Le X100F est un hériter, celui de la lignée qui a relancé Fujifilm, les X100. Depuis le premier modèle commercialisé en 2011, la famille est devenue emblématique du virage retro-premium de la marque nippone. Quatrième itération de ce compact expert à capteur APS-C et focale fixe, le X100F était d’autant plus attendu qu’on savait qu’il hériterait de l’excellente électronique des X-Pro 2 et X-T2. Un boîtier old-school avec un moteur de Lamborghini : l’équation fatale ?
Enfin un joystick !
Avant même de parler des évolutions ergonomiques et électroniques, parlons d’un tout petit rien qui change beaucoup de choses : l’arrivée d’un joystick. De la navigation dans les menus en passant par la (jadis) fastidieuse sélection des collimateurs d’autofocus, le joystick accélère ces processus jadis agaçants. On oublie trop souvent que les qualités technico-électroniques d’un boîtier ne sont pas les seuls facteurs qui comptent, l’ergonomie est, elle aussi, un facteur déterminant. Et Fujifilm a clairement travaillé dans cet esprit en développant le X100F.
Ode aux commandes mécaniques
A l’instar du X-PRO 2 et du X-T2, le X100F fait la part belle aux commandes mécaniques. Les ISO qui se réglaient via un menu logiciel se pilotent désormais depuis la roue du temps d’exposition – il suffit de lever ladite molette. Un choix qui ne plaira pas à tout le monde puisque qu’il faut prendre l’appareil à deux mains quand on veut changer les ISO – auparavant, votre serviteur programmait la touche fonction « Fn » sur le dessus du capot pour accéder au menu des sensibilités. Opération logicielle désormais impossible. Ici, tout est affaire de goût, mais l’avantage de la solution mécanique est de savoir quels sont les réglages de l’appareil même lorsque celui-ci est éteint.
Autre arrivée, celle d’une molette de contrôle en façade qui vient épauler la molette arrière déjà présente sur les modèles précédents. Ces ajouts de commandes s’inscrivent dans une refonte assez importante de l’ergonomie générale, une ergonomie qui n’est pas sans rappeler quelque chose…
Ergonomie de Ricoh GR
Fujifilm a notablement modifié l’ergonomie de son X100F. Outre la molette d’ISO, l’élément le plus marquant est le déplacement de l’intégralité des boutons du dos de l’appareil sur la droite du boîtier. Un placement qui semble s’inspirer de la famille des Ricoh GR.
Peu connus et mal distribués en France, les Ricoh GR (GR D à petit capteur et GR I ou GR II à capteur APS-C) sont des compacts à focale fixe (équivalent 28 mm) qui se sont imposés comme les références absolues de la photo de rue en mode « visée depuis la hanche ». Dépourvus de viseurs, ces compacts regroupent leurs commandes de manière très efficace sous le pouce droit de l’utilisateur qui peut ainsi modifier les paramètres d’une seule main.
Si le X100F est plus encombrant – il profite d’un viseur électronique, le même que celui du X100T – cette évolution du placement des commandes permet d’être plus efficace dans le cadre d’une utilisation à une seule main. Ce qui n’est pas pour nous déplaire. Seul regret : l’impossibilité pour l’heure, de changer les ISOs sans passer par la molette physique, ce qui implique l’usage de la main gauche.
Plus rapide, plus réactif et un peu plus endurant
Profitant de la nouvelle puce X-Processor Pro, le X100F se place un bon cran au-dessus de son prédécesseur le X100T en termes de rapidité et de précision de mise au point. Si la motorisation de l’optique (voir plus loin) est encore un peu en retrait par rapport aux optiques interchangeables des hybrides de la marque, ce surcroît de vitesse rend le boîtier de Fujifilm plus agréable à utiliser en mode « pro ». L’AF accroche mieux les sujets, même mobiles, la rafale est plus généreuse et plus endurante (8 i/s jusqu’à 60 images consécutives), la revue des images plus rapides, etc.
Puce ARM 7 double cœur à 500 MHz, le X-Processor Pro est logiquement plus gourmand que le EXR Processor II du X100T. Une surconsommation que Fuji pallie par un changement de batterie, une première dans la gamme des X100x qui s’appuyaient depuis le premier modèle sur la NP-95. En dépit de son encombrement supérieur, la batterie NP-W126S n’offre cependant qu’un petit supplément de clichés par charge : seulement 60 photos en plus en visée optique (390 contre 330 pour le X100T). Et en visée électronique, cette endurance tombe à 270 images théoriques (comptez plutôt 220-250 dans la vraie vie). Boîtier le plus endurant de la lignée, le X100F reste un appareil qui nécessite, à nos yeux, un investissement dans une batterie de secours pour les longues journées de shoot. Il reste heureusement toujours possible de le recharger en USB comme un smartphone, une fonctionnalité apparue avec le X100T.
Splendides JPEG
Roi des pellicules avec Kodak, Fujifilm s’est fait un nom dans le numérique pour la qualité de la restitution des couleurs. Et avec cette série X, Fujifilm réussit l’exploit de proposer des appareils dont les JPEG sont tellement bons que nombre de photographes les utilisent tels quels, même à titre professionnel ! Les fichiers RAW sont toujours utiles pour des développements plus poussés, mais la patte Fujifilm a su s’imposer comme LA référence du rendu des couleurs de caractère, en s’appuyant sur le savoir-faire acquis dans les pellicules. Les rendus reproduisent ceux de célèbres émulsions Fuji (Astia, Velvia, Provia, Acros) et même Kodak puisque le mode Classic Chrome est un hommage au vénérable Kodachrome de la célèbre entreprise américaine.
Maintien des couleurs exemplaires
Si on parle souvent de la conservation des détails et du côté assez doux, quasi argentique, du bruit numérique des boîtiers Fujifilm, il faut aussi souligner l’excellence du maintien de la nature des couleurs. Une cohérence colorimétrique qui est un vrai défi pour tous les constructeurs d’appareils photo, mais que Fujifilm a élevé au rang d’art. L’image d’illustration ci-dessous en est la preuve : en multipliant par 7 le gain lors du passage de 200 à 25 600 ISO, si les détails sont « mangés » par la montée en sensibilités, la nature des couleurs reste la même. Cette garantie de ne pas voir les couleurs prendre un mauvais virage est une aubaine pour des photographes attachés à la cohérence colorimétrique de leurs séries.
Quant à parler du seuil de qualité optimale, il est tout bonnement à 6400 ISO, une valeur à laquelle le niveau de détails est encore largement suffisant. Impressionnant !
Fonction vidéo de dépannage
Comme le X-Pro 2 avec lequel il partage clairement l’ADN « La photo avant tout », le X100F ne filme qu’en Full HD 1080p et non en 4K comme les X-T2 et X-T20. Comme pour le X-Pro 2, on imagine que les raisons invoquées doivent être celles de la consommation énergétique et de la dissipation de chaleur qui requiert un boîtier pensé en conséquence. Si nous regrettons cette absence – il est toujours plus agréable d’avoir un niveau de prestation plus élevé – l’identité résolument photographique des X100 limite l’impact négatif de cette limite. Contrairement à l’absence d’écran orientable…
Ecran désespérément fixe
Comme tous ses prédécesseurs, le X100F ne dispose pas d’écran orientable. C’est vraiment dommage : le photographe flâneur apprécie de ne pas avoir à se rouler par terre pour capturer un détail – merci la bascule en mode macro désormais automatique – et le fait de pouvoir orienter l’écran permet de travailler « à la Doisneau », c’est-à-dire en visée type Rolleiflex, la tête penchée et l’appareil sur le ventre. Fujifilm invoque des problématiques de résistance du boîtier et de compacité, des arguments que nous réfutons : il existe quantité de boîtiers concurrents, experts ou pros, qui sont aussi fins et très résistants (Sony A6500 par exemple). Si on choisit ce type de boîtier « à la Leica » pour le mode de photo « rétro », on apprécie AUSSI la modernité. Et là, Fujifilm est (encore) passé à côté de la dalle. LCD.
L’optique a atteint ses limites
Le X100F hérite de la même optique qui équipe tous les X100 précédents, un 23 mm f/2 équivalent 35 mm. Or, le capteur de 24 Mpix du X100F, logiquement plus exigeant que les précédentes moutures en 12 Mpix puis 16 Mpix, met en exergue deux limites : un manque de piqué à pleine ouverture et une vitesse d’AF en retrait.
A f/2, le piqué d’image mais aussi la précision optique en général sont en retrait quand on les compare au Fuji XF 23 mm R WR, une optique des appareils hybrides de la marque. Bien sûr, le 23 mm du X100F est plus compact, mais on aurait bien troqué un centimètre d’épaisseur pour un peu plus de punch. Outre son piqué moins percutant à pleine ouverture (et jusqu’à f/3.5), il souffre aussi d’une mise au point moins rapide et agressive que chez les derniers hybrides de la marque. Quoique largement supérieur à celui du X100T, le système d’autofocus est un cran en-dessous des hybrides – rien de grave, mais quand on a eu un X-T2 dans les mains, c’est assez notable. Le processeur et le capteur étant les mêmes que ceux des hybrides, c’est donc bien la motorisation de l’AF de l’optique qui est en cause.
Si elle reste globalement bonne, nous espérions que l’optique de la quatrième itération d’un boîtier qu’on peut déjà qualifier de légendaire (il est le symbole de la renaissance de Fujifilm dans les boîtiers experts/pros) serait un petit cran au-dessus.
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