Chez Google, aucune génération de smartphones ne se ressemble. Après un Pixel 3 plutôt apprécié mais bourré de petits défauts et un Pixel 4 ambitieux mais extrêmement critiqué, la marque californienne a décidé de repartir à zéro avec son Pixel 5, un smartphone milieu de gamme proposé pour la première fois en une seule taille. Commercialisé au tarif de 629 euros, cet appareil mise sur la photographie et son format compact pour séduire. Nous l’avons essayé pendant une semaine et, comme vous allez le constater, nous sommes vraiment sous le charme.
Pixel 5 : où sont passés les défauts ?
Souvent, les constructeurs ignorent les plaintes des utilisateurs. Puisqu’il nous semble important de mentionner les choses lorsqu’elles sont bien faites, saluons les efforts entrepris par les équipes de Google cette année. Toutes nos remarques à propos des précédents modèles ont été prises en compte sans la moindre exception, ce qui est assez rare dans le monde des nouvelles technologies. Citons par exemple les 64 Go de stockage que nous jugions trop faibles l’an passé. Ils sont remplacés par 128 Go cette année. L’absence d’ultra grand-angle avait aussi été reprochée à Google avec le Pixel 4. Le constructeur s’est empressé d’en ajouter un au Pixel 5. Autre point enfin que nous détaillerons dans quelques instants, l’autonomie. Catastrophique l’an passé, elle est tout simplement incroyable cette année. Les efforts de Google ont payé, les Pixel sont enfin revenus dans la course.
Avant d’entrer dans les détails de notre test, parlons brièvement de la disparition du capteur Soli et du système de reconnaissance faciale 3D des Pixel 4. L’an passé, Google avait ajouté à son smartphone le premier détecteur de mouvements miniaturisé en complément d’une réplique du Face ID d’Apple. Cette année, toutes ces technologies ont disparu. Autre suppression, la fonction « squeeze » qui permettait de déclencher Google Assistant en pressant son téléphone comme une orange. La raison est purement économique, ces technologies coûtaient trop cher pour ce qu’elles apportaient. Très sincèrement, nous n’avons pas envie de nous en plaindre. La décision de Google est la bonne, un meilleur design et un prix plus agressif sont préférables. L’entreprise va dans la bonne direction pour répondre aux attentes du consommateur.
L’autonomie, le point fort du Pixel 5
Justement, parlons de l’autonomie du smartphone de Google. Elle est tout simplement sensationnelle. La marque californienne a beau utiliser un écran au taux de rafraîchissement de 90 Hz (ce qui consomme beaucoup) et une « petite » batterie de 4080 mAh, elle réussit à faire des miracles. Notre laboratoire a mesuré une autonomie polyvalente de 15h34 pour cet appareil contre… 9h05 pour le Pixel 4. Même constat en streaming vidéo où les 12h01 qu’a tenu le Pixel 5 lui permettent de réellement relever le niveau (7h38 sur le Pixel 4). En communication, on dépasse enfin les 24h avec un smartphone Google (26h28 contre 15h41 pour le Pixel 4). L’écart d’une génération à l’autre est si grand qu’il en est presque arrogant. Comment Google a-t-il pu progresser si vite en une année ? Le processeur Snapdragon 765G, moins énergivore qu’un Snapdragon 855, y est sans doute pour quelque chose mais cela n’explique pas tout. Il y a forcément une large part d’optimisation logicielle là-dessous. Peu importe, Google rattrape, avec ce Pixel 5, le temps perdu. Avec une utilisation modérée, ce smartphone n’a besoin d’être rechargé que tous les deux jours. Nous avons souvent terminé notre journée autour des 70%, un pur bonheur !
Pour recharger le smartphone, on peut utiliser un câble USB-C (le chargeur de 18W fourni dans la boîte de l’appareil met 1h32 à le recharger) ou la recharge sans-fil. Pour la première fois, elle s’avère bilatérale. Ce mot compliqué signifie qu’un Pixel peut en recharger un autre (ou des écouteurs sans-fil). Il suffit de poser un appareil compatible Qi à son dos et d’activer un réglage dans le centre de notifications pour déclencher la recharge.
Un écran enfin lumineux
Autre reproche régulièrement fait à l’encontre de Google, les écrans des Pixel manquent de luminosité. Notre laboratoire n’avait pas réussi à mesurer plus de 441 cd/m2 avec le Pixel 4 et plus de 421 cd/m2 avec le Pixel 3, ce qui n’est franchement pas assez pour utiliser le smartphone en extérieur lorsqu’il fait beau. Avec le Pixel 5, Google nous régale encore. L’appareil atteint les 726 cd/m2 et rejoint enfin les meilleurs smartphones du marché, sans toutefois battre un record (les iPhone et Galaxy S dépassent les 1000 cd/m2). Cette luminosité maximale lui permet cependant d’être utilisé en toutes circonstances (y compris en plein soleil) et de ne pas partir avec un handicap sur la concurrence. Encore une fois, nous sommes plus que ravis de voir Google se réveiller.
L’écran OLED de 6 pouces du Pixel 5 s’avère vraiment impressionnant. Ses quatre bordures ultrafines marquent une première pour un smartphone Android. À l’exception de l’iPhone, aucun appareil n’avait réussi à éliminer totalement le « menton » au bas de l’écran. C’est désormais chose faite. La caméra frontale de l’appareil, dissimulée dans un poinçon, se montre aussi très discrète. Enfin, côté fidélité des couleurs, Google réussit (presque) à atteindre la perfection. Nous avons obtenu un Delta E de 2,65 par défaut, ce qui correspond à des couleurs plutôt fidèles à la réalité et un Delta E de 1,17 en mode naturel (à choisir dans les réglages). Ici, en revanche, on frôle vraiment la perfection. Qui l’eut cru, Google sait faire des smartphones !
Le retour de l’aluminium
Grâce à son petit format, le Pixel 5 ne pèse que 151 grammes. Nous aurions pu parler d’un record de légèreté pour un smartphone il y a encore quelques jours mais l’iPhone 12 mini (133 grammes) vient de lui piquer la vedette. Smartphone en main, ce poids facilite grandement l’utilisation. C’est le smartphone parfait pour ceux qui n’aiment pas les grands appareils.
Cette bonne sensation sort d’ailleurs renforcée par l’aluminium (recyclé) choisi par Google pour recouvrir le dos de son appareil. Pour ne pas faire comme les autres constructeurs et rendre son smartphone plus solide, Google a décidé de troquer le verre et le plastique pour du métal… qui ne ressemble pas vraiment à du métal. La sensation au toucher est assez étrange et ne nous a pas complètement emballés. Ce matériau est lisse et ne prend pas les traces de doigts, mais il n’offre pas vraiment une sensation de haut de gamme. D’ailleurs, si vous vous posez la question de la compatibilité de la recharge sans-fil avec de l’aluminium, sachez que Google triche. Au centre du dos de l’appareil, l’aluminium est subtilement remplacé par du plastique. Il est impossible de le voir à l’œil nu, mais en tapant avec son ongle en haut et au milieu, le bruit n’est pas le même. Sachez que l’appareil est tout de même certifié étanche IP68.
Seul point véritablement négatif du Pixel 5 selon nous, le capteur d’empreintes digitales se trouve au dos de l’appareil plutôt que sur le côté ou sous l’écran. Lorsque l’appareil est posé sur une table, il n’est pas donc pas facilement déverrouillable. L’absence d’une option de reconnaissance faciale est ici regrettable même si, à l’heure des masques, mieux vaut compter sur son doigt que sur son visage.
Enfin, il faut savoir que seul le modèle noir est proposé en France. Google nous a prêté une version verte du smartphone et nous avouons volontiers la préférer. Nous aurions apprécié que tout le monde puisse l’acheter.
Snapdragon 765G, haut-parleurs… quelques déceptions
Comme nous vous l’expliquions dans l’introduction de ce test, le Pixel 5 est un smartphone milieu de gamme de par son processeur. Il utilise le Snapdragon 765G de Qualcomm alors que son prédécesseur avait droit, l’an passé, au puissant Snapdragon 855. Cela permet à Google de diminuer ses coûts en production tout en intégrant la 5G et le Wi-Fi 6 ce qui, dans les faits, est plutôt une bonne chose. Le 765G délivre une expérience de navigation fluide (on a toujours un Android pur), permet de faire tourner tous les jeux et applications et n’a pas grand-chose à envier aux puces plus coûteuses. Il n’y a qu’au niveau du traitement photo qu’une perte en rapidité se fait sentir, ce que nous déplorons. Nous y reviendrons dans quelques instants. 8 Go de RAM sont aussi proposés et l’appareil peut accueillir une eSIM en complément d’une Nano SIM.
La qualité des haut-parleurs stéréo du Pixel 5 est, pour sa part, à déplorer. Très sincèrement, c’est juste médiocre. Le haut-parleur du bas fonctionne bien, celui du haut grésille. Nous attendions mieux, d’autant plus que l’appareil n’a pas de prise jack, contrairement aux 4a et 4a 5G. En France, le smartphone est heureusement livré avec des écouteurs Pixel Buds USB-C.
Appareil photo : Google toujours au sommet
Depuis la toute première génération, les smartphones Pixel sont les rois de la photo. L’approche de Google est restée la même au fil des années, pourquoi multiplier le nombre de capteurs à l’arrière et faire la course aux mégapixels quand on peut faire des miracles grâce à des algorithmes d’amélioration de l’image ? Les équipes logicielles de Google ont tant d’avance sur la concurrence que les Pixel 3 et Pixel 4 surclassaient le marché malgré leur seul et unique capteur de 12,2 Mpix. Sans surprise, le Pixel 5 réitère cette formule, mais ajoute un objectif ultra grand-angle très attendu.
Ainsi, au dos du Pixel 5, on trouve deux appareils photo. On a d’un côté l’objectif principal qui ouvre f/1.7 et est rattaché à ce fameux capteur de 12,2 Mpix et de l’autre un ultra grand-angle rattaché, lui, à un capteur de 16 Mpix. C’est la première fois qu’un Pixel embarque un ultra grand-angle, Google lui ayant préféré un téléobjectif l’an passé, avant de finalement l’abandonner cette année.
En photo, le Pixel 5 est un monstre. C’est sans surprise en « post-prod » que Google fait des miracles. Ce que vous prévisualisez n’a rien à voir avec ce que vous obtiendrez à la fin, les algorithmes de Google améliorant les couleurs, les formes et la netteté. Le Pixel 5 n’est sans doute pas le smartphone qui offre les photos les plus réalistes, il est en tout cas le plus bluffant. Le mode portrait de Google, toujours aussi impressionnant, permet désormais de faire changer artificiellement la provenance de la lumière. Là-encore, c’est très fort.
Le mode nuit de Google fait toujours partie des meilleurs du marché même si, selon nous, Google a fait une erreur en l’intégrant automatiquement à l’appareil photo principal. Dans certains cas, quand le sujet bouge par exemple, le mode nuit prend trop de temps (il fonctionne sur le principe de la pose longue), ce qui rend la photo floue. Nous avons donc préféré, pour notre part, désactiver le mode nuit auto pour ne le lancer que lorsqu’on le souhaite, comme sur les anciens Pixel. Dans certains cas, un plus grand capteur capable de recevoir plus de lumière aurait aussi été une bonne chose. Face à certains Huawei ou Samsung, le mode nuit logiciel de Google commence à vieillir.
Enfin, côté ultra grand-angle, Google ne s’est pas vraiment foulé. Le champ de vision de 107 degrés de ce capteur est plus petit que celui de la plupart des autres smartphones et les images manquent de netteté dès que l’on zoome. En revanche, l’algorithme anti-distorsion de Google s’avère redoutable. En quelques secondes, une photo ultra grand-angle est complètement transformée, ne présentant plus aucune déformation. L’utilisateur non professionnel n’y verra que du feu, l’expérience Pixel est bien là.
Cliquez ici pour consulter plus de photos prises au Google Pixel 5 par 01net.com
Globalement, le seul reproche que nous pouvons faire aux appareils photo du Pixel 5 est dû au temps de traitement de l’image. Avec les générations précédentes, il ne fallait qu’une ou deux secondes pour voir le résultat final. Avec le Pixel 5, il faut attendre une dizaine de secondes… Le processeur Snapdragon 765G n’est pas assez puissant pour les algorithmes de Google et a tendance à nous frustrer. Si vous n’êtes pas pressés de voir le résultat de votre portrait, vous devriez très bien vivre avec. Dans le cas contraire, vous risquez de vous mordre les lèvres d’agacement. Autre constatation, le mode portrait échoue plus souvent qu’auparavant. Regardez le portrait de nuit que nous avons publié, le bras du sujet n’a pas été reconnu et présente des zones de flou. Le Pixel 4 ne se serait pas fait avoir.
Selon des benchmarks effectués par notre laboratoire, le Pixel 5 est étrangement moins puissant que d’autres smartphones équipés du même processeur. Cela confirme nos impressions selon lesquelles le smartphone manque de puissance.
Pixel 5 : est-ce le succès garanti ?
Excellent à bien des égards, le Pixel 5 a tout du smartphone de référence pour cette fin d’année. Avec son prix relativement abordable de 629 euros, cet appareil pourrait facilement voler des parts de marché à Samsung, Apple ou Huawei s’il se faisait mieux connaître. Selon nous, le problème est justement là : Google n’est pas suffisamment ambitieux. Avant d’écrire ce test, nous avons contacté plusieurs revendeurs et ces derniers ont confirmé nos inquiétudes. Les précommandes du Pixel 5 ont cartonné, mais par la suite, Google livrera l’appareil au compte-gouttes, au risque de le rendre très rare sur le marché.
Pour s’imposer dans l’univers du smartphone et ne pas utiliser ses Pixel uniquement comme une démonstration de son savoir-faire, Google doit prendre plus de risques. Il est temps de produire massivement les Pixel (en plusieurs couleurs, s’il vous plait) et d’enfin partir à la conquête du marché ! Espérons que les critiques positives du Pixel 5, donnent l’envie à Google de passer ce cap.
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