Qui se souvent du OnePlus d’antan ? En 2014, le premier smartphone de la marque n’était accessible que sur parrainage. Commercialisé à partir de 269 euros, l’appareil coûtait jusqu’à trois fois moins cher que ses concurrents. OnePlus a construit sa réputation ainsi, en devenant le premier « casseur de prix » du marché. Il a depuis grandi, s’approchant depuis quelques années des 1000 euros, comme la plupart de ses concurrents.
À 919 euros (128 Go) ou 999 euros (256 Go), le OnePlus 9 Pro conserve malgré tout un positionnement intéressant sur le marché du haut de gamme. Nous avons testé cet appareil pendant une longue semaine en nous demandant s’il s’agissait toujours d’un champion du rapport qualité-prix ou si, avec le temps, OnePlus s’était finalement aligné sur le marché.
Design : parfait devant, moins derrière
Esthétiquement, le OnePlus 9 Pro n’est pas aussi beau que son cousin signé Oppo, le Find X3 Pro. Son dos en verre brillant correspond plus aux standards de 2018 qu’à ceux de 2021 où, globalement, tous les constructeurs se sont tournés vers des revêtements mats, anti-traces de doigt. L’aspect de l’appareil n’a vraiment rien d’exceptionnel. Heureusement que la plupart des gens l’utiliseront avec une coque.
Selon nous, le OnePlus 9 Pro dispose d’un avantage de taille sur la concurrence : un interrupteur sur le côté pour passer rapidement en mode silencieux. À l’exception d’Apple, aucun autre constructeur ne propose une telle fonction sur le marché. Nous craignions que OnePlus abandonne cette particularité avec le temps (les derniers Nord en sont privés), le 9 Pro conserve bien cet atout. Pour passer rapidement du mode sonnerie au mode vibreur ou silencieux, il n’existe rien de mieux. On ne comprend pas pourquoi les autres marques s’en privent.
À l’avant, par contre, le OnePlus 9 Pro est un smartphone impressionnant. L’incurvation de son grand écran de 6,7 pouces est belle sans être contraignante, le constructeur chinois ayant eu l’intelligence de ne pas en faire trop. En main, le smartphone donne vraiment une sensation de luxe. Seul bémol, le capteur d’empreintes est positionné un peu trop bas. Il n’est pas toujours facile de l’atteindre avec son pouce.
Un écran dernier cri
Le OnePlus 9 Pro intègre la (petite) liste des smartphones dotés d’un écran LTPO. À vrai dire, à l’heure de l’écriture de ces lignes, elle se compose de trois smartphones : le Galaxy S21 Ultra, le Oppo Find X3 Pro et notre star du jour. Pour rappel, le LTPO est une nouvelle technologie offrant une forme d’intelligence à l’écran. La définition et le taux de rafraîchissement varient en fonction de votre usage, ce qui permet théoriquement d’augmenter l’autonomie d’un smartphone tout en améliorant la qualité de l’affichage. Samsung Display fabrique les dalles en question.
Ainsi, selon OnePlus, l’écran du 9 Pro peut osciller entre 120 Hz et… 1 Hz, un record absolu (les autres marques descendent à 10 Hz). Cela veut dire que, lorsque l’écran est peu sollicité, il ne peut se rafraîchir qu’une fois par seconde et consommer très peu d’énergie (lorsqu’il n’affiche que l’heure par exemple). La dalle OLED choisie par OnePlus est par ailleurs dotée d’une définition Quad HD+, ce qui correspond au top du top sur le marché du smartphone.
Selon les mesures de notre laboratoire, il n’y a pas grand-chose à reprocher à l’écran du OnePlus 9 Pro. Sa luminosité maximale de 856 cd/m2 est largement suffisante pour toutes les tâches du quotidien (même si Samsung dépasse les 1000 cd/m2 sur ses propres appareils) tandis que la fidélité de ses couleurs, moyenne par défaut (Delta E = 4,78), frôle la perfection si l’on opte pour le réglage naturel dans les paramètres (Delta E = 1,58). Si vous aimez les grands smartphones, vous devriez vous régaler.
Une recharge démentielle pour compenser une autonomie juste bonne
Sous son écran, le OnePlus 9 Pro dissimule deux batteries de 2225 mAh, ce qui lui confère une capacité totale de 4500 mAh. Celles et ceux qui connaissent l’univers du smartphone reconnaîtront le SuperVOOC, une technologie inventée par Oppo pour permettre une recharge ultra-puissance sans abîmer la batterie. Le chargeur divise la puissance en deux, ce qui lui permet de toujours rester en basse tension. D’où la présence de deux batteries.
Le 9 Pro est livré avec un chargeur de 65W, comme les smartphones d’Oppo. Selon les mesures de notre laboratoire, cela lui permet de passer de 0 à 100% en seulement 32 minutes, ce qui est quasiment un record (le OnePlus 9 normal le fait en 31 minutes). En seulement 5 minutes de charge, on récupère 25%, de quoi largement tenir quelques heures si l’on doit partir dans l’urgence.
Aussi compatible avec la recharge sans-fil, le dernier fleuron de OnePlus peut supporter jusqu’à 50W, un record à ce jour (Xiaomi vient d’annoncer de la recharge sans-fil 67W, nous la testerons prochainement). Pour en bénéficier, il faut utiliser un chargeur vendu séparément (70 euros tout de même). Avec ce dernier, la recharge sans-fil ne dure 41 minutes. Nous sommes loin des 3 heures d’antan.
Vous l’avez compris, le OnePlus 9 Pro se recharge (très) rapidement. Qu’en est-il de son autonomie ? Fait assez rare, nos tests en laboratoire ne reflètent pas notre expérience au quotidien. Le smartphone a résisté 14h59 à notre test d’autonomie polyvalente, ce qui est plutôt très satisfaisant. Même chose en communication où l’appareil a pu enchainer 28h01 d’appel sans tomber en panne. Il s’en sort néanmoins moins bien en streaming vidéo (11h17).
Pendant notre semaine avec le smartphone, nous avons plutôt été déçus par l’appareil. Il nous a fallu le recharger tous les jours, ce qui grâce à son super-chargeur n’est pas contraignant. OnePlus a-t-il optimisé son appareil pour les tests en laboratoire ? Précisons tout de même que nous avons opté pour une définition Quad HD+, ce qui n’est pas le cas par défaut.
La meilleure expérience du marché
À l’intérieur du OnePlus 9 Pro, on retrouve le processeur Snapdragon 888, couplé à 8 ou 12 Go de RAM en fonction des modèles. Il s’agit de la dernière puce haut de gamme de Qualcomm et, sans surprise, elle délivre d’excellentes performances. Tout va très vite sur ce OnePlus 9 Pro qui, au niveau du matériel, n’est pas loin d’être irréprochable. Les retours haptiques sont très bons, les haut-parleurs sont puissants et l’étanchéité IP68 est même au rendez-vous.
Mais ce qui a vraiment retenu notre attention, c’est la surcouche OxygenOS. Connue pour sa simplicité d’utilisation, cette dernière est toujours aussi agréable au quotidien. D’une simplicité déconcertante (tout est très bien expliqué à chaque fois, avec des mini-tutoriels bourrés d’animations pour vous aider), OxygenOS réussit un quasi sans faute. On apprécie la manière dont OnePlus semble toujours mettre la jauge au bon endroit. Par exemple, les animations système sont jolies… mais pas lourdes. On ne peut pas dire la même chose de certains de ses concurrents (comme Xiaomi) qui en abusent un peu trop. Mêmes les réglages sont faciles à appréhender (même s’ils manquent un peu trop de logos selon nous). Bref, on adore OxygenOS. C’est sans doute la meilleure surcouche du marché, juste devant One UI de Samsung.
Puisque tout ne peut pas être parfait, au moment de l’écriture de notre test, OxygenOS est incompatible avec… Netflix. L’application est préinstallée, mais nécessite une mise à jour non compatible. Preuve que la marque ne fait pas attention à tous les détails.
Photo : du mieux, mais toujours du retard (malgré Hasselblad)
Ici, nous sommes embêtés. Toute la communication de OnePlus avec son 9 Pro tourne autour de son partenariat avec le célèbre fabricant Hasselblad. Le problème est que ce partenariat n’est, pour l’instant, que marketing. À terme, Hasselblad fabriquera peut-être les capteurs photo des smartphones OnePlus mais, à ce jour, il se contente juste d’écrire son nom au dos de l’appareil. Au niveau des algorithmes, nous n’avons rien remarqué de différent. Les photos du OnePlus 9 Pro ressemblent à celles du OnePlus 8 Pro. Seul le look de l’application Appareil photo a changé, adoptant le code esthétique d’Hasselblad. D’ailleurs, quand on prend une photo (en appuyant sur le bouton rouge qu’on confond facilement avec celui dédié à la vidéo), il y a un bruit très désagréable emprunté aux appareils photo du constructeur. Sur un smartphone, ce n’est vraiment pas très adapté.
Au dos du OnePlus 9 Pro, un quadruple module caméra. Le capteur le plus innovant sert à l’ultra grand-angle, il s’agit du tout nouveau IMX766 de Sony de 50 Mpix (le même que dans le Oppo Find X3 Pro). Ce dernier réduit théoriquement les déformations. Le 9 Pro dispose aussi d’un capteur principal de 48 Mpix, d’un téléobjectif avec zoom x3,3 (8 Mpix) et d’un appareil photo monochrome qui, soyons honnêtes, est complètement inutile. Il est là pour faire joli.
Il serait mensonger de vous dire que OnePlus est mauvais. Le problème est qu’il serait aussi faux de dire qu’il joue désormais dans la cour des grands. La nuit particulièrement, les photos du 9 Pro ont des problèmes de gestion de lumière et ne sont pas toujours à la hauteur du haut de gamme. Regardez les bâtiments autour du moulin, l’image manque de piqué, c’est très flou. Aucun smartphone haut de gamme ne fait des photos aussi moyennes. L’ultra grand-angle est aussi beaucoup moins bien géré que chez Oppo… alors que les deux marques utilisent pourtant le même capteur. Le module caméra du OnePlus 9 Pro est convenable, mais n’est pas digne du haut de gamme, Hasselblad ou pas.
Pas de 5G… et des doutes en France
Pour conclure ce test, nous voulions parler de OnePlus en lui-même.
Vous le savez peut-être, la marque traverse une crise existentielle. Son co-fondateur l’a quittée, son terrain de jeu n’est plus le même (OnePlus fait de l’entrée et du milieu de gamme) et, c’est plus problématique, son ambition ne semble plus la même. Présent en France depuis quelques années, le constructeur chinois a licencié tous ses employés l’été dernier et a arrêté de discuter avec les opérateurs et ses partenaires, laissant petit à petit sa notoriété fraîchement acquise se dissiper. On se pose des questions sur son avenir.
L’exemple le plus frappant concerne la 5G. Le OnePlus 9 Pro est compatible avec les réseaux de dernière génération… mais ne sait gérer que le réseau de Free en France (certains utilisateurs la capteraient aussi chez Bouygues). Interrogé par 01net à ce sujet, OnePlus nous avait promis en novembre dernier un déploiement dans les prochaines semaines avant de nous annoncer qu’il faudra attendre la mi-avril en fonction des opérateurs, sans aucune certitude. Avec nos SIM Orange et SFR, l’appareil se limite au moment de l’écriture à la 4G+, ce qui n’est pas digne de son prix de 900 euros. Un retard d’un mois est une chose, un retard de six mois est plus problématique, d’autant plus que nous n’avons pas de vraie visibilité.
Bref, nous ne recommandons le OnePlus 9 Pro qu’aux geeks qui n’ont pas peur de changer d’appareil régulièrement. Celles et ceux qui veulent garder leur smartphone longtemps feraient mieux de se tourner vers un autre constructeur en attendant de savoir si OnePlus prend toujours le marché français au sérieux ou si, à terme, il ne fournira plus aucun support.
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