HIS Radeon HD 5870 : la promesse
DirectX, la célèbre API de Microsoft chargée de faire le lien entre les accélérateurs graphiques et les moteurs 3D des jeux vidéo, dicte aux constructeurs de cartes graphiques une cadence de renouvellement de leur gamme plus ou moins soutenue selon les époques. Ces temps-ci, AMD et NVidia ont été quelque peu chahutés! Pour la nouvelle évolution majeure de DirectX, à savoir la version 11, AMD/ATI tire le premier avec son Radeon HD 5870. Résolument haut de gamme, cet engin se négocie autour des 350 €, ce qui le destine en priorité aux fous de jeux et de 3D. Nous avons testé cette puce, placée en l’occurrence sur une carte graphique du constructeur HIS. Voici nos conclusions.
HIS Radeon HD 5870 : la réalité
Les caractéristiques techniques de cette nouvelle puce sont celles d’une arme de guerre. Le processeur graphique (ou GPU) est cadencé à 900 MHz et le Go de mémoire graphique l’est à 1100 MHz (contre respectivement 750 MHz pour la précédente génération, le Radeon HD 4870). Mais cette montée, certes significative en termes de cadence de fonctionnement, ne constitue qu’une partie finalement marginale du travail de refonte complet de l’architecture de la carte. La puce RV870, gravée en 40 nm qui équipe la carte, accueille pas moins de 1600 unités de calcul et 2,15 milliards de transistors, soit exactement le double par rapport à la génération précédente et aussi davantage que la NVidia Geforce GTX 285 qui, si l’on ose dire, se contente de 1,4 milliard de transistors. La largeur de bus, autrement dit l’interface entre le GPU et la mémoire graphique, est, en revanche, de seulement 256-bits contre 512-bits pour le haut de gamme de chez NVidia, d’où de possibles risques d’engorgement dans le traitement des données transitant entre la mémoire de la carte et le GPU. Cela dit, la mémoire utilisée est ici de type GDDR5 contre du GDDR3 chez la concurrence, ce qui compense en partie cette limitation imposée à n’en pas douter par des questions de coût de fabrication.
A consommer de suite ou à emporter?
Attention, dans cette course à l’armement, les bénéfices en termes de qualité d’image et de performance ne sont jamais immédiats. Encore faut-il que les applications, et notamment les jeux, soient programmées pour intégrer les avancées techniques proposées par la nouvelle plate-forme logiciel-matériel, c’est-à-dire DirectX 11, exploité par un Radeon HD 5870, première carte graphique pleinement compatible.
En théorie donc, et on l’espère bientôt en pratique, DirectX 11 intégré en standard dans Windows 7 (et à l’aide d’un simple patch pour Windows Vista) apporte d’abord une meilleure prise en compte des processeurs multicœurs qui peuvent désormais communiquer de concert avec la carte graphique, et non plus l’un après l’autre comme auparavant. Ensuite viennent les Shader Model 5.0 pour des effets graphiques plus riches. Mais les deux principales innovations sont la prise en compte directement à travers DirectX 11 de la «tesselation» (déjà possible à programmer auparavant, mais non standardisée) et du «Direct Compute 11». Toutes deux requièrent une nouvelle architecture de la puce graphique avec des unités de calcul spécialement conçues pour ces traitements spécifiques. La tesselation consiste, de manière très schématique, à démultiplier le nombre de triangles (forme de base de la 3D) qui composent les objets 3D. Ainsi, le nombre de détails augmente de manière drastique sans pour autant ralentir le traitement, et, pour donner un exemple, les courbes sont vraiment courbes sans que des arêtes suspectes n’apparaissent. Direct Compute 11 consiste, quant à lui, à charger le processeur graphique de tâches annexes dépassant le seul calcul de la 3D. A l’instar de NVidia, qui a pris pas mal d’avance dans ce domaine avec ses technologies spectaculaires PhysX, pour le calcul des réactions physiques des éléments d’un jeu et Cuda, qui marie la puissance du CPU à celle du GPU pour des calculs complexes.
Prometteuses sur le papier ces innovations, rappelons-le, ne sont pas encore exploitées par les jeux, mis à part et contre toute attente le jeu de stratégie en temps réel BattleForge édité par Electronic Arts. Le jeu de course automobile Dirt 2 de Codemasters ou celui de combats guerriers Battlefield Bad Company 2, devraient suivre très prochainement.
Performances brutes bonnes, mais pas explosives
Dans nos mesures de performances, Le Radeon HD 5870 se comporte tr&erave;s bien, ce qui est la moindre des choses pour une carte haut de gamme. Pour le test, nous avons utilisé une machine de référence architecturée autour d’une plate-forme AMD. Cette puissante configuration se compose d’un processeur Phenom II X4 940 cadencé à 3.01 Ghz, de 4 Go de mémoire vive DDR2, le tout monté sur une carte mère Asustek M4A79Deluxe.
Avec l’outil de bench 3D Mark 2006, le score global est de 16 748 et on atteint 7825 avec le 3D Mark Vantage en réglages Extreme, soit avec tous les détails à fond et dans une résolution de 1920 x 1200 pixels. La carte se place juste en-dessous du AMD Radeon 4870X2 qui embarque pourtant deux processeurs graphiques. Par rapport au NVidia GeForce GTX 285 (simple GPU), on est clairement au-dessus, avec un gain de 9% seulement sous 3D Mark 2006 en réglage de base, mais un bond de 22% sous 3D Mark Vantage paramétré en mode Extreme. Seules les cartes graphique Nvidia GeForce GTX 295, elles aussi pourvues de deux GPU, repassent devant avec un écart de 12 % sous 3D Mark Vantage Extreme.
Eyefinity, quand la 3D s’étale sur plusieurs écrans
Eyefinity, par-delà l’appellation marketing, est une fonction exclusive d’ATI qui fera envie aux joueurs enthousiastes: la possibilité de gérer plus de deux écrans à travers une seule et même carte graphique. Le mode le plus courant est celui qui combine 3 écrans en configuration paysage ou 3 écrans inclinés en mode portrait. Une pléiade de titres est compatible puisque la cuisine interne se réalise au niveau des pilotes de la carte. L’image se répartit alors sur tout l’affichage. Tout en se concentrant sur l’écran du centre, on peut voir défiler les bas-côtés de la route dans une simulation de course, voir ses coéquipiers ailés dans un jeu de combats aériens, voir les ennemis tenter de nous déborder sur les côtés dans un shoot 3D… bref, l’immersion s’en trouve considérablement confortée.
Revers de la médaille, il faudra disposer d’au moins un écran avec une entrée Display Port (à ne pas confondre avec le HDMI!) parmi les trois (sans que ce soit forcément le principal) pour bénéficier d’Eyefinity. De fait, la liste de LCD ainsi équipés n’est pas si longue.
Il faut savoir aussi que comme pour la technologie très probante et encore plus spectaculaire -à notre avis- 3D Vision de NVidia, qui fait jaillir la 3D dans et hors de l’écran, les performances sont affectées par ces artifices. Dans un cas, le 3D vision de Nvidia, il faut un écran à 120 Hz pour afficher le double d’images, performances logiquement divisées par deux mais seule manière permettant, par oblitération rapide de la vision droite puis gauche, de simuler cette 3D presque palpable. Dans l’autre cas, Eyefinity d’ATI, la résolution de notre grand, très grand écran à la résolution de 5760×1200 pixels, soit 3x1920x1200 pixels, plombe aussi quelque peu les performances de 40%. Toutefois, gardons à l’esprit que ces avancées technologiques placent le consommateur devant un choix cornélien avec d’un côté la nécessité d’acheter un écran muni d’une entrée Display Port et de l’autre le 3D Vision exigeant lunettes spéciales et écran à 120 Hz…
Petits boîtiers s’abstenir
Si la carte est imposante et longue de 27,9 cm (mieux vérifier la place disponible dans son boîtier avant de se lancer!), le niveau de consommation électrique en charge comme au repos se place parmi les plus bas que nous ayons mesuré sur les cartes graphiques haut de gamme. Cette constatation étant aussi valable pour le bruit comparable à celui de la NVidia GTX285 et bien en deçà du tonitruant Radeon HD 4870X2. La facture demeure quoi qu’il en soit un peu élevée, surtout quand on sait que les jeux DirectX 11 ne sont pas encore disponibles à la vente. Il est donc urgent d’attendre la riposte de NVidia et sa série des GeForce 300 qui, elle aussi, supportera DirectX 11.
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