C’est peu dire que Decathlon est en retard sur le VTT électrique. Alors que certains concepteurs de cycles en sont à leur troisième génération de VAE, le spécialiste du sport en France dépoussière tout juste son premier modèle d’entrée de gamme. La V2 de cet e-ST500 est en réalité une évolution assez légère d’un VTT qui était déjà au catalogue du magasin. Ni le cadre, ni le design n’ont évolué. Le nouveau modèle accueille essentiellement un nouvel écran de contrôle ainsi qu’un nouveau contrôleur électrique censé offrir un meilleur rendement et un « pédalage plus fluide ». Cette évolution est en réalité une tentative de correction de l’e-ST500 premier du nom et fait suite à des commentaires plutôt mitigés de la part de ses adeptes.
Design : l’évolution se cache dans les détails
Le e-ST500 dispose donc du même cadre « alu » correctement fini et plutôt joli dans ses tons noirs et bleus. Les roues de 27,5 pouces et les tubes relativement épais confèrent une impression massive qui n’est pas contredite par le poids (23 kg). Pour autant la conception reste assez correcte pour un VTTAE d’entrée de gamme. On note néanmoins quelques finitions assez grossières et une part importante de plastique, notamment sur le système de fixation de la batterie dont on peut douter qu’il vieillisse correctement. L’intégration de la batterie est également assez sommaire, mais c’est tout à fait normal à ce niveau de prix. En effet pour des batteries semi-intégrées il faut compter au minimum 1000 euros de plus chez la concurrence traditionnelle.
L’écran de contrôle est la principale évolution externe par rapport à la V1. Ce nouvel afficheur reste certes discret mais il est aussi d’une qualité toute relative. Il s’agit toujours d’un écran LCD basique qui permet d’obtenir les informations les plus utiles telles que la vitesse instantanée, l’autonomie ou encore le niveau d’assistance. La principale différence avec l’ancien écran ne sera pas forcément du goût du consommateur puisque Decathlon a choisi de faire disparaître le port USB qui y était intégré. Il ne sera donc plus possible de charger son smartphone sur son VTT. Le spécialiste du cycle aurait fait ce choix pour des raisons de fiabilité. En effet, sur la première version, l’écran de contrôle souffrait d’infiltrations d’eau (via le port USB) et d’une certaine fragilité globale. Le nouvel écran est toujours aussi sommaire et finalement assez pauvre d’un point de vue esthétique mais il gagnerait en fiabilité ce qu’il perd en praticité. Bien évidemment, nos trois semaines de test et quelques 200 km parcourus ne suffisent pas à valider ces affirmations.
Équipement et accessoires : le compromis a un prix
Il ne suffit pas d’un bon cadre pour faire un VTT à assistance électrique de qualité. Le choix de l’équipement est essentiel et sur un modèle d’entrée de gamme tout est question souvent de compromis. C’est sans doute cette logique qui a prévalu dans le choix des freins. Entre des freins à disques hydrauliques d’entrée de gamme et une version mécanique plus aboutie, Decathlon a opté pour la seconde option. Justifiable économiquement, ce choix l’est beaucoup moins sportivement. En effet, si les performances sont assez proches (sur terrain sec tout du moins) la sensation de progressivité dans le freinage n’est pas au rendez-vous avec ce modèle mécanique, ce qui est un handicap sur un tracé quelque peu exigeant. À titre de comparaison le concurrent le plus sérieux de cet e-ST500, le Nakamura E-Summit 710 d’Intersport a opté (à raison), pour des freins à disques hydrauliques.
Nous sommes également restés sur notre faim en terme de transmission. Il s’agit tout simplement du principal point faible de cet e-ST500 v2. Decathlon a opté pour un système d’entrée de gamme, l’Altus de Shimano. C’est un choix qui parait logique pour un VTT à un prix aussi attractif mais qui malheureusement ne correspond pas au choix de l’électrification. En effet, le Rockrider est en souffrance sur tous les passages de vitesse rapides ou lorsqu’on a la pédale un peu lourde. Un défaut qu’il est possible de corriger facilement en gardant la main sur le levier de vitesse mais qui oblige le cycliste à se concentrer sur la transmission alors que celle-ci devrait être gérée à l’instinct.
En revanche, nous apprécions le choix de fourche avec la Suntour XCR de 120 mm de débattement qui offre un très bon rapport qualité-prix et des performances honnêtes pour un cycliste amateur.
Une électrification efficace mais incohérente
Le Moteur de 250W est situé dans le moyeu arrière. C’est une option qui est de loin moins efficace que le moteur central en VTT, mais c’est également la plus économique. En effet, pour bénéficier d’un tel équipement chez Decathlon, il faut investir 800 euros supplémentaires et passer à l’e-ST900. Ce moteur a été développé en partenariat avec la firme chinoise Vision et annonce 42 Nm de couple ce qui est suffisant pour franchir quelques belles bosses mais ne suffira pas pour une pratique « All Mountain » par exemple.
Plus que le moteur c’est le contrôleur de couple, censé l’animer, qui a fait l’objet de modifications entre le précédent modèle et cette V2. Ce capteur est désormais conçu par Decathlon dans son usine de Dieppe, tout comme la solution logicielle qu’il embarque. Celle-ci vise à améliorer le rendement du moteur pour qu’il fournisse des sensations plus naturelles. De fait, nous ne sommes plus face à un moteur basique qui déploie bêtement et immédiatement toute la puissance dont il est capable. Il y a effectivement une variation sensible sous le pied en fonction de l’intensité du coup de pédale mais celle-ci ne saute pas aux yeux.
Quant à l’assistance en elle même, si on apprécie que Decathlon ait limité le choix à trois niveaux (faible/moyen/fort), on s’interroge sur son réglage. En effet au niveau le plus élevé, il suffit parfois de poser le pied sur la pédale lorsqu’elle est en position haute pour être emporté.
C’est un choix délibéré de la part du constructeur et l’explication est en réalité assez simple. Le capteur de couple sur un moteur moyeu est, par définition, moins précis que sur un moteur central. En l’occurrence dans le cas du e-ST500, il ne permet pas de capter la puissance des deux côtés et l’assistance se met mécaniquement en route dès lors que le cycliste atteint les 20 RPM (rotations par minute). Sur les deux niveaux d’assistance les plus bas, ce réglage prévaut et il fait sens. En revanche pour l’assistance la plus élevée, le couple moteur est disponible immédiatement. C’est un réglage qui convient parfaitement pour une pratique exigeante, en montagne ou sur un chemin très technique par exemple mais qui n’est pas en adéquation avec la conception du e-ST500 ni même avec sa puissance moteur finalement trop limitée pour une pratique « All Mountain ».
Au final, les efforts de Decathlon sont appréciables et apportent un plus par rapport à d’autres vélos électriques au même niveau de prix. Mais nous sommes encore loin des sensations procurées par les moteurs Bosch ou Yamaha.
L’e-ST500 sur route : réactif, agréable et rassurant
Le terrain de prédilection de l’e-ST500 v2, c’est bien sûr la forêt, ses petits « singles » boueux et les bosses qui les séparent. Pour autant nous avons également choisi de tester le VTTAE de Decathlon en milieu urbain comme solution de « vélotaf ». Sur ce point, l’e-ST500 nous a agréablement surpris. Malgré ses pneus massifs aux picots imposants, il est plutôt agréable sur le bitume. La position de conduite, relativement haute pour un VTT, lui offre d’ailleurs un surplus d’arguments lorsqu’il s’agit de prendre la route. Quant au cintre de 72 cm de long, s’il n’est pas idéal pour s’engouffrer dans les petits espaces, il offre un surplus de contrôle bienvenu.
Pour autant, le terrain de prédilection de l’e-ST500 reste la nature. Et en environnement outdoor le VTTAE de Decathlon s’en sort plutôt bien. On apprécie particulièrement la géométrie du cadre bien calibrée avec des bases courtes qui le rapprochent d’un VTT « musculaire ». De fait, l’e-ST500 est presque aussi réactif qu’un VTT classique et l’adaptation se fait en un rien de temps pour quiconque découvrirait le vélo à assistance.
Enfin, en marge de la conduite pure, on pourrait attendre d’un acteur tel que Decathlon qu’il développe une application mobile pour ses vélos électriques. Celle-ci pourrait servir à suivre les performances de son VTT autant qu’à anticiper son entretien. D’après nos informations, cette solution est sérieusement envisagée par l’équipementier, sans doute pour ses prochaines générations de vélos électriques.
Autonomie : un Rockrider qui tient ses promesses
Decathlon ne prend pas le risque d’indiquer un kilométrage minimum pour son VTTAE. Sur son site, le spécialiste du sport indique que la batterie de 420 Wh devrait suffire pour 2h30 de balade sportive. Il faut en réalité regarder dans la documentation et activer un code pour arriver sur une page qui estime l’autonomie du vélo en fonction du gabarit du propriétaire et de sa pratique. En réalité, la batterie de 420 W, composée de cellules LG, offre des performances tout à fait convenables pour un VAE à ce niveau de prix. Elle est bien évidemment fonction de la morphologie du cycliste et du type de parcours emprunté par le vélo. Mais elle varie aussi sensiblement en fonction de la dose d’assistance souhaitée. Au second niveau d’assistance, sur trois, nous avons réussi à atteindre les 70 km d’autonomie sur un parcours urbain et relativement plat. En revanche, en forêt sur un terrain particulièrement boueux et vallonné la batterie semble souffrir de manière conséquente. Après 1h30 de balade et quelques 20 km parcourus, nous avions épuisé la moitié de sa capacité. En tout état de cause, les performances en autonomie du e-ST500 restent très honnêtes compte tenu de son prix.
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