– « C’est quoi ce smartphone ? »
– « Le nouveau BlackBerry. »
– « Ah… »
Prononcée par l’un de nos proches, cette réaction en dit long sur le peu d’engouement du non-initié autour de la sortie d’un appareil signé BlackBerry. Ou plutôt signé TCL, géant chinois qui fabrique désormais les smartphones sous licence de l’ancienne gloire canadienne. Pour tenter de susciter un nouvel élan, la marque sort le KEYone, un appareil sous Android et équipé d’un clavier physique. Il est disponible à 600 euros.
Dans la vidéo ci-dessous, trois de nos journalistes s’affrontent dans une dictée un peu particulière pour savoir s’il est plus rapide de taper du texte sur le clavier physique de ce KeyOne, sur le clavier d’iOS ou sur le clavier virtuel d’Android. Et la solution la plus rapide n’est peut-être pas celle à laquelle vous pensez.
Massif, vilain, mais bien fini
Si l’on devait définir le BlackBerry KEYone par rapport à un smartphone concurrent, on pourrait le qualifier « d’anti Galaxy S8 ». Là où le coréen mise sur un design épuré, fin et un gigantesque écran, BlackBerry nous présente un appareil assez massif, avec un écran réduit et des lignes épaisses. Visuellement, ce smartphone est une petite explosion de formes et de matériaux.
La tranche supérieure est totalement plate, la tranche inférieure est arrondie. Le capteur photo avant est carré, le capteur de luminosité est en ellipse. A l’arrière, il est difficile de passer à côté du capteur photo principal, avec son cerclage métal peu discret. Le dos mêle des finitions en silicone avec une barre d’aluminium. On a connu plus harmonieux.
Sur la tranche droite, les boutons de réglage du volume sont placés au-dessus d’une touche utilitaire, qui peut être configurée pour ouvrir n’importe quelle application. Sur la tranche gauche, le bouton d’alimentation conviendra aux droitiers, mais sera trop haut pour le pouce des gauchers.
Petit écran, bonne qualité d’affichage
La principale spécificité de ce KEYone est la présence du clavier physique, sous l’écran et la barre de navigation Android. Une nuée de touches en plastique qui nous renvoie au milieu des années 2000. Avec une nouveauté très bien pensée : le capteur d’empreintes digitales fait office de barre espace, ou l’inverse. Si ce nouveau smartphone signé BlackBerry / TCL est épais – près d’un centimètre, lourd – 186 grammes – et peu gracieux, il a le mérite d’être bien fini. A ce tarif, c’est un minimum.
Comme de nombreux concurrents – dont Huawei et Apple, BlackBerry mise sur la technologie IPS plutôt que l’Amoled. Et comme eux, il parvient à fournir une dalle d’excellente qualité. Avec une définition proche de la Full HD (1620 x 1080 points, du fait du ratio 3:2) pour une diagonale de 4,5 pouces, la résolution monte à 433 ppp. De son côté, la luminosité grimpe à 650 cd/m², avec un très bon taux de contraste de 1450:1. Le rendu des couleurs est équilibré. En termes d’affichage, le KEYone n’est pas loin du sans-faute.
Des applications intéressantes
Comme il l’avait fait avec les DTEK50 et DTEK60, BlackBerry propose une interface proche de la version stock d’Android (7.1 dans notre cas), avec quelques fonctions et applications supplémentaires. Il respecte son héritage en intégrant une solution logicielle visant à mieux sécuriser l’appareil, baptisée DTEK. Celle-ci va scanner l’ensemble des applications pour vérifier qu’aucune d’entre elles ne soit compromise.
On retrouve également l’application Hub, qui centralise les notifications provenant des réseaux sociaux, des mails, des SMS ou des applications de messagerie. Une manière très pratique de faire le point sur les alertes de la journée, mais qui se limite à une simple interface : pour répondre à un message ou poster un tweet, vous basculerez automatiquement sur l’application concernée. BlackBerry offre également un gestionnaire de mots de passe sobre mais efficace.
Sur l’écran d’accueil, un menu latéral déroulant permet d’accéder à son agenda, ses contacts favoris, ses mails ou une liste de tâches. Dans la même veine, la touche utilitaire placée sur la tranche droite peut être utilisée pour lancer n’importe quelle application ou pour composer directement un numéro de téléphone. Là encore, on apprécie cette possibilité de personnalisation.
Un peu plus qu’un clavier
La surcouche d’Android profite également du clavier physique – sur lequel nous reviendrons plus bas – et ses 35 touches… qui sont autant de raccourcis potentiels. En fait, il faut même en compter presque le double puisqu’il est possible de lancer une application en appuyant brièvement sur une touche et une autre en appuyant plus longuement sur cette même touche. Selon vos envies, un appui court sur le « F » pourra lancer Facebook tandis qu’une pression plus longue lancera le jeu FIFA.
L’autre excellente idée de la marque est d’intégrer une gestuelle au clavier physique. En effleurant ce dernier de bas en haut ou de haut en bas, on fait défiler un texte ou le fil d’actualité d’un réseau social. Une fois l’application photo lancée, la barre espace permet quant à elle de prendre un cliché.
Puissance limitée, excellente endurance
Pour faire tourner son mobile, BlackBerry y intègre un Qualcomm Snapdragon 625 cadencé à 2 GHz, avec 3 Go de mémoire vive (32 Go de stockage extensibles en microSD). Une configuration suffisamment solide pour le quotidien, mais un peu légère pour un smartphone vendu à 600 euros. En multipliant les applications installées, on souffre régulièrement de légers ralentissements. Ils sont suffisamment nombreux pour rendre l’expérience utilisateur moins bonne que sur des appareils plus puissants et vendus au même prix, à l’image d’un Huawei P10.
En jeu, le constat est plus favorable au KEYone. Malgré des chiffres de benchmarks très moyens, le smartphone nous a permis de jouer confortablement à tous les titres que nous avons installés, notamment Riptide GP : Renegade ou Real Racing 3. Étonnamment, la présence du clavier physique n’est pas gênante lorsqu’il s’agit de tenir l’appareil à l’horizontale.
S’il ne se distingue pas par sa puissance, le KEYone s’est avéré très endurant lors de nos tests d’autonomie polyvalente – qui mixent divers usages comme de la lecture vidéo ou de la navigation sur le Web – comme d’après notre expérience. Ainsi, il s’est éteint après 13h59, soit près de deux heures après le déjà très bon Galaxy S8. Le smartphone de BlackBerry n’aura donc aucun problème à tenir une journée et demi, voire davantage en cas d’utilisation modérée.
Irrégulier en photo
Malgré la taille imposante de l’appareil photo, le capteur est le même que celui d’un autre smartphone remarqué – du moins à l’étranger – pour sa qualité photo, le Pixel de Google. Mais dans ce domaine, la partie logicielle est tout aussi importante que la partie matérielle. A ce jeu, TCL est loin de faire aussi bien que Google.
En plein soleil, le KEYone s’en sort bien… mais souffre de quelques ratés. Certains clichés pris au même moment et dans des conditions similaires sont bien plus sombres que d’autres. Pour pallier ce défaut, l’appel au mode HDR peut être une solution.
Le manque de stabilisation optique se fait également ressentir. Il faut parfois plusieurs prises pour obtenir un rendu net. Si les conditions sont réunies, ce BlackBerry peut produire de jolies images. Mais il est trop irrégulier pour se mesurer à des appareils vendus au même tarif, voire moins cher comme le Samsung Galaxy S7.
En basses lumières, les pixels « larges » du KEYone permettent – en théorie – de capter davantage de lumière. Là encore, le résultat est loin d’être aussi séduisant que celui obtenu avec un Galaxy S7, tout en restant exploitable. De leur côté, les séquences vidéo ont tendance à manquer de détails, avec des verticales déformées.
Voir les images prises par le BlackBerry KEYone en haute définition
Que vaut un clavier physique en 2017 ?
Avant de tester ce BlackBerry, nous étions plutôt dubitatifs quant à l’utilité d’un clavier physique de nos jours. Mais nous avions aussi en tête cette vieille époque où nous pouvions taper un texte presque aussi rapidement que sur un clavier d’ordinateur. Une impression qui est loin d’être partagée par tous les membres de la rédaction, dont certains se sont parfaitement adaptés aux claviers virtuels d’iOS ou de Google.
Après de longues années de BlackBerry Bold puis dix ans de claviers iOS et Android, le retour aux sources ne fut pas simple. Contrairement au Bold dont le clavier était légèrement courbé, les touches sont parfaitement alignées. Elles sont également moins hautes et nécessitent donc davantage de précision. Durant les premières minutes d’utilisation, la vitesse de frappe en prend un coup. Elle s’améliore ensuite avec la pratique.
Sept jours d’utilisation plus tard, le constat est plutôt positif. La résistance des touches est d’abord déroutante. Mais cette contrainte a le mérite de faire baisser le nombre d’erreurs de saisie. Bien aidé par les suggestions pertinentes de l’OS (que l’on peut sélectionner par un effleurement du clavier sous le mot pertinent), on se surprend à être plus efficace que sur du tactile.
https://www.youtube.com/watch?v=UByfe7Od-jE
Une question de génération ?
Finalement, le plus compliqué reste de jongler entre les différents types de caractères. Comme sur un clavier d’ordinateur, les touches « Alt » et « Maj » permettent d’accéder aux caractères spéciaux. Il faut parfois procéder à une petite gymnastique des pouces, par exemple pour écrire un « A » majuscule. L’accès aux chiffres est également moins confortable que sur un clavier virtuel. Le pavé numérique se superpose avec les lettres se trouvant sur la partie gauche du clavier. Saisir une suite de chiffres entraîne parfois quelques chevauchements de pouces. Le dernier regret concerne la résistance des touches, un peu forte à notre goût. Après l’écriture d’une partie de ce test depuis le KEYone, les avant-bras commencent à tirer.
Ce retour au clavier physique est-il convaincant ? En grande partie, oui… pour peu que l’on ait grandi avec des claviers physiques. Dans ce cas, vous retrouverez rapidement vos marques et apprécierez la précision du clavier du KEYone. Si vous êtes de ceux qui ne se souviennent pas du passage à l’an 2000, vous aurez peut-être la sensation de ressortir une machine d’un autre temps.
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