Hades Canyon. Derrière ce nom de code se cache le tout dernier NUC très haut de gamme d’Intel, lancé sous la référence barbare NUC8i7HVK. Annoncé au CES 2018 en même temps que les EMIB Kaby Lake-G, ce mini PC prétend jouer dans la cour des grands. Comprenez, celle des ordinateurs pour joueurs. Car, le propre de son processeur, c’est d’embarquer à la fois des coeurs de traitement Intel mais, aussi, une partie graphique Radeon Vega conçue par… AMD. Bien entendu, pas question ici d’avoir autant de puissance que sur une RX Vega 56 ou 64 bien que l’architecture soit bien la même. Toutefois, jouer à des jeux 3D récents, dans de bonnes conditions (comprenez à 60 images par seconde de moyenne), en Full HD serait tout à fait faisable selon Intel. Vérifions ensemble ce qu’il en est véritablement.
Précisons que le NUC8i7HVK dont nous vous livrons le test est une machine barebone, c’est-à-dire qu’elle est vendue 1000 euros, sans mémoire vive, ni solution de stockage et sans OS. Il faut les ajouter a posteriori. Une autre version de la machine (NUC8i7HNK), moins puissante, est aussi disponible à 850 euros.
Pour notre évaluation, nous avons eu recours à de la mémoire Corsair DDR4 (Vengeance 2666 MHz) et Intel nous a prêté l’un de ses SSD 600P Series de 1 To pour héberger à la fois Windows 10, les programmes et les jeux. De quoi se constituer une jolie petite machine, dont le prix dépasse tout de même 1700 euros, licence Windows 10 comprise. Les mesures de performances que nous avons effectuées dépendent bien entendu de notre configuration et pourront différer suivant les jeux de composants sélectionnés.
Le NUC Hades Canyon est le plus gros des mini PC Intel sortis à ce jour. Et ce n’est pas le premier que le fondeur de processeurs destine aux jeux vidéo. Souvenez-vous, il y a deux ans, Intel annonçait et lançait le NUC6i7KYZ, une machine propulsée par un simple Core i7 (6700HQ), dont la partie graphique – l’Iris Pro 580 – devait lui permettre de s’aventurer dans les univers vidéoludiques, avec parcimonie. De cet ancêtre, le présent NUC a conservé les lignes du boîtier. Et la tête de mort qui s’illumine de mille feux dès qu’on le met en route.
Ce nouveau mini PC a toutefois un peu forci en deux ans. Et pour cause, la grosse puce Intel/AMD présente dans ses entrailles ne dégage pas la même puissance et doit avoir une solution de refroidissement appropriée pour fonctionner à plein. Ainsi, à la toise, on passe d’un contenant de 21,1 x 11,6 x 2,8 cm sur l’ancienne mouture à 22,1 x 14,15 x 4,2 cm.
Du côté de l’adaptateur secteur, l’encombrement est aussi à la hausse. Intel n’a pas fait dans la demi-mesure avec ce NUC (oh, le beau parpaing), un énorme bloc qui – selon nos mesures – délivre jusqu’à 245 watts pour nourrir convenablement ce mini PC.
Considérant les ambitions de ce NUC Hades Canyon, Intel met le paquet sur la connectique. Ainsi, il est possible – par exemple – de connecter un casque VR au mini PC, en utilisant les prises en façade (1 sortie HDMI, 2 prises USB 3.0, 1 USB Type-C, une entrée/sortie casque).
On peut aussi lui adjoindre les services de plusieurs écrans via les sorties vidéo classiques miniDP ou HDMI voire en utilisant les deux connecteurs Thunderbolt 3. D’ailleurs, ceux-ci pourront aussi accueillir une carte graphique externe au cas où. Ou des solutions de stockage compatibles.
Pour le reste des périphériques, quatre prises USB 3.0 se tiennent à disposition. Un kit audio optique pourra même être relié à la machine via la prise S/PIDF située à l’extrême gauche du panel arrière.
Enfin, précisons qu’Intel soigne la partie réseau de la machine en implantant deux prises réseau Ethernet Gigabit, un module Wi-Fi n/ac et Bluetooth 4.2. Difficile de faire plus complet pour un mini PC.
Montage aisé
Avant de mettre la machine en route, il faut ajouter les composants manquants. Pour ce faire, Intel a tout prévu et livre, dans la boîte, une clé Allen ainsi que toute la visserie adéquate. Une fois les fixations du dessus de la machine ôtées, il ne faut pas avoir peur de forcer un petit peu pour extraire le capot qui, laisse alors la place à une plaque en métal. Elle-aussi, il faut la dévisser tout en faisant attention de ne pas malmener le petit câble. Ceci fait, vous avez enfin accès aux entrailles de la bête.
Ajouter la mémoire est un jeu d’enfant, tout comme visser le SSD, nécessairement au format M.2 (PCIe NVMe). On remarque d’ailleurs qu’il y a un second emplacement pour un autre module de stockage mémoire flash, juste à côté du premier.
Une fois les quelques composants adjoints à la recette, on referme le tout et on démarre le petit monstre.
Des performances d’enfer ?
Pour faire nos tests, nous avons donc à disposition un NUC avec Core i7-8809G, le plus puissant des EMIB, overclockable si on le souhaite et qui embarque deux parties graphiques. Comme sur un PC portable dotée de la technologie Nvidia Optimus, elles pourront prendre ou non la main, tout dépend de la nature des applications lancées. Par exemple, pour regarder une vidéo sur YouTube, c’est le contrôleur Intel qui prend la main. Pour afficher des textures 3D complexes, la Radeon sort de son hibernation et se charge de les calculer et les afficher.
Pour les passionnés de fiche technique, voici le pedigree de la puce Intel. La partie CPU propose quatre coeurs cadencés à 3,1 GHz (4,2 GHz en Turbo Boost). Le contrôleur graphique Intel est un classique Intel HD Graphics HD 630 (350 à 1,1 GHz) et ponctionne de la mémoire système pour s’activer.
La Radeon RX Vega M GH, pour sa part, propose 24 unités de traitement (GCN) dont la fréquence peut atteindre 1,19 GHz maximum (1,06 GHz de base) et qui dispose de sa propre mémoire vidéo (4 Go de HBM2) gravée à même la puce.
Vraiment bien équipé, notre NUC Hades Canyon marque de très bons scores sur l’ensemble de nos logiciels de test. Dans les jeux, nous avons aussi été surpris de constater que ses prestations étaient à la hauteur, voire au-delà de ce que nous espérions dans certains cas.
Par exemple, sur les titres un peu anciens comme Dirt 3 ou encore les jeux en DirectX 9, la grosse puce Intel/AMD parvient à afficher entre 150 et 200 images par seconde (ips) en Full HD et 1440p. Facile, nous direz-vous. D’accord ! Sont ensuite venus se frotter au NUC, Overwatch, DoTA 2 et Counter-Strike : GO. Là encore, pas de souci, ça tourne bien (entre 80 et 100 ips) mais il faut faire quelques petites optimisations à la main, comme réduire (ou couper) l’antialiasing ou les effets lumineux dynamiques.
Nous avons ensuite lancé des jeux bien plus récents, au moteur 3D complexe et compatible DirectX 11 et 12, comme Assassin’s Creed : Origins, Rise of The Tomb Raider ou encore Far Cry 5, en Full HD. En faisant varier les profils des détails graphiques entre Moyen et Ultra, dans ACO, les performances oscillent entre 36 et 47 ips en moyenne. Et, dans FC5, les variations moyennes sont comprises entre 48 et 57 ips. Une puissance confortable mais pas délirante. Lara Croft, elle, s’en tire un peu mieux, parvenant à s’afficher entre 60 et 80 ips en mode Haut (sans traitement FXAA ou TAA).
Bilan, pour profiter au mieux des aptitudes de la puce, les joueurs experts vont donc devoir affiner les réglages pendant quelques minutes, afin de trouver la bonne alchimie pour parvenir à atteindre les 60 ips de moyenne, garants d’une bonne fluidité de jeu. Les joueurs occasionnels, eux, auront plutôt intérêt à faire confiance à la détection automatique des réglages si les intitulés des options leur semblent trop nébuleux.
Hades, victime de petits coups de chaud
Les plus observateurs auront toutefois remarqué que le score de Performances global n’est pas très élevé. En effet, ce dernier est plombé par deux facteurs. Le premier, c’est assurément le bruit généré par la ventilation de la machine qui, comparé à celui des autres mini PC que nous avons eus en main, est assez élevé : 41,3 dB. Maintenant, en le confrontant aux nuisances que certains PC gamer de bureau ou portables peuvent occasionner, cela reste tout à fait raisonnable.
Le relevé de température extérieur nous révèle que le mercure ne grimpe pas à plus de 38,5°C à la surface du boîtier. A l’arrière, toutefois, on atteint aisément les 50°C, au niveau des bouches d’aération. Il n’en demeure pas moins que, même si l’on ne ressent pas la chaleur, le ventilateur ne s’excite pas pour rien. Et nous avons vite compris pourquoi après avoir regardé les tracés de nos logiciels sondes : le dispositif de refroidissement ne parvient pas toujours à prévenir l’EMIB contre d’éventuels coups de chaud.
Le Core i7-8809G throttle. Ainsi, ses fréquences varient fortement entre 2,5 et 3,1 GHz de façon constante. La puce connaît parfois quelques petites pointes à 3,3 GHz… pour mieux réduire la voilure ensuite. Alors, certes, nous avons connu bien pire en matière de throttling, comme en témoignent tous les tests des dernières machines effectués par nos soins. Un mal qui touche surtout les ultraportables mais aussi quelques PC portables pour joueur très haut de gamme, comme le Razer Blade 15.
Bien qu’ici le phénomène soit moins prononcé que sur d’autres configuration, il n’en demeure pas moins que, pour un NUC de ce prix, qui se revendique comme un véritable bourreau de jeux et de travail, nous avons beaucoup de peine à lui pardonner cet écart de comportement.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
