En 2021, le téléviseur roi de Samsung n’est pas 8K. En effet, chez le constructeur coréen l’heure est au déploiement de sa dernière technologie d’écran, le mini-LED. Celle-ci n’est pas tout à fait nouvelle et a déjà été aperçue à de maintes reprises dans son format XXL aussi connu sous le nom de « The Wall ». Il s’agit plus précisément d’une technologie d’éclairage censée améliorer non seulement la luminosité de l’écran, mais aussi son contraste avec un rétroéclairage bien plus précis.
Incarnation de cette nouvelle technologie mini-LED, le 65QNA95 n’est pas simplement le premier du genre à s’afficher en magasin. Avec lui, Samsung fait davantage que d’introduire une nouvelle technologie. Il s’agit d’un modèle de rupture dans la mesure où il concentre à la fois, une nouvelle dalle, un nouveau processeur, un design spécifique avec une nouvelle version de One Connect mais aussi une nouvelle télécommande. C’est dire à quel point ce dernier modèle symbolise le savoir-faire technologique de la marque coréenne et à quel point il est crucial pour son statut de premier vendeur de téléviseur au monde.
Lire : le mini-LED peut-il devenir la technologie TV du futur ?
Fin, très fin, très, très fin
Le premier avantage du mini-LED est visible à l’œil nu, même de la part des non-initiés et pour cause, il s’agit de son épaisseur. En effet, cette technologie de rétro-éclairage est d’une telle finesse qu’elle permet à Samsung de proposer un très joli produit ne dépassant pas les 2,5 cm d’épaisseur. Les mauvaises langues diront que l’OLED fait encore mieux, mais d’une part ce n’est pas toujours vrai sur l’intégralité du châssis et d’autre part, il ne faut pas oublier que tout mini-LED qu’il est le QN95A demeure une dalle QLED, autrement dit issu de la technologie LCD. Bref, on part de loin.
Pour être aussi fin, le QN95A a bien sûr un secret qui depuis quelques années n’est plus vraiment si bien gardé. En effet, sur ses TV haut de gamme, Samsung cache une bonne partie de son électronique et de sa connectique dans un boitier déporté, le fameux One Connect. En 2021, ce-dernier fait peau neuve et adopte un design plus fin. Malheureusement pour les acheteurs du mini-LED de Samsung, dépenser entre 2 500 et 6 000 euros ne leur donne pas le droit de disposer de la version la plus aboutie de One Connect. En effet, celle-ci est pour l’instant le privilège des téléviseurs 8K, les QN900A et autres QN800A, ce qui est somme toute aberrant. Et pour cause, cette version « haut de gamme » du boitier n’a pour qu’une seule propriété supplémentaire : sa faculté à s’accrocher à l’arrière du pied du téléviseur. Autrement dit, c’est un camouflage qui se paye très cher.
Avec le QN95A, c’est aussi la télécommande qui change. Exit l’accessoire minimaliste en métal brossé qui équipait les TV des précédentes années. La nouvelle télécommande intègre désormais une batterie en lieu et place des piles ainsi qu’un petit panneau solaire à l’arrière pour être rechargée. Samsung avait d’ailleurs basé une bonne partie de sa communication sur cette « nouvelle » génération de télécommande qui permettrait, selon ses dires, de réduire la consommation de piles AAA de 99 millions d’unités au cours des sept prochaines années. Difficile de juger de la pertinence d’une telle prédiction au cours d’un test de quelques jours, mais ce qui semble évident, c’est que le recours au solaire n’a que peu de conséquence sur l’utilisation quotidienne de l’accessoire. Celui-ci est désormais pourvu d’un micro ainsi que de raccourcis vers Netflix, Amazon Prime et Samsung TV Plus, ainsi que d’un port USB pour être rechargé lorsque le soleil vient à manquer.
Enfin, en ce qui concerne le pied du téléviseur, Samsung a opté pour une solution on ne peut plus classique avec un pied central plutôt discret qui surélève le téléviseur juste ce qu’il faut pour loger une barre de son.
Qualité d’image : et la lumière est venue du mini-LED
Les efforts en matière de design ou de conception de la télécommande sont une chose, mais c’est bien sur la qualité d’image que le QN95A est le plus attendu. Et pour cause, il s’agit du premier téléviseur mini-LED à être commercialisé. S’il n’est pas encore question de menacer la suprématie de l’OLED, cette technologie d’éclairage est sans doute l’argument majeur du LCD/QLED.
Le premier constat, plutôt intéressant, est que le mini-LED de Samsung est parfaitement calibré dès la sortie du carton. Inutile de perdre des heures dans les menus, le rendu colorimétrique du mode cinéma est impeccable. D’ailleurs, précision utile : le QN95A dispose à la fois d’une mode cinéma et d’un mode « Film Maker ». La différence pour l’utilisateur ? Elle est imperceptible puisque les deux modes affichent un rendu identique. Quoiqu’il en soit, la fidélité des couleurs est tout simplement parfaite avec un delta E mesuré à seulement 1,7 en Rec.709. Rappelons qu’en deçà de 3, l’œil humain n’est pas capable de percevoir la différence entre couleurs affichées et standard colorimétrique optimal.
Dire cela ne permet pas de répondre à la question essentielle de ce modèle : le panneau de mini-LED a-t-il un impact sur la qualité d’image ? L’impressionnante luminosité du mini-LED (plus de 2000 lumens pour le pic lumineux) lui permet vraiment de briller même dans des conditions délicates, affichant notamment un contraste record pour une dalle LCD (14106:1). Sur ce point critique, le mini-LED ne peut concurrencer le contraste infini de l’OLED mais grâce à une répartition de l’éclairage sur 864 zones, la technologie chère à Samsung représente la meilleure alternative à celle de LG. En revanche malgré ce niveau de contraste étonnant nous avons pu constater un léger blooming (halo lumineux parasite) par moment, particulièrement sur les sous-titres.
À première vue, le nouveau téléviseur de Samsung semble parfait. En réalité il demeure un léger défaut qui concerne les angles de vision. Sur ce point, l’OLED garde encore un avantage mais dans tous les cas, le filtre utilisé par Samsung reste supérieur à celui de la plupart de ses concurrents en LCD.
L’autre défaut cette fois irrémédiable concerne la gestion du HDR. Le téléviseur de Samsung est compatible avec les formats maison, HDR10 et 10+ ainsi qu’avec le HLG. Et au vu de ses performances dans la gestion de ces contenus si gourmands en luminosité ,nous ne pouvons que déplorer le fait que la marque coréenne continue de tourner le dos au Dolby Vision concurrent. En la matière, la logique de guerre commerciale l’emporte sur l’intérêt du consommateur et c’est regrettable.
Enfin, à force de se pencher sur les apports du mini-LED on n’en oublierait presque que ce QN95A dispose d’un autre argument massue : un nouveau processeur. Le Neo Quantum Processor est une légère évolution du Quantum Processor qui mise davantage encore sur l’intelligence artificielle. Le principe est toujours le même : le téléviseur est capable de détecter en temps réel la nature du contenu visionné et d’y appliquer les meilleurs réglages pour améliorer le rendu sur toutes les zones de l’écran. S’il est difficile de juger des progrès de l’algorithme maison, il convient en revanche de souligner les excellentes performances de ce téléviseur en matière d’upscaling.
Interface : du Tizen et des lenteurs
Contrecoup de tous les nombreux changements matériels : l’interface, elle, a peu bougé. En effet, c’est le système maison, Tizen, qui est à l’honneur et celui-ci n’a pas beaucoup évolué depuis l’an dernier. Dans l’ensemble, il s’agit d’un OS très bien pensé, parfaitement intégré et, c’est important, à jour au niveau des applications. En effet, ne comptez pas sur Samsung pour oublier d’intégrer l’une des applications du moment : tout y est, de Molotov à Disney+ en passant par Prime Video et MyCanal. Surtout, l’interface laisse suffisamment de liberté à l’utilisateur pour qu’il orchestre l’affichage des applis en fonctions de ses envies. Mais alors, qu’est-ce qui ne va pas ?
Notre bilan sur Tizen n’est pas entièrement satisfaisant. En progrès depuis plusieurs années, notamment en matière de fluidité, la dernière version de l’OS de Samsung souffre toujours de pénibles lenteurs. Lors de changements de menus et encore plus quand on passe d’une application à une autre, nous avons constaté un temps de latence important, supérieur à la seconde. Certes, ce n’est pas rédhibitoire, mais d’une part Samsung nous avait habitués à mieux et d’autre part, il s’agit d’un manque de sérieux sur un modèle à près de 3 000 euros.
Ces lenteurs mises de côté, Tizen se révèle être un bon compagnon au quotidien avec, entre autres, un contrôle vocal très efficace. À ce titre, nous saluons l’ajout d’un micro sur le téléviseur (en plus de celui présent sur la télécommande), mais il est regrettable que celui-ci ne fonctionne qu’avec l’assistant Bixby. Enfin, Tizen, c’est aussi le fameux mode Ambient, très apprécié de la part des utilisateurs de la marque et qui a fait le succès du Frame. Ce mode qui permet d’afficher un tableau de musée ou une photo à la place du traditionnel mode veille est un non-sens écologique (puisque la consommation est quasi identique à celle du téléviseur en marche), mais un argument de vente visiblement valable.
Jeu vidéo : l’un des meilleurs téléviseurs du marché
Depuis plusieurs années maintenant, Samsung semble attacher une importance accrue au jeu vidéo. En atteste l’évolution de son « gaming mode », depuis deux ans. Celui-ci s’est enrichi comme aucun autre menu du téléviseur avec des fonctionnalités, souvent essentielles, parfois anecdotiques, mais toujours tournées vers un unique objectif : l’amélioration des performances en mode jeu vidéo.
Mais de quoi parle-t-on ? Dès lors que le téléviseur détecte une source typée jeu vidéo, qu’il s’agisse d’un PC ou d’une console, une Xbox Series X dans notre cas, le QN95A affiche la fameuse « Samsung Game Bar ». Celle-ci a deux vertus. D’une part, elle renseigne le joueur sur les réglages qui sont activés en matière de jeu (ALLN, VRR, HDR active ou non et bien sûr, 4K à 120 Hz). Outre le fait d’informer le joueur, ce menu permet aussi de changer certains réglages afin d’optimiser ses performances. À ce titre, Samsung propose toujours une fonctionnalité permettant d’illuminer les zones les plus sombres dans les jeux. C’est idéal pour débusquer les ennemis tapis dans l’ombre et un peu vilain en matière de rendu, mais force est de constater qu’en la matière, l’utilisation des mini-LED est impeccable.
Parmi les nouveautés de la « Game Bar », cette année, Samsung propose désormais de changer la définition de l’image pour l’adapter à ses envies. Cette option n’est bien entendu disponible que pour les joueurs PC et nous n’avons malheureusement pas pu la tester. À côté de ces fonctionnalités spécifiques, il y a bien sûr les qualités intrinsèques du téléviseur. Cette gaming bar ne serait pas aussi efficace si la qualité d’image du QN95A n’était pas aussi bonne et si le téléviseur star de Samsung n’affichait pas un input lag de 10 ms seulement.
Finalement, Samsung réussit une sacrée prouesse sur cette partie gaming. En proposant un menu simple, complet et automatique, le QN95A offre à son utilisateur la possibilité de comprendre chacune des technologies employées par les nouvelles consoles que sont la PS5 et la Xbox One S/X, mais surtout d’en tirer parti. À l’heure actuelle, seuls les OLED haut de gamme de LG offrent une expérience de jeu similaire, ce qui en dit long sur les progrès réalisés par Samsung au cours des derniers mois.
Un rendu audio équilibré
Téléviseur haut de gamme oblige, la partie audio est scrutée avec attention. En l’espèce, Samsung se targue habituellement de performances honnêtes sans être éblouissantes. Le QN95A est exactement dans cette veine. Ses quatre haut-parleurs de 7,5 watts, sur le dessus, secondés de deux hauts parleurs latéraux de 10 watts, ainsi que de deux woofers de 10 watts lui donnent suffisamment de coffre et un rendu sonore assez équilibré. En revanche, malgré quelques progrès ces dernières années sur cette partie audio, Samsung reste encore un ton en dessous d’un acteur tel que Sony par exemple, voire de Panasonic qui a été piocher chez Technics quelques bons tuyaux pour ses derniers modèles.
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Vous l’aurez compris, la qualité audio du mini-LED de Samsung est appréciable, mais compte tenu de l’investissement de départ, il serait dommage de ne pas l’associer à une bonne barre de son. Enfin, un petit point sur l’une des technologies mises en avant par Samsung sur cette partie audio. Il s’agit de l’Object sound tracking +, qui comme son nom l’indique permet de suivre à l’oreille la progression d’un objet à l’image. Pour le dire franchement, le résultat est au mieux anecdotique et parvient même à faire moins bien que la technologie concurrente en Dolby Atmos.
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