Prenez une (grosse) Nintendo DS, virez l’écran du bas, ajoutez un clavier, intégrez des composants PC et un bon Windows 10 et vous obtenez la GPD Win, le premier hybride réussi entre une console de jeu vidéo et un PC. Un PC gaming de poche précurseur, peut-être, d’une nouvelle catégorie de machines. Et qui vient tailler des croupières aux consoles portables, Nintendo Switch bille en tête.
Format (vraiment) innovant
La première prouesse de GPD, c’est d’avoir réussi non seulement le financement participatif de ce premier modèle de PC portable gaming de poche (vite, un nom générique !) mais surtout d’avoir produit une machine de qualité. Des défauts il y en a, certes, mais la finition générale de l’engin est excellente. L’écran LCD 5,5 pouces tactile 720p (1280×720 points) est de très bonne facture, le contact des boutons gaming est bon même si les gâchettes arrière sonnent un peu plastique (sans être cheap à l’usage) et le revêtement métal du dos de l’écran est du plus bel effet. Bref, les craintes d’un produit fini à la truelle par un groupe d’escrocs se sont estompées rapidement. Ce d’autant plus que l’entreprise est très active : après avoir développé le GPD XD sous Android – ce GPD Win 1 -, la marque a depuis lancé le GPD Pocket PC, un genre d’EEE PC nouvelle génération. Et annonce pour la mi-2018 une GPD Win 2. L’entreprise hongkongaise est donc loin d’être un fantôme et lance de vrais produits fonctionnels.
Ce qui est un peu ahurissant c’est qu’avec le catalogue vidéoludique extraordinaire du monde PC et la progression importante du segment gaming dans le marché PC, ce ne soit pas un poids lourd genre Asus, Dell/Alienware, etc. qui prenne des risques mais une entreprise sino-hongkongaise aux dimensions modestes.
Une manette Xbox 360 dans un PC ou l’inverse ?
Le GPD Win pèse 376 g, guère plus qu’une manette de Xbox One. C’est à se demander si c’est un PC qui intègre une manette ou bien une manette qui intègre un PC ! Un engin bien pensé en tous les cas puisqu’un commutateur central permet de basculer d’un mode souris à un mode manette.
La mention de la manette Xbox 360 n’est pas anodine : dans les menus de Windows, le système d’exploitation détecte bien une manette originale Microsoft et toutes les commandes sont présentes. Pas forcément de manière très ergonomiques – la touche Xbox et les boutons Select et Start sont réunis dans un bloc de touches en bas à droite de la partie inférieure, de même que les L3 et R3 qui font office de clic gauche et droit avec le mode souris. Mais entre la croix directionnelle, les deux sticks analogiques, les 4 boutons ABXY et les 2×2 gâchettes sur la tranche arrière de la machine, toutes les commandes sont bien là.
Ergonomie matérielle intéressante, mais perfectible
C’est avec des jeux « manette » que la GPD Win est la plus confortable, puisque tout fonctionne comme sur une console. Un titre comme Super Meat Boy fonctionne aussi bien sur PC que sur Xbox One. Avec des jeux hybrides (manette + clavier), la GPD offre comme avantage de proposer un clavier qui permet de presser « ESC » ou « Entrée », évitant ainsi d’être bloqué bêtement dans un jeu mal adapté.
En ce qui concerne les jeux 100% PC, le bilan est variable selon les titres, s’ils prennent en charge ou pas l’écran tactile, s’il y a beaucoup de texte (lire plus loin), si vous utilisez une souris externe, etc.
Si l’ergonomie générale de l’engin est plutôt bonne, le placement des touches de même que leurs dimensions ou leur toucher n’est pas irréprochable : nous aurions préféré avoir L3 et R3 au dos de l’appareil ou dans la partie supérieure, Start et Select au centre (ils sont sur la gauche), etc. S’ajoute à cela que le commutateur de mode (souris, manette) n’est pas facile à manipuler et le que le clavier n’est là que pour taper des codes Wi-Fi ou des phrases simples : si vous comptez écrire vos mémoires de mille pages sur le GPD Win vous êtes folle/fou ou masochiste – mais nous respectons votre choix.
Windows n’est pas un OS console (mais on s’en sort)
En dépit de ces limites, l’ergonomie matérielle permet tout de même de jour plutôt confortablement. Mais du côté du logiciel et plus particulièrement du système d’exploitation, le GPD WIN souffre parfois du fait que Windows 10 soit un OS destiné à être piloté depuis un vrai clavier et une vraie souris. Le fait de connaître les raccourcis clavier comme un vrai //35[) (nerd, pour les non-initiés au 1337 5|*34|<) vous aidera grandement, notamment dans le cas d’utilisation d’émulateurs, dans le cas de jeux qui (ne) basculent (pas) en mode plein écran (Alt + Entrée), etc.
Le clic tactile est parfois un peu hasardeux et la souris émulée par le joystick analogique droit (curseur en mode souris) est lent et les boutons de clic mal placés. A l’usage on s’y fait, surtout parce qu’une fois les jeux installés sur la machine, les interactions avec l’OS sont moins fréquentes. Mais il nous tarde de voir une version avec un écran plus grand !
Jeux : modeste sur la 3D (mais Skyrim fonctionne !)
Nul besoin de vous préciser que le GPD Win ne fera pas tourner le nouveau Doom toutes options réglées à fond. En fait, il n’est pas capable d’exécuter les titres 3D les plus récents et gourmands en ressources. Cela ne le prive pas pour autant (totalement) de 3D : un titre comme Skyrim (ancienne édition, pas la Special Edition) tourne à 35 i/s, Assasin’s Creed 2 est à peu près jouable, etc. Les vraies limites 3D proviennent de l’optimisation des titres : Dirt 2 ne s’est pas lancé à cause de l’absence d’une carte Nvidia/AMD, d’autres ne proposent pas de réduction des effets/détails suffisantes pour être jouables (The Witcher III). Avec son pauvre Atom Z7850 et sa partie graphique intégrée aux performances anémiques (Intel HD 405 Graphics qui oscille entre 200 MHz et 600 MHz), le GPD Win ne peut pas faire de miracles non plus. Mais si le moteur 3D est bien codé, s’il prend en charge correctement les pilotes Intel et si le titre permet la diminution du niveau de détails (beaucoup de « si ») alors les jeux sont jouables dans des niveaux de détails modestes.
Les vieux titres comme Half-Life 2 sont tout à fait jouables sur le plan des performances – mais il faut aimer les FPS au pad ! En fait, le catalogue 3D est très conséquent dès lors que l’on se tourne vers le passé : une aubaine pour tous ceux qui amassent les titres Steam indés, Good Old Games et autres Humble Bundle, un public qui aime autant les Broforce que ce bon vieux Knights of The Old Republic.
2D, jeux indés et émulateurs à l’honneur
Le GPD Win est parfaitement taillé pour les jeux 2D (vieux ou récents), dès lors qu’ils se jouent à la manette ou qu’ils prennent un tant soit peu en charge l’écran tactile. Les jeux d’action, de plateforme, de pilotage (voiture, avions, pingouins), les FPS, etc. sont parfaitement jouables.
Ça c’est pour les jeux PC officiels, car il est une autre catégorie, plus sulfureuse, pour laquelle le GPD Win est parfaitement taillée : les émulateurs. De la Super NES en passant par la Megadrive, la Playstation One jusqu’à certains titres PS2 (Final Fantasy X), tous les émulateurs classiques fonctionnent très bien. De nombreux titres PS2 sont difficilement jouables (God of War) et il est impossible de jouer à la Wii U – nous avons testé Zelda Breath of the Wild pour tenter une comparaison avec la Switch, mais l’intro tournait à 1-2 images par seconde…
Il va sans dire qu’en France le cadre légal vous impose d’avoir la cartouche/le CD/le GDRom/le DVD du jeu et de l’avoir copié (dumpé) vous-même, mais si vous vous posiez des questions quant à la possibilité de vous refaire tous les Donkey Kong Snes et Final Fantasy VII PSOne sur GPD Win, la réponse est oui.
Attention à la précision et aux textes !
Dans le cas des STR tels que Starcraft, des jeux de rôle comme Baldur’s Gate, des jeux de stratégie type Civilization V ou des point & clic, la GPD Win présente des limites. Pour les STR, c’est bien évidemment la souris qui fait défaut. Dans le cas des jeux de rôle, ce sont les textes qui arrachent les yeux sur le petit écran 5,5 pouces. Civilisation V combine le problème de précision de clic et de lecture des informations. Quant aux point & clic, cela dépend de la prise en charge de l’écran tactile. Dans la négative, prévoyez une petite souris de poche.
V2 en préparation
Nous avons testé cette GPD Win en tant que produit mature : avant de vous mettre l’eau à la bouche avec un produit exotique d’une marque inconnue – et non distribué par un revendeur basé en France mais par des sites comme Gearbest, qui a mis ce modèle à notre disposition pour test – nous avons attendu de voir les retours de l’appareil par la communauté des précurseurs.
La GPD Win entame donc sa seconde année et un second modèle appelé fort logiquement GPD Win 2 sera lancé dans le courant de l’année 2018. Modèle amélioré tant sur le plan technique qu’ergonomique, la GPD Win 2 pourrait ne pas supplanter complètement la GPD Win 1 car ce premier modèle conserve un avantage de poids : son prix. On le trouve autour de 300 euros, quand le second modèle peut-être pré-commandé 649 $ sur Indiegogo (livraison mai 2018) au lieu de 899 $ !
C’est aussi un (vrai) PC
Aussi petit soit-il, le GPD Win est un vrai PC, un vrai portable avec un clavier Qwerty, une prise USB A qui accepte tous les disques externes/clés USB, une vraie prise Mini HDMI pour le brancher à une télévision, une vraie prise jack pour y brancher un casque, etc. S’il faut admettre que l’expérience vidéoludique pure est (largement) plus simple et agréable sur une Nintendo Switch, la GPD WIN peut, en vacances, servir à réserver des billets d’avion par le biais d’un navigateur, faciliter la réponse à de nombreux mails (même si le clavier est médiocre), récupérer des éléments d’une clé USB d’un client, etc. Et servir de baladeur audio/vidéo en train. Car si l’autonomie en jeu varie de 2h à 3h, en mode bureautique on atteint 4-5h selon les usages. Couplé à une batterie externe c’est un bon compagnon de voyage.
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