Encore un miraculé chez Apple ! On le croyait oublié, défait, condamné à une survie motivée par un brin de nostalgie et beaucoup de pitié, et le revoilà dans la course. L’iPod touch revient d’entre les morts. Son édition 2019 est là, avec ses forces, ses faiblesses et un héritage lourd comme le monde. Elle va devoir répondre à une série de questions de taille : à quoi peut bien encore servir cet iPod en 2019 ? Ou plus exactement quel est son but dans la vie ? A qui s’adresse-t-il ? Et surtout, pourquoi nous fait-il tant penser à quelques-uns des plus beaux vers de Lamartine ?
Back to the past…
Dès qu’on ouvre sa boîte, on se retrouve enveloppé dans une douce odeur de nostalgie numérique. On pourrait être en juillet 2015, en octobre 2012, en octobre 2010… bref, vous l’aurez compris chaque fois qu’un nouveau modèle a été lancé. Il faut dire qu’Apple ne s’est pas vraiment cassé la tête du côté de l’emballage – depuis quand n’y a-t-il plus d’adaptateur secteur dans la boîte ? – ou du design. L’iPod touch est tel qu’en lui-même, compact, fin et coloré.
Preuve confondante de son anachronisme, de son ancrage dans le passé – en tout cas au regard des normes appliquées chez Apple –, il a toujours une prise mini-jack ! Même si on s’en réjouit et s’il fonctionne parfaitement avec des AirPods.
Une fois qu’on l’a en main, on tique un peu devant son écran 4 pouces même si la dalle Retina est agréablement lumineuse (533 cd/m2) et bien contrastée (1269:1), mais bien moins bonne que ce qu’offre Apple habituellement en termes de fidélité colorimétrique. Jugez plutôt le delta E est à 3,22, plutôt dans la moyenne basse pour Apple.
En fait, on n’a plus trop l’habitude d’être confronté à si petit – et pour cause les iPhone sont passés à 4,7 pouces en 2014 ! -, d’autant que les bordures blanches sont bien visibles, épaisses.
Et puis, évidemment, un écran étroit implique des touches étroites pour le clavier virtuel. En l’occurrence, le frein est plus psychologique que réel, car nous n’avons pas produit trop de fautes de frappe.
L’impression d’être engoncé est toutefois désagréable. Soyons honnête, elle ne se manifeste pas tout le temps. Seulement quand on surfe sur le Web ou utilise Notes, par exemple. Ce qui arrive tout de même souvent. Quand on joue ou regarde un film, la magie de l’immersion fait le reste…
La sécurité zéro…
En revanche, il y a un point auquel on ne s’habitue pas… l’absence de bouton Touch ID. Présent sur les iPhone depuis l’iPhone 5S, sorti en septembre 2013, la reconnaissance d’empreinte digitale est un manque inexplicable de cet iPod touch. Encore un anachronisme qui va à rebours du discours d’Apple sur la sécurité essentielle de vos données et de vos appareils. L’iPod touch 2019 a un bouton Home vieux comme le monde et il faudra saisir votre code à quatre ou six chiffres à chaque fois.
On n’est alors pas loin de se dire que cet iPod touch est une repasse sans effort d’améliorations d’un facteur de forme éprouvé et désormais sans ambition. On l’espérait renouveau ou nouveau souffle, c’est la remise à niveau partielle d’un ancien roi, d’un appareil qui a fait la fortune d’Apple mais ne pèse désormais plus assez pour que l’innovation vienne le nimber d’une auréole séduisante…
Le potentiel des apps
C’est là un des enjeux de l’iPod touch 2019 pour le testeur, le considérer comme si on ne connaissait pas les smartphones de dernières générations, le regarder avec l’œil neuf de l’amour, ou en tout cas celui du nouveau-venu qui n’a pas l’habitude des écrans bord à bord et spacieux, de celui qui cherche toujours la pointe de la déferlante high tech. Ne pas y voir seulement les progrès gigantesques effectués depuis 2012, dernière grosse année de mises à jour de l’iPod touch.
Promis, on fera un effort, mais on ne pourra toutefois s’empêcher de regretter qu’Apple n’en ait pas fait un.
Pour tenir la promesse qu’on vient de vous faire, on l’a confié à un enfant né à peu près en même temps que l’iPhone et on a vu que l’iPod touch a des arguments pour séduire. Il est petit, tient bien en main et offre la presque infinité des applications de l’App Store et d’iOS 12. De quoi jouer, s’ébrouer, créer, communiquer et éventuellement travailler un peu.
L’offre applicative est une force qui compense, au moins partiellement l’absence de connexion au réseau opérateur. On utilise alors le Wi-Fi pour envoyer ses messages et on peut s’appeler avec WhatsApp ou FaceTime. Et puis, les iMessages et leurs cohortes de gifs animés et de stickers sont aussi là. En définitive, pour un jeune public, habitué au forfait téléphonique réduit, l’iPod touch a peut-être de l’attrait.
Encore un petit regret
Mais vient alors immédiatement la question de savoir si dire que l’iPod touch est pour le jeune public n’est pas un moyen de faire oublier ses manques. D’autant que les jeunes utilisateurs, aiment généralement faire des photos et les partager. Sur ce point la déception risque d’être au rendez-vous. Sans même parler de l’absence du mode portrait, réservé aux meilleurs iPhone, les clichés produits sont un peu justes. En pleine lumière, l’iPod touch sort des clichés corrects. Dès que la lumière baisse, mieux vaut l’oublier. Sauf à aimer le bruit et la fureur. Les vidéos, en 1080p et 30 i/s (maxi), sont soumises aux mêmes contraintes. De quoi s’amuser avec quelques petits clips, mais ce n’est clairement pas ce qui se fait de mieux en 2019… et pour cause tout date de 2015 sur ce point.
Et puis le prix n’est pas des plus abordables si ce périphérique est destiné au « jeune budget ». 469 euros pour 256 Go, ce n’est pas vraiment donné, n’est-ce pas ? Pour ce prix, on a des smartphones Android de très bonne tenue.
Des performances en hausse mais dignes de 2016
Penchons-nous sur les performances « objectives » de l’iPod touch 2019. Sans surprise, il terrasse son aîné, même si ses muscles sentent un peu le réchauffé. La puce A10 a beau être « vieille » – elle a vu le jour en septembre 2016 –, elle fait évidemment bien mieux que l’A8 qui équipait la sixième génération du baladeur d’Apple. Juste pour le plaisir des yeux et pour mieux constater le chemin parcouru, on vous a également ajouté les résultats de l’iPod touch de cinquième génération, sorti en 2012 et animé par l’Apple A5 bicoeur.
Jouons donc le jeu des comparaisons avec Geekbench. Pour aller au plus rapide, le processeur A10 de l’iPod touch 2019 affiche un score Geekbench Single Core équivalent à celui obtenu par la puce A8 du modèle 2015… en Multi Core. Le modèle 2019 est quasiment 12 fois plus performant que celui de 2012 et 1,86 fois plus puissant que le modèle 2015, avec un seul cœur.
En multicore, l’A10 prend évidemment aussi la main. Avoir quatre cœurs contre deux est forcément un avantage. L’iPod touch 2019 est 10,7 fois plus rapide que le modèle 2012 et 1,8 fois plus performant que son prédécesseur direct.
Enfonçons le clou avec 3Dmark et le test Ice Storm Unlimited, qui mesure les capacités graphiques de l’appareil. Avec son score de 27 076, l’iPod touch 2019 est 12,5 fois plus performant que l’iPod touch 2012 et 1,74 fois plus puissant que le modèle 2015.
Vous avez un de ces modèles et vous posez la question de renouveler votre appareil ? La puissance est clairement un atout pour ce nouveau venu.
Pour résumer plus succinctement, dans les grandes lignes, l’iPod touch marche dans les pas de l’iPhone 7, également équipé de l’A10, avec un léger retrait. Ce qui est assez logique, la puce A10 de l’iPod touch est cadencée à une fréquence plus basse que sur l’iPhone 7, 1,62 GHz contre 2,34 GHz. C’est assez pour profiter d’une expérience minimale en réalité augmentée ou de quelques nouveautés comme les appels Face Time groupés, et puis pour jouer, évidemment. iOS 12 est là et iOS 13 s’installera sans souci sur cet iPod. Ce morceau de passé a donc de l’avenir.
Autonomie, bémol
Vient désormais la question de l’autonomie. Pendant longtemps les iPod touch ont été assez bons dans ce domaine, très bons même. Mais la dernière génération avait marqué un recul sur ce point. Cette nouvelle itération continue sur cette lancée et souffre d’une autonomie décevante.
Ainsi, là où le modèle d’iPod touch de 2012 atteignait les 7h30 en lecture vidéo, le modèle 2019 franchit péniblement les 4h30… Ce sont plus de trois heures qui se sont évaporées en l’espace de sept ans. Difficile de le justifier. D’autant qu’à l’usage, on se retrouve, logiquement, à devoir bien plus souvent recharger la bête, qui ne bénéficie pas d’une recharge rapide.
Cette autonomie un peu courte écorne les souvenirs qu’on avait des anciennes générations d’iPod touch, quand ces petits terminaux avaient tout de la console de jeu portable. Désormais les parties sont écourtées et ce dernier accroc à nos espérances fait se demander finalement si Apple y croit encore…
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