Fin août 2018, Xiaomi faisait sensation avec Pocophone, sa nouvelle marque de produits « ultra low cost ». Déjà réputée pour ses tarifs compétitifs, la marque chinoise voulait enfoncer le clou, histoire de venir chasser sur les terres de Honor et de OnePlus, les filiales de Huawei et Oppo.
Vendu 359 euros (64 Go de stockage) ou 399 euros (128 Go), le Pocophone F1 embarque un processeur Snapdragon 845, 6 Go de RAM ainsi qu’un système de reconnaissance faciale infrarouge. Des caractéristiques qu’on trouve généralement sur les modèles les plus haut de gamme… et qui n’ont encore jamais été proposées à ce niveau de prix. Le Pocophone F1 est-il pour autant le flagship killer promis par Xiaomi ?
Des économies sur le design
Qui dit prix cassé, dit forcément sacrifices. Le design est la première victime de ce Pocophone. Pas de dos en verre comme chez les stars de la mobilité, mais un dos en plastique imitation métal. En main, on sent tout de suite la différence. Le smartphone est lourd, épais, et donne plus l’impression d’appartenir à la catégorie des entrées de gamme.
Si on omet l’aspect cheap du F1, Xiaomi a tout de même réussi un beau travail au niveau de la finition de son produit. Tout est symétrique, et le logo Pocophone ressort en lettres brillantes et en relief au dos de l’appareil, assez discrètes et flatteuses à l’oeil. On trouve un port USB-C au bas du smartphone, et une prise jack en haut.
À l’avant, le Pocophone F1 est sensiblement identique à un Xiaomi Mi 8. Même encoche en haut, même bordure en bas. Notons tout de même une différence considérable : l’utilisation d’une dalle LCD plutôt qu’OLED. C’est moins cher, et bien plus facile à produire.
D’une taille de 6,18 pouces, l’écran du Pocophone F1 reste néanmoins d’une excellente qualité. Définition Full HD+, très bon taux de contraste de 1:1663… Il n’a pour seul défaut que sa luminosité maximale de 474 cd/m2, peut-être un chouïa juste pour consulter ses notifications en plein soleil, et encore. Avec un indice Delta E mesuré à la sonde de 5,27, la fidélité des couleurs n’est pas exceptionnelle mais sans que cela choque à l’oeil nu.
Une très bonne autonomie
Avec sa batterie haute capacité de 4000 mAh, le Pocophone F1 est présenté par Xiaomi comme un champion de l’autonomie. Le laboratoire de 01net.com a mesuré une autonomie polyvalente de 13h43, confirmant les dires de la marque chinoise. L’appareil est donc extrêmement endurant, et peut assurer un jour d’utilisation intensive – voire deux si on n’est plus raisonnable – sans passer par la case recharge. En communication, le F1 tient 20h18, un bon score mais loin de battre des records.
Si on le compare aux OnePlus 6 (12h57) et Honor 10 (11h28), ses deux principaux rivaux, le Pocophone F1 dispose donc d’une bien meilleure autonomie. Plus étonnant, il fait moins que le Mi 8 (14h15), pourtant équipé d’une plus petite batterie de 3400 mAh. De quoi espérer un meilleur résultat après éventuelle mise à jour visant à optimiser la consommation d’énergie ?
Plus rapide que l’éclair
Avec son processeur Snapdragon 845 et ses 6 Go de RAM, le Pocophone F1 est l’un des appareils les plus rapides du marché. Les benchmarks le confirment, mais c’est surtout à l’utilisation que ça se ressent. Tout va très vite, trop vite presque. Xiaomi a supprimé la plupart des animations du smartphone qui assurent habituellement les transitions entre l’écran d’accueil et les applications, pour donner une impression d’instantanéité. C’est similaire à ce que propose OnePlus, et l’effet waouh se fait ressentir immédiatement.
Une surcouche occidentalisée
Comme tout smartphone Xiaomi, le Pocophone F1 utilise MIUI, le système d’exploitation crée par la marque chinoise en renfort d’Android. Il se dote néanmoins d’une particularité : un tiroir d’applications, comme sur la version « classique » de l’OS de Google. Avec cette surcouche, on peut rechercher ses applications grâce à la couleur de leurs icônes, ce qui est assez amusant. Pratique pour facilement trouver celle dont on avait oublié le nom.
En dehors de ce changement, MIUI for POCO n’a de Poco que le nom. Notons que la reconnaissance faciale infrarouge n’apparaît pas dans les réglages lorsque le smartphone est configuré en région France, et qu’il faut choisir celle de Hong Kong ou Singapour pour la faire apparaître. Un curieux bug qui devrait être corrigé dans une prochaine mise à jour. La marque déploie sûrement cette fonction de façon progressive.
Un appareil photo moyen
Avec le Mi 8, Xiaomi nous a prouvé son savoir-faire en matière de photo. Le Pocophone récupère l’appareil principal de 12 Mpix (f/1.9) de son cousin, mais remplace l’objectif secondaire par un capteur de 5 Mpix, dédié à la prise de vues avec effet bokeh.
Globalement, les photos sont plutôt réussies en plein jour, mais on remarque très vite un manque de détails. L’autofocus du smartphone, trop lent dans de trop nombreuses conditions, rend même certains clichés flous.
Le mode portrait du Pocophone F1, bien que plutôt satisfaisant, reste perfectible au niveau du détourage.
En basses lumières, l’appareil a beaucoup de difficultés à gérer les différents éclairages. L’appreil manque de rapidité au niveau du déclenchement, avec pour résultat des clichés souvent ratés. Bref, un sentiment de déception plane, mais tout cela reste à relativiser étant donné le prix du smartphone.
Trop de sacrifices ?
Si l’on excepte nos reproches sur le design et l’appareil photo du Pocophone, toute la partie précédente de ce test semble aller dans le sens de Xiaomi. Malheureusement, le Pocophone F1 a du faire d’autres concessions pour parvenir à ce prix très bas… et nous les regrettons.
En premier, l’absence de certaines technologies. Pas de NFC avec le Pocophone F1, ce qui le rend incompatible avec le paiement sans contact, ou les titres de transport sur mobile. C’est bête, mais c’est à considérer sérieusement à l’heure où le pass Navigo se prépare à débarquer sur smartphone, et où les transactions par NFC sont acceptés dans de plus en plus de commerces. Acheter un Pocophone, c’est l’assurance de rester cloisonner au bon vieux ticket de métro… Autre disparition, le port infrarouge, cher aux fans de Xiaomi.
Pocophone sacrifie également le streaming en haute définition. En l’absence de la puce qui gère les DRM Widevine L1, les services comme Netflix, myCanal ou Molotov sont automatiquement limités à une qualité SD, ce qui est franchement regrettable. Notons aussi l’absence de support des bandes de fréquence 700 MHz, progressivement utilisées en France par certains opérateurs pour la 4G. Le Pocophone F1 est peut-être moins cher qu’un OnePlus 6 ou un Honor 10, il vient aussi avec bien plus de limitations… A chacun de faire son choix, en fonction de ce dont il est prêt à se passer.
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