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Test Epson Moverio BT-200 : un concept de lunettes intéressant encore mal exploité

Epson peine à exploiter le potentiel de ses lunettes de cinéma. Les premiers tests montrent que la plateforme technique a bien évolué, mais les développements logiciels ne suivent pas.

L'avis de 01net.com

Epson Moverio BT-200

Conception

3 / 5

Equipement

3 / 5

Performances

3 / 5

Compatibilité

2.5 / 5

Appréciation générale

3 / 5

Note de la rédaction

Note publiée le 20/08/2014

Voir le verdict

Fiche technique

Epson Moverio BT-200

Type d'accessoire Casque cinéma
Voir la fiche complète

Epson Moverio BT-200 : la promesse

Les Moverio BT-200 d’Epson font partie de ces produits prometteurs, mais toujours en cours de développement. Annoncés au CES de Las Vegas en janvier, nous avions eu l’occasion de les découvrir en France lors d’une présentation « en petit comité ». En mai dernier, nouvelle communication de la part du leader mondial de la vidéo projection, mais ce n’est que depuis fin juin que ces lunettes à tout faire sont – timidement et exclusivement – distribuées sur le site d’Epson. Depuis l’annonce du produit, nous avons eu deux versions des Moverio BT-200 qui souffraient encore de nombreux bugs. Nous avons désormais reçu une version finale. L’occasion de nous faire une idée sur les Moverio BT-200 et sur les usages qui transpirent déjà.

Epson Moverio BT-200 : la réalité

Pour rappel, les Moverio BT-200 sont une paire de lunettes binoculaire capable d’afficher une image directement dans votre champ de vision. Pour cela, deux petits vidéoprojecteurs à LED sont intégrés dans les branches de ces grosses lunettes, projetant une image sur une petite surface de projection intégrée dans chaque verre (technologie Ultimicron Micro Display). La source vidéo n’est autre qu’un boîtier de la taille d’un smartphone, fonctionnant sous Android. D’ailleurs,son équipement est proche de celui des mobiles : processeur TI OMAP double cœur 1,2 Ghz, 1 Go de mémoire vive, 8 Go de stockage, du Wi-Fi 802.11n compatible Miracast, Bluetooth 3.0, accéléromètre, GPS, etc. Le boîtier dispose d’une surface tactile sur le dessus pour naviguer dans les menus d’Android.

Une plateforme matérielle rassurante

En l’état, même si les composants sont un peu dépassés et même si l’interface d’Android (4.0.4) n’est pas d’une extrême fluidité, on ne constate rien de franchement rédhibitoire. La surface tactile présente sur le boîtier répond bien, y compris au niveau des pressions prolongées servant à faire défiler les bureaux d’accueil d’Android par exemple. On prend rapidement ses marques.

Moverio BT-200 : volumineuses, mais pas si lourdes

Si les lunettes restent volumineuses, notre première impression se confirme : on supporte très bien le poids (104 grammes pour les lunettes seules) des Moverio BT-200. Les plus sensibles s’arrêteront après un film. Pour notre part, nous avons enchaîné films et séries sans ressentir trop de gêne, confortablement installé dans le canapé. Précisons que nous avons mesuré une autonomie d’environ 5h30 en lecture vidéo.
Les écouteurs livrés avec le produit sont d’une qualité très classique, plutôt orientés vers un son riche en basses : c’est tout à fait adapté aux films d’action explosifs. Par ailleurs, le fait qu’il s’agisse d’un modèle intra-auriculaire, offrant une assez bonne isolation passive, permet de se couper assez facilement des bruits ambiants. Et si vous êtes du genre exigeant sur la qualité audio, notez qu’il s’agit d’une connectique standard (jack 3.5 mm). Il est donc tout à fait possible de le remplacer par un casque de meilleure qualité.

Des images propres…

Epson livre deux caches, plus ou moins opaques, à placer devant les verres translucides. Ceux-ci ont pour vocation de vous couper de ce qui vous entoure, mais surtout, de bien profiter de vos projections en obscurcissant l’arrière-plan. Un troisième support permet d’accueillir de véritables verres correcteurs. En effet la forme des Moverio BT-200 est proche de celle d’une monture classique et, moyennant finance, vous pourrez vous faire fabriquer des verres adaptés à votre vue auprès d’un opticien.
Intéressons-nous maintenant à la qualité des vidéos projections. En déplacement comme à la maison, nous avons mené nos tests avec le filtre le plus occultant, soit dans des conditions optimales. La perception quant au piqué de l’image reste – évidemment – moins bonne qu’avec un vidéoprojecteur Full HD classique, mais la définition de ce petit système (960 x 540 pixels), est tout à fait correcte lorsqu’on visionne un film en basse définition (type un XviD) et assez étonnante avec un MKV 720p. Les contrastes sont assez bons (les noirs sont même assez profonds) et la luminosité bien suffisante compte tenue de la proximité visuelle de la projection.

…mais une perception très personnelle

Nos premiers tests à la rédaction montrent que sur cinq utilisateurs différents, la perception quant à la taille de l’image projetée diffère en fonctions des gens. Certains ont du mal à faire la mise au point sur l’image affichée juste devant leurs yeux et sont alors perturbés par le mobilier de la pièce qu’on aperçoit par transparence (même avec le filtre le plus opaque). D’autres trouvent que l’image est finalement petite. Mais pour celui qui parvient à se focaliser sur l’image en avant-plan, la sensation de grand écran est bel et bien présente. Le phénomène est assez délicat à expliquer, mais plus on appuie sa projection sur un mur lointain (à 4 ou 5 mètres) – toujours par transparence donc – et plus on a l’impression que l’image est grande. Lorsqu’on utilise les lunettes sans aucun filtre occultant, il devient plus compliqué de se focaliser sur la projection. Pourtant, c’est bien sous cette forme qu’Epson imagine les principaux usages pour ses lunettes.

Le vrai potentiel doit passer par le monde professionnel

Se faire une toile, en privée, avec les lunettes sur le nez, ne serait qu’une petite partie des fonctionnalités offertes par ces lunettes. En effet, intégrant un module GPS, du WiFi et une caméra, on n’a aucun mal à imaginer les différents usages décrits par Epson. Le constructeur travaille actuellement, avec le Musée du Louvre, au développement d’une application qui permettrait de se faire commenter (en audio et vidéo) les tableaux au travers des galeries. On peut très bien imaginer qu’un flash code serait apposé à côté de la Toile. La caméra de la lunette n’aurait plus qu’a le lire, pour se connecter ensuite (via le Wi-Fi) à une animation commentant le tout.
En extérieur cette fois-ci, le GPS pourrait vous localiser, face à la tour Eiffel par exemple, et vous commenter la visite en utilisant une application telle que Google Goggles par exemple. En sommes les Moverio BT-200 sont équipées pour répondre à une utilisation type “réalité augmentée”, mais avec cette contrainte d’une image projetée dans le champ de vision. Les Google Glass sont plus discrètes dans leur genre.

Ce qui nous dérange

Si les Moverio BT-200 sont assez prometteuses sur le long terme, selon nous, Epson passe d’ores et déjà à côté de fonctions importantes. S’agissant d’une plateforme Android, le constructeur a developpé son propre magasin d’application baptisé Moverio Apps Market. Le souci c’est que le contenu est très pauvre. On y trouve une dizaine d’applis, surtout de petits jeux utilisant l’accéléromètre des lunettes. L’un d’eux vous propose de vous déplacer dans l’espace, combattant de petit robots, mais avec un graphisme des plus rudimentaires. Nous aurions en effet préféré qu’Epson autorise l’installation d’applications téléchargées sous forme d’apk, pour les installer ensuite depuis une carte microSD.
Ainsi un banal explorateur de fichiers nous aurait permis de lire des vidéos depuis notre serveur domestique en Wi-Fi. Le fait que ce ne soit pas possible est une véritable frustration pour un tel produit multimédia : il faut se contenter de la faible capacité de stockage des BT-200 (8 Go), ou utiliser une grosse carte MicroSD pour se faire plaisir des heures durant.
Impossible aussi d’installer une application multimédia plus performante – type MX player – que le lecteur vidéo de base installé sous Android. En revanche, si les apps YouTube et DailyMotion ne peuvent pas être installées, le contenu de ces sites reste accessible depuis le navigateur Internet intégré.
Finissons par deux autres critiques. La première est que le boîtier ne peut accueillir de source vidéo externe (adieu la partie de console en solo). La seconde est la piètre qualité de la caméra intégrée (VGA). Les vidéos filmées, sans le son, ne sont pas d’un grand intérêt. Un modèle plus performant aurait permis de réaliser des séquences amusantes, un peu à la manière d’une action cam très immersive.
Espérons que ces petits problèmes, qui ne devraient pas nécessiter beaucoup de développement, seront résolus d’ici la commercialisation des Moverio BT-200… à une date encore inconnue.

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