Alors qu’une grande majorité des constructeurs TV a choisi d’explorer la voie du mini-LED, Sony fait partie des rares à ne pas avoir franchi le pas. En lieu et place, le Japonais préfère miser sur une technologie qu’il exploite un peu mieux chaque année. En effet, génération après génération, sa gamme OLED progresse tirant à la fois parti du savoir-faire en colorimétrie de Sony, mais aussi de la puissance de traitement de ses processeurs. Sans mini-LED dans son catalogue, Sony se devait de proposer plus qu’une simple évolution de sa gamme OLED.
De fait, le dernier-né de la gamme, l’A90J, bénéficie d’un grand nombre de nouveautés à commencer par un nouveau processeur cognitif, le XR, ou l’intégration de la dernière génération des dalles OLED de LG Display, les plus lumineuses.
Sony est également le premier fabricant à disposer de Google TV, l’évolution d’Android TV. Ces nouveautés offrent-elles de meilleurs résultats que ceux affichés par l’AG9 l’an dernier ? Et surtout, valent-elles que l’on débourse plus de 3 500 euros, le prix de cette version 65 pouces ?
Design et finition : bien sur ses pieds
Sony a pour habitude de soigner le design de ses téléviseurs. À ce titre, l’A90J est dans la continuité de ce que le constructeur nippon a produit jusqu’ici. C’est-à-dire un téléviseur sans réelle fantaisie dans le design, plutôt sérieux donc, mais avec une qualité de construction et de finition impeccable. La technologie OLED permet à Sony d’aboutir à des bords particulièrement fins que le constructeur met en valeur en adoptant un pied très discret.
Ce pied, justement, est l’un des éléments différenciants du téléviseur. Depuis l’an dernier, Sony propose sur certains de ces modèles des pieds réversibles qui selon leur position changent la hauteur du TV. Cette option est désormais déclinée sur toute la gamme, les pieds étant réglables sur deux ou trois positions en fonction de la diagonale (et du poids) de la télé mais aussi de son prix. Concrètement, sur l’A90J, cette option est bienvenue et permet au choix de poser le téléviseur au plus près du meuble ou d’ajouter une barre de son à sa base.
Le dos du téléviseur, bien que non visible, bénéficie lui aussi d’un sacré sens du détail. Des caches permettent de dissimuler toute la partie connectique et de donner une impression uniforme. Dès lors, il n’est que plus regrettable de constater que Sony ne propose aucune solution pour masquer les câbles, ni même de passages de fil intégrés aux pieds, ce qui, pour un téléviseur à plus de 3 500 euros, laisse perplexe.
Enfin, Sony a eu la bonne idée de reprendre la télécommande inaugurée sur ses OLED de l’an dernier. Disposant d’un micro pouvant activer la commande vocale, elle intègre aussi des touches rétroéclairées ce qui la rend bien plus agréable à utiliser dans l’obscurité.
D’ailleurs ces dernières fonctionnent grâce à un capteur de luminosité qui fait varier l’intensité de l’éclairage en fonction du besoin.
Enfin au niveau des touches disponibles, Sony intègre désormais des raccourcis vers Youtube ainsi que les trois services de SVOD majeurs (Netflix, Disney+ et Prime Video). Sans avoir particulièrement changé le design de son OLED, Sony est tout de même parvenu à l’améliorer en matière d’agrément. Le soin du détail apporté à sa télécommande ou encore la modularité des ses pieds prouvent qu’il est encore possible de progresser dans ce domaine.
Qualité d’image : ce que Sony a produit de mieux en OLED
Déjà auteur d’un excellent AG9, Sony dispose de bases très sérieuses pour travailler à la suite de sa gamme OLED. Le constructeur est bien évidemment dépendant de LG Display qui lui fournit les dalles, mais le châssis, le traitement de l’image et la colorimétrie sont de son fait.
Coupons court à tout semblant de suspens, la qualité d’image de l’A90J est tout simplement excellente. Contrairement à l’an dernier, Sony a bénéficié de la dernière génération de dalles OLED, les plus lumineuses, et les résultats sont très intéressants, notamment sur les contenus HDR où le dernier modèle peut faire valoir son excellent pic lumineux (717 cd/m2).
Au niveau de la colorimétrie et de la température des couleurs, c’est encore très sérieux avec une température stable et un delta E moyen inférieur à 3, la valeur au-delà de laquelle la différence de couleur ne peut être perçue par l’oeil humain.
Mais la grande nouveauté sur cette gamme 2021, est l’arrivée d’un nouveau processeur de traitement d’image, un certain Cognitive XR Processor. Sa promesse ? Déterminer le point focal du regard sur chaque image et le traitement en conséquence pour la magnifier.
En l’état, nous sommes contraints de reconnaître que ce genre de procédé atteint les limites de notre compétence. Il nous est tout simplement impossible d’affirmer que cette nouvelle technologie change quoi que ce soit à ce que proposait le X1 Ultimate l’an dernier.
Enfin, en matière de mise à l’échelle, l’A90J propose sans doute ce qui se fait de mieux avec un upscaling discret mais performant des contenus.
Jeu vidéo : faux départ pour le VRR
Sony était particulièrement attendu sur la partie jeu vidéo de son nouvel OLED. En effet, le constructeur à l’origine de la PS5 n’a pas toujours été irréprochable en matière de jeu vidéo, avec notamment un input lag assez élevé par rapport aux meilleurs.
C’est justement en matière de retard à l’affichage que l’A90J corrige d’abord le tir. En effet notre labo a mesuré l’input lag à 18 ms, soit à peine plus d’une image de retard à 60 Hz. Ce n’est pas encore au niveau d’un LG ou d’un Samsung qui descendent à 12 ms mais l’honneur est sauf. En revanche, côté rémanence, Sony peut allègrement s’appuyer sur les qualités intrinsèques de la technologie OLED, avec un temps inférieur à la milliseconde.
Comme pour de nombreux téléviseurs cette année, la partie gaming est étroitement liée au support du HDMI 2.1. Sur l’OLED de Sony, le nombre de ports compatibles avec la nouvelle norme est de deux. Dès lors, il est possible de jouer en 4K à 120 Hz avec une PS5 ou une Xbox Series X.
Côté technologies d’affichage liées au HDMI 2.1, le bilan est en revanche plus contrasté. L’ALLM (Auto low latency mode) est activé automatiquement ce qui n’est pas le cas du VRR (Variable Refresh Rate) qui permet au téléviseur de s’adapter à la fréquence du jeu et évite quelques déchirements occasionnels de l’image (le fameux tearing).
Pour l’instant, l’A90J, comme le reste de la gamme, ne prend pas en compte le VRR. Sony a promis de corriger le tir via une mise à jour qui devrait intervenir cet été, mais le bilan à ce jour n’est pas parfait pour les joueurs.
A découvrir aussi en vidéo :
Interface : le bon coup de pouce de Google TV
Sony étant l’un des partenaires privilégiés de Google, il a pu profiter en premier du changement de régime de ce l’OS télé de ce dernier. En effet, cette année, Android TV est devenu Google TV dans une mutation qui a non seulement changé l’aspect de l’interface mais aussi certaines de ses fonctionnalités.
Désormais, plus que les applications, ce sont les programmes qui sont mis en avant. En effet, les applications habituelles sont toujours disponibles mais n’apparaissent plus en tête de liste. Android TV donne la priorité aux émissions, films et autres séries qui pourraient plaire à ses utilisateurs et va directement piocher dans les catalogues des services de SVOD disponibles pour servir ses recommandations. En d’autres termes, si vous êtes abonné à MyCanal, Netflix et que vous disposez d’un compte Molotov, l’OS de Google vous proposera différents programmes issus de ces plates-formes et susceptibles de vous intéresser.
Par ailleurs, Google TV est toujours aussi fluide et agréable à utiliser que son prédécesseur et dispose en outre de deux atouts essentiels : la commande vocale « OK Google », pratique pour lancer un programme rapidement, et un chromecast intégré. Ce dernier permet de diffuser un flux audio ou vidéo sur son téléviseur depuis un smartphone, un ordinateur ou une tablette.
Finalement, le seul point faible de l’OS embarqué sur les téléviseurs Sony, c’est son temps de démarrage (plus de 30 secondes), fort heureusement, la sortie de veille est quasi instantanée.
Bravia Core : trop jeune pour juger
La grosse surprise lors de l’annonce des nouveaux téléviseurs Sony est venue de Bravia Core, une plate-forme de SVOD propriétaire intégrée aux téléviseurs de la marque. Le constructeur est également à l’œuvre dans le monde du cinéma avec un studio, Sony Pictures, et c’est bien en puisant dans ce catalogue qu’il espère poser les fondations de son service.
Concrètement, Bravia Core fait coexister deux parties, l’une payante et l’autre gratuite. En fonction du prix d’achat de votre téléviseur, vous bénéficiez d’un certain nombre de crédits (5 ou 10) qui vous donnent la possibilité d’acheter du contenu supplémentaire.
Pour l’instant, Sony n’a pas encore communiqué sur le prix de ces crédits, le service n’en étant qu’à ses prémices. Il fonctionnera également sur un principe d’abonnement, comme Netflix ou Disney+, l’exception étant que l’achat d’un téléviseur Sony donnera automatiquement accès à un ou deux ans d’abonnement en fonction de son prix.
Enfin, dernière différence et non des moindres, Bravia Core n’est pas accessible sur les autres supports ni même via un navigateur Web, pour le moment.
Mais qu’en est-il vraiment ? En France, le catalogue souffre bien entendu de l’absence des derniers titres de Sony Pictures, conséquence de la chronologie des médias. Concrètement, Bravia Core doit attendre trois ans après la sortie en salle d’un film pour pouvoir le diffuser.
En contrepartie, le service met en avant une qualité d’image en streaming supérieure à la concurrence. En effet, certains films (environ une cinquantaine) sont disponibles au format IMAX Enhanced et Sony s’appuie sur la technologie « Pure Stream » pour les diffuser.
Concrètement, il s’agit de la promesse d’une image impeccable, grâce à un bitrate compris entre 30 et 80 Mbits/s. Seul souci, il faudra disposer d’une connexion au cordeau pour en bénéficier. Pour en profiter pleinement, il faut disposer d’une connexion minimale de 115 Mbits/s, or les ports Ethernet des TV sont limités à 100 Mbits/s. Dès lors, il faudra se reposer sur un (très) bon réseau Wi-Fi pour espérer tirer parti d’une bonne qualité d’image.
Finalement, Bravia Core n’est pas encore un argument percutant dans le choix d’un téléviseur Sony. La faiblesse du catalogue, la très forte concurrence des autres plates-formes, mais surtout les contraintes techniques imposées par le service ne jouent pas en sa faveur.
Au moment de la rédaction de ces lignes, le service n’était pas encore officiellement lancé, souffrait encore de quelques bugs et ne disposait pas encore de de la VF. Mais il ne tient qu’au constructeur de corriger ces défauts de jeunesse, s’il souhaite en faire un acteur à part entière dans le monde du streaming.
Audio : le même (bonne) recette
La partie audio est traditionnellement l’un des points forts des OLED de Sony grâce à une technologie maison, l’Acoustic Surface Audio+. Comme ses prédécesseurs, l’A90J ne dispose pas d’enceintes visibles. Son système audio repose sur une technique de vibration de la dalle qui produit les fréquences désirées. Pour autant, il est composé de pièces relativement classiques, à savoir deux tweeters de 10 W et deux médiums de 20 W logés sur la partie arrière.
Comme l’AF9 et l’AG9 en leur temps, l’A90J délivre un son d’excellente qualité qui, s’il ne peut prétendre concurrencer un système home-cinéma, pose vraiment l’intérêt d’une barre de son. En effet, même sur la spatialisation, la technologie Acoustic Surface donne des résultats bluffants.
Enfin, Sony a repris sa bonne idée de l’an passé, c’est-à-dire que l’A90J peut être utilisé comme voie centrale dans un système audio plus complet.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.