Apple Apple TV 32 Go : la promesse
Passer du statut de hobby, tout de même écoulé à 20 millions d’exemplaires, à incarnation de la « télévision du futur ». Avec cette quatrième génération, l’Apple TV encaisse une sacrée pression. D’autant qu’avec les box Internet françaises, les offres VOD et sVOD, les consoles de salon, qui flirtent avec le multimédia, ou encore les différents boîtiers connectés présents sur le marché – nous vous préparons d’ailleurs un comparatif des principaux acteurs du marché –, la consommation de la télévision varie énormément d’une personne à une autre et d’un pays à l’autre. Alors ce futur de la télévision, que donne-t-il ?
Apple Apple TV 32 Go : la réalité
Si à vos yeux, un boîtier multimédia doit en imposer, façon Xbox One, passez votre chemin. L’Apple TV de quatrième génération conserve les mensurations menues de son aînée, en gagnant toutefois en épaisseur. Un embonpoint justifié par l’espace nécessaire au bon fonctionnement du processeur plus puissant (Apple A8), épaulé de 2 Go de Ram et surmonté d’un caloduc, bref de quoi assurer le spectacle.
Déconvenues et limites
Lorsque vous déballez votre Apple TV et sa télécommande/manette, vous remarquerez qu’il n’y a pas de câble HDMI (vendu 25 euros sur l’Apple Store), pas plus que de cordon USB Type-C, qui sert essentiellement aux développeurs à l’heure actuelle. En définitive, vous vous retrouvez avec de quoi brancher le boîtier au secteur et de quoi recharger la télécommande, à savoir un câble Lightning. Rien de plus.
Si vous cherchez la fameuse dragonne qui vous servira à maintenir la télécommande en mode manette à votre poignet, jetez un œil du côté de l’Apple Store en ligne, c’est là que vous la trouverez, moyennant 15 euros. Si elle vous paraît un peu chère, regardez le prix d’une Siri Remote neuve, 89 euros, et vous sauterez peut-être le pas.
Pour continuer avec les petits désagréments, une rapide inspection de l’arrière de la bête vous fera remarquer que la sortie audio optique présente sur la génération précédente a disparu. Dommage pour ceux qui y branchaient leur installation hi-fi et réservaient le HDMI à leur téléviseur.
Mais tout n’est pas noir, profitons d’un petit instant de magie à ne pas manquer. Il est possible de configurer l’Apple TV en posant simplement son iPhone déverrouillé sur le boîtier – pour peu qu’on utilise le même compte Apple sur les deux appareils. Dès lors, réseau Wi-Fi et autres préférences sont automatiquement configurés sur l’Apple TV.
Enfin, pour en finir avec les récriminations de base, constatons que la quatrième génération du boîtier est toujours fermée au monde. N’espérez pas (pour l’instant ?) lui accoler un disque dur ou une clé USB pour lire des contenus – et faites une croix sur la 4K (pour l’instant également ?).
Siri, la voix du succès
Nous devons avouer que nous utilisons Siri avec parcimonie sur iPhone, un peu plus sur la Watch, avec des réserves, toutefois, autant liées à la capacité de l’assistant personnel à bien saisir ce qu’on dit et à bien le retranscrire qu’à notre volonté de ne pas brailler notre vie privée en public.
Avec l’Apple TV, les choses sont différentes. Tout d’abord, vous êtes dans votre salon. Ensuite, ce Siri n’est pas celui que vous fréquentez depuis 2007. C’est une version spécialisée, allégée, mais pas dépourvue d’un certain sens de l’humour.
Elle ne parle pas, écrit seulement et se limite essentiellement à des recherches vocales – une bonne nouvelle tant il est pénible de saisir du texte. Elle permet ainsi de retrouver des films (sur l’iTunes Store ou Netflix, pour l’instant) historiques, musicaux, d’actions, avec Jean-Paul Belmondo, ou d’autres acteurs, selon vos préférences, d’avancer dans la lecture d’un film, de revenir à son début, de rembobiner (et d’ajouter les sous-titres) quand vous n’avez pas entendu une réplique à cause d’un bruit parasite en disant « qu’est-ce qu’il a dit », etc.
Dans l’ensemble, la reconnaissance vocale fonctionne bien. Il nous est toutefois arrivé d’obtenir des retranscriptions assez hasardeuses, mais la plupart du temps, quand des gens parlaient en même temps que nous à distance audible.
L’assistant personnel est tellement pratique – malgré ses défauts – qu’on peine à accepter qu’il soit si limité. N’espérez pas l’utiliser pour trouver une application dans l’App Store – dommage car il n’y a pour l’instant pas de catégories – ou pour lancer un morceau de musique. Sans doute est-ce la timidité des débuts, mais Siri est parfois trop discret.
Un début de futur
Siri peut également lancer pour vous une application – pour peu qu’elle vous comprenne – ou vous donner la météo, les cours de bourse de vos actions, les résultats de vos clubs de sport préférés, etc. Si vous utilisez iOS 9, vous ne devriez pas être dépaysé.
Ces informations s’affichent en surimpression sur la vidéo en cours de lecture, par exemple, et cette dernière est mise en pause quand on décide d’afficher ces données en plein écran pour mieux en profiter. On sent alors le savoir-faire d’Apple et on entrevoit un début de télévision de futur où les usages s’imbriquent en surcouche. A quand un mode multitâche comme sur iOS 9 sur iPad, avec écran partagé, mode image dans l’image (PiP), support de la visio-conférence, affichage de notifications, etc. ? Espérons que tvOS sera mis à jour régulièrement et se mariera étroitement avec ses trois grands frères que sont Mac OS X, iOS et WatchOS.
L’espoir venu de l’App Store
Car, le salut de l’Apple TV à court et moyen termes viendra du logiciel, de tvOS et surtout des fruits de l’App Store. L’offre de l’App Store de l’Apple TV est pour l’instant assez mince même s’il est difficile de savoir combien d’applications le peuplent.
Côté « vidéo », vous trouverez évidemment déjà les incontournables que sont Netflix, YouTube, Dailymotion, ARTE ou encore, Canal Play. Autant d’éléments qui permettent d’élargir l’horizon de l’Apple TV et d’en faire un début de hub multimédia digne de ce nom. Là où les services devaient travailler étroitement avec le géant américain pour figurer sur l’Apple TV de 3e génération, la solution applicative facilite grandement les choses. Elle donne un potentiel énorme et ouvre de nouvelles portes, déjà entrevues ailleurs, avec des applications de fitness pour le salon – et reliée à la Watch via l’iPhone, si vous les possédez.
Le potentiel de l’Apple TV est toutefois bridé par les zones géographiques, qui empêchent d’accéder à certains services, on pense notamment à HBO Now… Si la frustration est d’actualité, on se dit que la force du Store et le poids d’Apple pourraient changer cela dans le futur. On y croit…
Des jeux, encore des jeux
Actuellement, le Store est dominé par les jeux – et c’est normal vu que c’est un des aspects de l’Apple TV que les équipes de Tim Cook veulent mettre en avant – , mais on se prend aussi à installer des applications de cuisine ou de voyage. Epurée, très design, fluide, réactive, intuitive et facilement navigable, l’expérience iOS adaptée sur grand écran est vraiment agréable, même si on passe son temps à appuyer sur le bouton Menu (l’équivalent du bouton Home). Du moins pendant les premières heures de la phase d’exploration.
En revanche, il faut noter que pour l’instant il n’est pas possible de créer de dossiers pour regrouper ses applications par genre. De plus, l’interface principale de l’Apple TV se résume à une longue page sur laquelle s’affichent toutes les icônes des appli. S’il est possible de contempler de petits effets de parallaxes, de les réorganiser à l’envi et même de mettre dans la bannière du haut ses cinq programmes préférés, il faut espérer qu’on pourra mieux organiser tout cela quand les applications se seront multipliées sur nos Apple TV.
Une télécommande presque parfaite…
Evidemment la clé de cette transposition de l’expérience tactile d’iOS est l’Apple Remote, la télécommande minimaliste et tactile qui accompagne l’Apple TV. On passera sur le fait qu’on a souvent tendance à la prendre à l’envers quand on la saisit sans trop faire attention, pour lâcher d’emblée qu’on ne sait pas trop quoi en penser. Nous sommes partagés entre bienveillance enthousiaste et léger agacement.
Pour naviguer dans les menus, entre les différentes applications et interfaces, elle s’avère parfaite et vraiment pratique. On apprécie également qu’elle soit capable, sans configuration, d’éteindre et d’allumer le téléviseur auquel est branché l’Apple TV.
Les choses commencent à se gâter quand on doit saisir des mots de passe ou des identifiants de compte. Dans ce cas, elle fait meilleure figure que son aînée sans pour autant être agréable à utiliser. On aura beau jouer sur les trois niveaux de sensibilité de sa zone tactile, placée en haut de la télécommande, rien n’y fait. On regrettera même de ne pas pouvoir (pour l’instant, a priori) utiliser l’application Remote sur son iPhone pour contrôler cette quatrième génération d’Apple TV.
Jusqu’à ce qu’elle essaie d’être une manette
En revanche, quand on se met dans l’idée d’utiliser la télécommande pour jouer, les choses se compliquent vraiment. Au point qu’on a eu l’impression, face au pourtant très agréable Lumino City, de revivre l’expérience plutôt déplaisante des premiers CD Interactive de Philips.
Nous avons bien entendu essayé différents genres de jeux : course automobile (Asphalt 8), plates-formes (Rayman Adventures ou encore Canabalt), jeux de rythme (Beat Sports), arcade (Geometry Wars,… ), etc.
A chaque fois, tôt ou tard dans notre partie, même les plus courtes, l’Apple Remote a montré ses limites en tant que périphérique ludique. Les jeux qui se satisferont de la télécommande sont les plus simples, ceux qui ne nécessitent guère plus qu’une pression sur la surface tactile.
Même dans Rayman Adventures, pourtant pensé pour être joué ainsi, c’est la relative latence de réaction du pavé tactile qui frustre. Petit souci auquel s’ajoute un autre problème, celui du bouton menu. Pris dans la partie, il n’est pas rare que le pouce descende peu à peu et appuie collatéralement sur ce bouton, au lieu de presser uniquement la surface tactile pour sauter, ce qui met le jeu en pause. Insupportable.
Les jeux comme Beat Sports – largement mis en avant par Apple lors de sa keynote – nous ramènent presque dix ans en arrière quand la Wii est sortie et nous faisait découvrir sa Wiimote. Sauf qu’ici, la manette lisse et très petite tient mal en main. La dragonne est dès lors un achat obligatoire pour éviter de la fracasser au sol ou dans votre téléviseur.
En définitive, même si sa taille pose un peu problème pour la tenir correctement, surtout quand la dragonne est fixée, c’est en mode horizontal, en tant que « volant », que l’Apple Remote s’en sort le mieux et fait son office de manette.
Mais n’en doutez pas, toute personne un peu sérieuse quand il s’agit de jouer devra passer par la case achat d’une manette Bluetooth compatible, comme la Nimbus de SteelSeries, par exemple. Ne serait-ce que pour profiter des modes multijoueur plutôt sympas. Avec une manette, la donne change et on pourra apprécier de manière plus décontractée le côté console de salon naissante de l’Apple TV.
La puce Apple A8 se sort en tout cas bien de son rôle et affiche sans broncher l’interface et les jeux. Nous n’avons pas noté de ralentissement lors de nos différentes sessions de jeu.
Des pistes à creuser, des choses à améliorer, un futur à inventer
tvOS est un système d’exploitation jeune et qui a encore beaucoup de chemin à parcourir. On mettra sur ce compte le fait qu’il n’y ait pas de compte utilisateurs – ce qui est très problématique dans les jeux. Il n’y a rien de plus désagréable que de voir l’une de ses sauvegardes écrasées ou l’une de ses parties perdues par quelqu’un d’autre. C’est aussi à cette jeunesse qu’on imputera le manque d’envergure relatif de Siri – qui devrait s’étoffer dans les mois à venir. C’est au faible taux de pénétration de la 4K – et à son absence dans l’univers iTunes Store – qu’on reprochera la Full HD uniquement. Enfin, c’est à une volonté de compromis acceptables qu’on liera les défauts ergonomiques de la manette qui se veut joypad…
(Crédits photo : Lionel Morillon)
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