Menacé par un Huawei de plus en plus innovant et par un Apple en forte croissance, Samsung a présenté l’an passé ses tous premiers smartphones « Ultra ». Cette nouvelle gamme plus élitiste, qui a donné vie à deux appareils (les Galaxy S20 Ultra et Galaxy Note 20 Ultra), est censée montrer au monde le maximum de ce que Samsung peut faire. La fiche technique du S20 Ultra avait de quoi amadouer tout fan de nouvelles technologie (batterie de 5000 mAh, capteur de 108 Mpix, zoom périscopique x5, écran géant de 6,9 pouces…) mais malheureusement, la réalité fut un peu plus décevante. Nous avions reproché beaucoup de choses au Galaxy S20 Ultra comme son design bâclé, son autonomie trop faible et son appareil photo pas à la hauteur de la promesse.
Avec son Galaxy S21 Ultra, Samsung répond aux critiques. Tout en innovant encore plus (dalle LTPO dernier cri, zoom périscopique x10, capteur d’empreintes plus grand…), le nouvel appareil phare du Coréen gomme les défauts de son prédécesseur. Pendant deux semaines, nous en avons fait notre smartphone principal.
Un écran LTPO, une grande première pour un smartphone
L’avantage quand on s’appelle Samsung est que l’on peut facilement négocier avec Samsung Display l’acquisition d’écrans de dernière génération.
Ainsi, à côté du Galaxy S21 Ultra, tous les smartphones (à l’exception du Note 20 Ultra qui lui a servi de précurseur) semblent ringards. Sa luminosité bat des records (1010 cd/m2 selon les mesures du laboratoire de 01net.com), sa définition est digne du haut de gamme (Quad HD+) et il profite d’une belle innovation : son taux de rafraîchissement adaptatif, qui oscille automatiquement entre 11 et 120 Hz pour préserver l’autonomie de votre appareil. Du jamais vu pour un smartphone -certaines montres connectées ont un toutefois un fonctionnement similaire. Dans les faits, cela veut dire que le Galaxy S21 Ultra affiche 120 images par seconde dans les applications les plus dynamiques, 60 images par seconde sur YouTube et bascule sur de 11 images par seconde lors de l’affichage d’une image fixe, comme sur l’Always-on-Display.
Pour arriver à un tel niveau d’excellence, Samsung utilise une dalle OLED LTPO, une technologie pas encore disponible pour les autres constructeurs, mais qui devrait être de plus en plus utilisée dans les prochains mois (on parle notamment de Oppo, Xiaomi et Apple). Cette technologie d’écran, qui succède au LTPS, ajoute une sorte de « cerveau » directement sous la dalle. Ce dernier peut faire varier automatiquement la luminosité, la définition et le taux de rafraîchissement de l’écran… tout ceci sans ruiner la batterie (16% d’économie d’énergie par rapport à une dalle LTPS selon Samsung). Bref, le Galaxy S21 Ultra dispose de l’écran le plus avancé du marché.
Pour en savoir plus : Test de l’écran du Galaxy S21 Ultra : Samsung frôle l’excellence
À l’utilisation, tout cela se sent vraiment. L’écran de 6,8 pouces du S21 Ultra a beau être très grand, il offre un confort d’utilisation sans aucun équivalent à ce jour. Sa très légère incurvation n’est pas gênante, il est moins large que d’autres mobiles aux écrans pourtant plus petits (comme l’iPhone 12 Pro Max) et, surtout, son taux de rafraîchissement est un bonheur pour les yeux. Les 120 Hz du S21 Ultra sont si fluides que le retour en arrière vers un mobile à 60 Hz ou 90 Hz brise notre cœur à chaque fois. Seul reproche que nous pourrions faire à Samsung, pourquoi configurer l’affichage des couleurs sur du « vif » par défaut ? (Delta E = 5,89 selon les mesures de notre laboratoire). En mode « naturel », le résultat est bien plus correct (Delta E = 2,48). On reste néanmoins loin de l’excellence d’Apple sur ce domaine.
Un design subjectivement élégant
Autre point sur lequel Samsung s’est considérablement amélioré, le design de son smartphone. Conscient de la maladresse de son S20 Ultra (dos salissant, épaisseur record, module caméra très encombrant, écran pas facile à manier…), le Coréen a fait très attention cette année.
En plus d’être suffisamment étroit pour être utilisé facilement, le S21 Ultra est beaucoup plus joli que son prédécesseur. Tout ceci est bien entendu subjectif, mais nous trouvons que son dos, en verre mat, est un des plus splendides du marché. Le modèle noir que nous avons testé est une pure merveille en plus d’être résistant aux traces de doigts. Autre changement, son module caméra est désormais complètement intégré au châssis et ne semble pas avoir été apposé malhabilement par un designer en quête d’inspiration. On remarque aussi que Samsung a fait attention à bien aligner le port USB-C, les haut-parleurs et le tiroir à carte SIM en bas de l’appareil. Il y a du vrai progrès cette année !
Cependant, il nous serait impossible de dire que si ce design est parfait. Si nous trouvons le S21 Ultra réussi, il a toujours des airs de gros bébé. Au niveau de son module caméra, le smartphone est épais de 8,9 mm, ce qui est immense ! À côté, l’iPhone 12 Pro Max, déjà considéré comme un smartphone un peu trop gros, est presque anorexique (7,4 mm). Cette épaisseur, en plus des 228 grammes du mobile, le rend encore un peu trop imposant pour beaucoup d’utilisateurs.
Exynos 2100, la remontada de Samsung
Vous le savez peut-être, Samsung décline habituellement ses smartphones haut de gamme en deux versions. De nombreux pays, dont les États-Unis et la Corée, ont le droit à des modèles équipés d’un processeur Snapdragon de Qualcomm. Ailleurs, comme en Europe, Samsung propose des puces développées en interne, les Exynos. Depuis deux ans, nous nous agaçons régulièrement de cette situation… L’Exynos 990 de 2020, très consommateur en énergie, avait été une source de frustration immense pour nous. Les Galaxy S20 européens étaient bien moins endurants que ceux vendus ailleurs, en plus d’être moins performants.
Cette année, avec ses Galaxy S21, Samsung fait une sorte de mea culpa. Si la marque coréenne continue de proposer un modèle Exynos en Europe, sa nouvelle puce va clairement dans une direction différente. Plutôt que de développer ses propres cœurs, Samsung utilise désormais des cœurs ARM purs (en l’occurrence, le Cortex-X1). Les Exynos ne diffèrent donc pas tellement des Snapdragon, ce qui leur permet de se comporter plus rationnellement.
Gravé en 5 nanomètres, l’Exynos 2100 s’est avéré plutôt performant lors de nos tests. Presque aussi bon que l’A14 Bionic d’Apple, le nouvel SoC de Samsung permet au Galaxy S21 Ultra d’être toujours très performant sans être trop gourmand en énergie (gare cependant à sa température, le S21 Ultra chauffe vite, jusqu’à 42,8 degrés selon nos mesures). À l’utilisation, cela donne tout simplement une des meilleures expériences du marché. Nous n’avons été victime d’aucun ralentissement avec cet appareil.
Pour en savoir plus : Avec son processeur Exynos 2100, le Galaxy S21 Ultra est-il plus puissant que l’iPhone 12 Pro ?
Hardware : Samsung toujours roi
Dans ce paragraphe, mentionnons brièvement les caractéristiques « secondaires » du Galaxy S21 Ultra. Ces dernières ne révolutionneront pas votre vie mais pourraient bien s’avérer utiles à un moment. C’est aussi la preuve que Samsung, attaqué par Huawei qui veut lui piquer son titre de roi du hardware depuis plusieurs années, a encore de jolis arguments à faire valoir aujourd’hui.
Compatible 5G et Wi-Fi 6, le Galaxy S21 Ultra est le premier smartphone au monde compatible avec la future norme Wi-Fi 6E qui exploite la bande des 6 GHz. Résistant à l’eau (IP68), doté d’un port double Nano SIM et d’une compatibilité eSIM, le mobile de Samsung dispose aussi de supers haut-parleurs stéréo. Compatible avec la recharge sans-fil, le S21 Ultra peut aussi recharger un autre téléphone ou des écouteurs grâce à une fonctionnalité de recharge inversée. Enfin, il est aussi le premier Galaxy S compatible avec les stylets S-Pen des Galaxy Note et des Galaxy Tab. Il est donc possible de prendre des notes, d’annoter une image ou de colorier sur ce mobile… à condition de déjà posséder un stylet. Les fonctions Bluetooth, comme la possibilité de faire des gestes, ne sont pas compatibles. Enfin, le S-Pen ne peut pas se recharger sur un S21 Ultra : contrairement au Note, il n’a pas d’emplacement pour le ranger, ce qui vous incitera sans doute à le garder dans un coin de votre bureau.
Un capteur d’empreintes un peu plus grand
Autre changement mis en avant par Samsung, le Galaxy S21 Ultra utilise un capteur d’empreintes ultrasonique de « seconde génération ». Deux ans après avoir introduit cette technologie, Samsung agrandit le capteur qui permet de déverrouiller son smartphone avec son doigt. Cependant, on reste sur notre faim. La zone de reconnaissance a beau être plus large (8x8mm), le changement est plus que minime selon nous. Ce n’est pas assez grand pour que l’on puisse toucher son écran aveuglement, il faut toujours viser. Heureusement, le capteur de Samsung est toujours le plus rapide du marché. Un tapotement ultra bref suffit à vous authentifier, même sous l’eau.
Micro SD et recharge ultra-rapide tirent leur révérence
Malheureusement, cette excellence matérielle s’accompagne de quelques déceptions. Fidèle au port Micro SD depuis plus d’une décennie (si l’on ferme les yeux sur un écart avec le Galaxy S6), Samsung l’abandonne cette fois-ci pour de bon. Il n’est pas possible d’étendre le stockage de son S21 Ultra, il faut se contenter des 128, 256 ou 512 Go intégrés. C’est dommage, mais plutôt compréhensible. L’industrie va dans le sens de la miniaturisation.
Autre absent de taille, le chargeur. Pour des « raisons écologiques », Samsung a décidé de suivre Apple et de n’inclure qu’un câble USB-C vers USB-C dans la boîte de son nouveau smartphone. Malheureusement, la Coréen ne se contente pas de ce retrait. Le S21 Ultra est incompatible avec la recharge ultra-rapide 45W des S20 et se contente d’une recharge classique traditionnelle de 25W. Il nous a fallu 1h09 pour le recharger avec un chargeur Samsung capable de cette puissance, ce qui est satisfaisant mais éloigné de la demi-heure de recharge dont sont capables certains mobiles chinois. Heureusement, la recharge sans-fil bilatérale est toujours au rendez-vous.
En France, sachez que des écouteurs filaires sont toujours fournis dans la boîte. C’est la loi.
Une autonomie satisfaisante
Après un Galaxy S20 Ultra décevant, Samsung a-t-il enfin trouvé un moyen d’améliorer l’autonomie de ses smartphones ? Nous avons une bonne et une mauvaise nouvelle. La première est que le S21 Ultra est un smartphone endurant, la seconde est qu’il n’est pas aussi incroyable que ce que certains prétendent. À l’utilisation, nous avons facilement dépassé la journée d’utilisation sur une seule charge. Cependant, n’espérez pas aller plus loin. Avec une utilisation basique, il vous faudra forcément le recharger le lendemain. Si vous prenez beaucoup de photos (en vacances par exemple), n’espérez pas tenir une journée entière. Le pourcentage de batterie s’effondre à une vitesse étonnante (près de 30% en une heure).
Le laboratoire de 01net.com confirme nos impressions. À notre test d’autonomie polyvalente, le Galaxy S21 Ultra résiste 14h00 en mode 11-120 Hz et 14h36 avec son écran réglé sur du 60 Hz (36 minutes de différence, c’est peu. Le LTPO fonctionne). Ces deux mesures sont bonnes mais correspondent plus à la moyenne des smartphones haut de gamme qu’à l’élite (19h59 pour l’iPhone 12 Pro Max, 17h25 pour le Xiaomi Mi 10T Pro). En streaming vidéo, nous avons pu enchainer 13h18 de programmes sur le S21 Ultra. En communication, il nous a été possible de téléphoner 31h32 avec le mobile, écran éteint. C’est pour le coup excellent.
Ainsi, le Galaxy S21 Ultra est un smartphone endurant, mais pas fantastique. Ses excès de consommation énergétique nous laissent penser que Samsung n’a pas encore réglé tous les problèmes de ses puces Exynos. Une nouvelle fois, les mobiles avec un processeur Snapdragon semblent favorisés.
Quatre appareils photo pour les dominer tous
Avant de commencer cette sous-partie, précisons que nous vous proposerons dans les prochaines semaines un test complet et détaillé des appareils photo du Galaxy S21 Ultra. Nous aurons l’occasion d’analyser ses photos plus en détail à cette occasion.
En attendant, voici notre premier avis sur le Galaxy S21 Ultra après deux semaines d’utilisation. À son dos, on trouve un quadruple module caméra avec un capteur principal de 108 Mpix de seconde génération (équivalent 26 mm, f/1.8), un ultra grand-angle rattaché à un capteur de 12 Mpix (équivalent 13 mm, f/2/2), un téléobjectif avec zoom optique x3 rattaché à un capteur de 10 Mpix (équivalent 70 mm, f/2.4) et, enfin, un module périscopique avec zoom optique x10 rattaché à un capteur de 10 Mpix (équivalent 240 mm, f/4.9). Difficile de faire plus complet. En plus de tout cela, le smartphone dispose d’un auto-focus laser. (Pour vois plus de photos prises avec le Galaxy S21 Ultra, cliquez-ici).
Avec le module caméra du S21 Ultra, Samsung règle une nouvelle fois les problèmes du S20 Ultra. Le lissage trop violent des visages, problème majeur du premier capteur de 108 Mpix de Samsung, n’est plus d’actualité. Les photos de 108 Mpix sont désormais réussies (il s’agit de photos de 12 Mpix grâce à un procédé de nona-binning, neuf pixels fusionnent en un).
Selon nous, le Galaxy S21 Ultra appartient sans problème à l’élite. S’il n’est pas meilleur que ses principaux concurrents (Apple, Google, Huawei), il réussit dans 99% des cas à faire aussi bien. Au vu du niveau de satisfaction que nous procurent nos smartphones en photo depuis quelques années, il serait difficile de s’en plaindre. Le S21 Ultra est excellent ! Il n’y a qu’au niveau des photos de nuit que l’on pourrait espérer un peu mieux, les algorithmes logiciels de Samsung sont encore moins doués que ceux de ses concurrents.
En ce qui concerne l’ultra grand-angle, nous sommes assez déçus. Sa qualité est satisfaisante mais, contrairement à Huawei, Samsung se contente d’un capteur de petite taille qui n’offre pas un très bon piqué. Sur le haut de gamme, nous sommes en droit d’espérer mieux.
Le plus grand avantage du S21 Ultra est son zoom. De x1 à x2,9, il utilise son capteur de 108 Mpix pour vous offrir un zoom numérique de très bonne qualité. De x3 à x9,9, quand les conditions lumineuses le permettent, il utilise son téléobjectif pour réaliser des photos nettes. Enfin, à partir de x10 et jusqu’à x100, son zoom périscopique réalise des miracles. À l’exception du Huawei P40 Pro+, aucun smartphone n’est capable d’une telle prouesse. Jusqu’à x30, la plupart des photos sont vraiment excellentes. Quel exploit !
Ainsi, le Galaxy S21 Ultra gagne la bataille de la polyvalence. Ses photos ne sont pas forcément les meilleures mais, en termes de possibilités, ce smartphone excelle vraiment.
Cliquez-ici pour consulter plus de photos prises avec le Samsung Galaxy S21 Ultra, en haute définition
Vidéo : un des appareils les plus complets
Capable de filmer en 8K grâce à son capteur de 108 Mpix, le Galaxy S21 Ultra se limite, comme son prédécesseur, à du 24 images par seconde. Le résultat n’est pas très stable et ne nous donne pas vraiment envie d’utiliser cette fonction. En revanche, la possibilité de filmer en 4K 60 fps sur tous les capteurs est plus que bienvenue. Peu de mobiles sont aussi polyvalents, d’autant plus que la qualité est vraiment au rendez-vous.
Nous saluons aussi vraiment l’ajout d’un nouveau mode réalisateur qui permet de filmer son visage dans un coin de l’écran en complément d’une vidéo réalisée avec un des capteurs dorsaux (ce que Nokia appelait en 2017 « bothie »). On peut d’ailleurs prévisualiser la vue des trois premiers appareils photo de son smartphone… mais on ne peut filmer qu’avec un seul. Nous trouvons tout de même ce mode réalisateur très amusant.
One UI 3.0, toujours aussi excellent
Enfin, terminons ce test par un point sur le logiciel. Livré sous Android 11, le Galaxy S21 Ultra utilise toujours la surcouche One UI de Samsung. La version 3.0 introduit quelques changements d’interface, la possibilité de conserver dans le multitâche deux applications regroupées et quelques nouveautés poussées par Google, comme une nouvelle gestion des conversations à base de bulles. One UI est toujours très agréable. Nous apprécions notamment quelques changements comme la possibilité d’afficher le menu « Google Discover » à gauche de l’écran d’accueil en remplacement du menu Bixby Home (qui s’appelle désormais Samsung Free) ou la possibilité de choisir plus facilement le service de remplissage automatique de Google dans les réglages. Samsung a écouté nos plaintes et améliore l’expérience utilisateur.
À lire aussi : On a testé One UI 3.0 : que vaut la nouvelle mise à jour des smartphones Samsung ?
Cependant, nous ne pouvons que déplorer la présence de publicités dans l’interface des applications Samsung comme Samsung Pay. À force de multiplier ce genre de pratiques, le Coréen risque de dégoûter ses utilisateurs. C’est dommage, ses smartphones sont vraiment excellents.
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