Avec son look néo rétro et un coloris « gold » assumé, le vélo Reine offre un premier choc visuel. À y regarder de plus près, tant la partie matérielle que la qualité de sa fabrication détonnent. Et pourtant, Reine, son fabricant est un inconnu au bataillon et absent des magasins de cycles. En effet, la marque et son premier modèle sont nés il y a quelques mois de l’initiative d’un passionné de vélo et ancien des télécoms qui a voulu concentrer dans un seul cycle des éléments empruntés aux deux univers. Le résultat est un VAE au design atypique, mais apprécié à en juger par les quelques remarques bienveillantes recueillies auprès des passants.
Le premier Reine existe en deux finitions, « cadre haut » et « cadre bas » (le même tube diagonal est utilisé dans les deux cas, mais orienté de manière différente pour modifier l’enjambement), et en deux versions, connecté ou pas. Pour notre test, nous avons évidemment opté pour le plus de connectivité possible et avons également hérité d’un cadre haut.
Design remarqué et finition exemplaire
Ce n’est pas tout que d’attirer le regard, encore faut-il le soutenir. En l’espèce, Reine ne se contente pas de son look aguicheur. Un coup d’œil prolongé en direction des différentes parties du vélo permet de se rendre compte de deux choses : le vélo a été conçu avec grand soin et en utilisant des matériaux haut de gamme. Ses poignées en cuir surpiqué, ses pédales en acier ou encore sa selle épaisse et molletonnée sont autant d’indices confirmant un certain niveau d’exigence et de confort.
Le Reine bénéficie également d’une batterie de 504 Wh joliment intégré, ainsi que d’un moteur central et d’une transmission Enviolo à variation continue. Le vélo vendéen dispose d’un niveau d’équipement très satisfaisant avec des gardes-boue en acier qui reprenne le design et le coloris du cadre, mais aussi une béquille, des feux avant et arrière et des freins à disque hydrauliques. Finalement, il ne lui manque qu’à dissimuler ses grosses soudures et ses nombreux câbles pour donner l’impression d’être un vélo haut de gamme d’un fabricant reconnu.
Quoiqu’il en soit, Reine affiche un niveau de conception exemplaire où géométrie et équipement sont tournés vers un même objectif : le confort du cycliste. En contrepartie, il faudra composer avec un poids élevé, il tutoie les 27 kg et une certaine raideur dans la conduite, nous y reviendrons.
VAE artisanal, ambitions nationales
Concernant l’équipement, justement, nous avons particulièrement apprécié certains choix faits par Reine pour son vélo électrique. Nous en voulons pour preuve l’efficacité des freins hydrauliques Lucid Promax associés à des disques de 160 mm.
Non seulement le freinage est efficace, mais il est aussi malin. En effet, le système de Promax intègre un contacteur qui a deux particularités. D’une part, au moindre appuie sur la gâchette de freins, il envoie un signal au moteur lui indiquant de couper l’assistance. Deuxièmement, il est relié au feu arrière. C’est-à-dire qu’en cas de freinage, il s’allume pour avertir les utilisateurs derrière soi. Ce second procédé paraît assez basique et pourtant il n’est pas vraiment adopté par l’industrie du cycle.
Quant à la transmission, le choix d’Enviolo peut se justifier, mais il ne plaira pas à tous les utilisateurs. Pourquoi ? Il s’agit, comme nous l’avons indiqué d’un système automatique à variation continue. Autrement dit, il n’est pas nécessaire de passer les vitesses, il suffit de tourner la poignée ce qui augmentera ou réduira le rapport de transmission selon le besoin.
Cette solution est plutôt appréciée des utilisateurs novices, mais peut rebuter quelques amateurs de vélo adeptes d’un changement de vitesse plus classique et surtout plus précis. Malheureusement, chez Reine contrairement à d’autres fabricants, il n’est pas possible d’opter pour un autre type de transmission. Il faudra donc composer avec les avantages et les inconvénients du système Enviolo.
Est-ce vraiment un VAE connecté ?
Qu’en est-il à présent de la partie électrique et accessoirement de sa connectivité ? En effet, Reine propose pour chaque version de son VAE, d’ajouter l’option « connecté ». Cette connectivité fait varier le tarif du vélo de 300 euros (de 3 490 euros à 3 790 euros) et doit de ce fait être considérée sérieusement lors de l’achat. En quoi consiste cette partie connectée ?
Elle donne d’une part accès à une application dédiée, elle permet de localiser son vélo grâce à une carte SIM (2G) et une puce GPS et peut aussi servir d’antivol en activant une alarme ou en coupant l’assistance électrique en cas de vol. Cette dernière option n’empêchera pas le malfaiteur de commettre son méfait, mais pourrait l’en dissuader.
L’ensemble de ces fonctionnalités est accessible via l’application. C’est elle qui permet aussi d’avoir quelques informations supplémentaires sur son vélo et sa pratique. Concrètement, il s’agit de répertorier le dernier trajet du vélo, de le localiser et donc de le sécuriser.
Sur la partie statistique, l’offre nous paraît vraiment limitée. D’une part, Reine ne propose rien que Strava n’offre déjà. Surtout, l’application du vélo ne garde ni l’historique des parcours, ni la trace GPS. Autrement dit, vous avez accès à des informations telles que la durée de votre dernier trajet ou son équivalence CO2 en comparaison d’un trajet identique en voiture, mais aucune possibilité d’analyser ces données en détail. En définitive, l’option de connectivité du Reine Bike est dispensable.
Une partie électrique en retrait
Quant à la partie moteur, elle mérite également qu’on s’y attarde. Le Reine est doté d’un moteur central Bafang M420 qui annonce quelque 80 Nm de couple. Le moteur est relié à un contrôleur, sur le côté gauche du guidon, ainsi qu’à un grand afficheur au milieu du cintre.
Sur le papier, la partie électrique du vélo paraît satisfaisante, mais, dans les faits, il ne suffit pas d’un grand écran et d’un couple important pour briller. En effet, si la partie mécanique et la conception du vélo sont les points forts du Reine Bike, la partie électrique est assurément son talon d’Achille.
D’une part, nous peinons à ressentir la puissance indiquée, notamment lorsque la route s’élève. D’autre part, l’assistance du vélo est plutôt binaire. Il ne s’agit pas d’un mode on/off comme sur certains VAE basiques, mais à l’heure où la plupart des motoristes tendent vers une assistance naturelle, celle du Bafang M420 manque cruellement de nuance.
Que ce soit au premier comme au cinquième niveau d’assistance, il suffit de poser le pied sur la pédale pour sentir le moteur entraîner le vélo. Si les deux premiers niveaux n’offrent que peu d’aide au démarrage, les deux derniers font littéralement décoller le vélo. Nous sommes donc bien loin des performances d’un Bosch Performance Line CX ou d’un Shimano EP8 et… c’est normal.
En effet, Reine est un nouvel acteur dans l’univers du VAE. À ce titre, il n’a donc ni la possibilité d’accéder à ce niveau de motorisation, ni même la puissance commerciale pour imposer une cartographie moteur à un acteur comme Bafang.
Interrogé au printemps dernier, le fondateur de la marque, Stéphane Grégoire, nous avait indiqué qu’il avait été possible de modifier certains réglages par défaut du moteur, auprès de son fabricant. Ces modifications paraissent marginales et ne permettent pas au VAE nantais de se démarquer sur l’aspect de l’assistance.
Quant à l’afficheur et à la commande au guidon si leur qualité paraît moindre que celle des autres accessoires du vélo, ils offrent des performances honnêtes. L’afficheur, précisément, est lisible même au soleil et dispose, en outre d’un petit port USB, bien pratique pour charger son smartphone.
Conduite : plaisant et confortable, mais pas très dynamique
La position de conduite du Reine dit tout de l’objectif recherché par ce vélo. En effet, le cintre très courbé et la géométrie du cadre placent le cycliste dans une position très droite, mais également très confortable.
En effet, cette position permet d’avoir une grande visibilité, ce qui est privilégié en ville et épargne le dos et les épaules sur les longs trajets. D’ailleurs, Reine semble avoir mis un point d’honneur à faire de son vélo un modèle de confort. Les pneus ballons larges, mais aussi la selle à ressorts se chargent de lisser les aspérités de la route et d’apporter une certaine quiétude même sur des chaussées bien abimées.
De fait, une fois passée la surprise de l’assistance au démarrage, la conduite se fait douce et plaisante. A contrario, le Reine n’est pas un foudre de guerre lorsqu’il s’agit de se faufiler entre les voitures ou d’opérer quelques manœuvres millimétrées. Sur ce point, il souffre de ses dimensions, de son poids et finalement d’un manque de dynamisme évident. Un défaut, certes, mais qu’il est difficile de reprocher à son fabricant tant celui-ci semble assumer le parti pris d’un vélo d’abord et avant tout confortable.
Contrat rempli sur la batterie
Sans surprise, l’autonomie hérite des choix de conception du vélo. Certes, la grosse batterie lithium-ion de 504 Wh est pleine de promesses, mais le poids du vélo, ses larges pneus et son moteur plutôt gourmand nous ramènent vite à la réalité. Elle n’est pas si noire puisque les performances en autonomie du Reine Bike sont dans la moyenne des VAE de milieu de gamme.
A découvrir aussi en vidéo :
Sur notre parcours de test, avec des conditions météo assez favorables nous avons pu rouler 67 km en oscillant entre le 3ème et le 4ème niveau d’assistance. En revanche, le tableau se noircit quelque peu lorsqu’il faut recharger l’accumulateur du vélo. La séance de recharge prend un minimum de sept heures, ce qui obligera l’utilisateur à recharger son vélo la nuit. Et mieux vaut ne pas oublier de brancher son vélo au risque de devoir porter ses quasi-30 kg à la force de vos cuisses.
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