Après avoir joué pendant plusieurs semaines avec le mastodonte Omen X Emperium 65 de HP, nous avons décidé d’être plus raisonnables. Enfin presque. Dans le cadre de notre petite série de tests consacrée aux écrans les plus fous du marché, nous avons demandé à Asus de nous envoyer son modèle ROG de luxe, le bien nommé Swift PG35VQ. Nous l’attendons depuis 2017 le bougre, année de son annonce et, depuis, il se faisait désirer.
Cette référence un peu simpliste dissimule un monstre de 35 pouces qui, derrière sa dalle courbe, concentre un ensemble de technologies et d’options complet. Assez en tout cas pour qu’Asus vous demande de signer un chèque de 2800 euros pour prendre possession de la bête. Oui, nous avions bien précisé que nous étions « presque » redevenus raisonnables.
Zut, mon petit bureau suédois ne suffira pas
Une fois sorti de son énorme carton, le PG35VQ doit être monté sur son pied. Quelques coups de tournevis plus tard, c’est chose faite, la bête est là et… prend une place folle sur le bureau. Il en impose, son design est très gaming mais ses lignes restent relativement aériennes malgré sa stature.
Pour soutenir le tout, il faut une bonne base, capable de supporter les 83,3 cm de long du cadre et les 12 kilos de l’appareil (et ce n’est pas le pied qui pèse le plus lourd !). Asus opte donc pour un tripode : deux axes à l’avant, un à l’arrière. Aux couleurs argentées et cuivrées de la gamme, bien sûr.
Sous celui-ci se cache le logo ROG qui s’illumine dès que vous mettez l’écran sous tension. Il est toutefois possible de l’occulter à l’aide des caches fournis. Mais, une chose est sûre : les amateurs de RGB vont adorer.
Ils aimeront aussi les deux autres blasons, lumineux, au dos de l’écran et au sommet du pied. Tous sont compatibles avec le logiciel maison Asus Aura. Grâce à lui, vous pourrez synchroniser la couleur des logos avec celle des touches de votre clavier ou de votre souris Asus. Voire de votre PC portable ROG.
En haut, en bas, à gauche, à droite
A l’intérieur du socle, un système d’axe pivotant permet à l’écran de tourner sans avoir à bouger le pied. La rotation est progressive et il est facile de trouver la bonne position.
Pour continuer sur le plan de l’ergonomie, la dalle peut à la fois être réglée en hauteur et adopter plusieurs angles d’inclinaison verticaux pour que vous puissiez avoir le meilleur confort visuel possible. Jusqu’à présent, c’est carton plein.
On continue le tour du propriétaire avec les boutons qui permettent d’ouvrir et naviguer dans l’OSD (menu de l’écran) mais aussi de lancer directement quelques réglages et profils. Il y en a quatre sans oublier le petit joystick, vraiment très pratique pour naviguer dans les menus et sélectionner certaines options.
Toutes ces commandes sont concentrées sur la partie arrière droite de la dalle courbe, presque à portée de main. Il n’est toutefois pas évident de procéder à des réglages tout en ayant une bonne vue d’ensemble sur leur incidence à l’écran, mais nous y reviendrons.
Les sorties vidéo et les autres connecteurs sont cachés derrière la dalle, dans un léger renfoncement. On y trouve une entrée HDMI 2.0b, un DisplayPort 1.4, deux prises USB 3.1 et une sortie audio. Et elle n’est pas quelconque ! Elle est directement reliée à un DAC de qualité (ESS9118 Sabre Hi-Fi) qui se charge de relayer le son en provenance des interfaces vidéo vers un éventuel casque ou un kit stéréo relié à l’écran.
Enfin, c’est aussi là que l’on vient brancher le gros adaptateur secteur qui va alimenter toute la machinerie cachée dans le cadre. Petite subtilité ergonomique appréciée : le trou situé à la base du pied, qui permet de faire passer les câbles proprement. Il est d’ailleurs grand temps de détailler les éléments techniques principaux de l’écran.
Des promesses techniques très alléchantes…
Le PG35VQ embarque une dalle de 35 pouces de diagonale, au format 21:9 et courbe (1800R). Son revêtement est mat et la définition affichée, ratio oblige, est de 3440 par 1440 pixels. Un peu exotique donc. Elle pourra vous poser quelques soucis dans les jeux un peu trop « rigides », mais nous y reviendrons encore une fois.
La technologie d’affichage choisie par Asus est du VA et le système de rétroéclairage, du Quantum Dot (512 zones de rétroéclairage), le même que celui de certains téléviseurs. En matière de fréquence de rafraîchissement, la dalle peut encaisser plusieurs vitesses (120, 144, 180 Hz), avec un mode Boost à 200 Hz (uniquement avec une GeForce). Précisons que la technologie Flicker-Free est de la partie, afin de limiter au maximum la fatigue oculaire pendant de longues sessions de jeu.
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Une vitesse qui sera très appréciable pour fluidifier au maximum la plupart des rendus vidéoludiques et, dans le même temps, profiter de la technologie Nvidia G-Sync. A condition d’avoir une bonne carte graphique GTX ou RTX, du haut de gamme, cela va sans dire.
Terminons par les plages colorimétriques couvertes. Livré avec un rapport de calibrage, l’écran Asus est compatible DisplayHDR 1000, le DCI-P3 est couvert à 90% et l’Adobe RGB, à 99%. Enfin, Asus assure que le deltaE est inférieur à 3 en moyenne, dans tous les profils.
… tenues pour beaucoup d’entre elles
Avant de passer les tests pratiques, ce sont nos épreuves techniques que le PG35VQ a dû affronter, comme tous les autres écrans que nous recevons.
Nous précisons tout de suite que nous avons mené nos mesures avec le HDR et le Boost désactivé. Le profil sélectionné était sRGB mais nous avons également fait plusieurs mesures sur certains des autres préréglages (FPS, RTS/RPG et Cinema).
En préambule, précisons que lors de nos tests, nous avons souvent entendu le petit ventilateur présent derrière l’écran s’activer. Oui, le PG35VQ a un système de dissipation actif pour maintenir le panneau et l’électronique à bonne température et éviter ainsi toute dégradation due à la chaleur. Bien, passons aux choses sérieuses.
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Asus annonce que la dalle est capable de monter à 500 cd/m². De notre côté, nous, nous avons mesuré un pic lumineux à 379 cd/m2, ce qui est plutôt bien. En matière de contraste, 2500:1 sont annoncés sur la fiche technique, nous sommes raccord avec un taux moyen maximal de 2571:1.
On notera au passage que notre score d’homogénéité s’élève à 29 ce qui est vraiment bien (le pire étant 80) et qu’en matière de fidélité, nous avons mesuré un deltaE à 0,77 sur la plage colorimétrique sRGB, ce qui est tout simplement excellent. Rappelons que plus cette valeur est proche de 0 mieux c’est.
Le gamma a été relevé à 2,18 (2,2 indiqué dans l’OSD), une valeur très raisonnable, garante de belles couleurs. Enfin, le temps de réponse noir-à-blanc est de 11 ms, un bon score.
Dans les autres préréglages, la justesse des couleurs n’est pas toujours au rendez-vous.
- En mode FPS, le deltaE est de 2,3, avec une bonne déformation des teintes vertes et bleues.
- En mode RTS c’est un peu mieux, avec 1,9 de deltaE, et là encore ce sont les verts qui trinquent. Les bleus sont plus justes.
- En mode Cinema, le deltaE grimpe à 2 avec, ici, une mise en avant des couleurs chaudes en général. Les verts et les bleus sont au même niveau et assez fidèles. Mais, la température des couleurs s’envole, atteignant 7000K, ce qui pourra gêner les amateurs de rendu plus froid et les puristes.
Soulignons enfin que nous avons souvent constaté des effets de blooming lors de nos tests. Le blooming, pour faire simple, c’est un halo lumineux qui est particulièrement visible lorsque vous affichez – par exemple – des polices de caractère blanches sur un fond noir. La plupart de ces halos sont visibles dans de micros zones et lorsqu’ils se cumulent cela crée des impressions de flous.
Pas besoin de lancer un jeu ou un film pour le voir, il suffit d’afficher le menu OSD alors que l’écran est en veille. Pour l’atténuer, pas le choix, il faut réduire la luminosité et désactiver toutes les améliorations faites artificiellement comme les « niveaux de noir automatiques » et « le rétroéclairage variable ». Pour ce faire, direction le menu OSD qui, par ailleurs, mérite qu’on s’attarde un peu sur son cas.
Un menu à notre goût
Clair, simple et complet. Impossible de décrire autrement le menu OSD du PG35VQ. Un peu comme le microprogramme des moniteurs LG, celui d’Asus ne demande pas de connaissance particulière pour comprendre l’intitulé des menus, des réglages et des modifications qu’ils vont apporter. Les traductions sont parfois un peu approximatives mais restent bien compréhensibles.
Le mieux, pour se rendre compte des incidences de chaque paramètre est d’afficher une image fixe, riche en couleur et contraste et de s’amuser à activer/désactiver les options à l’aide des boutons et du petit joystick dont nous parlions plus haut. Pour le prix, Asus aurait tout de même pu se fendre de penser à fournir une petite télécommande, comme le faisait Eizo sur ses moniteurs de gaming. Car, bien que les boutons de réglages soient aisément accessibles, pouvoir jouer sur les différents paramètres, depuis sa chaise de bureau, avec la dalle bien en face des yeux, est tout de même bien plus pratique. Mais revenons-en à nos conseils.
Quand il s’agira de jouer sur la vitesse de rafraîchissement, là, pas le choix, il faut une image qui bouge pour apprécier les écarts. Le mieux est de lancer un test d’évaluation de jeu vidéo automatique avec un peu d’action et des personnages qui bougent et de jouer sur la fréquence. Ceux de The Division 2 ou de Forza Horizon 4 nous ont bien servis et se sont révélés les plus adéquats. Mais il y en a bien d’autres !
Vraiment bon partout et pour tout
Bon, allez, on range les outils de mesure, on sort le clavier, la souris et on relie le PG35VQ à une machine de jeu équipée d’une GeForce RTX 2080 Ti pour voir un peu ce qu’il a dans les pixels.
- Premier constat, il faut du recul et s’habituer à la forme courbe de la dalle. C’est bien pour les jeux de voiture ou d’aventure en solo, beaucoup moins pour les FPS compétitifs ou les MOBA. Le mieux, pour ces jeux est de réduire la définition de l’image à du 1440p (2560 par 1440 pixels), un format 16:9 qui va s’afficher bien au centre de l’écran, avec deux bandes noires sur les côtés. Des déformations ? Très peu, la dalle VA du PG35VQ accepte bien les définitions inférieures et la fluidité apportée par le taux de rafraîchissement de 180 Hz y est aussi pour beaucoup. Pour avoir une bonne vision d’ensemble du jeu tout en restant réactif, c’est le meilleur compromis que nous ayons trouvé.
- Second constat, la définition exotique de la dalle pose parfois des soucis aux moteurs 3D de titres, surtout aux plus anciens. Le ratio 21:9 n’est pas encore assez répandu et donc les développeurs ne pensent pas toujours à optimiser leurs jeux pour répondre aux définitions associées. Aussi faut-il se résoudre à adopter le 1440p (encore lui) plus souvent que prévu.
Vous pouvez toujours essayer de personnaliser la définition de l’image en passant par le profil du jeu implanté dans le pilote graphique Nvidia ou AMD de votre carte 3D. Mais les résultats ne seront pas toujours au rendez-vous, soyez prévenus.
- Troisième et dernier constat… quel pied ! Et nous ne parlons pas du socle de l’écran. Si nous en avions les moyens (2750 euros !) et – aussi – un bureau assez grand (ou un mur dégagé puisqu’on peut le monter en VESA), nous craquerions pour ce super jouet.
Les geeks et gamers que nous sommes ont été touchés par la qualité d’affichage de ce monstre et par toutes les possibilités qu’il offre. Nous l’utiliserions principalement pour jouer, c’est sûr, tant avec nos consoles de jeux qu’avec notre PC.
Mais, l’intérêt d’avoir une telle surface se ressent aussi lorsqu’il s’agit de travailler, monter des vidéos et regarder des films.
- Pour la bureautique, la surface offre la possibilité d’afficher plusieurs fenêtres, côte à côté, sans sacrifier la lisibilité sur aucune d’elle. Il peut largement se substituer à une installation composée de deux moniteurs de 24 pouces.
- Utiliser le PG35VQ pour le montage s’avère aussi très pratique car, encore une fois, on peut afficher les logiciels en grand, avoir une bonne lecture des lignes de temps. La possibilité de répartir les palettes d’outils un peu partout afin de désencombrer la surface de montage virtuelle est un plus.
- Enfin, pour visionner des séries ou des films, c’est aussi très agréable pour peu, là encore, qu’on s’habitue à la courbure de la dalle et que, suivant les oeuvres du 7e Art, on désactive le profil Cinema au profit d’un autre afin de ne pas trop déformer la photographie originale. Surtout sur les vieux films, même remasterisés.
Nous qui n’aimons pas le HDR d’ordinaire, le moniteur Asus est presque parvenu à nous réconcilier avec cette plage de couleurs. Dans la plupart des cas, malgré l’hétérogénéité des dalles et leur niveau de certification, le HDR commet de vrais attentats à l’encontre de nos rétines. « Trop flashy, trop artificiel », nous ne manquons pas de noms d’oiseau pour décrire cette technologie. Jeu ou film, sur le PG35VQ, nous avons vu la différence mais le désir de le couper au bout de 5 minutes ne s’est pas fait sentir. Un bon signe.
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