En 2018, les constructeurs chinois vont faire parler d’eux. Avec leurs produits de niche connus par les technophiles depuis quelques petites années, Xiaomi comme OnePlus s’implantent un peu plus en Europe cette année avec deux beaux smartphones puissants et au rapport qualité/prix alléchant. Le Mi Mix 2S est donc très attendu et promet beaucoup. Voyons s’il est à la hauteur de ce que sa fiche technique annonce.
Le test a été réalisé à partir d’un modèle prêté par Xiaomi.
Un bijou qui ne ressemble (presque) à aucun autre
Xiaomi ou “L’Apple chinois”. Voilà une étiquette qui lui colle à la peau. Entre les appareils sosies et les noms parfois inspirés – pour ne pas dire empruntés – à la firme de Tim Cook, la marque très populaire en Chine réussit quand même à se démarquer avec ses smartphones.
En l’occurrence, le Mi Mix premier du nom avait fait sensation en devenant le tout premier smartphone bord à bord. Le Mi Mix 2S reprend cette prouesse de design, mais propose une formule bien plus agréable en main : plus fin, moins large et, même si l’appareil ne rejoint toujours pas les poids plumes, moins lourd que ses modèles précédents.
Tout en céramique, ce smartphone incarne l’élégance. Pour ceux qui boudent la tendance de l’encoche, ils seront ravis d’apprendre que Xiaomi maintient son idée de renverser le capteur frontal en bas, pour donner l’illusion d’un écran toujours plus grand. Ce dernier occupe un peu moins de 82% de la face avant, ce qui est déjà pas mal.
Alors oui effectivement, une fois retourné, difficile de ne pas voir la référence à l’iPhone X. Le double capteur photos et son flash se retrouvent là aussi positionnés en haut à gauche, à la verticale. Pas de reconnaissance faciale cependant, le Mi Mix 2S dispose d’un lecteur d’empreintes assez rapide, placé sur son dos. Boutons volume et déverrouiller à droite, tiroir à carte SIM à gauche, haut-parleurs, micro et port USB Type-C en bas et… c’est tout. Pas de prise jack. Heureusement, le constructeur fournit un adaptateur dans la boîte.
Un écran en demi-teinte
Retour sur la face avant et une constatation, non, Xiaomi n’a pas, comme d’autres, passé le cap de l’Oled. Pour le Mi Mix 2S, c’est une dalle IPS LCD avec une diagonale de 5,9 pouces et un ratio de 18:9. Il opte pour une définition Full HD+ (2160 x 1080 pixels), ce qui offre un certain confort.
L’écran n’est néanmoins pas exempt de défaut, loin de là. Les couleurs sont bien trop froides et manquent d’éclat, bien que le taux de contraste soit relativement élevé. La luminosité maximale n’atteint pas de sommets avec seulement 396 cd/m2. Dire que le Mi Mix 2S a un mauvais écran serait exagéré, mais celui-ci est tellement mis en avant que nos attentes étaient élevées. Il y a donc de la déception dans l’air.
Heureusement, Xiaomi a prévu un lot de petites fonctionnalités bienvenues pour l’écran dans sa surcouche logicielle MIUI (version 9.5). Si la colorimétrie par défaut n’est pas un modèle de fidélité (avec un Delta E de 4,3), le profil « Chaud » permet de rectifier le tir. A cela s’ajoute la possibilité d’augmenter le contraste et de choisir l’option « Contraste automatique », pour optimiser celui-ci en fonction de la lumière. C’est surprenant au début, mais ça s’avère extrêmement pratique et réactif, venant corriger le manque de luminosité de l’écran.
Où es-tu, Android ?
Sur le Mi Mix 2S, l’interface MIUI corrige donc quelques défauts. A noter qu’elle se surimpose à Android Oreo 8.0 et non pas à la toute dernière version de l’OS de Google (Oreo 8.1). Pour les plus aventureux, il sera possible de s’en débarrasser et d’activer la beta d’Android P.
Mais l’interface maison de Xiaomi ne s’arrête pas à rectifier les dérapages de la dalle. Ainsi, avec les grands écrans, et c’est d’autant plus vrai quand on a de petites mains, atteindre la barre des notifications peut demander un effort supplémentaire. Ici, pas besoin de venir la chercher très haut puisqu’un glissement de doigt dans la partie inférieure de l’écran la fait apparaître !
À vous également de choisir si vous préférez une navigation par boutons ou par gestes, afficher l’état de votre batterie en pourcentage ou sous forme de barre linéaire, réduire la taille de l’écran, sélectionner le type d’écouteurs utilisés, le double tap pour réveiller l’écran…
Bref, Xiaomi offre beaucoup d’éléments de personnalisation. Cela plaira aux personnes à la recherche d’un smartphone qui s’adapte au mieux à leurs usages, beaucoup moins à ceux qui préfèrent une expérience Android.
Difficile d’ailleurs de croire qu’il s’agit d’un smartphone Android à première vue. Et même si les Google Services sont préinstallés, il faut installer soi-même Google Assistant, par exemple. Il est évident que MIUI s’est améliorée depuis ses premières versions pour rendre son utilisation plus agréable. Néanmoins quelques problèmes de fluidités se sont manifestés, au point que certaines applications peuvent parfois se fermer toutes seules.
De la puissance… instable ?
Cette année, Xiaomi rejoint la liste des smartphones Android les plus performants. Avec le Snapdragon 845 de Qualcomm et 6 Go de RAM, le Mi Mix 2S a de quoi rivaliser avec les plus grands. Du moins, sur le papier. Les résultats de nos bench sont problématiques car totalement erratiques. Nous avons réitéré nos tests, les résultats oscillent entre ceux d’un Snapdragon 845 assez bon – bien qu’en dessous toujours du OnePlus 6 – et des résultats plus proches d’un S835 moyen…
Mais cela se ressent-il à l’utilisation ? Pour le mettre à rude épreuve, nous avons jouer à des jeux particulièrement gourmands : Asphalt Xtrem et PUBG. L’expérience globale n’a pas été mauvaise, mais nous nous sommes surpris à observer quelques ralentissements.
Il semblerait que Xiaomi n’ait pas réussi à totalement optimiser tout le potentiel du Snapdragon 845 avec sa surcouche MIUI. Nous espérons tout de même qu’une mise à jour viendra rapidement corriger le tir.
Une autonomie décevante
En attendant de donner un go sans restriction aux performances, tournons-nous vers l’autonomie. La batterie a une capacité de 3400 mAh, ce qui permet au Mi Mix 2S de tenir une bonne journée avec une utilisation normale (réseaux sociaux, photo, vidéo et jeu). Mais pas plus.
Nos tests d’autonomie révèlent qu’il perd rapidement en autonomie lors des télécommunications, plus qu’avec le Mi Mix 2 classique. C’est assez décevant, mais il se rattrape en temps de chargement. Compatible avec la recharge sans fil et la recharge rapide, il est capable de récupérer les trois quarts de sa batterie en à peine une heure. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle.
Un appareil photo de qualité
Le Mi Mix 2 s’équipe d’un double module caméra avec un capteur principal de 12 Mpix, un objectif ouvrant à f/1,8 et un capteur secondaire de 12 Mpix également mais d’un diaphragme ouvrant à f/2,4. Pour passer de l’un à l’autre, rien de plus simple, il suffit de tapoter une fois sur l’écran afin de profiter du second capteur et de son zoom optique x2.
Le résultat n’est pas déplaisant. Les couleurs respectent la réalité contrairement à d’autres constructeurs (Huawei notamment) qui poussent le contraste à fond et rendent les couleurs un peu trop pétantes. Cette technique flatte la rétine, certes, mais ne permet pas de retranscrire un rendu naturel. Le Mi Mix 2S va plaire à ceux qui sont à la recherche de photos fidèles à la réalité. Néanmoins, les clichés manquent de piqué. Les détails ont tendance à se fondre dans le décor.
Le second capteur se révèle satisfaisant pour le zoom. La perte de détail n’est pas significative, les couleurs naturelles sont conservées. Xiaomi propose là un deuxième capteur réussi et utile, d’autant plus qu’il est également sollicité pour le mode portrait.
Outre ce mode, l’appareil photo peut simuler tout seul une profondeur de champ grâce au second capteur. L’effet bokeh est très souvent réussi. Voilà de quoi réussir ses clichés en macro photo. De plus, Xiaomi se lance dans l’intelligence artificielle, une option qui peut être enclenchée directement au moment de prendre une photo. Nous ne remettrons pas en cause le fait qu’elle est capable de bien cerner le sujet, mais, difficile d’y voir un réel changement. Le mode HDR peut lui aussi être activé pour mieux gérer la lumière, en plein soleil par exemple.
Le mode portrait est capricieux. Il permet de saisir sans délimiter de façon superficielle la personne photographiée. L’effet de profondeur est réussi et met en valeur le sujet. Mais, en contre jour ou avec une trop forte lumière, même naturelle, des aberrations de couleurs font leur apparition. Il faut vraiment que les conditions soient optimales : une scène éclairée, mais pas trop non plus.
En basse lumière, les choses se corsent. La gestion de la lumière devient chaotique, le bruit s’installe et la netteté en prend un coup. Bien souvent, les scènes intérieures se teintent d’une couleur jaunâtre, un peu comme si nous leur avions apposé un filtre.
Comme mentionné un peu plus haut, le Mi Mix a la spécificité de placer son capteur photo avant à droite, sur la bordure inférieure de l’écran. Pour effectuer un autoportrait, pas de souci, il suffit de retourner l’appareil pour voir toute l’interface basculer. Un petit geste à apprendre, qui demande un temps d’adaptation. Mais le véritable problème vient du fait que les applications ne sont pas optimisées pour cette pirouette. Cela fonctionne avec WhatsApp, Google Allo, Twitter mais pas avec Snapchat, Facebook Messenger ou encore Instagram… Bref, avec les applis qui sont plus sujettes à la pratique du selfies et qui malheureusement, n’ont pas prévu la rotation de l’écran. C’est dommage, peu ergonomique et donne lieu à quelques ratés, comme un doigt devant le capteur… Sinon, pour ce qui est de la qualité de cet appareil photo frontal de 5 mégapixels, sans faire d’éclat, le résultat est correct. Vous trouverez aussi un mode embellissement assez fouillé.
Pour ce qui est de la vidéo, le Xiaomi Mi Mix 2S propose de filmer en HD, Full HD et Ultra HD. Avec une définition Full HD, il réussit à obtenir un résultat satisfaisant. Des couleurs naturelles, un bon taux de contraste, un niveau de détails honorables, très peu de déformations visuelles… Prendre des vidéos avec son Mi Mix 2S est agréable. Attention tout de même, une vidéo capturée en mode Ultra HD peut planter.
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