus philosophes célébreront cette contrainte technique en scandant un éloge de la lenteur. Les autres, sans doute plus prosaïques, pesteront. Choisissez votre camp, nous, on a râlé.
Une optique pourtant plus reportage
Chaque photographe est un cuisinier, il choisit ses ingrédients (ses optiques) en fonction de sa culture, de ses talents, de ses besoins et… de ses deniers. Le reportage se joue souvent entre 28 mm, 35 mm et 50 mm. De 28 mm sur le DP1, Sigma est passé à 40 mm sur ce DP2, une focale moins contemplative, plus proche du sujet, plus reportage. Une mixture optique qui fait bien son travail – les images en pleine lumière sont belles et bien détaillées, le piqué est bon – et qui aurait pu sans doute faire mieux, n’eussent été les difficultés électroniques susmentionnées !
Timide progression dans la montée en ISO
Gros écueil que celui des hautes sensibilités, pour Sigma comme pour les autres. Avec ceci d’inexplicable que, maîtrisant parfaitement la partie optique – Sigma est un fabricant réputé – et disposant d’un gros capteur et d’une optique fixe moins problématique, Sigma peine à offrir une alternative vraiment crédible aux compacts haut de gamme de la concurrence.
Quelques progrès sont notables dans ce DP2, notamment celui du grain, plus fin, et celui de la limite exploitable, étendue à 800 ISO. Mais, même à ce niveau, on ne parle même pas au-delà, sans RAW (les « négatifs numériques », qui demande à être développé avec des logiciels adéquats), point de salut. Les Jpeg ne sont en effet satisfaisants que jusqu’à 400 ISO. Pour un appareil avec un capteur de reflex, c’est peu, beaucoup trop peu.
L’appareil des poètes
En plein jour, et plus volontiers sur un pied, le DP2 donne de très bons résultats. Borné entre 100 et 400 ISO en RAW, l’appareil délivre des clichés de la classe d’un reflex dans un boîtier bien plus compact. Mais, en dehors de cet exercice, point de salut ! L’appareil est fait pour la composition réfléchie, pour les esthètes de la lumière, pour les poètes du jour. Bref, pour tous ceux qui ont du temps à mettre dans une idée. Pourvu que cela ne soit pas en conditions difficiles !
Une qualité de fabrication excellente…
Sigma revendique un fort patriotisme dans ses communications. Il affirme que tous ses produits sont made in Japan, en clair, not made in China, avec tout ce que cela implique. Et s’il y a bien une chose que nous ne lui enlèverons pas, c’est sa qualité de fabrication, excellente, qui en dit long sur le soin apporté par les ouvriers japonais. Pour le design on repassera, le DP2 est aussi élégant qu’un U-Boot de la Kriegsmarine, ou on conviendra que le style vieillot a du charme (c’est très personnel, nous, on adore).
Une ergonomie à revoir de fond en comble
Mais si on peut revendiquer un côté sexy à ce look vintage, nous serons moins tendres avec l’ergonomie du produit, qui est tout sauf agréable. De la navigation aux boutons disponibles, rien ne nous a pleinement donné satisfaction. Certes, qui dit nouvel appareil dit qu’il faut prendre le pli et s’habituer. On se doit de faire plus d’efforts pour les petits acteurs qui n’ont pas la puissance d’un Canon. Mais là, c’est tout sauf intuitif. Et c’est bien dommage!
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