Fujifilm X-Pro 1 : la promesse
Vous l’aviez peut-être découvert avec nous au CES, ce X-Pro 1, premier appareil hybride de la marque nippone. Un appareil photo qui marque le retour de Fujifilm dans le segment des appareils à optiques interchangeables et qui cristallisait de nombreuses attentes de la part d’un public de passionnés de la photo, pros comme amateurs éclairés. Après le précédent X100 (lire notre test), la question était bien sûr de savoir si cet appareil encore plus ambitieux allait tenir ses promesses.
Fujifilm X-Pro 1 : la réalité
Rappelons tout d’abord ce qu’est le X-Pro 1 : un appareil au look rétro reprenant les codes des télémétriques doté d’un capteur APS-C de conception totalement nouvelle et lancé avec trois optiques focales fixes. Avec un prix élevé – 1 600 € le boîtier et 600 € par optique – le X-Pro 1 cible donc les amateurs éclairés et/ou fortunés mais aussi les professionnels à la recherche d’un appareil léger et de qualité comme… un bon vieux Leica.
Le Leica M9 tel qu’il aurait dû être
S’il est moins lourd que le Leica M9 (voir notre test) et si le capteur n’est pas plein format, il est cependant indéniable que le X-Pro 1 s’inspire en partie des appareils M de Leica. On pourra toujours rétorquer que Fuji et d’autres construisaient des appareils à l’aspect similaire dans les années 50-60-70, mais la vérité est que le design original revient à la firme allemande Leica. Si nous insistons sur ce point c’est qu’une certaine partie des acquéreurs du X-Pro 1 le choisira en partie pour son look, tout à la fois rétro et pro. C’est tellement vrai qu’il existe déjà des bagues d’adaptation pour monter les optiques Leica sur le X-Pro 1.
A ces amateurs de design s’ajouteront des photographes attirés par le viseur déporté et par la discrétion de l’engin, qui le distingue des reflex. Un viseur qui fait la différence : la bascule entre un mode optique et un viseur électronique lui permet de répondre à tous les besoins, l’optique permettant une bonne immersion dans le sujet, l’électronique permettant à l’appareil de recevoir des zooms dans le futur et facilitant la mise au point en basses lumières.
Qualité d’image impressionnante
Si vous relisez notre actualité, vous y lirez que le capteur du X-Pro 1 est d’un genre unique : si son format APS-C et sa technologie intrinsèque sont classiques (APS-C CMOS), l’agencement et le revêtement du capteur sont exclusifs. Fujifilm a en effet disposé les photosites de manière pseudo-aléatoire afin d’éviter les défauts classiques des matrices de Bayer (moiré) et a optimisé les microlentilles à la surface du capteur. Et les résultats sont là : les images produites par ce X-Pro 1 sont d’une classe professionnelle, à rapprocher du Canon EOS 5D Mark II dans la richesse des détails malgré le fait que le X-Pro 1 soit un 16 Mpix (21 Mpix pour le 5D Mark II). Servi par d’excellentes optiques (nous y reviendrons), il délivre des clichés d’une rare richesse, tant dans les nuances des tons que dans la quantité des détails. Sur ce dernier point, le X-Pro 1 profite de l’absence de filtre passe-bas (anti-aliasing) du capteur nouvelle génération.
Quant à la question « Est-ce que la qualité des fichiers est aussi bonne que celle du Leica M9 ? » la réponse est simple : de 100 à 400 ISO le X-Pro 1 est au moins aussi bon, au-delà le X-Pro 1 est incroyablement meilleur.
Excellente gestion du bruit numérique
Outre la qualité des clichés, ce qui impressionne c’est la montée dans les hautes sensibilités. Allant de 100 à 6 400 ISO en RAW (jusqu’à 25 600 ISO en Jpeg), le X-Pro 1 est utilisable à toutes les valeurs de sensibilité. Oui, toutes. Si les clichés sont logiquement plus bruités de 6 400 ISO à 400 ISO, le reporter ou le photographe de rue peut sans aucune crainte pousser son appareil dans ses derniers retranchements et rester parfaitement publiable. Plus surprenant, le mode Jpeg à 25 600 réussit à conserver des détails tout en maintenant un niveau de bruit convenable. Avec une telle montée en ISO, Fujifilm se place directement face à Nikon et son D3s. Impressionnant, tout simplement.
Des optiques bien calibrées
Les trois optiques disponibles au lancement – un 18 mm F2 (équivalent 28 mm), un 35 mm F1.4 (50 mm) et un 60 mm F2.4 Macro (90 mm) – ont quatre points communs : elles sont bien construites, leurs qualités optiques sont très bonnes, elles sont lumineuses et elles sont proposées à un prix décent (environ 600 € pièce). Ni trop chères, ni bâclées, elles sont en parfaite adéquation avec le boîtier. Elles ne sont cependant pas égales : le 18 mm (éq. 28 mm) est le plus véloce en termes de mise au point suivi par le 35 mm (éq. 50 mm), un poil moins rapide tandis que le 60 mm macro (éq. 90 mm) est le plus lent des trois. Dans les trois cas, les images produites sont tout à la fois riches et douces, les bokehs de grande qualité (arrière-plans flous) et les déformations optiques très bien corrigées en Jpeg. En RAW, il faut pour l’heure soit utiliser le logiciel livré (une version bridée de SilkyPix) soit acheter la version complète de SilkyPix. Mais Adobe Lightroom, Apple Aperture et DxO Optics Pro devraient bientôt être mis à jour.
Vidéo marginale
Si la qualité de la vidéo est plutôt bonne dans l’ensemble – du Full HD 24p – le X-Pro 1 n’est clairement pas un appareil pour filmer. L’autofocus « pompe » trop, la mise au point automatique n’est pas des plus rapides et l’ergonomie pas vraiment adaptée. Lorsque nous les avons interrogés au CES sur ce point, la réponse fut simple : « Le X-Pro 1 est un appareil photographique pour les photographes. La vidéo est un bonus mais ce n’est pas la priorité. » Voilà qui a le mérite d’être clair.
Un autofocus à améliorer
Le principal défaut du X-Pro 1 tient dans l’autofocus : de convenable avec le 18 mm, il passe à juste correct avec le 35 mm et un peu trop lent sur le 60 mm macro. Pour l’heure ce X-Pro ne peut lutter avec les reflex dans le débit des images (la rafale à 6 i/s est limitée à 12 images consécutives) et leur mise au point de compétition. Le précédent du X100 (lire plus loin) nous laisse cependant optimiste quant à la capacité de Fujifilm de faire évoluer ces performances à la hausse.
Dans tous les cas, il faudra bien garder à l’esprit que cet appareil est fait non pour les maniaques de la rafale et les photographes de sport mais plutôt pour les Henri Cartier-Bresson et autres reporters en herbe, pour le reportage de terrain plus que pour la photo de foot, pour le reportage d’auteur plus que pour shooter des cerfs dans la forêt.
Rien n’est parfait en ce bas monde
A cet autofocus perfectible s’ajoute une molette de correction de l’exposition sans mécanisme de blocage parfois agaçante – même si elle est moins souple que sur le X100 –, des menus un peu brouillons et une trappe unique pour la batterie et la carte mémoire (il est préférable qu’il y en ait deux). La batterie est plus endurante que celle du X100 mais ce n’est pas encore la panacée (comptez 300 photos) : les photographes sérieux achèteront deux ou trois batteries supplémentaires pour tenir un long reportage.
Améliorations futures et avenir du système
Un an après sa sortie, le X100 a bien évolué au travers de mises à jour du firmware : son autofocus est au moins deux fois plus rapide, les erreurs de mises au point sont moins nombreuses, la plupart des défauts logiciels ont été corrigés, etc. Bref, Fujifilm n’a pas abandonné les utilisateurs, bien au contraire.Notre pronostic est que le X-Pro 1 devrait connaître le même cycle de vie et que nombre de ces défauts devraient être corrigés de la même manière, notamment au travers d’améliorations de l’autofocus. Il faut aussi ajouter que le parc optique devrait s’enrichir de deux nouvelles optiques avant la fin de l’année 2012 à savoir un 14 mm F2.8 (éq. 21 mm) et zoom 18-72 mm IS F4 (éq. 28-100 mm stabilisé). Et 2013 devrait voir arriver quatre cailloux supplémentaires : un 28 mm F2.8 format pancake (éq. 40 mm), le très attendu 23 mm F2 dérivé du X100 (éq. 35 mm), le zoom téléobjectif 72-200 mm F4 IS (éq. 110-300 mm stabilité) et un zoom grand-angle 12-24 mm F4 IS (éq. 16-35 mm stabilisé). Il est d’ailleurs assez impressionnant que Fujifilm réussisse, en s’appuyant sur le précédent du X100, à assurer et rassurer les utilisateurs dès le lancement de son premier appareil à optiques interchangeables. Preuve s’il en est que le constructeur japonais a beaucoup misé dessus et, plus important, s’est donné les moyens d’arriver à ses fins.
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