Sur le grand champ de bataille de l’ère Post-PC, Apple et Microsoft se regardent en chien de faïence et constatent que ni l’un ni l’autre n’ont réussi à terrasser l’adversaire. De la voie rêvée par l’un, où les tablettes domineraient les PC et de celle envisagée par l’autre où les PC deviennent des tablettes, aucune n’a pris le pas.
Pourtant, avec la patience d’un Pygmalion des temps modernes, Apple continue de creuser son sillon, de pousser en avant sa vision, réajustée et affinée depuis l’apparition de la gamme Pro de ses iPad. Une question s’impose alors : avec l’iPad Pro 11 pouces, Apple réussit-il à créer sa Galatée ?
Tout pour l’écran
Comme le modèle 12,9 pouces, l’iPad Pro 11 pouces a droit à ce changement bienvenu qu’est le nouveau design pensé par les équipes de Jonathan Ive. Une tranche plus affirmée, bien que fine, qui donne un air plus parallélépipédique à l’ensemble. Une esthétique, qui rappelle les iPhone 4 et 4S, cerclés de métal, et puis surtout, cette disparition quasi-totale des bordures sur la façade avant. L’écran est partout, omniprésent et superbe.
Il affiche une définition de 2388×1668 pixels, avec une résolution de 264 ppp. La technologie Liquid Retina en met plein les yeux et pour cause, Apple a mis tout son savoir-faire dans cette dalle.
Les couleurs sont incroyablement bien rendues et fidèles. Le modèle 11 pouces se paie d’ailleurs le luxe d’obtenir un Delta E 2000 supérieur à celui de son grand frère de 12,9 pouces. Il se voit ainsi attribuer un 1,45 (contre 2,29 pour l’iPad Pro grand format), un résultat exceptionnel. Rappelons que plus le Delta E est proche, plus les couleurs sont justes. Si la dalle est un peu moins lumineuse à 515 cd/m2 (contre 619 cd/m2), son contraste est supérieur là aussi : 1609:1 contre 1548:1 pour l’iPad Pro 12,9 pouces. On l’aura compris, mettre en avant cette dalle est une très bonne idée.
D’autant que cet écran tactile omniprésent s’accompagne de (ou est rendu possible par, selon où on voit la poule et l’œuf) l’introduction de Face ID, la technologie de reconnaissance faciale qui remplace en l’occurrence le bouton Touch ID habituellement logé dans les larges bordures désormais disparues.
En l’occurrence, l’arrivée de Face ID est une vraie réussite. Son implémentation est parfaitement adaptée. On l’utilise verticalement ou horizontalement sans réfléchir, ou l’active en appuyant sur la touche Espace du Smart Keyboard Folio. Et il faut bien reconnaître que Face ID est bien plus adapté à une tablette que Touch ID.
Néanmoins, précisons qu’on ressent vraiment la différence entre les iPad Pro 12,9 et 11 pouces. Le 12,9 pouces concurrence les MacBook Air et Pro (13 pouces) par le confort de sa zone d’affichage. Il offre un ratio d’écran de 85,3% tandis que l’iPad Pro 11 pouces se contente d’un ratio de 82,8%. Visuellement, les bordures paraissent plus épaisses, on retrouve l’impression relative d’exiguïté que produisaient les MacBook Air 11 pouces, en leur temps. Cela signifie que si vous les aimiez, vous devriez accrocher à cet iPad Pro.
Clavier et stylet, Smart Keyboard Folio et Apple Pencil 2
A l’usage, il nous a également semblé que le clavier de l’iPad 11 pouces, vendu en option (199 euros), était moins confortable pour la frappe au kilomètre surtout quand on ne l’utilise pas sur un bureau. Légèrement plus étroit, il oblige à davantage resserrer ses mains, ce qui ne facilite pas la tâche ni son équilibre quand il repose sur des genoux. Néanmoins, le Smart Keyboard Folio est suffisamment stable et rigide pour être utilisé de manière un peu acrobatique.
Il nous faut juste dire que nos doigts ont eu plus de peine à y trouver leur aise. Pour le reste, la course des touches est identique à celles du clavier du 12,9 pouces. Assez ferme, elle produit un bruit qui rythme agréablement la saisie de texte.
Au-delà de la partie clavier, le Smart Keyboard Folio protège bien l’écran quand il est refermé. Il n’offre pas de jeu et entoure les deux faces de la tablette. Les Smart Connectors, désormais au dos de l’iPad Pro, l’alimentent sans problème et les ingénieurs d’Apple ont évidemment pensé à le désactiver, quand l’iPad n’est pas engagé dans une des deux encoches qui le maintient verticalement. Cela évite de se retrouver à saisir des suites de lettres et de chiffres par erreur quand le clavier-couverture est rabattu derrière l’iPad Pro.
Néanmoins, nous aurions apprécié que cette petite sécurité connaisse une entorse. En effet, il serait vraiment pratique de pouvoir utiliser quelques raccourcis-clavier quand on travaille au stylet, la tablette et son clavier à plat. Cela permettrait de changer d’outils en appuyant sur quelques touches tout en continuant à utiliser le stylet – comme on le fait avec une tablette graphique.
Quoi qu’il en soit, l’iPad 11 pouces a droit à un connecteur magnétique sur le côté droit, comme son grand frère. Il permet de maintenir et charger l’Apple Pencil de deuxième génération. Plus compact et moins confortable pour la saisie au clavier, le 11 pouces est un superbe compagnon pour la prise de notes manuscrites… ou pour le dessin, si vous avez ce talent, cette passion.
Le stylet est bien plus agréable que celui de génération précédente. Sa face biseautée assure une meilleure prise en main. L’astuce qui, d’une double tape à la base de la surface plane, change les outils utilisés est une belle trouvaille. Peut-être aurait-il été préférable d’utiliser le haut du stylet pour y placer une gomme, ce qui aurait permis d’enrichir les interactions possibles en recourant uniquement au stylet.
On notera simplement, puisqu’on parle d’autonomie, que l’Apple Pencil nous a semblé se décharger assez rapidement quand il n’est pas utilisé et qu’il n’est pas aimanté sur le côté de la tablette. Mieux vaudra l’y laisser le plus possible.
De la puissance plus qu’il n’en faut…
Mais dans l’ensemble, il n’y a pas grand-chose à reprocher à cet iPad, à part peut-être, comme pour le modèle 12,9 pouces, la disparition du port mini-jack… Mais cette perte est excusée par l’avalanche de puissance apportée par l’Apple A12X Bionic et les 6 Go de mémoire vive qu’embarque le modèle que nous avons testé.
Dans les faits, cet iPad Pro 11 pouces est bien plus puissant que les iPad de génération précédente. En se fiant aux résultats de Geekbench (multi-core), il est environ 1,8 fois plus performant que les modèles 12,9 et 10,5 pouces. Quand on se tourne du côté des derniers MacBook et MacBook Air, la tendance est identique. Les tests réalisés avec Geekbench ne laissent aucune place au doute. La tablette enfonce ses concurrents ultra-portables.
Quand on se penche sur la partie graphique, la domination de l’iPad 11,5 pouces 2018 se renforce. La dernière-née des tablettes d’Apple est environ 1,6 fois plus performantes que ses aînées directes. En se tournant vers les MacBook et MacBook Air, la tendance est encore plus écrasante. L’iPad Pro 11 pouces 2018 est plus de deux fois plus performantes que le MacBook Air 2018… D’ailleurs, seul le MacBook Pro 15 pouces, qui bénéficie d’une puce graphique dédiée, fait mieux en l’espèce. Les puces Intel intégrées au processeur central sont balayées par celles développées par Apple.
Pas étonnant, dès lors qu’on constate que tous les usages du quotidien sont fluides. Apple fournit plus de puissance qu’on n’en peut utiliser, sans doute, sauf à vouloir éditer de gros fichiers 4K, et encore.
Du côté des applications l’App Store est un monstre au ventre plein, rebondi. Au-delà de cette abondance, s’ajoute de plus en plus la pertinence d’applications professionnelles pensées pour les iPad. Il peut s’agir aussi bien de prises de note que de graphismes, tout est là, ou en passe de l’être si on regarde du côté d’Adobe. De fait, on trouve quasiment systématiquement les programmes qu’on a l’habitude d’utiliser sur Mac.
Une fois encore, et comme nous le disions à propos de l’iPad Pro 12,9 pouces, le seul point bloquant, c’est iOS 12. Son interface est parfaite pour un usage de consultation mais ralentit encore la productivité, les enchaînements de micro-tâches qui constituent le quotidien. Il y a de nombreuses pistes envisageables et de forts espoirs. iOS 13 devrait s’enrichir de nombreuses fonctions qui ont été repoussées pour cause d’optimisation d’iOS 12. Le système mobile d’Apple gagnerait à se pencher davantage encore sur l’iPad pour en faire une vraie plate-forme polyvalente, de divertissement et de travail. Le matériel est prêt, ne reste plus qu’à attendre un système d’exploitation à la hauteur des promesses d’Apple.
La bataille de l’autonomie…
Si on ajoute le début d’ouverture avec l’arrivée d’un port USB-C, qui permet de décharger un appareil photo ou de recharger un smartphone, les atouts de l’iPad Pro pour concurrencer nos PC portables prennent de plus en plus forme. Même au niveau de l’autonomie, Apple a réussi à faire en sorte que le gain en puissance de ses tablettes ne soit pas synonyme de trop grosse perte.
Ainsi, le modèle 11 pouces que nous avons testé fait mieux que les iPad Pro 12,9 pouces 2018 et 2017 en autonomie polyvalente, qui simule de manière intensive les usages quotidiens d’un appareil. Il marque en revanche légèrement le pas en lecture vidéo, mais rien de grave.
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