La seconde génération de Fujifilm est enfin au complet : après les X-Pro 2 et X-T2 sortis l’an dernier, c’est au tour du petit frère le X-T20 d’arriver dans les magasins. Il reprend les lignes de reflex compact de son aïeul le X-T10 tout en profitant de la plateforme technique de ses grands frères. C’est-à-dire l’un des meilleurs capteurs APS-C du moment et un AF enfin capable de venir taquiner la compétition.
Bijou vintage
Le retour de Fujifilm s’est fait en 2011 grâce au X100, premier appareil de la série X, qui jouait à fond la carte du look rétro. Six ans après son lancement, Fujifilm maîtrise parfaitement l’exercice : le X-T20 est le plus vintage des appareils photo modernes. Ses lignes sont celles des reflex des années 70 et Fujifilm a bien progressé quant à la qualité de fabrication. Si on aime le style rétro, le X-T20 est LE boitier à posséder. Et heureusement pour lui (et pour les photographes), le look n’est pas son seul argument.
Si vous avez déjà tenu en main un X-T1 ou X-T2, sachez que le X-T20 est bien plus petit. Similaire au X-T10 auquel il succède, il offre une préhension mieux adaptée aux petites mains et se glisse plus facilement dans un sac à dos/à mains. Mais contrairement au X-T10 à qui nous reprochions quelques lenteurs notamment d’AF, le X-T20 profite d’un processeur bien plus rapide et s’avère bien plus nerveux. Il est donc plus agréable à utiliser dans les situations de basses lumières… et dans la vie de tous les jours. Avec une meilleure couverture d’AF et une réactivité grandement améliorée, le X-T20 fait mouche plus souvent que son aïeul sur les portraits d’enfants et d’animaux, deux espèces similaires quant à leur propension à tout faire pour pourrir la vie des photographes.
Côté rafale, on sent la puissance du processeur : on monte 8 i/s avec le suivi du sujet et l’obturateur mécanique. Une rafale généreuse mais limitée par la mémoire tampon – 25 clichés RAW ou 62 images Jpeg. Il fallait bien faire la distinction avec les modèles plus haut de gamme ! Lot de consolation : un obturateur électronique qui monte à 14 i/s mais en AF simple. En tous les cas, le saut de performances par rapport au X-T10 est énorme.
Ergonomie : le bon et le bizarre
Fujifilm est une marque qui assume pleinement son positionnement « photo-photo-photo » et qui utilise, comme on l’a vu, son héritage jusque dans le design… et l’ergonomie. Les photographes vieux de la vieille apprécieront donc les molettes physiques de vitesse et de correction d’exposition – celle des ISO reste l’apanage du X-T2 (ce qui n’est pas forcément un mal). Les deux molettes (pouce et index droit) permettent de piloter l’appareil rapidement et l’écran orientable est de bonne facture (voir plus loin). Fuji a quelque peu corrigé sa copie concernant le bouton Fn du dessus de l’appareil, qui se presse plus facilement que sur les appareils de génération précédente – mais ce n’est pas encore la panacée.
Agréable à prendre en main, le X-T20 se contrôle avec plaisir et ne souffre que d’une seule erreur ergonomique majeure : le débrayage automatique/manuel se fait via un levier (image ci-dessus), un système exotique qui ne coule pas de source – il nous a fallu regarder dans le manuel avant de réaliser que c’était ce satané levier qui nous empêchait de basculer en mode manuel…
Qualité d’image du X-T2
[Téléchargez les images de test en pleine définition sur notre album Flickr]
Le X-T20 peut être considéré comme un X-T2 light. En clair : il offre la même qualité d’image que l’un des meilleurs appareils photo hybrides du moment puisqu’il s’appuie sur le même couple capteur d’image/processeur que ses grands frères les X-T2 et X-PRO 2. Ses performances générales (rafale, personnalisation AF) sont bien évidemment bridées – surtout par rapport au X-T2 – mais la qualité des images sera exactement la même. De quoi assurer une cohérence de qualité à toute la gamme, la différenciation se faisant sur des éléments essentiellement ergonomiques, des facteurs qui peuvent être critiques pour certains usages (solidité pour le reportage, rafale pour l’animalier, viseur optique pour la photo de rue, etc.).
En clair : le X-T20 donne accès à la meilleure qualité d’image que Fujifilm propose en APS-C. Ce qui est une bonne nouvelle, car elle n’est rien de moins qu’excellente.
Capteur et couleurs du bonheur
La qualité des images tient autant dans les optiques que dans le traitement numérique des images, ce dernier point étant du ressort du capteur et du processeur d’image. Côté électronique, Fujifilm a réussi la prouesse de maintenir le très bon niveau de qualité d’image de la génération X-T1/X-T10 mais dans une définition 50% supérieure – on est passé de 16 à 24 Mpix. On travaille ainsi sans réfléchir jusqu’à 6400 ISO voire 12.800, les valeurs au-dessus (jusqu’à 51.200 ISO) étant certes bruitées mais toujours cohérentes en matière de couleurs.
Les couleurs c’est la force de Fujifilm dont le traitement Jpeg est rien de moins qu’exemplaire : les simulations de films (Velvia, Astia, etc.) permettent de conférer une vraie atmosphère aux clichés et le travail des équipes logiciel de Fuji est impressionnant. De la cohérence des tons tout au long de la montée en ISO, jusqu’à l’interprétation des couleurs, les modes prédéfinis permettent aux photographe de profiter d’un rendu Jpeg de grande qualité. Tant et si bien que nombre d’entre eux ne gardent les RAW que pour les archives, le fichier Jpeg étant généralement suffisant ! Et au contraire des électroniciens (Sony notamment), Fujifilm cherche les tons doux et non les pixels qui arrachent l’œil.
Notez au passage que la nouvelle génération de processeur/capteur ne souffre pas de la tendance à lisser les peaux (on parle d’effet de « peau cireuse ») en basses lumières comme les modèles précédents.
Viseur et écran orientable
Tassé, le boîtier reçoit tout de même un viseur électronique de qualité très convenable, à la fois lumineux et précis. Son contour en caoutchouc renforcé a ceci d’agréable qu’il ne saute pas comme de nombreux œilletons de marques concurrentes. Son dégagement oculaire est en revanche un peu faible et oblige de bien coller l’œil, ce qui peut gêner les porteurs de lunettes.
L’écran tactile orientable est un vrai compagnon du viseur et profite d’une dalle suffisamment lumineuse pour être utilisée en plein jour. On regrette comme d’habitude la gestion médiocre de la partie tactile, les menus n’étant pas pris en compte. Mais c’est le lot de nombreuses marques – Panasonic excepté.
Stabilisation manquante
Fujifilm est désormais le seul constructeur d’hybride à s’appuyer uniquement sur la stabilisation optique, refusant la stabilisation du capteur. L’argument principal des ingénieurs de Fujifilm – pareillement en vigueur chez Canon et Nikon dans le monde reflex – est leur intransigeance vis à vis de la qualité d’image, toute stabilisation pouvant introduire des éléments parasites. Soyons clair : personne ne s’est jamais plaint de la qualité d’image des récents appareils d’Olympus, Panasonic ou Sony, ce dernier se payant même le luxe de stabiliser un très grand capteur plein format 24×36 tout en offrant la meilleure qualité d’image pure (netteté d’image) du monde des hybrides.
Si l’absence de stabilisation mécanique du capteur n’a aucun effet négatif sur les zooms déjà stabilisés (mention OIS) comme le très bon 18-55 mm dont nous allons vous parlez plus loin, elle peut être handicapante pour les longues focales fixes non stabilisées – nous faisons ici clairement référence au nouveau XF50 mm f/2 dont l’absence de stabilisation impose de monter en ISO ou de définir une vitesse minimale d’exposition assez élevée en basses lumières sous peine de production de clichés manquant de netteté.
Il serait bon que les ingénieurs de Fujifilm admettent que la stabilisation mécanique – qui se désactive facilement – offre bien plus d’effets positifs que négatifs. Et que la concurrence a prouvé qu’elle est parfaitement gérable.
XF18-55 mm f/2.8-4 mon amour
La phrase « 18-55, mon amour » n’est pas une provocation. Si rares sont les utilisateurs de reflex à avoir jamais prononcé cette phrase, cela est dû au fait que les zooms kits de base des Canon, Nikon, Sony et autres Ricoh-Pentax sont des modèles au rabais. Le 18-55 mm que nous avons testé avec le X-T20 n’est pas de cette catégorie-là. Bien plus cher (on n’a rien sans rien) que ces références et que le 16-50 mm d’entrée de gamme avec lequel le X-T20 est parfois proposé, le XF18-55 mm f/2.8-4 R LM OIS est un bijou. Il est non seulement plus lumineux que les version f/3.5-5.6 du monde reflex, mais il est surtout de bien meilleure facture, autant du point de vue de la fabrication que du verre. Dense et équipé d’une baïonnette en métal, il profite de lentilles d’excellente qualité qui assurent à la fois un bon piqué d’image, une douceur de rendu et de très belles transitions du net au flou.
S’il alourdit la facture d’achat de (seulement) 200 euros par rapport au modeste 16-50 mm, réfléchissez bien avant de faire l’impasse : il coûte bien moins cher en kit (699 euros si on l’achète seul !) et pourrait bien être la seule optique dont vous ayez jamais besoin tant il est versatile. Pensez-y !
Offre de focales fixes attrayante
Une des forces du système hybride de Fujifilm c’est la cohérence – et la qualité – de son parc optique. Non seulement Fujifilm arrive à couvrir l’essentiel des besoins avec « seulement » 22 optiques, mais la marque nippone a développé sa gamme optique avec une attention toute particulière aux besoins des utilisateurs qui se sentent « photographes avant tout ». Ainsi, Fujifilm décline ses 23 mm, 35 mm et 50 mm (équivalents à des 35/50/75 mm) en deux gammes : une « pro » ouvrant à f/1.4 (voire f/1.2 pour le 56 mm) et une gamme accessible ouvrant à f/2. Loin d’être des optiques au rabais, les Fujinon XF23, XF35 et XF50 sont toutes trois résistantes aux intempéries (WR) et offrent un très bonne qualité d’image. Le tout dans des formats légers et compacts qui les rendent particulièrement adaptées aux petits boîtiers comme ce X-T20.
Côté zoom aussi, les quelques références disponibles sont de bonne qualité – le 18-55 mm f/2.8-4 est une référence des zooms kit haut de gamme – même s’il manque encore des références ultra grand angle abordables, un manque qui s’applique aussi aux focales fixes. On attend de pied ferme des 16 mm (éq. 24 mm) voire un 12 mm (éq. 18 mm) à prix abordables !
Le revers de cette approche c’est que rares sont les optiques adaptées à la vidéo : en dépit d’une bonne qualité d’encodage pour cette nouvelle génération de boîtiers, Fujifilm se voit encore en marque photo avant tout.
Modes vidéo lights
Fujifilm a bien progressé dans le domaine de la vidéo et le X-T20 propose, comme le X-T2, plusieurs modes dont de la 4K et de la Full HD à 60 images par seconde. Fujifilm partait de très loin et s’avère à même de répondre aux besoins de base de la plupart des vidéastes amateurs, la connectique en moins puisqu’il n’y a pas de sortie casque pour contrôler la prise de son. La sortie HDMI est, quant à elle, vraisemblablement compressée (logique vue la cible) tandis que les options vidéo sont bien plus congrues que chez Sony ou Panasonic. Si Fujifilm est toujours électroniquement inférieur à ces deux géants de la vidéo, le japonais peut s’enorgueillir d’avoir eu la progression qualitative la plus importante de l’industrie. Ce qui est suffisant pour un usage domestique.
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