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Test : Fujifilm X-H1, l’hybride renforcé et stabilisé pour baroudeurs et reporters

Outre les performances générales et l’excellente qualité d’image du Fujifilm X-H1, c’est surtout sa stabilisation, son viseur et sa robustesse qui font la différence par rapport aux précédents modèles et au reste de la gamme. Trois atouts chocs.

L'avis de 01net.com

Fujifilm X-H1

Les plus

  • + Capteur stabilisé
  • + Tropicalisé
  • + Performances AF
  • + Ecran LCD sur le dessus de l'appareil

Les moins

  • - Pas de grosse molette à l'arrière
  • - Concurrence de son petit frère le X-T3

Note de la rédaction

Note publiée le 12/10/2018

Voir le verdict

Fiche technique

Fujifilm X-H1

Monture (baïonnette) Fujifilm X
Format de capteur APS-C
Définition du capteur 24 Mpx
Type de capteur X-Trans CMOS III
Sensibilité ISO min 200
Voir la fiche complète

Il aura fallu du temps pour que Fujifilm se « convertisse » à la stabilisation du capteur, mais avec le X-H1, son nouvel hybride haut de gamme, c’est chose faite. Le fleuron de la famille à capteur APS-C est le boîtier le plus costaud de la série X. Outre l’apparition du mécanisme de stabilisation qui prend de la place et fait gonfler le volume, le boîtier a été renforcé par Fujifilm comme nous vous en parlions lors de notre prise en main (lire encadré ci-dessous).

À lire : Découverte du Fujifilm X-H1, l’hybride renforcé qui joue à fond la carte la vidéo

Ainsi, sa coque en alliage de magnésium est 25% plus épaisse que chez le X-T2 dont il reprend les composants électroniques et il est renforcé par pas moins de 94 joints d’étanchéité. Un vrai boîtier de terrain, chose appréciable dans le monde des hybrides, jusqu’ici moins réputé dans ce domaine que les reflex. Autre nouveauté majeure, l’écran LCD supérieur emprunté à son grand frère le GFX 50s qui fait de lui un vrai remplaçant de reflex professionnel avec un rappel graphique de tous les réglages de l’appareil.

Petit tank

Adrian BRANCO / 01net.com

Le X-H1 est une version bodybuildée du X-T2 : plus large, plus profonde, plus haute et plus lourde que son aïeul. Il en aura fallu du temps pour que les hybrides s’expriment sur le terrain de la solidité, un domaine dominé, jusqu’il y a encore peu de temps, par les vénérables reflex. Dans le monde des hybrides, seuls les Panasonic Lumix G9, Leica SL et l’Olympus OM-D E-M1 Mark II s’offrent un niveau de résistance de la même trempe que ce X-H1 – et parmi eux seul le G9 semble réellement un poil plus costaud (il faut dire que Panasonic a mis le paquet).

A.B. / 01net.com
A.B. / 01net.com

Cette solidité sur le papier se ressent clairement en main : outre le poids, plus rassurant qu’un petit hybride classique, le répondant des boutons, le contact avec les trappes (mémoire, batterie) et le toucher participent à un sentiment d’avoir en main un appareil « sérieux ». S’il ne faut pas confondre qualité réelle et qualité perçue et si nous ne pouvons pas anticiper la bonne tenue de l’appareil dans le temps, notre test démontre cependant que le X-H1 a toutes les cartes en main pour tenir le choc.

Déclencheur un peu trop sensible, molettes bien rugueuses

A.B. / 01net.com

Si l’ergonomie d’un appareil, quel qu’il soit, a des aspects subjectifs – on aime le placement de tel ou tel bouton, etc. – d’autres élément peuvent être évalués de manière un peu moins personnelle, plus objectivement. Ici la petite pierre d’achoppement est le déclencheur du X-H1 qui est plus que sensible : hyper sensible. Il faut ainsi un bon temps d’adaptation pour éviter de déclencher de manière involontaire, la pression à mi-parcours (pour verrouiller l’AF) étant un peu trop proche du moment du déclenchement.

A.B. / 01net.com

Cette hyper sensibilité tranche avec le caractère « rugueux » de l’appareil : avec sa carlingue et son toucher mécanique – molettes de vitesse et d’ISO avec verrou et cliquetis marqués, trappe à cartes mémoire renforcée, écran orientable aux charnières bien serrées, etc. – on s’attendait à un déclencheur qui demande plus d’engagement physique. En somme, le X-H1 tient plus de la Lamborghini que de la Ferrari : les chevaux sont à fleur de déclencheur. Ce n’est pas un défaut en soi, mais comme pour une voiture de course, cela demande un certain temps d’adaptation.

Adieu molette d’exposition, bonjour LCD supérieur et super viseur

A.B. / 01net.com

L’arrivée d’un écran LCD – qui rappelle beaucoup celui du Leica SL – sur le dessus de l’appareil est un vrai plus pour les utilisateurs de reflex qui se sentaient un peu perdus face au côté très « vieille école » des molettes à la Fujifilm. Réunissant tous les réglages primordiaux de l’appareil (vitesse d’obturation, ISOs, ouverture du diaphragme, mode de prise de vue, type de rendu de pellicule, etc.) cet écran a pu être intégré grâce au format un peu plus imposant du X-H1 par rapport aux précédents appareils… mais aussi grâce au sacrifice de la molette de compensation d’exposition (+/-). La fonction demeure grâce à un bouton placé juste à côté du déclencheur mais certains pourraient regretter sa disparition et le fait qu’il faille maintenant deux étapes pour corriger rapidement l’exposition. On ne peut pas gagner sur tous les tableaux !

A.B. / 01net.com

Le domaine dans lequel on gagne beaucoup est celui de la visée électronique puisque le X-H1 délaisse la dalle 2,36 Mpix du X-T2 au profit d’un nouveau viseur affichant 3,69 Mpix ! Une dalle OLED magnifique qui profite d’un taux de rafraîchissement de 100 Hz et d’un lag (délai entre la captation de l’image et l’affichage) de 0,005 s.

Qualité d’image équivalente au X-T2, l’Eterna en plus

A.B. / 01net.com
À lire : Test : X-T2, le nouveau roi des hybrides est signé Fujifilm

Fujifilm est connu, comme Olympus et Panasonic, pour régulièrement mettre à jour les firmwares de ses appareils photo. Et le X-T2 a profité récemment d’une mise à jour majeure (version 4.0.0) qui met sa partition électronique au même niveau que ce X-H1. Et pour cause : les composants électroniques (capteur et processeur) sont similaires. Il n’y a donc aucune différence de qualité d’image entre les deux appareils.

Si vous n’avez pas déjà lu notre test du X-T2, sachez qu’il fut le leader de notre Top 10 des appareils photo hybride pendant une bonne partie de l’année 2017 (nous l’avions testé fin 2016). Comme le X-T2, le X-H1 produit de splendides clichés, non seulement en mode RAW mais aussi en Jpeg. Cette belle qualité du rendu des fichiers Jpeg est une marque de fabrique de Fujifilm et convient parfaitement aux photographes qui doivent rendre rapidement des clichés de bonne qualité (couleurs, détails, exposition), tels que les photojournalistes et reporters… justement la classe de photographes qui plébiscite les appareils hybrides de Fujifilm.

Puisque l’on parle de couleurs, en plus des modes de simulation de pellicule déjà connus – Provia, Velvia, Astia, Classic Chrome, Pro Negative High et Standard, Acros (dans ses différentes déclinaisons) – s’ajoute un nouveau mode tout droit venu du monde du cinéma : la pellicule Eterna. Destinée aux tournages de films, Eterna était une pellicule peu contrastée, avec beaucoup d’informations dans les ombres comme les basses lumières – un genre de pellicule très « plate » (on parle de rendu « flat » en anglais) qui donnait plus de latitude à l’interprétation des couleurs a posteriori. Le rendu peu contrasté avec des couleurs plus douces – presque éteintes – était conçu pour la vidéo, mais il peut convenir aussi à certains types de photographie (on pense aux portraits, aux paysages d’ambiance, etc.).

Si vous possédez le X-T2, le passage au X-H1 n’apporte rien côté qualité d’image. Ce dernier boîtier doit être recherché pour ses forces : viseur, rafale, résistance et stabilisation. Une stabilisation qui a beaucoup d’intérêt avec les focales fixes… et en vidéo.

Deux atouts vidéo : la stabilisation et les optiques MKX

A.B. / 01net.com

Si le mot « vidéo » s’accorde plus avec des marques comme Panasonic, Sony ou Canon, Fujifilm commence à fournir de sacrés efforts pour séduire les vidéastes. En témoigne deux modes vidéo un peu à part : un mode 4K DCI (4096 x 2160 pix, appelé aussi 4K Cinéma) et un mode Full HD cinéma (2048 x 1080 pix), tous les deux plus larges que les modes 4K et Full HD classiques – qui font respectivement seulement 3840 et 1920 pixels de large.

Outre les définitions très cinéma, s’ajoutent des petits raffinements tels que des débits de trame jusqu’à 200 mbit/s, la prise en change d’un mode « F-Log » gamma (sur enregistreur externe uniquement) pour l’étalonnage professionnel des couleurs ou encore une série de commandes 100% tactiles en mode vidéo afin d’éviter de générer des bruits de « clic » lors de la manipulation des molettes. Sans parler de la simulation du film cinéma « Eterna » mentionné plus haut. Seuls faux-pas : côté matériel c’est l’absence de prise jack audio pour la sortie casque et l’absence de zébras en vidéo pour la partie logicielle.

Outre la stabilisation mécanique qui permet de réaliser des vidéos propres à bout de bras comme la vidéo ci-dessus, l’autre force du X-H1 en vidéo est à chercher du côté de son écosystème d’optiques vidéo professionnelles : les MKX, des zooms vidéo dont nous vous avions parlé lors d’une présentation vidéo. Couvrant un format Super 35 (ça tombe bien, c’est proche de l’APS-C) ces deux zooms sont parfaitement adaptés à la production vidéo.

À lire : Zoom sur les Fujifilm MKX, des optiques cinéma qui coûtent 4000 euros !

Notez qu’on ne parle pas de reportage d’action mais bien de production, avec toute l’équipe et l’attirail attenant : bien plus longs et encombrants que des optiques « photo », les MKX sont des zooms manuels qu’il faut savoir maîtriser. Mais leur coût modéré pour de l’équipement professionnel (4000 euros pièce, une paille par rapport aux optiques cinéma) et leur compatibilité parfaite avec les boîtiers de Fujifilm (pas besoin d’adaptateurs ou de bidouille) transforme le X-H1 et tous les boîtiers Fuji X en de vraies caméras de cinéma.

Face au X-T3

À lire : Fujifilm X-T3 : un hybride qui promet aussi bien en photo qu’en vidéo

Le X-H1 a été annoncé au printemps dernier (oui, nous sommes en retard) mais Fuji le l’aura pas laissé en haut de l’affiche technologique : quoi que plus bas dans la gamme, le nouveau X-T3 annoncé le mois dernier dispose du nouveau couple capteur/processeur de 4e génération quand le X-H1 est une version vitaminée de la génération 3.

A.B. / 01net.com

Le X-T3 est un peu plus petit, un peu moins cher, non stabilisé et moins renforcé mais c’est une bête de performances pures : la rafale pleine définition (28 Mpix !) est de 20 images par seconde (30 i/s avec recadrage), le capteur est rétro-éclairé (technologie BSI), l’AF est super agressif, la vidéo 4K va jusqu’à 60 i/s sur la carte mémoire, etc. Et non seulement il profite du même viseur, mais en plus sa connectique est plus moderne que celle du X-H1 : le X-T3 fait appel à une prise USB-C contre un ancien câble Micro USB 3 pour le X-H1.

A.B. / 01net.com – Le X-H1 est le boîtier dont le gabarit est le plus adapté pour porter les gros téléobjectifs.

Si vous êtes reporter – au sens large du terme –, photographe de nature ou d’action, le X-H1 a le double avantage d’être stabilisé et renforcé, deux éléments primordiaux dès lors que ça remue un peu, en photo comme en vidéo. Et sa base technique est très solide, de même que la qualité d’image. Si vous privilégiez les performances électroniques pures, le X-T3 dispose d’une plate-forme plus moderne que cela soit en termes de rafales, d’AF ou de définition d’image. Mais il sera plus sensible aux flous – et au mouvements parasites en vidéo – avec les optiques non stabilisées. Et son plus petit format le rend moins maniable avec les gros téléobjectifs que le X-H1, bien plus costaud.

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