Pour qui a commencé sa vie vidéoludique sur un TO7, quand les années 80 n’étaient pas encore vintage, simplement parce qu’elles étaient en cours de fabrication, l’association de la marque Thomson et du jeu vidéo n’est pas forcément source de rires moqueurs et de réflexions sournoises. Il y a même comme un retour aux sources inattendu. Bien entendu, depuis, on a vu Thomson s’essayer à un peu tout et n’importe quoi, du PC portable à la tablette, avec un succès… modéré.
Un petit retard à l’allumage
Annoncé à la fin du mois d’août 2022, les PC portables de Thomson ont mis du temps à arriver. À l’époque, le communiqué de presse promettait des RTX de la série 3000, et des processeurs Intel Core de douzième génération. Soit, approximativement, ce qui se faisait de mieux à cet instant techno-là. Quelques mois plus tard et en 2023, ils sont arrivés, et avant d’aller plus loin, il est important de relever deux points.
Le premier échappe à Thomson. Depuis l’annonce de son X15 Gaming, Intel a introduit ses Core de 13e génération et Nvidia a lâché sur le monde ses cartes graphiques portables RTX 4000. Un nouveau couple qui donne le rythme de ce qui se fait de mieux dans le petit monde du gaming.
Le second point est totalement imputable à Thomson. Ce n’est pas un processeur de 12e génération qu’on trouve dans ce PC portable de gamer, mais un Core i7 de 11e génération, comme l’indique sa nomenclature complète : Core i7-11800H. Cadencé à 2,3 GHz, ce processeur embarque huit cœurs, pour 16 threads, à l’ancienne. Ne cherchez pas de cœurs haute performance ou basse consommation…
Le processeur s’accompagne de 16 Go de mémoire vive dans notre configuration de test, et confie la partie graphique à une RTX 3060… Pas un foudre de guerre, mais une carte efficace.
La configuration à proprement parler n’a rien de ridicule. Elle arrive juste un peu tard, et si le prix affiché, 1 499,99 euros, aurait de quoi excuser beaucoup de choses, il n’a plus aujourd’hui le même attrait que si le X15 Gaming avait été lancé il y a un an et demi. D’autant que, si on trouve beaucoup de configurations identiques dans cette même fourchette de prix, on débusque aussi des machines éprouvées comme le Katana GF66, de MSI, porteur du même processeur et d’une RTX 3070 Max-Q dont le prix a baissé et est bien plus abordable. Même chose pour des configurations portables, qui mélangent Core de 12e génération et RTX 4050, pour un tarif plus abordable. Thomson a donc un petit souci avant même de commencer. Mais voyons s’il a des atouts par ailleurs…
Le boîtier… pas si mal
La première impression passe toujours par l’extérieur, et donc le boîtier. En l’occurrence, Thomson fournit une copie très classique, mais de qualité, avec un design sobre à défaut d’être original. À dire vrai, la marque Thomson ne figure même pas sur le boîtier. Étrange, non ?
Ceux qui aiment que leur PC clignote pourront se réjouir, une petite barre de LED sur la façade du boîtier pulse gentiment en changeant de couleur.
Et puisque nous sommes sur les côtés, faisons un rapide point sur la connectique offerte. Thomson a eu la bonne idée de répartir les connecteurs aussi bien sur les flancs que sur l’arrière. Les ports USB-A sont présents aussi bien à droite qu’à gauche, ce qui signifie que brancher une souris filaire ne vous gênera pas, que vous soyez droitier ou gaucher. La connectique occupe en fait la place que les évents d’aération laissent libre. Car, la machine va ventiler, croyez-nous.
Au-delà de la disposition de la connectique, on salue la présence d’un port Ethernet 2,5 Gbit à l’arrière, cela compenserait presque le fait qu’on n’ait droit qu’à du Wi-Fi 6. Précisons toutefois que même avec notre connexion fibre et une sortie optique 10 Gbit, les débits que nous avons enregistrés en Ethernet n’ont jamais franchi le Gigabit. Peut-être avons-nous manqué de chance ?…
Un clavier qui voudrait rouler des mécaniques
Intéressons-nous maintenant à une autre bonne surprise. Enfin, à ce qui pourrait l’être, le clavier. Il est rétroéclairé, bien entendu. Il est aussi dépourvu d’un pavé numérique qui est souvent une mauvaise idée sur les boîtiers peu larges, car cela contraint la taille des touches. Enfin, et c’est l’argument qui attire l’attention, il s’agit d’un clavier… mécanique. C’est généralement le Graal du joueur !
Et à l’usage ? À franchement parler, on est assez loin des claviers mécaniques haut de gamme, qui rappelle les Keytronic d’antan. Pour s’en approcher, il aurait fallu une expérience plus solide, plus de stabilité dans les touches, et moins d’une mollesse qui arrive pourtant à donner l’impression d’une certaine raideur. Raideur et non fermeté. Même si la course est plutôt agréable, le bruit de plastique produit par les touches n’est pas forcément engageant. Il rythme certes la saisie, mais taper sur une boîte en plastique aussi. Enfin, l’espacement entre les touches est confortable, mais est peut-être un peu trop large. Si vous avez tendance à grignoter des cookies en jouant, vous savez où vous les retrouverez.
Par ailleurs, pour une raison qui nous échappe, nous avons parfois eu de la peine à caler nos mains comme il se doit pour frapper rapidement du texte, comme nous le faisons habituellement. Sans doute faut-il chercher l’explication du côté de la course assez longue. En tout cas, en jeu, l’effet général est plutôt acceptable.
Dans tous les cas, on y retrouve les touches directionnelles visuellement très faciles à repérer, ainsi que des touches de fonction essentielles, pour couper rapidement le son ou verrouiller le trackpad, par exemple. Parlons brièvement du pavé tactile. Il est plutôt petit, mais réagit bien aux pressions du doigt, offre un clic rapide et ferme – aux belles sonorités « plastique » toujours. Il est parfait pour les usages bureautiques, et rien d’autre, car il est bien entendu que personne n’a jamais pensé à l’utiliser pour jouer sérieusement, ce serait une sorte d’hérésie.
Enfin, terminons sur un simple bouton, situé à gauche de l’interrupteur du X15 Gaming. Grâce à lui, d’une simple pression, vous allez pouvoir basculer entre trois modes de performance. Le premier correspond au mode d’économie d’énergie de Windows. C’est celui que nous vous recommandons pour la bureautique, le surf ou ce genre de tâches qui ne requièrent pas de puissance. Les deux suivants – un mode Performances et un mode Turbo – vont réveiller la bête, augmenter l’appétit du processeur et de la carte graphique (avec une consommation maximale relevée par le 01Lab à 181,3 W, tout de même), et aussi le bruit généré par les ventilateurs (le pic de chaleur mesuré s’établit à 53,2°C et le maximum de bruit à 43,4 dB).
Nous y reviendrons plus tard, mais passer du mode Performances au mode Turbo, pourra se justifier parfois, si vous avez besoin de grappiller quelques images par seconde en plus pour atteindre le niveau de fluidité voulue. Avec une RTX 3060, cela pourrait arriver plus vite que vous ne le pensez. Alors, les performances, justement, parlons-en.
Toute la puissance… d’avant-hier
Sur son site Web, Thomson claironne gaiement : « Faites l’expérience d’une puissance au sommet avec le processeur Intel Core i7 de 11e génération pour des performances hors pair permettant de battre tous les records sur vos jeux préférés. » Alors, oui, mais non. La 11e génération n’est plus au sommet, et ce n’est en soi pas grave. Car, effectivement, si Thomson ne vous offre pas le nec plus ultra, sa configuration est suffisamment solide pour faire tourner la plupart des titres actuels, et même futurs, en rognant un peu sur vos exigences. Néanmoins, et c’est une évidence, cette machine est moins apte à affronter le futur que si elle embarquait les toutes dernières générations de puces. Dans un monde où la durabilité d’un produit est à prendre en compte, cet argument n’est pas un détail.
Jetons un œil à deux chiffres pour commencer. Les résultats de deux tests synthétiques qui nous permettent de situer notre X15 Gaming par rapport à la concurrence des deux dernières années. PCMark 10 lui attribue un score de 6 161 points, ce qui est presque 14% moins performant que le résultat moyen des machines de cette gamme.
Pour la partie graphique pure, mesurée par 3DMark Fire Strike Extreme, le 01Lab a relevé un score de 9 252 points, ce qui est 26,4% moins puissant que la moyenne. Une moyenne qui compte beaucoup de cartes RTX de série 3000 et qui a également été rehaussée par nos tests des quelques modèles de PC portables de gaming équipés de RTX 4000. Sans grande surprise, le X15 Gaming de Thomson se situe donc plutôt dans la moitié inférieure des machines de jeu portables que nous avons eues entre les mains.
Cependant, la RTX 3060 configurée dans le X15 de Thomson réussit à faire mieux que dans certaines des configurations sorties ces derniers 24 mois, ce n’est donc pas un mauvais point. La configuration est certes un peu passée de mode, mais elle a encore quelques beaux restes.
Rappelons également que les machines les plus performantes que nous avons testées récemment flirtent toutes avec les 5 000 euros… Entre cette somme et les 1 500 euros demandés pour le PC de Thomson, il y a un monde et peut-être une relation houleuse avec votre banquier. Voilà pour la remise en perspective. Voyons maintenant ce qu’offre le X15 Gaming quand on le confronte à de vrais jeux.
Nous avons réalisé des tests avec quatre jeux, plus ou moins récents, plus ou moins gourmands, et tous en définition native : Red Dead Redemption 2, Cyberpunk 2077, Horizon Zero Dawn et Watch Dogs : Legion. Pour les trois premiers titres, on constate que le X15 Gaming tient très largement la route. Vous aurez également remarqué que le mode Turbo permet, bel et bien, d’afficher quelques images en plus. Pas de quoi réaliser des sauts périlleux arrière de joie, mais assez pour gagner un peu en fluidité ou éventuellement envisager de pousser un peu plus les réglages.
Avec Watch Dogs, la donne est légèrement différente, et il vous faudra concéder quelques sacrifices pour atteindre un niveau de fluidité suffisant : soit baisser des niveaux de détails et réglages demandés, soit revoir la définition à la baisse.
Autrement dit, la configuration est solide, mais ne vous accorde pas un blanc-seign pour faire tourner les AAA les plus exigeants. À vous de savoir quels sont les jeux qui vous séduisant généralement. Si vous êtes du genre à écumer les soldes Steam pour jouer à des jeux un peu anciens ou que les jeux indépendants en pixel art font votre bonheur, ce X15 Gaming pourrait être un bon choix… Surtout si votre budget est serré.
Et l’écran ?
Pour nous en mettre plein les mirettes, Thomson a opté pour une dalle LCD Quad HD de 15,6 pouces. Sur une machine de ce prix, pas la peine de rêver à de l’OLED ou du miniLED, soyons réaliste. D’autant que la définition de 2560 x 1440 pixels et son rafraîchissement à 165 Hz ont tout, sur le papier, pour donner satisfaction. Apprécions également que les bordures autour de la dalle sont assez discrètes, et que la partie inférieure ne soit pas trop grosse, comme cela arrive parfois. En ergotant, on pourrait regretter que la bordure supérieure ne soit pas plus fine, mais elle héberge la Webcam, compatible Windows Hello, pour déverrouiller votre ordinateur. Elle se sort très bien de cette tâche, en revanche, évitez les visioconférences professionnelles, car la qualité est mauvaise, même dans des conditions de lumière correcte. Les 720p ne font pas de miracle…
Mais revenons à la dalle. À l’œil, l’affaire est plutôt plaisante, on ne relève pas d’aberration chromatique, pas de fuite de lumière non plus. En revanche, on lui trouve rapidement un petit manque de luminosité et un contraste, peut-être un poil faiblard. Deux points que les mesures effectuées par le 01Lab confirment sans l’ombre d’un doute.
Souvent les dalles de PC gaming favorisent la vitesse de rafraîchissement au détriment de la luminosité, mais c’est ici un poil trop. Avec seulement 295 cd/m2, il est loin de la moyenne calculée à 392 cd/m2 pour les portables de jeux. Il est ainsi presque 25% moins lumineux que ses concurrents. C’est mal parti pour jouer à l’ombre d’un figuier cet été…
Quand on se tourne vers la mesure du taux de contraste de la dalle, c’est une fois encore un petit raté qu’on relève. Avec un contraste de 1 062:1, le X15 Gaming, de Thomson, est presque 38% moins bon que la moyenne des PC équivalents testés ces 24 derniers mois. Si vous devez choisir le PC de Thomson, ce ne sera pas pour sa dalle, même si elle réussit la jolie performance d’être une des plus justes que nous ayons eu entre les mains d’un point de vue colorimétrique. Jugez plutôt, avec son Delta E 2000 de 1,22, elle est 60,6% plus juste que la concurrence. Voilà qui laisse comme un regret. Pourquoi cette dalle n’est-elle pas aussi bonne pour les autres critères ? On vous donne un indice : son prix.
Une autonomie qui tient la route, sans éblouir
On ne va pas vous lâcher comme ça, sans vous parler, pour finir, de l’autonomie du X15 Gaming. Vous avez dû commencer à comprendre que le portable de Thomson n’est pas le PC des extrêmes, il est également vrai qu’il flirte assez souvent avec un juste milieu, et se permet même quelques petits effets de manche.
Son autonomie s’inscrit parfaitement dans cette lignée. Sans être un monstre d’endurance, il évite les ratés que connaissent certains de ses concurrents. Dans le cadre de notre test d’autonomie polyvalente, qui simule un ensemble d’usages du quotidien (Web, Mail, vidéo, etc.), le Thomson X15 Gaming a tenu 6 h 38. Ce n’est pas un record, mais c’est malgré tout 20,7% de plus que la moyenne des PC portables de gaming que le 01Lab a testé au cours des 24 derniers mois. Cette période est d’autant plus intéressante, en l’occurrence, que la configuration du portable de Thomson est celle d’une machine sortie il y a 24 mois.
Du côté de l’autonomie en streaming vidéo, même constatation. Le X15 Gaming a tenu 5 h 20, ce qui, sans mériter que vous vous releviez la nuit, est tout de même presque 10% plus endurant que la moyenne de ses congénères testés au cours de la même période de deux ans.
Sa batterie de 94 Wh a donc l’air de bien tenir la charge, et justement, sur le point de la recharge, il lui faut 2 h 16 pour faire le plein, ce qui est 8,8% plus lent que la moyenne de ses concurrents, d’après les résultats relevés par le 01Lab.
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