C’est l’une des références des vélos électriques urbains, le Turbo Vado de Specialized est l’un des plus conseillés lorsqu’il s’agit de s’équiper pour réaliser un trajet domicile-travail, ou plus généralement d’accumuler les kilomètres. La nouvelle version de la star des vélos électrifiés du fabricant américain a pourtant décidé d’évoluer. Avec un nouveau moteur, une géométrie repensée et un design modifié, le Vado peut-il toujours être considéré comme une référence dans sa catégorie ?
Sur cette nouvelle version du Vado, Specialized a légèrement fait évoluer le style de son vélo. Il faut dire que la précédente version du VAE était relativement clivante d’un point de vue esthétique, certains lui reprochant l’étrange forme conique de son tube diagonal. Il en ressort un ensemble plus homogène, mais aussi légèrement moins original. En matière de qualité de fabrication, le bilan est plus que positif. Le savoir-faire historique du fabricant américain saute aux yeux… même s’il est possible de lui reprocher quelques lacunes en matière de gestion des câbles ou encore sur les soudures qui ne sont pas polies, un comble pour un vélo à 4 000 euros.
Un équipement complet et de qualité
Ce genre de faux pas, Specialized ne les commet pas en matière d’équipement. L’avantage du fabricant américain, c’est d’avoir une grande maîtrise de la chaine de production d’un vélo et d’être également fournisseur d’une partie de son équipement. Ainsi, la potence, le guidon, les poignées, la béquille ou encore le porte-bagages sont tous signés Specialized et parfaitement adaptés au cadre du Vado.
Bien évidemment, pour les équipements plus spécifiques et en particulier pour la partie mécanique, le fabricant est allé chercher du côté des spécialistes et non des moindres. La transmission et les freins ont été confiés à SRAM, et la fourche vient de chez Suntour.
Mais c’est sur les accessoires de confort que Specialized fait le plus fort. Les feux avant et arrière, en plus d’être joliment intégrés sont très performants. La béquille, solide. Les gardes-boues couvrent une grande partie des roues. Quant au porte-bagages, il est compatible avec la norme MIK HD pour une accroche facile des accessoires. En bref, c’est un sans faute sur cet aspect.
Moteur souple et performances au top
En matière de motorisation, Specialized est l’un des rares fabricants majeurs à ne faire appel ni à Bosch, ni à Shimano. L’américain opte depuis des années pour du Brose et pour cause, il bénéficie d’une relation particulière avec le motoriste allemand et participe directement à l’élaboration des moteurs qui équipent ses vélos.
Sur ce nouveau Vado, c’est le moteur 2.0 qui a été utilisé. Celui-ci dispose d’une puissance classique de 250W… mais de 70 Nm de couple. Ce qui, sans en faire un monstre de sa catégorie, le place parmi les bons élèves. Plus intéressant sans doute que le couple de ce moteur, c’est le type d’assistance qu’il fournit qui nous intrigue. En effet, il est possible de choisir parmi trois niveaux d’assistance : éco, sport, turbo. Specialized fait les choses simplement, même s’il permet par ailleurs de modifier le niveau d’assistance et la puissance maximale de chaque mode via l’application. Ce qui trouble au premier abord, c’est l’absence d’un mode smart ou équivalent au Tour+ de Bosch. En effet, le Vado ne dispose pas d’un mode dit naturel qui offrirait un dosage de l’assistance progressif et surtout en réponse à l’effort du cycliste. Et pour cause, ce sont les trois modes du Vado qui fonctionnent de cette manière, sans que la puissance électrique soit délivrée de manière brute et bien sûr en tenant compte du comportement de l’utilisateur. Néanmoins, bien que l’assistance soit de qualité, elle nous a semblé un cran en deçà de ce que propose la dernière génération de moteurs Bosch.
Pour le reste, le comportement électrique du Vado est tout simplement exemplaire. Précieux lorsque la difficulté arrive, le moteur sait surtout s’effacer quand le cycliste veut reprendre le dessus. Enfin, et c’est assez rare pour être souligné, c’est un modèle de discrétion en comparaison des autres motorisations du marché.
Un VAE connecté, une application aboutie
De plus en plus de VAE ont la possibilité de se connecter à une application compagnon. Celle-ci est essentielle pour les plus connectés d’entre eux comme les Cowboy ou les VanMoof et peut avoir un intérêt nettement plus relatif pour les autres. Pour dire vrai, hormis chez Cannondale, nous n’avions pas jusqu’ici rencontré une application vélo convaincante. De celle dont on se souvient lorsqu’on est sur le vélo et qu’on n’hésite pas à lancer au-delà de l’appairage initial. Mission Control, l’application de Specialized est de celles-là. Il s’agit non seulement d’une application qui concentre de nombreuses données pour le vélo, mais elle permet également de le paramétrer.
Une fois le jumelage terminé -l’opération ne prend que quelques secondes- le vélo apparait dans l’application. Il est dès lors possible de changer les paramètres du moteur, en général ou sur un trajet donné. En fonction du dénivelé ou du type de route pratiqué, vous serez à même de modifier la gestion de l’assistance et ainsi prolonger l’autonomie de la batterie. L’application permet également de régler le niveau d’assistance sur chaque mode de conduite. Le mode éco, par exemple, prévu initialement pour délivrer 35 % de la puissance maximale du moteur, peut être relevé si vous le jugez trop timide. À l’inverse si l’engagement du mode Turbo vous parait trop franc, il est possible de l’adoucir. En jouant sur les réglages de puissance et d’assistance moteur, il est tout simplement possible de régler le vélo à son goût pour que son coup de pédale délivre la puissance souhaitée. Pour autant, l’opération n’est pas évidente et demandera plusieurs ajustements avant d’arriver à un réglage satisfaisant.
L’autre aspect essentiel de l’application concerne la personnalisation de l’écran. En effet, l’afficheur « Mastermind » peut être paramètré en fonction de goûts de l’utilisateur. À lui de choisir quelles données afficher (vitesse, assistance, autonomie, cadence) et comment.
Enfin, il convient également de saluer l’ouverture d’esprit de Specialized qui donne la possibilité de synchroniser les données de son application avec deux des applications les plus plébiscitées par les cyclistes du monde entier, Strava et Komoot.
Un système antivol perfectible
Sur la sécurisation du vélo, Specialized ne fait pas beaucoup mieux que ses concurrents. Trois options permettent de rendre le vélo moins intéressant à subtiliser. Il y a bien sûr la batterie amovible, ce qui nécessite de retirer l’accessoire dès que le vélo est attaché. Les deux autres options sont plus dissuasives et moins contraignantes. D’une part le vélo est pourvu d’une alarme qui émet un son relativement discret lorsque le vélo bouge sans l’autorisation de son propriétaire. La seconde permet, via l’application, de désactiver l’assistance électrique du VAE. Dès lors, seul le propriétaire du vélo peut le débloquer, soit avec son smartphone, soit à l’aide d’un code secret.
Dans tous les cas, ces systèmes ne sont que dissuasifs et Specialized, comme le reste de l’industrie du cycle doit trouver des solutions plus efficaces contre le vol, faute de quoi le meilleur allié des cyclistes restera le bon vieux cadenas.
Autonomie : un degré de liberté inédit
L’autonomie du Vado est tout à fait dans la moyenne de sa catégorie. Son accumulateur de 710 Wh nous a permis de dépasser tout juste les 80 km malgré des températures assez basses lors de notre test. Dans notre configuration d’essai, nous avons essentiellement roulé en mode Sport, mais quelques passages en mode Turbo nous ont permis de constater que l’autonomie était à peine inférieure lorsque celui-ci était activée.
Surtout, nous l’avons vu, l’autonomie peut encore augmenter de deux manières, avec des ajustements manuels sur l’application qui engendrent une meilleure gestion de la batterie sur certaines phases. L’autre moyen de prolonger l’autonomie, c’est bien évidemment en augmentant l’effort physique puisque le Vado est l’un des VAE qui prend le mieux en compte le coup de pédale de son conducteur. À cet égard, Specialized met à disposition du propriétaire un outil qui est sans égal : la barre de cadence de pédalage. En effet, l’afficheur indique un score de pédalage en temps réel qui juge de la qualité du coup de pédale du cycliste. Plus ce score est élevé, plus il bascule du côté vert du spectre chromatique. Plus il est bas, plus il rougit, ce qui indique que le vélo est entrainé, soit par la pente, soit par le moteur seul, mais sans réelle intervention du propriétaire. En définitive, il s’agit d’un indicateur de l’efficacité de pédalage qui permet d’avoir une visibilité sur son niveau d’effort tout en prolongeant l’autonomie de la batterie. À notre connaissance, Specialized est le seul à proposer cet outil, et c’est bien dommage.
Le VAE parfait pour ceux qui aiment le vélo musculaire
Les précédentes versions du Vado ont pour point commun d’avoir été saluées sur le confort et le dynamisme de leur conduite. De fait, modifier la géométrie de son vélo constitue un risque pour Specialized. Pourtant, il n’a suffi que de quelques secondes sur la selle de ce nouveau Vado pour que le doute soit levé.
La position de conduite du vélo de Specialized incite le cycliste à incliner légèrement les épaules, ce qui le met dans une position dynamique qui sied parfaitement au dynamisme du vélo. Pour autant, le Vado n’en oublie pas de rester très confortable ce qui est permis grâce à ses pneus à gros volume (2.3), sa tige de selle suspendue et sa fourche avec un débattement de 80 mm. En d’autres termes, le nouveau Vado offre un excellent compromis entre sportivité, dynamisme et confort respectant à la lettre la tradition de la gamme.
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En plus de permettre d’enchainer les kilomètres dans un relatif confort, le Turbo Vado met également l’accent sur l’effort du cycliste de deux manières : grâce à son assistance progressive et en incitant le cycliste à compter davantage sur ses jambes que sur le moteur (à cet égard la barre de cadence est diabolique !). En conséquence, il ne serait pas étonnant que ce vélo à assistance électrique plaise encore plus à ceux qui sont à priori réfractaires à l’électrification ou qui en ont une vision caricaturale.
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